Nora ANSELL-SALLES

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mardi 17 janvier 2023

4EME EDITION DU BAROMETRE SANTE DES FONCTIONNAIRES



COMMUNIQUE DE PRESSE
JANVIER 2023

4EME EDITION DU BAROMETRE SANTE DES FONCTIONNAIRES

SANTE MENTALE, VACCINATION, COVID, ADDICTIONS…
LES FONCTIONNAIRES FACE AUX ENJEUX DE SANTE PUBLIQUE

Paris, le 11 janvier 2023 – Depuis 2011, Urops (anciennement MFP Services) interroge, par l’intermédiaire d’un questionnaire,  les fonctionnaires de son périmètre sur leur santé*. Perceptions, ressenti, attentes et besoins des fonctionnaires en matière de prévention pour améliorer leur santé et identification des principaux déterminants sur lesquels il leur semble important d’agir en priorité.
Lors du colloque national organisé le 20 septembre 2022, Urops partenaire prévention de la CNAM a présenté les résultats de la quatrième édition de son Baromètre Santé des Fonctionnaires.
Interrogés sur les sujets de fonds de santé publique – impact de la Covid 19, bien-être mental, vaccins, addictions, alimentation et activité physique, … Les fonctionnaires lèvent le voile sur les problématiques de santé rencontrées dans leur vie personnelle et professionnelle.


DES FONCTIONNAIRES EN BONNE SANTE MALGRE UNE FORTE HAUSSE DES MALADIES CHRONIQUES …
83% des 6 000 répondants ont une perception satisfaisante de leur état de santé - 14 % une perception très satisfaisante - un taux relativement stable par rapport à leur ressenti en 2018 (- 1 point).
Toutefois, de nettes évolutions se dessinent : 40 % déclarent souffrir d’une maladie chronique (diabète, asthme…), un handicap ou un problème de santé qui les préoccupe depuis au moins six mois et qui nécessite des soins ou des traitements réguliers soit 9 points de plus qu’en 2018. Cette hausse s’observe aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Cette tendance se retrouve au niveau de la prise en charge en ALD où 29 % des répondants déclarent bénéficier du dispositif des affections longue durée (+ 3 points par rapport à 2018), une part nettement plus importante que celle en population nationale (18% pour le régime général, source : CNAM, DSES).
*« Baromètre Santé des fonctionnaires », sondage en ligne réalisé du 7 juin au 6 juillet 2021 auprès de répondants fonctionnaires des mutuelles membres de l’Union Urops, âgés de 18 ans et plus. 6 000 questionnaires ont été exploités. L’échantillon est représentatif après application d’un redressement sur les critères suivants : sexe, âge, mutuelle et activité professionnelle.
Ministères de l’environnement Urops : Ministère de l’économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Ministère de l’intérieur et de l’outre-mer, Ministère de la santé et de la prévention, Ministère de la Justice, Ministre des Armées, Ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Caisse des dépôts et consignations.


L’IMPACT DE LA COVID 19

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, 58 % des répondants ont déjà réalisé un test (22 % après avoir eu des symptômes, 36% sans symptômes) et 9% ont eu un résultat positif. La pratique des tests est corrélée à l’âge : les plus jeunes ayant été les plus nombreux à réaliser un test (71 % des 18-39 ans) et les plus âgés moins nombreux (49 % des 70 ans et plus).
Ce sont 11% des répondants qui ont consulté un médecin à la suite de ces symptômes, essentiellement en consultation physique (8 %). 1% ont été hospitalisés et 0,1% des répondants admis en réanimation.

Cette épidémie a eu un impact sur le recours aux soins des répondants ; 1/3 a renoncé à consulter un professionnel de santé, faire un examen de santé ou se faire soigner durant cette période. 15 % des répondants ont reporté la consultation, jugeant que leur besoin n’était pas urgent et 14 % car ils ont rencontré des difficultés à obtenir un rendez-vous.

Au moment de l’enquête, du 7 juin au 6 juillet 2021, 8 répondants sur 10 (taux standardisé à 74 %) déclaraient être complètement ou partiellement vaccinés, soit une couverture vaccinale nettement plus élevée qu’en population générale pour laquelle on enregistrait 50% de primo vaccinés Compte-tenu du déroulé de la campagne vaccinale, les 60 ans et plus et les répondants ayant des comorbidités sont les plus vaccinés. 8 % des répondants avaient l’intention de se faire vacciner et 18 % des personnes de 18 à 49 ans.
12% ne souhaitaient pas se faire vacciner, un taux qui montait à 23 % auprès des 18 à 39 ans. Les principales raisons données quant au refus de vaccination étant:  le manque de confiance dans le vaccin, la crainte des effets secondaires, la préférence d’autres moyens de prévention que la vaccination, l’inefficacité du vaccin, la crainte des adjuvants, …

Le cabinet du médecin est le lieu préféré des fonctionnaires Urops pour se faire vacciner (40 %), même si les vaccinodromes et lieux de travail sont stratégiques dans la campagne de vaccination, appréciés en priorité respectivement par 30% et 17% des répondants. 

ALIMENTATION, SOINS, ACTIVITE PHYSIQUE… UN QUOTIDIEN BOULEVERSE
La Covid 19 a eu un impact mitigé sur les habitudes alimentaires mais a engendré une forte réduction de l’activité physique des répondants. Par rapport à février 2022 (avant les mesures de confinement mises en place), 16 % des répondants déclarent cuisiner plus de plats « maison » qu’avant, 14 % manger plus de fruits et de légumes, cependant ils sont 11% à grignoter plus entre les repas, 11 % à avoir une alimentation moins équilibrée.
On notera que, contrairement aux autres tranches d’âge, les moins de 40 ans sont plus nombreux à avoir augmenté leur consommation de produits gras, sucrés ou salés (23 %, contre 18 % qui en mangent moins). L’activité physique a été fortement réduite durant cette période. 39 % déclarent faire moins d’activité physique qu’avant les mesures de confinement contre 37 % des Français (source : IRDES, enquête CoviPrev).
DES ADDICTIONS QUI EXPLOSENT…
Les addictions sont également particulièrement présentes pour nos répondants.
Parmi les répondants, 19 % estiment que leur usage des écrans (jeux vidéo, paris en ligne, réseaux sociaux, usage d’internet) représente un problème pour leur santé et particulièrement les jeunes de 18 à 39 ans (35 %). C’est l’addiction la plus reconnue.
Actuellement, 11 % des répondants sont fumeurs soit une proportion qui demeure nettement inférieure à celle observée en population française et qui tend à se réduire (vs 32 % pour l’ensemble des Français âgé de 18 à 75 ans). Ce taux atteint 18 % parmi les personnes qui ressentent des troubles anxieux, une dépression ou des troubles du sommeil.
Parmi les fumeurs, 31 % ont le projet d’arrêter d’ici 1 an. Les fumeurs sont particulièrement conscients des problèmes de santé qu’ils encourent (57 % des fumeurs considèrent que leur consommation de tabac représente un problème de santé pour eux vs 16% pour l’ensemble des répondants). La grande majorité des répondants boivent de l’alcool au moins occasionnellement (83 %) et 12% présentent un comportement à risque en buvant tous les jours ou presque. 16 % des fonctionnaires du panel Urops jugent que leur consommation d’alcool représente un problème pour leur santé et seulement 29 % de ceux qui boivent tous les jours ou presque.
11 % des répondants déclarent consommer des anxiolytiques ou des somnifères régulièrement. Cette proportion atteint 53 % pour les répondants présentant des troubles anxieux, une dépression ou des troubles du sommeil.
Au total, une faible proportion de répondants souhaite obtenir des informations ou une aide à propos des risques d’addiction que peuvent entrainer ces substances ou les écrans (10 %). Cependant, 29 % des consommateurs d’anxiolytiques ou somnifères sont intéressés, tout comme 20% des fumeurs.

…UNE SANTE MENTALE FORTEMENT DEGRADEE

Très suivi pendant la crise sanitaire, l’état de santé mentale des Français a été particulièrement impacté, à l’instar de celui des fonctionnaires Urops. 44 % des répondants se trouvent, au moment de l’enquête, en situation de mauvaise santé mentale. Plus les répondants sont jeunes plus leur santé mentale est dégradée (72 % des 18-39 ans), les femmes sont également davantage touchées (53 %), tout comme les personnes ayant un enfant au sein du foyer (63 %) et les célibataires (53 %).
Dans le détail, 33% des répondants se sont souvent sentis stressés, 32 % épuisés et 19 % tristes. A contrario, 54 % se sont sentis souvent heureux et 49% dynamiques.

Les troubles du sommeil sont courants chez les répondants avec 2/3 d’entre eux qui déclarent en avoir eu au cours des 8 derniers jours, soit une proportion légèrement supérieure à ce qui est enregistré en population générale (69 % en taux standardisé vs 66 % pour les Français). Les jeunes de 18 à 39 ans sont ceux qui en souffrent le plus (79 %, dont 27 % beaucoup).

1/4 des répondants reconnait avoir eu davantage de difficultés pour se concentrer au cours des 4 dernières semaines.
La crise sanitaire a accentué les sentiments d’ennui pour 41 % des répondants et d’isolement pour 35 % d’entre eux. 1/3 ont craint de sortir et croiser d’autres personnes et 1 répondant sur 5 évoque des difficultés relationnelles avec ses proches.
A contrario, compte-tenu de leur statut, les fonctionnaires ont peu été impactés financièrement par la crise puisque seuls 7% ont ressenti davantage de difficultés financières.
Les répondants ont également dû faire face à davantage de contraintes liées à leur activité professionnelle qu’avant la crise sanitaire : près de la moitié des actifs ont eu un surcroît d’activité et autant ont craint une contamination sur leur lieu de travail ou dans les transports. Alors que les 2/3 des répondants en activité ont eu recours au télétravail depuis le début de l’épidémie de Covid-19, cette façon de travailler a généré des difficultés pour 40 % d’entre eux.
Les femmes ont davantage été impactées par l’ensemble des difficultés professionnelles évoquées et le télétravail a été ressenti comme plus contraignant pour les 18-39 ans et les personnes ayant des enfants au sein du foyer.

UN FORT BESOIN EN OPERATIONS DE PREVENTION SANTE

Conscient de la nécessité de trouver des méthodes alternatives pour lutter contre leurs addictions, les répondants du Baromètre souhaitent être accompagnés à travers des opérations de prévention et d’information sur mesure : 9% déclarent vouloir être accompagnés face à l’alcool, tout comme 29 % des consommateurs d’anxiolytiques, et 20 % des fumeurs...

