Luc Montagnier ou la maladie du Nobel
Le Professeur Luc Montagnier, qui fut récompensé par un nombre impressionnant de prix scientifiques est mort la semaine dernière à l’âge de 89 ans.
Celui qui restera dans l’histoire comme le colauréat du prix Nobel de Médecine en 2008, découvreur avec son équipe de l’Institut Pasteur du virus du Sida en 1983, développait depuis le début des années 2010 des théories pour le moins controversées. Malgré son glorieux passé, cela lui avait valu d’être renié par l’Institut où il avait passé 30 ans de sa vie, évincé de l’Académie de Médecine, condamné par l’Ordre des médecins.
Il est vrai qu’il était devenu difficile pour les partisans de la rigueur scientifique de défendre celui qui prétendait, entre autres et avec la même incongruité, traiter l’autisme à l’aide d’antibiotiques, conseiller au Pape de traiter son Parkinson avec du jus de papaye fermenté ou attribuer à la vaccination des risques d’effets secondaires en pagaille.
Si la vieillesse est un naufrage, alors, celle du Professeur Luc Montagnier aura été une catastrophe maritime.
Peut-on l’expliquer seulement par l’addition des années ? Ses positions totalement irrationnelles, compte tenu de ses succès passés dans la recherche, relèveraient en fait du syndrome que l’oncologue américain David Gorski a nommé « la maladie du Nobel ».
Cet étrange syndrome frapperait, comme son nom l’indique, certains anciens lauréats du prix, de préférence dans les domaines de la médecine, de la chimie ou de la physique. Ainsi,
Linus Pauling, prix Nobel de chimie en 1954 et de la paix en 1962 qui, en 1970, affirmait avoir démontré l’efficacité de la vitamine C dans le traitement de certains cancers.
Et le phénomène de la maladie du Nobel ne date pas d’hier puisqu’elle semble avoir également frappé une autre de nos gloires nationales, Pierre Curie, nobélisé en 1903 pour ses travaux sur la radioactivité et curieusement devenu un chantre de la parapsychologie. Un travers dans lequel ne tombera pas sa colauréate de femme,
Marie, qui obtiendra, comme par ironie, un nouveau Nobel en 1911 [et qui répondait à la question : « Qu’est-ce que ça fait d’avoir épousé un génie ? » par un lapidaire : « Je ne sais pas, demandez à mon mari »].
Luc Montagnier est mort à Neuilly [pas à l’Ehpad Orpea, à l’Hôpital américain] et il nous avait tant habitués à ses calembredaines que l’annonce de son décès par le site complotiste France Soir n’a pendant deux jours pas été prise au sérieux…
Une occasion rêvée pour ses aficionados antivax de s’émouvoir du « silence des media » et de rendre ainsi un vibrant hommage à la vérité
alternative.
Jacques DRAUSSIN
Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-