Nora ANSELL-SALLES

mercredi 24 avril 2019

Le coup de griffe de Jacques Draussin


Infolettre n° 335
mardi 23 avril 2019Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

Homéopathie : beau, beau le placebo
Entre deux conseils distillés - parait-il - au président de la République pour l’aider à régler le problème des gilets jaunes, Xavier Bertrand n’oublie pas qu’il faut aussi savoir faire dans le populaire s’il veut espérer satisfaire son ambition de passer des Hauts-de-France à tout-en-haut-de la-France en 2022.
Comme les sujets honorables pour mettre l’opinion publique de son côté se font rares ces derniers temps, celui qui fut ministre de la Santé sous une présidence pourtant plutôt adepte des remèdes de cheval, a choisi d’entrer dans le glorieux combat pour la défense de l’homéopathie.
Dans une belle envolée, presque lyrique s’il ne s’était agi d’un tweet, Xavier Bertrand a renouvelé son indéfectible soutien aux 5 000 médecins homéopathes, face à 60.000 généralistes allopathes, mais surtout réaffirmé l’attention évidemment sincère qu’il porte à une écrasante majorité de Français, adeptes permanents ou occasionnels de la star des médecines douces.
Qu’importe si les Académies de Médecine et de Pharmacie viennent ensemble de réclamer l’arrêt de leur remboursement [à 30%] par la Sécu, au prétexte futile que ces granules seraient parfaitement inefficaces. Comme souvent en matière de santé, la rigueur scientifique ne pèse pas bien lourd en regard de la rumeur publique.
Pourtant, les mêmes qui affirment en jurant sur Saint-Hippocrate que l’homéopathie n’est guère plus qu’un attrape gogo, reconnaissent quand même que, prescrite avec empathie, elle a au moins la valeur d’un excellent placebo… et les patients sont quasiment unanimes à estimer légitime qu’on leur en prescrive en sus d’un médicament traditionnel.
Si l’argument de l’efficacité thérapeutique ne fonctionne pas, quand est-il alors de l’argument économique qui lui est lié ? Au cœur des dépenses d’assurance maladie, il est autant dilué qu’un granule de Syzyglium ou de Sulfure 15CH car les remboursements homéopathiques ne représentent guère plus de 0,3% des dépenses totales de médicaments. C’est dire si, remboursée ou pas, l’homéopathie n’a guère de poids, ni dans l’amélioration de la Santé publique, ni dans celle de ses comptes…
Jacques DRAUSSIN

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