Interview esclusive de Francis Bussière Président de la CMA Île-de-France Paris



AVANT PROPOS

Né le 9 mai 1957
à La Charité-sur-Loire (58)
Francis Bussière 
entre dans le secteur bancaire en 1981. À l'issue de son service militaire effectué dans la Marine, Il  intégre un parcours au sein de la BRED (banque populaire) et du CCF(actuellement HSBC). Il y dirige notamment des agences, des centres d'affaires et est chargé de portefeuilles de grandes entreprises.

Après avoir œuvré dans la gestion de fortune pendant 2-3 ans. Il se dirige vers l’entrepreneuriat et  intégre le secteur du bâtiment : en négoce de carrelage, puis en posant le carrelage avec les Compagnons. 

Après une incursion dans le monde de la plomberie, puis de la maçonnerie il ouvre une entreprise tous corps d’état. 

Élu président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) Île-de-France lors de l’assemblée générale du 15 novembre 2021, fonction qu'il occupe  toujours aujourd'hui. 


👉 Si vous deviez faire votre auto portrait que diriez-vous de vous ?

Quand on me demande de faire mon autoportrait, je commence toujours par mon signe astrologique : je suis Taureau. C'est un détail qui me paraît important, car il aide à comprendre ma personnalité. Je suis quelqu'un de déterminé, et qui aime sa liberté.
Le Taureau est aussi un clin d'œil à la filière bovine que je soutiens. Comme l'a si bien dit une de nos présidentes, Véronique Langlais : "mangez moins de viande, mais mangez-en mieux."
Ce principe, qui prône la qualité, est au cœur de mon engagement pour l'artisanat, un secteur qui se bat au quotidien contre la concurrence déloyale de ceux qui s'autoproclament artisans sans en avoir les qualifications.


👉 Vous souvenez-vous de votre 1er engagement ?


Mon tout premier engagement remonte à très longtemps et a toujours été tourné vers les autres. Pour moi, les autres sont une richesse incroyable de diversité, d'intelligence et de gentillesse. C'est ce qui m'a conduit à m'engager auprès des Éclaireurs de France, puis à aider des associations qui venaient en aide aux jeunes sous protection judiciaire. Ces jeunes ont besoin de retrouver un sens à leur vie et j'ai eu à cœur de les accompagner dans cette démarche.


👉 À quelle carrière vous destiniez-vous à 20 ans ? 

J’ai d'abord rêvé d'être psychiatre, puis j’ai changé de projet et me suis orienté vers l'entrepreneuriat. J’ai créé ma propre entreprise, j'ai même imaginé, dans les années 80, un distributeur automatique de denrées de première nécessité.


 👉 Dans quelle circonstance la CMA a-t-elle croisé votre route ?

C'est un petit encart dans un journal professionnel de la Fédération Française du Bâtiment qui a fait croiser ma route avec la CMA. On cherchait des représentants. C'est comme cela que j'ai commencé à m'impliquer, aux côtés de Christian Le Lann, l'ancien président, qui était boucher.


👉 Quelle feuille de route vous êtes vous fixée ?



J'ai mené ma campagne en portant des valeurs fortes, comme la création d'un fonds de solidarité pour les artisans en difficulté. J'ai à cœur de renouer avec la tradition millénaire de l'artisanat, qui a toujours prôné l'entraide. Ma mission est de maintenir la présence et l'existence de notre institution, un établissement public qui porte les valeurs de la République. Je n'oublie jamais que l'artisanat en Île-de-France représente plus de 350 000 entreprises, générant un chiffre d'affaires de 42 milliards d'euros. C'est un véritable fleuve qui irrigue notre économie.


👉 Quels sont les principaux défis qui attendent la CMA Île-de-France à court et long terme ?



Notre principal défi est de conserver notre statut d'établissement public et notre indépendance financière. L'État nous demande de faire autant, voire plus, avec moins de ressources. C'est un véritable combat budgétaire, car les dotations qui nous étaient versées ne nous reviennent plus entièrement. Nous devons trouver de nouvelles sources de financement pour ne pas avoir à revoir drastiquement nos missions.
Notre deuxième défi est de porter la voix de l'artisanat auprès des décideurs. Nous sommes le cœur d'une "économie vivrière" qui répond aux besoins fondamentaux des citoyens : se nourrir, se loger, se déplacer... J'aime dire qu'on ne peut pas imaginer une ville sans boulanger, une maison sans plombier. Notre institution est essentielle au bon fonctionnement de la société.


