Nora ANSELL-SALLES

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lundi 12 novembre 2012

L’épigénétique à l’honneur le 8 et 9 novembre derniers - ce qui s’est dit....


Pour la première fois, un colloque consacré à la Recherche en France dans le domaine de l’origine développementale de la santé et des maladies, (DOHAD), fondement d’une médecine en devenir, s’est tenu à Paris les 8 et 9 novembre derniers à l’initiative de la  "Société Francophone pour la recherche et l'éducation sur les Origines Développementales, Environnementales et Epigénétiques de la Santé et des Maladies"SF-DOHAD (www.sf-dohad.fr) créée le 24 janvier 2012. Ce colloque s’adosse à la démarche récente des Nations Unies de prescrire de nouvelles priorités d’action en incorporant cette perspective développementale, jusqu’alors ignorée, pour faire face à la crise mondiale de maladies chroniques, de manière plus globale.

 

Tout ce que nous respirons, mangeons et buvons, notre activité physique, notre stress..., a un impact non seulement sur notre santé mais peut également se répercuter sur la santé de nos futurs enfants, voire de nos petits-enfants. Cette transmission d’informations concerne la future mère comme le futur père. Elle passe en particulier par un étonnant mécanisme de contrôle de l’expression des gènes, l’épigénétique.

Le colloque, qui a rassemblé des spécialistes de disciplines variées mais explorant tous l’origine développementale de la santé, a permis de bien comprendre les enjeux pour la société de cette nouvelle approche et les défis posés à la recherche

 

 

Nous connaissions tous la génétique cette science qui explique comment nous transmettons à nos enfants un ensemble de caractères « innés », de la simple couleur des yeux jusqu’à certaines maladies dites « de famille ». Ces informations sont gravées dans le marbre de notre ADN, représentent le « hardware »,  et se transmettent par les gènes, d’une génération à l’autre.

 

Si toutes nos cellules contiennent les mêmes gènes, tous ne s’expriment pas nécessairement. Selon le stade, l’âge, le sexe, le tissu mais aussi l’environnement au sens large seul un assortiment de gènes s’expriment. Depuis une trentaine d’années, on étudie les mécanismes qui contrôlent l’expression des gènes: « L’épigénétique » -  EPI,  « au-dessus » en grec – qui explique comment certaines marques épigénétiques en s’apposant sur la molécule d’ADN, modifient l’activité des gènes, constitue un mécanisme universel partagé par l’ensemble du monde du vivant et représente donc le « software ».

 

Ainsi, contrairement aux mutations de l’ADN, ces marques épigénétiques ne sont pas « gravées dans le marbre ». Elles sont par nature malléables et donc sensibles à tout type de facteurs environnementaux. Si, pendant la grossesse, voire avant la conception, l’un des parents (ou les deux) est exposé à  un environnement délétère (alimentation déséquilibrée, tabac, stress, pollution etc.), des altérations, des marques épigénétiques permettront d’archiver sur les gènes des enfants, voire des petits-enfants, la mémoire de ces impacts, modulant l’expression des gènes et impliquant des conséquences durables sur leur santé physique et mentale. Ainsi par exemple, alors qu’il demeure incontestable qu’une des contributions majeures au développement de l’obésité revient à notre style de vie sédentaire et à un déséquilibre nutritionnel, excédentaire, et au patrimoine génétique hérité de nos parents, il est apparu clairement qu’une susceptibilité accrue à un environnement obésogène pouvait aussi être transmise par le biais d’influences non génétiques archivées dans des marques épigénétiques provenant aussi bien de la mère que du père.

La réversibilité des mécanismes à la base de la DOHAD permet d’envisager des mesures préventives, d’autant plus efficaces qu’elles seraient précoces. Ainsi les efforts consentis aujourd’hui sur le mode de vie, la nutrition… devraient être payants pour la génération à venir et les suivantes.

 

Ce sont toutes ces voies novatrices et étonnantes, des causes et des conséquences des marques épigénétiques, jusqu’aux pistes de recherche qu’elles suscitent, qui furent au cœur du colloque organisé par la SF-DOHAD et soutenu par Aviesan, (Alliance nationale des sciences de la vie et de la santé), l’INSERM, le CNRS, l’INRA, et l’Institut Lasalle Beauvais.