Concernant la santé mentale celle-ci s’étant – comme celle des Français, considérablement dégradée, la mise en place de solutions de soutien psychologique et d’information sur les troubles anxieux, dépressifs ou troubles du sommeil s’avère être une nécessité absolue.


UROPS, PARTENAIRE DE LA CNAM POUR CONSTRUIRE DES OPERATIONS DE PREVENTION SUR MESURE

Urops, pour Union Régime Obligatoire en Prévention Santé gère 1,2 million de bénéficiaires (assurés sociaux et ayants droits), sous la tutelle de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) avec laquelle elle intervient dans le cadre d’une convention pluriannuelle de gestion.

Son activité exclusive est de créer et d’organiser des actions de prévention en santé publique, auprès des populations de fonctionnaires relevant des Ministères du périmètre de gestion de l’Union.
Portée par sa connaissance pointue du milieu de la Fonction publique de l’État, Urops s’appuie sur un réseau de fonctionnaires formés à la conduite d’actions aussi diverses que la vaccination antigrippale, le dépistage du diabète, du bucco-dentaire, de l’insuffisance rénale et l’accompagnement et soutien psychologique...

Les actions se font en collaboration avec les services de l’administration, en bénéficiant de l’aide des médecins de prévention éventuellement présents sur sites.
Depuis 2019 : près de 1 200 actions réalisées au sein des administrations.
> Près de 40 000 agents pris en charge au titre de la prévention par Urops,
> Taux de satisfaction de plus de 98 %.

Urops est également un vecteur scientifique de la prévention et la gestion des risques.
Dotée d’un Conseil scientifique pluridisciplinaire, composé de professeurs en santé publique, en médecine, en épidémiologie ou en mathématiques appliquées, Urops, par l’accès aux données de santé de ses assurés sociaux, et l’analyse des résultats de son baromètre santé, crée des actions adaptées aux populations et développe un programme de Gestion du Risque, Prévention et Innovation (GDRPI) développant un concept innovant de «Santé publique en milieu professionnel», dans le cadre exclusif de ses missions d’intérêt général (Régime obligatoire - Assurance maladie).
www.urops-prevention.fr
Contacts presse Urops
Patricia Jaffré – pjaffre@urops-prevention.fr 

samedi 13 août 2022

Réorganisation santé: les pistes proposées par Jean-Martin Cohen Solal

Article reproduit avec l'aimable autorisation du Dr Jean-Martin Cohen Solal 


Juin 2022            
              Pistes pour réorganiser notre système de santé
     Dr Jean- Martin Cohen Solal, médecin, ex-Directeur Général de la Mutualité Française
                                        Avant Propos
Quelles pistes pour réorganiser notre système de santé ? La pandémie de Covid-19 et ses effets sanitaires et économiques ont mis en avant à la fois la résilience du système de soins français, mais aussi ses faiblesses, voire ses errements.
Comparaison n’est pas raison. Selon l’auteur de cette note, notre système de santé n’est ni le meilleur au monde comme certains le prétendent, ni le pire comme d’autres le laissent entendre. Les deux constats doivent être relativisés mais le secteur de la santé et l’hôpital sont arrivés à la croisée des chemins et nécessitent une profonde réorganisation, une vraie réforme.
Après un rappel historique utile à la compréhension de l’état de notre système aujourd’hui, Jean-Martin Cohen-Solal balaye les pistes d’actions : crise des urgences, remotivation, respect et revalorisation des équipes soignantes, proximité (pas gage systématique de qualité), révolution des nouvelles technologies, prévention… Sans parti-pris, l’ancien Directeur général de Mutualité Française bat en brèche quelques idées reçues.
                                          ********
Notre système de santé autrefois considéré comme le meilleur du monde serait-il devenu maintenant le pire ?
Trop souvent les jugements et réactions manquent de nuance, comme dans bien d’autres domaines.
Ce n’était pas le meilleur, ce n’est pas aujourd’hui le pire.
Chaque pays a un système de santé et de protection sociale qui dépend de son histoire, de ses valeurs, des comportements des citoyens, des moyens consacrés à la santé collectivement et/ou individuellement. Comparer d’un pays à l’autre est certes tentant, permet des enseignements, mais se révèle souvent peu concluant.
Je me dois de préciser d’où je parle : baby boomer, médecin généraliste ayant exercé 42 ans en cabinet libéral à temps plein, puis à temps partiel, ayant eu des responsabilités dans des cabinets de ministres de la santé et dans le monde mutualiste. Récemment retraité, j’ai repris du service à l’occasion de la pandémie pour assurer des gardes de régulation au Centre 15 du Samu de Paris, puis pour vacciner durant plus d’un an. J’ai ainsi repris contact avec la médecine d’urgence et de très nombreux patients et professionnels de santé. Je préside également depuis quelques années une association gérant 12 Centres Medico Psycho Pédagogiques en Ile de France qui suivent des enfants autistes. Donc ni un économiste, ni un chercheur mais plutôt un praticien et un observateur un peu privilégié des évolutions positives et négatives de notre système de santé.
             L’agression du Covid sur un système déjà souffrant
Le système de santé a subi un choc très violent avec la pandémie de Covid 19, choc qu’il est parvenu à encaisser mais qui l’a profondément déstabilisé.
Depuis des années il subissait des chocs plus « mous » mais qui laissaient présager des difficultés à venir. Depuis près de 10 ans un homme comme Laurent Berger ne cesse de dire en public et en privé son inquiétude sur cette situation, à partir de sa connaissance de ce système et de ses contacts fréquents avec ses acteurs, pendant que beaucoup continuaient à vanter le « meilleur système de santé du monde ».
Ces « chocs mous » touchent tout autant la médecine de ville que la médecine hospitalière ; ils sont pluri factoriels et découlent des évolutions démographiques, des bouleversements scientifiques et technologiques, de la dégradation des conditions de travail et de rémunération des personnels paramédicaux et à la réduction du nombre de médecins en exercice. Il faut y ajouter la place insuffisante faite à la prévention et à la réduction des inégalités sociales de santé et aussi la demande croissante de santé de nos concitoyens et à la surcharge administrative liée notamment à des exigences légitimes de sécurité.
Le « choc dur » de la pandémie n’a fait que rendre plus visibles et plus insupportables les inadaptations aux évolutions. Les solutions proposées sont trop souvent manichéennes : augmentation massive des recrutements (alors que nombre d’offres d’emploi ne trouvent pas de candidat), augmentation massive des rémunérations (mais sans augmenter les prélèvements sociaux), non fermeture ou même réouverture de lits  hospitaliers ( alors qu’il faut privilégier l’ambulatoire), supprimer le numerus clausus ( à l’inverse de ce qui a été fait dans les années 1980/2000 ) ….
A l’hôpital, l’explosion actuelle est la conséquence directe de la crise du Covid. Durant cette pandémie tous les soignants se sont investis de la mission de faire face et de tenir. Et ils ont réussi ensemble. Pendant la crise sanitaire, le pragmatisme a prévalu et on les a laissé s’organiser par eux-mêmes, transgressant certaines règles et procédures excessives, tout ben leur donnant les moyens nécessaires. Ils ont su travailler en équipe, tous mobilisés autour d’un objectif commun, avec parfois un effacement provisoire des hiérarchies, au nom de l’efficacité. Par exemple on a vu des chefs de service de chirurgie se transformer en aides-soignants de réanimation parce que le besoin était celui-là. Ils sont ensuite revenus au statu quo ante. Les personnels semblent souffrir d’une sorte de traumatisme post traumatique qui leur rend insupportable ce retour au statu quo ante. Certains quittent déçus et résignés les hôpitaux publics.
                                    Une mue à faire
La première préoccupation des français après le pouvoir d’achat est la santé. Déjà avant la crise du Covid le sujet était en tête des inquiétudes en raison de déserts médicaux et des tensions de plus en plus fortes dans les hôpitaux.
Il est temps de repenser le système de manière efficace et en répondant aux besoins actuels de nos concitoyens à partir de la médecine de leur quotidien, la médecine de ville. Ce système devrait être plus accessible et plus efficace en termes de résultats d’espérance de vie et de lutte contre les inégalités de santé.
La médecine française n’a pas vraiment effectué sa mue entre la médecine de réparation, celle de l’après-guerre, et ce que l’on appelle la médecine des 4 P (préventive, prédictive, participative, personnalisée), celle d’aujourd’hui et de demain.