👉 Les mutations technologiques comme l' IA vous inquiètent-elles ?



Je n'ai pas vraiment d’inquiétude face aux mutations technologiques comme l'intelligence artificielle. Je la vois plutôt comme une chance, à condition d'être formé pour s’en servir. Tout comme l'ordinateur, qui a transformé nos méthodes de travail, l'IA peut être une alliée. Mon propos n'est pas de la craindre, mais de la comprendre pour l'utiliser au service de nos entreprises. Elle peut nous aider à travailler plus facilement et à nous concentrer sur la dimension humaine et technique de nos métiers.
L'IA, par définition, ne pourra jamais remplacer la création artisanale. Notre métier repose sur le geste de l'artisan, sur un savoir-faire unique, une sensibilité et une transmission qui sont l'essence même de l'artisanat. L'intelligence artificielle est un outil puissant pour l'organisation ou la promotion, mais elle ne possède ni l'âme, ni le talent, ni la main de l'homme.

👉 Quel rapport entretenez-vous avec les réseaux sociaux ?

Je l'avoue, pour les réseaux sociaux, je m'appuie sur des experts. Je vois les réseaux sociaux comme "la meilleure et la pire des choses", comme le disait le philosophe Ésope à propos de la langue. S'ils sont un formidable outil de communication, ils peuvent aussi être le terrain de la haine et des fausses nouvelles. Je préfère personnellement me concentrer sur les réflexions de fond.


👉 La personne que vous êtes aujourd'hui a-t-elle réalisée ses rêves d'enfant ?

Enfant, je rêvais d'une vie simple, de cabanes dans la nature. Aujourd'hui, je suis un homme comblé. J'ai quitté un poste de directeur de banque pour devenir maçon, afin de retrouver des valeurs humaines et de voir l'aboutissement de mon travail. C'est ça, la magie de l'artisanat.

👉 Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... Pensez-vous déjà à la prochaine étape ? 

La vie est faite d'étapes. J'ai un mandat en cours, et je m'y consacre pleinement. J'espère être digne de la confiance que les artisans m'ont accordée. L'avenir dira ce qu'il me réserve, mais je sais que je continuerai à m'engager pour la chose publique.


👉 Si le mot de la fin vous revenait, quel serait-il ?

Je reprendrai à  mon compter la demande du Petit Prince à l'aviateur : "Dessine-moi un mouton." C'est un appel à retrouver cette innocence et cette sincérité qui nous poussent à accomplir de grandes choses.




À l’occasion des Jeux d'été 2024 (JOP 2024), la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Île-de-France (CMA-IDF) a conçu une programmation exceptionnelle. L'objectif était de promouvoir et valoriser la richesse et la diversité de l’artisanat francilien auprès de visiteurs nationaux et internationaux.
Avec le soutien de ses partenaires, la CMA-IDF a mis en lumière les savoir-faire uniques des artisans parisiens et franciliens. 

Plus de 350 artisans ont participé à l’accueil des visiteurs.






L’Hôtel de Ville de Paris a accueilli un événement exceptionnel organisé par la CMA Île-de-France – Paris et la Ville de Paris, à l’occasion du centenaire des Chambres de Métiers et de l’Artisanat*.

🎖72 entreprises artisanales parisiennes centenaires ont été distinguées pour leur contribution à la richesse et à la transmission du patrimoine vivant.


🎤Des parcours, des histoires, des engagements et des savoir-faire unanimement salués par Nicolas  Bonnetoulaldj, adjoint à la Maire de Paris en charge du commerce et de l’artisanat, Afaf Gabelotaud, adjointe en charge des entreprises et du développement économique, et Francis Bussière, Président de la CMA IDF – Paris.

