Nora ANSELL-SALLES

mardi 9 avril 2019

Le coup de griffe de la semaine


Infolettre n° 333
mardi 9 avril 2019Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

Sida, prévention au point... mort
Rappelez-vous : la prévention en matière de santé, c’était le sida qui en était devenu le centre. A tel point d’ailleurs que tous les autres thèmes de santé semblaient être des laissés pour compte, privés de parole et de moyens.
C’était il y a 30 ans et l’on cherchait à rendre populaire un objet pourtant considéré par beaucoup comme la triste résurgence d’une vie sexuelle désuète, perdue dans les limbes de l’époque pré soixante-huitarde, le préservatif. La capote qu’on voulait soudain joyeuse, branchée et vivante pour se protéger d’une maladie qui puait la mort, le condom qu’on entendait rendre populaire, d’accès facile et d’usage réflexe.
Les associations houspillaient les Pouvoirs publics, Act-Up-Paris organisait des opérations coup de poing presque chaque semaine, Christophe Dechavanne prononçait son fameux « Sortez couvert », Clémentine Célarié roulait une énorme galoche à un garçon séropositif pour prouver que le VIH ne se transmettait pas par la salive.
Ce week-end, le Sidaction fêtait ses 25 ans dans la morosité. Parce que la récolte financière n’est plus celle qu’il avait suscitée à l’époque mais aussi parce qu’un sondage est venu confirmer ce que tout le monde redoutait. En 2019, 23 % des jeunes de 15-24 ans s’estiment mal informés. Et on comprend pourquoi: 14 % d’entre eux pensent que la pilule du lendemain peut empêcher la transmission du VIH, 19% affirment que le Sida peut être transmis par les baisers... et, ne lésinons pas, par les moustiques.
Grand classique des croyances concernant les infections sexuellement transmissibles, 3,5 % des sondés de la génération Z croient même dur comme fer qu’on peut être contaminé en s’asseyant sur des sièges de toilettes [il est vrai que tout dépend de ce que l’on y fait et avec qui].
6 000 personnes ont encore découvert leur séropositivité en France l’an dernier. Un chiffre qui ne baisse plus depuis plusieurs années. Aujourd’hui, c’est heureux, on ne meurt plus du VIH. Le sida est devenu une maladie chronique et le phénomène est connu des experts en prévention : une maladie qui se chronicise est une maladie qui se banalise. Et toujours pas de vaccin.
Jacques DRAUSSIN

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