                      Des constats défiant des idées reçues
On est face à un paradoxe : le ressenti est qu’il y a de moins en moins de moyens dans notre système de santé alors que les dépenses de santé ont considérablement cru ces dernières années.
Quelques chiffres : Les dépenses de santé sont passées de 140 milliards en 2000 à 210 milliards en 2020, 50% d’augmentation en 20 ans, une croissance bien supérieure à celui du PIB.
Nos dépenses de santé sont actuellement de 12,4 %,à peu près comme en Allemagne, Suisse et le Japon, loin derrière les USA(18%), alors que ce pourcentage est de 8,8 % en moyenne parmi les pays de l’OCDE. Cela représente 5300 € par habitant, contre 10 000 aux USA, 6500 en Allemagne, 3600 en Italie et Espagne et 4 000 € en moyenne dans l’OCDE.
Malgré ces dépenses importantes le mécontentement est général : les citoyens, les professionnels de santé médicaux et non médicaux, pratiquant en ville, à l’hôpital public ou privé, à but lucratif ou non, les élus, les gestionnaires …
Les Français sont globalement bien soignés pour des pathologies graves surtout, sans aucune sélection à la prise en charge. Pour l’illustrer, après un appel téléphonique, au moindre doute le Samu envoie des secours, la règle est « le doute profite au patient », peu nombreux sont les pays où l’on fait de même.
Le reste à charge après prise en charge par l’assurance maladie et les complémentaires santé (mutuelles, assurances) est le plus faible des pays de l’OCDE : 9,8% en France, 23,8% en Espagne,23,1 en Italie, 12,4% en Allemagne, pour 18,2 en moyenne de l’OCDE.
Mais la performance en terme d’espérance de vie n’est pas à la hauteur de ces investissements et surtout les inégalités persistent ou même s’accroissent.
Quelques chiffres : l’espérance de vie à la naissance est passée de 2010 et 2019 de 84, 7 à 85,6 ans chez les femmes et de 78 à 79, 8 ans chez les hommes nous plaçant parmi les premiers pays au monde. Nous sommes moins performants pour l’espérance sans incapacité (7 ème en Europe pour les femmes et 9 ème pour les hommes). Mais surtout on constate 13 ans d’écart pour l’espérance de vie à la naissance chez les hommes entre les 5 % les plus aisés et les 5 % les moins aisés, cette différence étant de 9,8 ans chez les femmes. L’’espérance de vie est de 4,4 années plus longue pour les hommes ayant eu le bac et 2, 5 années chez les femmes.
Quant à la mortalité infantile elle est passée de 4,5 pour 1000 naissances en 2000 à 3,32 en 2012, pour remonter à 3,56 en 2019 ; cette évolution préoccupante touche principalement la période néonatale précoce et les familles de condition modeste.
Sur le plan de la santé publique on constate que 16, 5 % des moins de 15 ans fument en moyenne dans les pays de l’OCDE alors qu’ils sont 24 % en France, quant à l’alcool nous consommons, encore 11, 4 litres par personne alors que la moyenne OCDE est de 8,7 l par personne.
54% des hommes, 44% des femmes de 18 à 74 ans et 17% des enfants de 6 à 17 ans sont en surpoids ou obèses ; depuis 50 ans, les jeunes de 9 à 16 ans ont perdu 25% de leur capacité physique.
66% des 11-17 ans présentent un risque sanitaire préoccupant avec plus de deux heures d’écran par jour et moins de 60 minutes d’activité physique par jour.
Le problème des “déserts médicaux” ne fait que croitre, il est la résultante d’un problème d’aménagement du territoire devenu un problème de santé et maintenant un vrai problème “politique”.
On observe en effet chez les populations résidant dans les déserts médicaux des retards de prise en charge des pathologies aigues (AVC, infarctus), un manque de dépistage et de suivi de certains cancers, mais aussi et surtout des maladies chroniques (diabète, hypertension) qui demandent des soins de support par des paramédicaux (kinésithérapie, orthophonie) eux aussi moins disponibles. Cela entraine davantage d’abandon de soins : e risque est le découragement ou le déni.  quand les délais avant de voir un professionnel de santé sont longs, kilomètres à parcourir nombreux.
        Les errements de la démographie médicale depuis les années 70
Par rapport aux besoins constatés, on manque de soignants, médecins et non médecins, et tous s’estiment insuffisamment reconnus et mal remunérés.
On n’a pas formé assez de médecins durant des années . Aux débuts de la discipline de l’économie de la santé, au milieu des années 1970, devant l’envolée des dépenses de santé, on professait que pour maitriser cette évolution, la solution était de diminuer l’offre, notamment de médecins. Le constat était que le coût d’un médecin de ville était pour ¼ de ses honoraires et pour ¾ de ses prescriptions.
Les pouvoirs publics ont donc imposé un numérus clausus très strict pour entrer en faculté de médecine.
Quelques chiffres : il y avait plus de 9000 étudiants en médecine en 1970, 8600 ont été autorisés en 1971 jusqu’à à un minimum de 3500 en 1993 avant de remonter peu à peu 4000 en 2001, 7400 en 2009 à 9300 en 2019 quand il a été supprimé.
Parallèlement on a incité, début 1988, les médecins « prescripteurs » à prendre leur retraite en leur versant une prime annuelle compensant le fait qu’ils arrêtent leur activité mais leur autorisant à pratiquer une activité pour laquelle ils ne prescrivaient pas(médecine scolaire , médecine du travail..). Ce mécanisme qui concernait en 1988 les médecins de plus de 60 ans a bénéficié aux médecins de 57 ans en 1996 avant d’être supprimé en 2003.
Les pouvoirs publics (de droite comme de gauche), sans opposition (au contraire) des syndicats médicaux, ont donc planifié le manque de médecins que l’on constate actuellement et qui crée les déserts médicaux. Ils n’ont anticipé ni les progrès formidables de la médecine, ni la démographie, ni l’allongement de la durée de la vie, ni l’explosion des maladies chroniques, ni l’augmentation de la demande de santé. Ils n’avaient pas plus prévu que le temps médical disponible tant en ville qu’à l’hôpital allait diminuer de part les évolutions sociétales et les règlementations (françaises et européennes) du temps de travail.
Quelques chiffres : en 2019 il y avait 3,2 médecins/1000 habitants en France, 4,4 en Allemagne,4,3 en Suède, 3,6 aux Pays Bas mais 2,7 au Canada et 2,6 aux USA, 3,6 dans la moyenne des pays de l’OCDE,
320 000 médecins sont aujourd’hui inscrits à l’Ordre des médecins. Il n’y en jamais eu autant et pourtant la situation est plus préoccupante que jamais. 70 000 médecins sont retraités, la moitié en cumul emploi-retraite, la moitié n’exerçant plus du tout sauf à titre gratuit.. 250 000 médecins ont une activité de pratique médicale à temps plein ou temps partiel. Mais le renouvellement générationnel fait que le nombre de médecins « entrants » est inférieur à celui des médecins « sortants ». Avec un vieillissement inquiétant puisque 44 % des médecins sont âgés de plus de 55 ans alors que la moyenne dans les pays de l’OCDE est de 34 %.
S’ajoute une baisse importante de l’attractivité de la pratique en ville comme à l’hôpital. Environ 20% des étudiants en médecine d’une promotion vont vers d’autres activités que le soin: starts up, industrie pharmaceutique ou biomédicale, communication etc.., ils n’étaient que 6 à 7 % il y a une dizaine d’années.
Chez les médecins de moins de 40 ans on constate un accroissement de l’activité à temps partiel. Les plus jeunes pratiquent la médecine 4 à 4,5 jours par semaine ail ya 3à ans c’était 5,5 jours. Cette tendance est forte en médecine de ville comme en médecine hospitalière, elle est due à une évolution générale de la société.
Heureusement qu’il y a de nombreux médecins étrangers, non diplômés en France (environ 4000 par an) mais peu exercent en ville.
Aller vers la médecine des 4 P impose de revoir le mode de pratique médicale. Beaucoup de  représentants de la  médecine libérale se réfèrent encore souvent à la Charte de la médecine libérale de 1927, écrite à l’époque contre les mutuelles qui assuraient alors seules la couverture santé. Elle repose sur 7 principes et notamment le libre choix, le paiement direct par l’assuré, la liberté totale de prescription, le secret médical, la liberté d’installation. Si certains de ces principes se justifient encore, comment peut-on se référer à un texte datant de quasiment un siècle alors que la pratique médicale et même toute notre société ont complétement changé. On constate également que l’exercice isolé dans son propre cabinet ou en cabinet simplement partagé est encore majoritaire en France alors que ce type de pratique ne devrait plus être qu’exceptionnel.
De plus la médecine de ville (on appelle médecine de ville tout ce qui est médecine non hospitalière) est très segmentée entre médecine générale (103 000 médecins) et médecine de spécialisée(125 000) avec un rapport inverse de ce qui serait souhaitable  .
La rémunération de ces médecins, qu’ils estiment insuffisante, est principalement basé sur le paiement à l’acte. Depuis quelques années s’y ajoute une rémunération par forfaits sur objectifs de santé publique dont la part croit et qui est plus à même de rémunérer la prise en charge des maladies chroniques ou de la prévention par exemple.
Quelques chiffres : Selon l’OCDE, Les généralistes gagnent en moyenne 3 fois le salaire moyen des Français, alors que les spécialistes gagnent en moyenne 5 fois le salaire moyen. C’est comparable à leurs confrères au Canada ; en Allemagne les généralistes gagnent 4,4 salaire moyen, les spécialistes 5,3, en Belgique 2,5 et 5, 6.