🤝Cette soirée a été l’occasion de belles rencontres entre générations, entre traditions préservées et innovations discrètes, entre savoirs anciens et jeunes repreneurs, entre secteurs de l’artisanat – de l’alimentaire à la fabrication, en passant par les services et le bâtiment – entre passionnés et admirateurs du travail bien fait.

✨Plus qu’une célébration : un moment de fierté partagée, de transmission et d’émotion.

🏅La remise des médailles, moment particulièrement attendu, s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Farzaneh Ziafathy et Benoît Leconte, élus de la CMA IDF - Paris ont rejoint les élus présents pour prendre part à cette séquence symbolique.

👏La CMA a tenu à  remercier la Ville de Paris, les valeureux centenaires et les quelque 500 invités présents - partenaires et artisans - pour avoir célébré avec elle un siècle d’engagement et d’excellence artisanale !
📷Charlène Yves



« La Boucherie de l’Etoile fête ses 100 ans en 2025 !


«Éric Lamotte veille sur cette institution qui, fait rarissime, s’est toujours transmise depuis sa création de patron à employé. Avec Éric, on a affaire au boucher dans la plus pure tradition portant sa cravate sous la chemise et le tablier. Cet « épicurieux » connaît parfaitement ses clients et les conseille à merveille.

La côte de bœuf bien maturée, la volaille de Bresse ou des Landes, l'agneau du Limousin… sont ici un régal.

En tant que cuisinier, j’adore nos échanges. Je profite à chaque fois de ses connaissances. Nous avons tous les deux un jeu qui consiste à parier sur le poids de la viande avant qu’elle passe sur la balance. Pour la petite histoire, je le laisse toujours gagner 😉 »
Guy Savoy** 




🖋 Je suis satisfait car quand j’ai arrêté ma carrière, je me suis fait un point d’honneur à ce que cela reste une boucherie. 
Éric a passé 16 ans à mes côtés. 
En tant qu'ancien patron je peux vous dire que je suis très fier de son parcours et ravi que ce soit lui qui ai repris le flambeau. 



👉 Bonjour Éric Lamotte que représente pour vous la  médaille des 100 ans ?

Une grande fierté, que je tiens à partager avec mon ancien patron Mr Sylla auprès  de qui j'ai travaillé pendant 16 ans avant de reprendre la boucherie en 2007. 

J'ai une pensée toute particulière pour les patrons qui se sont succédés dans cette boucherie depuis sa création. 

Je tiens à partager avec eux cette médaille des 100 ans.

Cette médaille vient saluer leur "savoir faire" et "savoir être" :

Savez-vous que depuis sa création, la boucherie de l'Étoile s'est transmise de patrons à employés. Chacun d'eux y a exerçé pendant 30 à 40 ans. 

La clientèle de la boucherie a bénéficié de ce fait d'un savoir-faire d’exception et d'une relation de confiance qui ne s'est jamais démentie au fil du temps. 

👉 Les anciens clients de Mr Sylla, qui vous ont connu à vos débuts auprès de lui et ont assisté à votre "envol" en tant que patron doivent être heureux pour vous ?

En effet, à l'instar de la mairie du 17ème, qui nous a envoyé un courrier de félicitations, j'ai été particulièrement touché des  compliments de nombreux clients (anciens comme nouveaux). Cela fait chaud au cœur. 

👉 Pouvez-vous nous dire quels mots sur les spécialités de votre établissement ?

Les Viandes : veau de lait sous la mère, et bœuf limousin Aubrac et Bavière. 

Pour les Fêtes de fin d’année qui approchent à grands pas :
Plats cuisinés poularde aux morilles, canard à l'orange, et foie gras maison.   
Vollailles chapons miral des Landes de Bresse, oie de Bresse, mini-chapons des Landes, chapons, pintades et canettes 

AGENDA & ACTUALITÉS de la CMA Île-de-France Paris  https://www.cma-idf.fr/lieux/cma-idf-paris

📷Crédit photos :
©Charlène Yves
© Nora Ansell-Salles Legrand

[**] Guy Savoy Chef étoilé⭐️⭐️
RESTAURANT GUY SAVOY
11, quai de Conti
75006 Paris

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Propos recueillis par  Nora Ansell-Salles Legrand 

 




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