                              Urgence veut dire vite ou grave ?
Le problème des urgences est en grande partie liée au manque de médecins, doit-on d’ailleurs parler d’urgence ou de soins non programmés ? La crise, longtemps sous-jacente, explose aujourd’hui.  Pour les patients urgence signifie « vite », pour les médecins cela signifie « grave », d’où parfois une incompréhension
La crise des urgences se situe au carrefour de plusieurs évolutions: du coté des usagers une forte demande de santé et souvent sans accepter le moindre délai, du coté des médecins de ville une désaffection des soins non-programmés ( en milieu urbain, ils ne font pratiquement plus de visites à domicile).D’où la surcharge des urgences hospitalières pour des actes ne le nécessitant pas et ce au détriment des patients dont l’état le justifie et des personnels débordés, sans compter le coût pour la collectivité.
Jusqu’en 2003 la permanence des soins en médecine de ville était une obligation déontologique et le tableau de garde était sous la responsabilité des Conseils départementaux de l’Ordre des médecins. En 2003, le ministre Jean-François Mattei a cédé à la pression de la profession et la participation à la garde est devenue volontaire. Il s’est alors installé dans la culture professionnelle de nombreux médecins de ville qu’il n’était pas de leur ressort d’assurer gardes et permanence des soins.
Ceux qui ont fait ce choix n’avaient surement pas anticipé le fait que cela modifiait profondément l’organisation du système et accroissait l’hospitalo-centrisme que parallèlement ils dénonçaient.
On pourrait comme des pays, tels que le Danemark, organiser un tri des urgences en amont, par appel téléphonique systématique et accord préalable du centre 15 où un médecin évaluerait, au téléphone ou par téléconsultation, si le problème est réellement grave ou non .
La mise en place progressive des Services d’Accès aux Soins(SAS) doit permettre d’accéder à distance à un professionnel de santé pouvant fournir un conseil médical, proposer une téléconsultation, orienter selon la situation, vers une consultation non programmée en ville, un service d’urgence ou déclencher l’intervention d’un SMUR. Cette organisation nécessite une étroite collaboration entre la médecine de ville et les SAMU.
D’autres expériences sont en cours. En cas de doute sur la gravité de l’état d’un patient, le médecin régulateur peut envoyer chez le patient une équipe composée d’une ou deux personnes, dont une infirmière formée. Elle contacte le médecin du centre 15 par téléphone ou grâce à une valise de téléconsultation pour lui transmettre ses constats et qu’il prenne une décision.
                              Un système trop centré sur un hôpital en souffrance
A l’hôpital la crise est ancienne, liée aux rémunérations et aux conditions de travail des personnels, aux difficultés de recrutement, à la gestion des urgences, aux  relations souvent difficiles entre secteur public, secteur privé non lucratif et  lucratif et  entre médecine hospitalière et médecine de ville.
L’hôpital est trop souvent considéré comme LE pilier du système de santé alors qu’il y a beaucoup plus d’actes médicaux pratiqués chaque jour en ville qu’à l’hôpital.
C’est le lieu de l’excellence en matière de pathologie grave, c’est un lieu de recherche, un lieu d’enseignement et de formation. C’est donc une référence incontournable. Mais on ne devrait faire à l’hôpital que ce que l’on ne peut faire qu’à l’hôpital.
Question lancinante : y a-t-il trop ou pas assez de lits hospitaliers, en ferme t on trop et pour quelles raisons ; faut-il des hôpitaux, quelle que soit leur taille, au plus près des populations ?
Quelques chiffres : Il y avait en France 484 000 lits hospitaliers en 2000, 396 000 en 2019. Il y a aujourd’hui 1400 hôpitaux publics, 1000 hôpitaux ou cliniques à but lucratifs et 680 à but non lucratif. Il y avait en 2019 5,8 lits pour 1000 habitants en France, moins qu’en Allemagne, Japon, Corée, plus qu’aux USA (2,8), Suisse (4,6) Suède (2,1), la moyenne des pays de l’OCDE étant de 4,4 lits / 1000 habitants.
Si des services hospitaliers ferment(provisoirement) trop souvent c’est la plupart du temps par manque de personnel médical et paramédical.  Heureusement un certain nombre de médecins et d’infirmières étrangers viennent combler ces manques criants, mis ce n’est pas une situation durable.
Comment faire en sorte que les milliers de postes de paramédicaux disponibles dans nos hôpitaux trouvent des candidats. Il est temps de réfléchir au statut et à la rémunération des infirmières et de tout le personnel paramédical, on voit bien que les augmentations salariales du Ségur de la santé n’ont pas répondu aux attentes qui vont au-delà.
Quelques chiffres : Le nombre infirmières en France 11,1 / 1000 habitants la moyenne des pays de l’OCDE étant de 8,8, leur salaire étant 0, 9 % du salaire moyen alors qu’il est de 1,2 % dans les autres pays de l’OCDE, par exemple 1, 4 en Espagne, 1 au Royaume Uni.
Si les personnels hospitaliers médicaux et paramédicaux quittent l’hôpital c’est en raison de la désorganisation mais aussi et surtout pour des raison de rémunération et de manque de reconnaissance. Réduire les « malaise des infirmières » au seul sujet de la rémunération serait une erreur (les augmentations pourtant non négligeables du « Ségur de la santé » n’ont pas suffi à calmer le malaise). On cite d’ailleurs le chiffre de 180 000 infirmières formées et na pratiquant pas ou plus cette profession.
Etant donné que leurs responsabilités et leurs missions avaient beaucoup évolué les infirmières ne veulent plus être plus considérées dans le Code de Santé publique comme des « auxiliaires » médicales alors qu’elles sont devenues des partenaires fonctionnelles des médecins.
Il faut permettre d’adapter l’organisation du travail en fonction du type de spécialité et des spécificités locales et régionales. Par exemple certains paramédicaux souhaitent par exemple que la durée des vacations ne soit plus de 8 heures mais de 12 heures, notamment dans les régions où le temps de transport est long et le prix des loyers élevés. Cela demande un dialogue entre la direction, les médecins et les paramédicaux. Il faut prendre en compte les difficultés de vie liées à l’exercice de ces métiers et aussi que les collectivités locales, les centres hospitaliers proposent des logements, des crèches pour faciliter la vie et alléger les contraintes.
Par ailleurs, à l’hôpital il existe une surenchère tarifaire causée par le manque de médecins ou d’infirmières titulaires. Pour éviter de fermer des services, certains établissements rémunèrent des intérimaires à des tarifs prohibitifs. Ce qui a encouragé des« mercenaires » à démissionner de leur établissement, devenir et profiter ainsi de cette aubaine. Pour contrer cette pratique qui pèse sur les budgets et désorganise les services, un texte législatif a fixé des plafonds de rémunération sous menace de sanction financière pour les établissements ne les respectant pas. En raison de la crise du Covid ce texte n’a pas été vraiment été appliqué. Il faudrait le faire maintenant à la fois pour des raisons budgétaires et aussi pour pousser ces professionnels de santé à rester durablement dans ces établissements.
Les progrès thérapeutiques, le raccourcissement des temps de séjours ont également largement modifié le fonctionnement hospitalier.
Par exemple une ablation de la vésicule biliaire se fait maintenant en ambulatoire (le patient passe moins d’une journée à l’hôpital ou à la clinique) alors qu’il y a 25 ans il restait hospitalisé une bonne semaine. Ce progrès qui demande une organisation rigoureuse des équipes médicales et paramédicales et une pression sur ces équipes avec de plus une modification des rapports avec le patient avec lequel les équipes paramédicales ont une relation différente et obligatoirement moins humaine et moins valorisante.
Il faut organiser le système en intégrant la gradation des soins, c’est à dire que le patient puisse entrer dans le système de santé au niveau le plus adapté à la gravité de sa pathologie.
Le financement de l’hospitalisation publique et privée est assuré depuis 2004, par la T2A (Tarification A l’Activité) aujourd’hui largement condamnée, mais comme l’ont été précédemment le financement par le budget global et encore avant le budget au prix de journée, donc il n’y a pas de solution miracle. Toute méthode trop rigide entraine des effets pervers qui nuisent au bon fonctionnement. Là encore, une évolution un peu plus en nuance intégrant des critères plus médicaux moins économiques permettrait de mettre en œuvre des progrès tant diagnostiques que thérapeutiques.
Pendant longtemps le poids des médecins a été beaucoup trop important dans la gouvernance de l’hôpital. Des textes plus récents ont probablement « envoyé le balancier » un peu trop loin. Il s’agit de trouver maintenant un bon équilibre entre le rôle de la direction(organisation globale et de suivi de l’équilibre économique des établissements sans aller vers un objectif de rentabilité) et celui des professionnels de santé (organisation des stratégies de soins) pour en arriver à un équilibre souhaitable pour assurer les missions de l’hôpital.
                                             Proximité n’est pas synonyme de qualité
Aujourd’hui tout français doit pouvoir bénéficier du « juste soin » aussi rapidement que son état de santé le nécessite et sans risque de perte de chance.
En raison des progrès de la médecine, on ne peut plus faire rimer qualité avec proximité pour les prises en charge demandant une certaine expertise et une pratique régulière et fréquente.
Donc la remise en cause de « petits » hôpitaux et de petites maternités ne répondant plus aux critères de qualité et de sécurité se justifient, dans l’intérêt des patients. Il faut qu’une maternité fasse au moins 300 accouchements par an (soit moins d’un par jour) et qu’il y ait en permanence sur place ou joignable avec un accès rapide à l’établissement un obstétricien, un médecin anesthésiste, un pédiatre et des sages femmes.
Ces règles ont été fixées en 1998 ; entre 2000 et 2021 le nombre de maternités  est passé de 720 à 480. Il s’en est suivi une augmentation de la taille de grosses maternités et l’apparition d’espaces géographiques où des femmes pouvaient rencontrer des difficultés pour être suivies ou accoucher. La part des femmes vivant à plus de 45 minutes d’une maternité est passé de 0,6 à 0,9 %. Pour y remédier, l’Assurance maladie prend en charge, depuis la mi-avril 2022, 5 jours d’hébergement avant la date d’accouchement prévue dans un hôtel proche de la maternité (avec un accompagnant) pour les femmes enceintes habitant à plus de 45 minutes de la maternité, ce qui parait une solution pragmatique raisonnable.
Pour les situations d’urgence avérée (accident cardiaque ou vasculaire accident de la circulation ..)le point clé est le temps d’accès à un service d’urgences Tout ce qui permet de réduire délai va dans le bon sens, notamment l’utilisation de moyens de transports rapides (ambulances, mais aussi hélicoptères).
                                 Faire face aux nouveaux défis
il faut agir sur plusieurs fronts en même temps pour faire face aux nouveaux défis : temps médical individuel réduit, déserts médicaux, impérieuse nécessité de la mise en place d’une vraie culture de prévention, maintien à domicile des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, prise en charge des maladies chroniques.
Une réorganisation s’impose, il faut prendre la mesure de ces évolutions techniques, épidémiologiques, sociales, sociétales, pour mieux anticiper et être à même d’ adapter en permanence notre système de santé. Ne plus fonctionner en silos : médecine de ville, médecine hospitalière, hôpital public, établissements privés, établissements pour personnes âgées, ..
Il est impératif de structurer l’équipe de soins, composée de professionnels de santé et du medico social à champ de compétence complémentaire. En ville comme à l’hôpital elle doit avoir des compétences partagées et optimisées pour améliorer la prise en charge du patient et l’accompagner. Il faut aussi exposer au patient le parcours de soins proposé et faire en sorte qu’il y adhère et qu’il le fasse sien.
Raisonner en temps médical disponible est plus juste que de raisonner en nombre de médecins ou d’infimières, tant la sociologie et l’organisation ont changé.
Les syndicats médicaux doivent accepter d’oublier la charte de la médecine libérale de 1927 et intégrer qu’un médecin de ville peut avoir un autre statut que libéral, que d’autres professionnels qu’un médecin peuvent prendre une tension artérielle, faire un vaccin, faire une prolongation d’ordonnance ou prescrire un antibiotique en cas de cystite récidivante. La rémunération à l’acte encore de loin la plus pratiquée en médecine de ville ne permet pas de remplir les besoins actuels, la prévention, la prise en charge des personnes âgées, la prise en charge des maladies chroniques, les soins palliatifs et également la permanence des soins…
Ne parlons pas d’une nième loi parlons des pratiques. On ne fera pas bouger le système, casser les silos si on veut le faire d’en haut. Il est impératif de trouver des solutions de proximité, oublier le jacobinisme, faire travailler ensemble tous les acteurs, sans oublier les patients, autour de territoires de santé, de taille variable selon les réalités de terrain. Les Agences Régionales de Santé, trop souvent décriées, ont, pour la plupart ont joué un rôle majeur durant la crise du Covid ; elles doivent trouver leur place entre le niveau national et le niveau territorial pour stimuler les initiatives et pas seulement jouer le rôle de préfecture sanitaire.
          Des avancées intéressantes pour accroitre le temps médical
Former un médecin demande 8 à 10 ans, recruter des médecins étrangers de bon niveau devient de plus en plus difficile. Le nombre de médecins ne pouvant pas être accru rapidement, c’est le temps médical disponible qu’il faut accroitre en revoyant le mode d’exercice en médecine ambulatoire et en déchargeant le médecin d’actes que d’autres professionnels peuvent assurer.
Ce partage de compétences ou même ce transfert de taches entre médecin et une autre profession paramédicale a commencé avec la vaccination contre la grippe par les pharmaciens. La crise du Covid a provoqué une accélération de cette pratique et l’a étendue à d’autres professions.
C’est de plus en plus le cas entre ophtalmologue et orthoptiste, celui-ci faisant tous les examens qu’il est à même de pratiquer, l’ophtalmologue n’intervenant qu’à la fin et si nécessaire, mais gardant la responsabilité de la prise en charge et ayant défini le cadre du partage de tache avec ’lorthoptiste. L’ophtalmologue peut alors se consacrer à sa valeur ajoutée.
Il faudrait aussi développer le nombre et valoriser le rôle des IPA (Infirmières de Pratique Avancée). Cette qualification est obtenue après 2 années d’études supplémentaires. Elle permet de pratiquer beaucoup plus d’actes tant cliniques que préventifs. Les IPA pratiquent sous la responsabilité d’un médecin avec qui a été défini le cadre de délégation. Par exemple pour une pathologie aussi fréquente que l’hypertension artérielle, une IPA peut prendre la tension, interroger le malade, lui donner des conseils hygièno diététiques, interpréter le résultat de ses examens biologiques et renouveler le traitement. Si nécessaire elle dirigera le patient vers son médecin traitant. Ceci demande un véritable travail en équipe, en confiance  mais également la mise au point de protocoles. En ville comme à l’hôpital les IPA permettent d’accroître le temps médical, valorise l’expérience et la carrière des infirmières et ainsi les encourage à demeurer dans leur profession. Un frein à leur développement est la nécessité de ralentir ou d’arrêter leur activité pendant les deux ans d’études supplémentaires(certaines ARS proposent des bourses) et l’ insuffisante évolution de la rémunération liée à leurs nouvelles responsabilités.
En médecine de ville commence à se mettre en place des CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé), qui regroupent les professionnels de santé d’un même territoire qui souhaitent s’organiser librement autour d’un projet de santé répondant à des problématiques locales. L’objectif est de faciliter et améliorer la prise en charge des patients, notamment la permanence des soins. Un certain nombre de CPTS ont existent déjà, il faut les faire connaitre, évaluer leur fonctionnement et les développer.
Les EPS (équipes de soins primaires) les centres de santé ou les MSP (Maisons de santé pluridisciplinaires) sont aussi des réponses à la fois aux « déserts médicaux » et au problème des soins non programmés.
Les unes sont un travail en commun de professionnels libéraux, les autres concernent des professionnels salariés, à temps plein ou temps partiel, à l’initiative des professionnels eux-mêmes, de collectivités locales, de mutuelles ,..
Il faut utiliser tous les mécanismes mis en place pour permettre des formes innovantes d’exercice de la médecine en équipe . Le partage des taches au sein d’une véritable équipe soignante qui tient lieu, de fait, du médecin traitant, contribuant efficacement à pallier aux déserts médicaux. Même si la population fait pression parce qu’elle  accepte de plus en plus mal de ne pouvoir facilement accéder aux soins qu’elle estime nécessaires, la contrainte ne marchera pas. On aura beaucoup de mal à obliger un médecin ou une autre profession de santé à s’installer durablement dans un territoire où son conjoint ne peut trouver un emploi ou ses enfants un lycée correspondant à leurs  aspirations.
L’essentiel est de faire en sorte d’accroitre le temps médical disponible par ces mesures structurelles ou des mesures plus ponctuelles mais qui associées les unes aux autres pourraient améliorer la situation. Par exemple les assistants médicaux mis en place et en partie pris en charge par l’assurance maladie qui soulagent utilement les médecins des tâches administratives, de coordination, d’organisation…
                            La révolution des nouvelles technologies
Grâce aux nouvelles technologies, les starts up santé, les données, l’Intelligence artificielle, nous vivons une révolution qui permet d’aller vers plus de qualité, d’efficacité. Elles apportent également plus de fiabilité et de sécurité aux médecins dont le rôle d’écoute et de conseil des patients se trouve accru. Mais il faut éviter que la fracture numérique n’accroisse les inégalités.
La télémédecine permet de rapprocher l’expertise du patient ; les circonstances particulières de la pandémie ont accéléré son développement ; pour compenser les déserts médicaux, elle devient indispensable. Il est préférable d’encourager la télémédecine assistée par une infirmière, une aide-soignante, formées, intermédiaire humain entre le patient et le médecin à distance, par exemple dans les EHPAD.
Le dossier médical est un outil structurant permettant d’aller vers un parcours de santé plus rationnel. Il est inconcevable aujourd’hui que le « carnet de santé » s’arrête à l âge de l’adolescence. Il est indispensable que chacun puisse garder de manière sécurisée toute son histoire médicale, ses traitements, ses vaccinations, ses éventuelles allergies etc... Ceci permettrait un meilleur suivi avec tous les professionnels de santé qu’il aura choisis.
Ce dossier qui avait commencé à être mis en place au début des années 2000, attend toujours son vrai déploiement après plusieurs esquisses dont aucune n’a été convaincante. Tous sont réticents, patients (probablement par manque d’information, de négligence et/ou souci de protection de ses données), professionnels de santé (sous le prétexte d’alourdissement de leurs tâches administratives) pouvoirs publics (qui ont trop facilement reculé devant les réticences). Pourtant la valeur ajoutée ets évidente.
La mise en place par l’Assurance maladie de « Mon Espace de Santé », nouvelle mouture du carnet de santé, intégrant des applications pratiques et rendant de vrais services aux patients et aux professionnels de santé doit devenir cet outil structurant et aujourd’hui indispensable., les nouvelles technologies
En matière de formation médicale aussi les nouvelles technologies permettront aux professionnels de se former plus rapidement et plus facilement  a formation médicale continue est encore beaucoup trop « aléatoire » ; si elle est théoriquement obligatoire depuis longtemps, rien n’empêche un professionnel de santé de ne jamais se former alors que les progrès médicaux ou les crises (on l’a vu récemment avec le Covid) la rend indispensable techniquement et éthiquement. Chacun doit pouvoir bénéficier du « juste soin » en fonction des données scientifiques les plus récentes et validées.

                                 La prévention, la priorité depuis 40 ans
On ne peut que se réjouir que pour la première fois un ministre de la Santé soit ministre de la Santé ET de la Prévention.
Il n’y a pas de culture de prévention en France contrairement à d’autres pays notamment anglosaxons. Elle est pourtant depuis des dizaines d’années annoncée comme une priorité politique (par exemple première des priorités santé de François Mitterrand en 1981). Des progrès sont notables, par exemple pour la consommation de tabac et d’alcool, l’hygiène buccodentaire, le dépistage. Il y a 30 ans quand on était gêné par la fumée en réunion, on sortait, aujourd’hui c’est l’inverse, on ne fume plus en avion, en train et dans les lieux publics.
La consommation d’alcool a diminué mais les lobbies sont toujours très ou même trop présents. Se brosser les dents est devenu une habitude et le dépistage des cancers par exemple presque systématique.
Mais la France est toujours en retard ne matière de prévention.
Demander aux médecins d’en être les maitres d’œuvre est tentant mais peu réaliste. L’expérience l’a prouvé, ils sont mal formés pour cela et trouveront toujours cela moins valorisant que le soin. De plus le champ de la prévention déborde largement le champ de la médecine. L’environnement, le logement, le transport, la nutrition, autant de facteurs qui influent directement sur notre santé.
C’est là aussi sur le travail d’équipe qu’il faut compter. De nombreuses professions de santé sont bien placées et à même d’être efficaces dans ce domaine. Infirmières, sage femmes, pharmaciens, kinésithérapeutes, diététiciens,..
Pour faire émerger une culture de prévention il faut aussi aller vers prévention positive en montrant aux citoyens le bénéfice à court et moyen terme de la modification d’un certain nombre de comportements et commencer dès le plus jeune âge, à l’école notamment.
Dans ce domaine les inégalités sociales de santé sont majeures, la corrélation entre niveau de vie et obésité, consommation d‘alcool, de tabac, manque d‘exercice physique, pratique de dépistages est en effet évidente.
Pour être concret, on pourrait par exemple mettre en place des consultations systématiques à certains âges de la vie afin de faire de la prévention primaire et du dépistage.
Assurées par l’équipe de soins elle devraient être rémunérées en tenant compte du temps nécessaire et prises en charge par l’assurance maladie et /ou les mutuelles. Pratiquées par exemple à 25, 45 et 65 ans, elles permettraient de dépister et prendre en charge des maladies chroniques ou psychiques, de donner des conseils « hygièno-diététiques », de contrôler les vaccinations, d’encourager à l’exercice physique, d’anticiper et prévenir le vieillissement …et suivre toit cela dans « Mon espace santé ».
                               
                                   Des défis majeurs à relever
Les dysfonctionnements du système de santé sont encore plus aigus pour les personnes âgées, en situation de perte d’autonomie et les difficultés qu’elles rencontrent dans leur parcours de santé agissent comme un miroir grossissant.
Avec l’allongement heureux de l’espérance de vie les besoins de ces personnes vont bien sûr croitre. Le vieillissement est en lui-même une pathologie chronique lente qui favorise la survenue d’autres pathologies chroniques, aigues ou dégénératives.
Si l’on veut leur permettre aux personnes âgées et en perte d’autonomie de rester chez elles le plus longtemps possible et dans de bonnes conditions sanitaires et sociales il est impératif que le système se réorganise autour du domicile et qu’une équipe pluridisciplinaire les accompagnent.
Ensuite si une personne en perte d’autonomie nécessite un hébergement, comme pour la maladie, il faut réfléchir désormais en fonction de la gradation des besoins constatés. Il faut différencier les établissements qui prennent une personne âgée peu dépendante et en bon état général et ceux qui prennent une personne lourdement dépendante avec des altérations physiques et/ ou psychiques. L’encadrement social et aussi médical devra être adapté aux deux types d’établissements.

Quant à un autre défi majeur qu’est la psychiatrie, sa crise est si grave inquiétante, qu’en parler nécessite une note ad hoc.

Plutôt une régulation reposant sur l’évaluation qu’une Grande Sécu
Pour certains, le remède ne pourrait être que la « Grande Sécu » qui conduirait une sorte de nationalisation pour faire face au manque d’efficience du système et à l’explosion des dépenses de santé. Ils préfèrent cela plutôt que d'encourager les acteurs publics et privés à innover.
S’il est légitime que notre système de santé soit régulé par l'Etat, c'est peut-être précisément dans sa mission de régulation que notre Etat est devenu le moins agile. Plus prompt à légiférer, à réglementer, à encadrer a priori plutôt qu’à encourager les initiatives et les évaluer a posteriori. Si l’Etat veut que son rôle de régulation soit efficace et accepté, il doit être d’abord garant et aller vers une vraie simplification administrative. Alors que chacun a pu observer que c'est grâce aux initiatives de terrain et aux coopérations que notre système a tenu pendant la crise, l'approche par la réglementation et le cloisonnement limite la place et le rôle des territoires dans la conduite de la politique de santé et encadre inutilement.


Le débat ne doit pas se faire qu’entre initiés. Il n’y a pas de solution unique venant d’en haut, il faut définir les moyens nécessaires et multiplier les expériences de proximité en tenant compte des évolutions, démographiques, sociales, sociétales, scientifiques et techniques puis les évaluer. On voit d’ailleurs qu’un certain nombre d’initiatives portent déjà leurs fruits.
On doit aller vers une démocratie sanitaire, échanger au-delà des acteurs, avec les patients, les corps intermédiaires, les élus nationaux et locaux puis partager les constats et les solutions proposées pour les faire accepter.

Le système de santé traverse une crise, aggravée par la pandémie, qui touche la médecine de ville et l’hôpital. Ce n’est pas qu’une question de moyens, il n’a pas su évoluer et n’est pas adapté aux défis actuels. Afin de répondre aux besoins des patients, l’ensemble des acteurs doit accepter de se remettre en cause et coopérer pour redonner de l’efficience et de la fluidité et trouver de nouvelles règles de fonctionnement. On n’y arrivera qu’en décloisonnant et en favorisant les initiatives de proximité.

lundi 25 juillet 2022

Regard du Dr Rodney Douieb sur le Covid-19

COVID-19... où en est-on ?

"Mine d'Infos" a posé la question au Dr Rodney Douieb, pharmacien parisien du 17ème arrondissement, qui  nous livre son retour d'expérience basé sur son vécu des derniers mois. 

Un constat "lucide" partagé par nombre de ses confrères. 

Non le Covid n'est pas derrière nous, ne  baissons pas la garde. 

La rédaction des Veilles "Mine d'Infos" invite ses lecteurs à suivre les conseils donnés dans l'interview vidéo.

Rendez-vous début septembre pour faire un nouveau point après le retour des vacanciers.

D'ici là restez prudents, il en va de votre santé, de celle de vos proches et des plus fragiles dont vous croisez le chemin. 😉 


1/3 🎬

Propos recueillis par Nora Ansell-Salles

jeudi 30 décembre 2021

Le passe sanitaire assimilé à une obligation vaccinale déguisée/implicite qui serait inconstitutionnelle. Que dit la loi ?

ALERTE PRESSE

Paris le 28 décembre 2021

Le passe sanitaire assimilé à une obligation vaccinale déguisée/implicite qui serait inconstitutionnelle. Que dit la loi ?

Le projet de loi instituant le passe vaccinal en remplacement du passe- sanitaire actuel conditionnerait l’accès aux bars, aux restaurants, aux cinémas, à la présentation d’un schéma vaccinal complet.

Réponse de Delphine Jaafar, avocate spécialiste du droit de la santé au cabinet Vatier

L’obligation vaccinale n’a pas d’obstacle juridique ni au Conseil Constitutionnel, ni à la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

« La protection de la santé justifie, dans un but collectif, des atteintes au libre consentement à un acte médical.

Ainsi, l’objectif de valeur constitutionnelle de protection de la santé publique permet de déroger à certains droits et libertés 

fondamentaux : le droit au consentement, la liberté de conscience, le droit au respect de la vie privée et à l’intégrité physique » rappelle maître Jaafar

  • Destinée à préserver la santé collective, la vaccination est un acte médical préventif, conçu comme tel dès son origine.
  • Elle est conforme à la constitution
  • Aux termes du préambule de la Constitution de 1946, alinéa 11, la Nation « garantit à tous [...] la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs 

    ». Cet article consacre à la fois le droit d’accès aux soins et l’obligation de l’État d’assurer l’ordre public sanitaire. La protection de la santé publique est un objectif à valeur constitutionnelle consacré par le Conseil constitutionnel qui se traduit par la mise en œuvre d’acte de prévention ou de soins.

      • Elle est conforme à la juridiction européenne
      • Au niveau international, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16 décembre
      • 1966 prévoit à son article 12 qu’afin de garantir le droit à la santé individuel, les États devront prendre les mesures nécessaires pour assurer « la prophylaxie et le traitement des maladies épidémiques ».Qu'elle est votre point de vue sur le propos ?Souhaitez-vous échanger  avec Maître Delphine Jafaar ?
      • 👉CONTACT pour en savoir plus :
      • Cabinet indépendant depuis 40 ans, le cabinet  a su se renouveler pour faire de la réputation de son fondateur Bernard Vatier,  le socle d’une marque forte du droit des affaires en France.
      • Le cabinet regroupe aujourd’hui 7 associés et 13 collaborateurs. Parmi ses expertises en vue : le droit de la santé, le droit social, le droit immobilier, le droit des assurances, le droit bancaire, le droit des restructurations des entreprises, et le droit pénal des affaires et arbitrage. Le cabinet dispose d’une expertise sur les dossiers en Afrique à travers son Desk Afrique structuré autour de partenariats forts dans 6 pays/régions (Abidjan, Bamako, Lomé, Luanda, Niamey, Yaoundé)  (santé, droit bancaire et arbitrage, bancaire).
      • Amine MOUSSAOUI

        Directeur Conseil

        06 27  26 49 64 @Ammoussaoui

      • Ozinfos

        15, rue du Louvre

        F-75001 Paris

        M1 – Louvre-Rivoli

        Parking Croix des Petits-Champs

mardi 2 novembre 2021

Une piqûre de rappel des gestes barrières, hélas nécessaire...

Selon les dernières données de Santé publique France, l'épidémie de Covid-19 regagné du terrain en France avec des hospitalisations qui repartent à la hausse.
Continuons de respecter les gestes barrières. 

Il en va de la santé de  chacun.

Devant la remonté des hospitalisations pour Covid-19, l' IMM -Institut Mutualiste Montsouris rappelle sur les réseaux sociaux l'importance du respect des gestes barrières...

La pandémie de Covid n'est pas encore derrière nous !
 

jeudi 28 octobre 2021

Disparition de l'étape "diagnostic" en médecine...

Dr Bernard Huynh - Gynécologue-obstétricien parisien
Président du syndicat des médecins de Paris.
Président des Spécialistes FMF 


Sommes-nous en marche vers 
la disparition de l’étape Diagnostic en médecine ?
"Mine d'infos" tend le micro au Dr Bernard Huyn qui livre son regard sur un danger bien réel qui se profile à l'horizon.


La principale qualité d’un médecin était, jusqu’à il y a peu, la compétence de son diagnostic. On disait : c’est un bon médecin, il a un bon diagnostic.

Longtemps, ce fut même l’essentiel de la compétence des médecins tant les ressources thérapeutiques étaient limitées.

Ce diagnostic médical s’est affiné au fil des siècles avec les progrès de l’examen clinique, la microbiologie, la radiologie et aujourd’hui la richesse des moyens spécialisés donne des résultats d’une précision étonnante.

L’essentiel des études de médecine restait braqué sur cette compétence : les signes et le diagnostic de la maladie sont le gros des apprentissages et les traitements découlent presque automatiquement de la reconnaissance de l’affection ou de l’accident et de son stade d’évolution.

La prise en charge thérapeutique médicale ou chirurgicale est, par définition, la résultante, un sous produit du diagnostic médical, du moins dans l’esprit des médecins.

Les thérapeutes, ceux qui ont la responsabilité de choisir le traitement, redoutent avant tout la mauvaise évaluation d’une pathologie. Cette mauvaise évaluation induit des solutions malheureuses, souvent fautive.

Cette préoccupation médicale de l’erreur diagnostique n’est actuellement plus partagée par les juges, les administratifs et, en général, de ceux qui veulent organiser les activités de soins à grande échelle.

Etonnament, aujourd’hui, le diagnostic, dès qu’il est écrit dans une dossier et éventuellement confirmé par un unique expert plus ou moins qualifié, est rarement remis en cause et servira de base à des édifices parfois très fragiles.

Les diagnostics à distance de COVID au début de la crise en furent l’illustration parfaite : sur des signes vaguement décrits par le patient lui-même, un « correspondant centre 15 », anonyme et gratuit, lui intimait le conseil pressant de ne pas aller voir son médecins, de s’isoler et d’attendre sans autre exploration complémentaire

une éventuelle aggravation pour rappeler …

De nos jours, on fait encore parfois le reproche d’un diagnostic erroné dans les instances ou on juge les médecins mais c’est peu fréquent le plus

souvent le traitement, sa date ou son exécution que mettent en cause les tribunaux. C’est plus facile et plus mécanique pour le déroulé juridique de construire sans vérifier que les fondations sont exactes.

On fait confiance au discernement des malades pour reconnaitre une cystite non compliquée et l’indiquer au pharmacien qui, hier

encore, lui vendait des médicaments pour une mycose avec les mêmes symptômes. Des administratifs qui n’ont jamais vu de métastase oculaire confient tous les troubles de la vision à des professionnels qui ne connaissent que les lunettes et certainement pas le

cancer.

Pourtant, si une maladie n’est le plus souvent pas compliquée, il faut, pour en affirmer le caractère non compliqué savoir qu’elles existent et les rechercher. C’est cet art là, le diagnostic médical. Si difficile à apprendre et à exercer mais si indispensable que les médecins ont consacré des siècles à le perfectionner pour le bénéfice des malades.


✒Propos recueillis par Nora Ansell-Salles



mercredi 2 juin 2021

ENTRETIEN AVEC : Bruno Caron

POINT D'ACTUALITE
Aujourd'hui, 4 juin ce déroule  l'Assemblée générale  de MFP Prévention dans des conditions particulières Covid-19 oblige...
47 délégués, représentant les 11 mutuelles de l'Union, votent les résolutions prévues à l'ordre du jour.
Bruno Caron réélu Pdt. Félicitations 👏
Bonne assemblée générale à tous. 

  https://vm.tiktok.com/ZMeToBk3R/

Bonjour Bruno Caron, comment allez-vous ?

Très bien et particulièrement occupé dans un contexte environnemental aux évolutions complexes, diversifiées et imprécises dans leurs organisations et impacts : la sortie du Covid et la question de la couverture à 100% par l’assurance maladie, la protection sociale complémentaire pour la Fonction Publique ou encore le développement de la prévention en santé.

              MFP Services
On en parle sur "Miroir Social"
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Pouvez-vous faire un point d'étape sur MFP Services ? Compte tenu des évolutions de ces dernières années et du contexte actuel, pouvez-vous nous dire où en est MFP Services aujourd'hui ?ses principaux champs d'intervention?

La « mue » de MFP Services est plutôt bien réussie, l’Union est devenue une structure dont l’activité est exclusivement consacrée à la prévention à destination des assurés sociaux des périmètres ministériels couverts par MFP Services. Des accords-cadres sont signés avec la plupart desdits Ministères, ils visent à organiser au sein des services de l’Administration des actions de prévention de proximité ciblées pour les populations concernées avec la mise en œuvre partagée entre les Administrations et notre Union avec la collaboration des mutuelles.

Les actions de prévention sont construites avec l’aide d’un comité scientifique propre à MFP Services, pluridisciplinaire et composée de personnalités scientifiques de haut niveau. Nos accès aux données de santé, en tant que délégataire de l’assurance maladie, permettent de déterminer les besoins en accompagnement de nos populations et de créer certaines actions spécifiques.

 

- Quels en sont les principaux acteurs?

Comme je le précisais, les professionnels de santé du comité scientifique sont les acteurs « pivots » et « sources » de notre activité. Ils permettent de réfléchir et projeter nos actions de prévention en analysant leurs pertinences sur des temps déterminés. Les services médicaux de l’assurance maladie sont des interlocuteurs de premier niveau sans  lesquels nous ne mettrions aucune action en œuvre, leurs remarques et accords sont des préalables incontournables à toute nouvelle mise en œuvre d’action de prévention. Et, bien entendu, les Secrétariats Généraux des Ministères sont les structures avec lesquelles nous œuvrons pour atteindre la meilleure couverture possible des agents en activité par un phénomène de proximité, au sein des services. Et, au-delà des personnels de MFP Services ( chefs de projets, analystes, responsables de communication, …), il convient de souligner l’implication des militants de nos mutuelles membres à nos côtés.


- Comment envisagez vous l'avenir de cette structure à l'horizon 2024 ?

L’horizon pour notre Union est l’année 2022 lors de laquelle nous échangerons avec le Directeur Général de l’assurance maladie pour arrêter notre prochaine convention pluriannuelle de gestion (CPG). Ce sera l’occasion de faire un point exhaustif sur le CPG en cours et positionner encore mieux l’acteur prévention de l’assurance maladie que nous sommes comme étant l’interlocuteur des Ministères et des assurés sociaux fonctionnaires pour le compte et au nom de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM).

             MGEFI
Vous êtes président de la MGEFI depuis la dernière assemblée générale, quelle est votre ambition pour cette mutuelle de fonctionnaires ?
Le Conseil d’Administration de la MGEFI a souhaité me porter à la Présidence de la Mutuelle en octobre 2020. Par cette investiture, c’est une grande responsabilité qui m’incombe dans un contexte d’évolution importante sur notre environnement immédiat qu’est celui du groupe VYV et de celui de notre champ d’action historique qu’est la Fonction Publique d’Etat, avec des perspectives nouvelles pour la protection santé complémentaire (PSC) des fonctionnaires. L’ambition d’un Président dans ce champ est d’affirmer encore plus la légitimité de la MGEFI comme étant un acteur complémentaire santé d’importance dans la Fonction Publique d’Etat, historique et référencé sans faille sur son Ministère affinitaire de l’Economie et des Finances. La position de la mutuelle au sein du groupe VYV sera réaffirmée comme telle avec une perspective de champs de développement en accord avec les autres mutuelles du groupe. La recherche constante de la MGEFI est de faire vivre et de sécuriser l’accompagnement et la protection de ses adhérents dans un esprit solidaire et social.


La crise sanitaire a t-elle impactée les dernières campagne de mutualisation ?
La crise sanitaire que nous connaissons a de multiples impacts tant sur l’organisation des soins que sur la structure de la consommation. Le gouvernement a décidé la prise en charge à 100% par l’assurance maladie des soins relatifs au Covid. Des prises en charge de certains soins n’ont pu être effectuées et ont été reportées. Aussi, la sous-consommation en régime complémentaire du fait de ces éléments conjugués font que des effets de rattrapage de soins seront inéluctables, posséder une complémentaire santé est donc primordial . Or, des actions de confinement et de télétravail ont altéré les contacts entre collègues et ont eu immanquablement des effets délétères en mutualisation. Les chiffres de la campagne 2020 sont en régression comparativement aux années précédentes, des actions « distancielles » sont opérées pour tenter d’atténuer cet impact négatif.


Comment assurer la pérennité de la MGEFI face à la baisse annoncée des recrutements au sein l'Administration dans les années à venir ?
Comme précisé ci-avant, cela passe par une confirmation de la MGEFI comme étant un acteur de la complémentaire santé reconnu par la Fonction Publique d’Etat, tout particulièrement sur son périmètre historique de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Au-delà, des nouvelles orientations de développement devront être prises pour combler les absences de recrutement des Fonctionnaires et ainsi équilibrer la population actifs/retraités. C’est le sens du plan stratégique « MAGELLAN » voté par les délégués de la mutuelle lors de l’assemblée générale de mon élection à la Présidence.


👉POINT D'ACTUALITE 

Comment va la santé des fonctionnaires ?  A quand le prochain baromètre santé des fonctionnaires ?
Avec MFP Services, nous travaillons sur l’étude des consommations des populations que nous gérons pour bien appréhender les besoins en prévention, en cas de spécificités par rapport aux assurés sociaux du régime général. Nous avons, par exemple,  constaté que les Fonctionnaires consommaient plus de benzodiazépines que la moyenne nationale. Le recours plus importants aux anxiolytiques et aux somnifères sur des durées parfois longues, voir très longues, est un vrai sujet dont nous nous sommes emparés pour mieux prévenir ce phénomène. Mais, nous ne voulons pas nous arrêter à la simple étude de nos données de consommation médicales, nous faisons, tous les deux ans, un baromètre santé des Fonctionnaires, la notion de « ressenti » vis-à-vis de sa santé est également importante et peut apporter des éclairages sur lesdites consommations médicales. Nous verrons comment la santé est ressentie par les Fonctionnaires au prochain automne lorsque les résultats de notre nouveau baromètre « post Covid » paraîtra.

Dans le contexte de réforme de la PSC des fonctionnaires et les interrogations que celle-ci sucite: Quels sont vos rapports avec l'Administration... et les syndicats ?
La réforme PSC des fonctionnaires est un sujet de très grande importance pour les mutuelles de fonctionnaires. Elle déterminera le cadre des futurs appels d’offre de la Fonction Publique pour proposer aux Fonctionnaires des couvertures santé obligatoires ou optionnelles selon des schémas qui restent à définir, à l’heure à laquelle je réponds à vos questions. Si le premier réflexe communément partagé a été celui d’apprécier l’aide pécuniaire accordée par l’Etat aux Fonctionnaires, il n’en demeure pas moins que de très nombreuses inconnues existent, et pourraient mettre à mal les systèmes solidaires et mutualisés portés aujourd’hui par les mutuelles de fonctionnaires. Pour éviter que cela ne se produise, autant que cela puisse se faire, nous échangeons avec les syndicats de notre Ministère et avec les mutuelles membres de la Mutualité Fonction Publique pour parfaire l’encadrement de ce que serait la PSC en préservant les solidarités intergénérationnelles (entre actifs et retraités) et familiales, tout en assurant une couverture santé et prévoyance minimale d’un niveau suffisamment correct. Les interlocuteurs naturels des pouvoirs publics sont les syndicats, nous travaillons ensemble, nous nourrissons l’espoir que le gouvernement entendra les principes solidaires et de couverture de bons niveaux que nous portons depuis toujours.

Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire ?
Cette crise sanitaire est exceptionnelle dans sa soudaineté, sa portée et sa durée. Son amplitude est énorme, avec plus de 3,5 millions de morts dans le monde à ce jour et un diagnostic encore difficile à poser sur le nombre et la nature des Covid-longs. Il était difficile d’anticiper une telle pandémie et de déterminer les bons plans médicaux et de sécurisation des populations. Il suffit de regarder les solutions et les divers accompagnements que les pays ont pu mettre plus ou moins en œuvre. Entre ceux qui plaidaient pour l’atteinte naturelle de l’immunité collective et les adeptes du confinement total, les réactions ont été différentes et plus ou moins adaptées aux cultures et autres forces politiques et scientifiques de chaque nation. Il ne s’agit donc pas de qualifier la ou les gestions de tel ou tels pays, mais de participer à l’éradication de ce virus en se vaccinant et en facilitant les actions de vaccination, ce que fait MFP Services avec ses administrations.


Vous avez la double casquette de président de MFP Services et de la MGEFI ... Quelles sont les mesures  prises au sein de ces deux structures  pour préservez la santé des collaborateurs et des visiteurs ? La Covid-19 a t-elle touchée des élus et collaborateurs ?
Pour chaque structure, et de façon identique, nous avons rapidement mis en place le télétravail, tous nos collaborateurs ont été équipés en conséquence. Les consignes sanitaires de distanciation et de comportements ont été appliquées dans les locaux pour ceux qui devaient se rendre sur leurs lieux de travail. Nous n’avons pas eu à déplorer une atteinte significative de collaborateurs au Covid.


Avez-vous une idée  du nombre d'adhérents touchés plus ou moins gravement par le coronavirus ?
Nous n’avons pas fait d’étude spécifique à la Fonction Publique. A ce stade,ces études relèvent plutôt de Santé Publique France.

Quelles répercussions la crise sanitaire a-t-elle sur l'équilibre nécessaire  Prestations / Cotisations ?
La prise en charge par l’Etat des dépenses de santé relatives à la Covid, les effets des confinements et des reports de soins font que les complémentaires santé ont versé moins de prestations santé en comparaison avec des années « normales ». Cela étant, l’Etat a décidé de demander aux complémentaires santé de participer à l’effort sanitaire national en versant 1,5 milliard à l’Etat par l’instauration d’une taxe Covid en 2020 et 2021. Celle-ci pourra éventuellement être révisée (à la hausse) en 2021. L’équilibre P/C est donc impacté à la baisse avec toutefois la compensation de la taxe Covid et les effets de rattrapage de consommation médicale envisageable.

Une hausse des cotisations est-elle inévitable ?
Pour les raisons évoquées ci-avant, la Covid ne justifie pas de prévoir une augmentation particulière, sauf peut-être pour certains cas particuliers, notamment pour les contrats collectifs qui connaitraient des difficultés de recouvrement des cotisations dues aux difficultés économiques rencontrées par certaines entreprises. Cela étant, des augmentations de cotisations raisonnables couvrant la dérive naturelle des dépenses de santé par l’accroissement de la consommation médicale peut être envisageable à hauteur estimée de celle-ci


Vos fonctions actuelles vous laissent-elles du temps pour un violon d'Ingres ?

La gestion de l’emploi du temps est un réel exercice difficile, la variable d’ajustement sur le temps « personnel » est naturelle, tout ceci se fait dans un bon état d’esprit et pour servir l’accompagnement social et solidaire de notre société.

Propos recueillis par Nora Ansell-Salles auprès de Bruno Caron

 


mardi 1 juin 2021

ENTRETIEN AVEC : Jean-François Tripodi

Bonjour Jean-François Tripodi, vous revenez de loin... que s'est-il passé ?

En fait j'étais positif au Covid-19 depuis 8 jours avec juste une légère fatigue. Je pensais que c'était terminé.

Puis le 12 mai je me suis littéralement effondré, mon médecin traitant m'avait prescrit un oxymètre de doigts je suis tombé en dessous de 90 (taux normal entre 94 et 98%)

Appel au 15, arrivée du SAMU et direct aux urgences de l'hôpital de Martigues. Des urgences j’ai fait un très court passage en pneumo et direct en réanimation. Le tout en quelques heures.

Comme j'étais bien conscient je comprenais bien que ma situation était tendue.

En arrivant en réanimation l'équipe m'a bien expliqué que si je restais sur le ventre cela serait beaucoup mieux, il fallait comprendre « éviter l'intubation » !

J'ai donc fait ce qu'on me demandait et ça a marché.

Il faut savoir que c'est couché sur le ventre que les poumons sont le moins comprimés.

12 jours de réanimation puis retour pour quelques jours – par hasard- dans la même chambre que lors de mon arrivée à l'hôpital et me voilà maintenant en centre de réadaptation.

Comment avez-vous vécu ces moments ?

Tout en d'abord en prenant d'office comme principe que lorsqu'un professionnel de santé s'occupe de vous il faut l'écouter et faire ce qu'il dit.

Ensuite, mais au même niveau d'importance, de la volonté. Il ne faut rien lâcher. Pas à pas mais avec constance.

Facile à dire, pas toujours à faire, j'en suis conscient.

Lorsqu'on est en réanimation on est dans un autre monde.

Bien entendu, branché de partout, mais surtout suivi sans arrêt.

Mais je me suis senti en sécurité.

Je sais que ma famille et mes amis, surtout mon épouse, ont été plus qu'inquiets pour moi. A mon avis plus que moi-même.

Je pensais beaucoup à mes deux petits-fils, il fallait que leur Pépé soit là pour eux.


           Hôpital
     de Martigues

Comment allez-vous aujourd'hui ?
Bien ! Je suis dans un super centre de réadaptation adressé par l'hôpital.

Pour être honnête je suis très faible et sous oxygène.

Mais de jours en jours mon degré d’autonomie s’améliore

Entendons-nous bien, il s’agit là d’aller du lit jusqu’à la salle de bains, seul, avec un déambulateur, c’est la victoire du jour...donc à renouveler systématiquement.

Comme me l’ont dit, l'équipe de réanimation, puis maintenant l'équipe du centre, j'avance plutôt bien.

Ne rien lâcher ! C'est mon principe.

On parle de Jean-François Tripodi sur tiktok

https://vm.tiktok.com/ZMeTy6uoA/


Quand avez pris la décision de rendre hommage à l'équipe médicale qui a pris soin de vous ?
Effectivement vous l'avez bien compris mon post LinkedIn a aussi comme objectif de valoriser l'équipe médicale.

Les retours directs que j'ai reçus ou les commentaires sur le post, montrent que cela a été compris.

Pourquoi ? Tout simplement pour transmette la prise de conscience réelle que le médical doit être associé à un accompagnement humain pour favoriser la guérison.

 Je suis conscient que j'ai eu la chance d'être atteint dans une période pas trop compliquée pour l'hôpital.

Couché dans un lit médicalisé avec des tuyaux de partout, avoir une infirmière ou une aide-soignante qui vient passer du temps avec vous, pour parler de la famille, des enfants, de la vie...

C’est également l’occasion pour elles de passer des messages positifs, mine de rien !

Cela fait plus que du bien.

En fait je ne me suis pas senti "un malade" mais une "personne particulière".

C’est peut-être bête, mais juste les petites attentions personnalisées, par exemple ma préférence pour le jus d’orange, et bien c'est énorme lorsqu'on est dans cette situation.

Ils ont même autorisé mon épouse, que je tiens à remercier ici pour tout l'amour qu'elle me donne, à venir me voir.

Un bien fou pour moi et pour elle.

Comme c'était dimanche elle avait apporté un super goûter pour toute l'équipe. 

En résumé pour répondre, c'était tout simplement une évidence, un petit geste pour les mettre en valeur.



Comment est né l'idée du visuel et de sa conception à la fois  originale, et forte ?

Ce visuel est l’œuvre de l’équipe communication Carte Blanche Partenaires, très touchée également par ma situation. L’idée était de montrer, de manière très visuelle, la victoire contre ce virus.

Les masques en arrière-plan rappellent qu’il est extrêmement important de continuer à se protéger et protéger les autres. 

Personne n’est épargnée et la victoire est belle.

Cette récente expérience personnelle va-t-elle changer le regard du DG de Carte Blanche Partenaires que vous êtes, si oui de quelle façon ?
Elle a confirmé ce que je pense depuis toujours et que nous appliquons dans les services mis à disposition par Carte Blanche Partenaires.

L'accompagnement personnalisé est une clef importante dans le parcours de santé et de soins.
En revanche j'ai découvert les problèmes quotidiens des soignants, comme l'ordinateur qui ne marche pas...

 Il se trouve que j'étais en réanimation lors de la journée de grève des services de réanimation (pour eux ça veut dire écrire "en grève" sur leur blouse et travailler).

Je n'oublierai pas tout ce que j'ai entendu et vu pendant ces 12 jours.


🔎ZOOM SUR: 
Carte blanche


Pouvez-vous retracer en quelques mots votre parcours professionnel ?
De formation informatique je suis "rentré en Mutualité" pour informatiser une mutuelle sur Marseille.

J'y ai rapidement quitté le service informatique pour prendre en charge toute la gestion.

Après avoir changé de mutuelle pour un groupe paritaire où j'avais la responsabilité de la santé et de la prévoyance individuelle et avoir créé des agences dans tout le Sud de la France; j'ai finalement quitté Marseille pour monter sur Paris.

Un passage dans le régime des mines avec un excellent souvenir de la chaleur humaine avec les adhérents.

Et j'ai créé la Direction de la Santé à la MFP (l'ancienne !)

Pour rapidement aller créer Ligne claire pour la MNH, la MNT et la MG, la première plateforme d'analyse de devis et de conseil santé. Une belle réussite qui continue sa vie.

Mais l'objectif était d'apprendre par les devis pour aller vers des réseaux de soins. Les trois mutuelles ayant pris des chemins différents cela n'a pas été possible.

Je me suis lancé dans le conseil en créant une activité basée sur l'évaluation. Autant de la santé des Marocains que des besoins en contrats de prévoyance des agents d'assurance.

Mais cela manquait de concret, j'ai donc arrêté cette activité.

Pour devenir le Conseiller du Président du Groupe UGIM, retour en Mutualité Fonction Publique. Une belle expérience, L'UGIM aurait pu devenir le groupe mutualiste de référence de la fonction publique.


Quand et comment votre route professionnelle a-t-elle croisé Carte Blanche Partenaires ?

Tout simplement SwissLife et Henner, les deux actionnaires de l'époque, m'ont proposé un vrai challenge en 2010.

Carte Blanche Partenaires est historiquement le plus ancien réseau de soins, on parle d’ avant et après la 2eme guerre mondiale !

Le Groupe Henner en est à l'origine, en 2001 SwissLife a rejoint Carte Blanche en devenant majoritaire.

L'idée était simple, rester sur les socles stratégiques de réseau ouvert et de partenariat pour développer l'activité autant par le tour de table d'actionnaires que par des clients. Portée par l'amélioration des services existants et le développement de nouveaux services.

Je passerai tous les détails de l'histoire mais depuis Carte Blanche est régulièrement à l'origine d'innovations marquantes pour notre secteur. C'est devenu l'ADN socle.


Quelles incidences la crise sanitaire a-t-elle eu sur Carte Blanche Partenaires  ?

Les dernières grandes grèves des transports avant la pandémie nous avez fait réfléchir sur les postes de travail et le travail à distance.

Tous les collaborateurs sont équipés de micro-ordinateurs portables avec une connexion Web sécurisée. C'est comme si nous étions au bureau.

Même le plateau téléphonique d'accompagnement des Professionnels de Santé est virtualisé

Et toute l'activité est en mode projet avec tous les outils de partage nécessaires.

Fermer les locaux n'a donc pas été un réel souci.

Nous avons fait livrer à tous les collaborateurs un grand écran supplémentaire car dans nos activités travailler sur double écrans est très pratique et permet de répondre aux problèmes de postures et de santé visuelle.

Le temps passant les collaborateurs ont demandé à revenir au bureau et nous avons organisé des jours de présence par roulement avec la mise en place d’une jauge.

Je suis bien conscient que selon la situation il n'est pas facile de rester chez soi pour travailler.

Nous avons aussi déclenché une formation sur le travail à distance (pour tous les collaborateurs) ainsi que sur la gestion d’une équipe hybride (pour les managers). Ces deux formations ont rencontré un grand succès .


Comment va Carte Blanche Partenaires aujourd'hui ?

Plus que bien.

En 2010 nous avions donc 2 clients-actionnaires et 2,3 M de Personnes Protégées couvertes.

Aujourd'hui nous avons 9 Groupes actionnaires avec l'entrée récente du Groupe Aéma via Aésio Mutuelle et Apivia Macif Mutuelle et, 36 clients, nous sommes connectés avec les grands gestionnaires et opérateurs de tiers-payant.

Au 1er janvier 2022 nous dépasseront les 12,5 Millions de personnes protégées.

En pleine pandémie avec les effets que l’on connait sur l’activité des opticiens nous avons renouvelé notre réseau optique avec un réel succès, près de 7.500 professionnels de santé constitue notre réseau.

Nous restons toujours et de loin de 1er réseau en optique.

Idem pour de le dentaire et l'audioprothèse.

 Notre service Mon Devis Décrypté (optique, dentaire et audio) connait un beau succès.

 L'objectif donné en 2010 est dépassé.


Quels sont ses objectifs à l'horizon 2025 ?

Déjà à court terme absorber la forte croissance en gardant la grande qualité de services qui est une autre de nos différences.

En fait nous revenons sur les hôpitaux...

Le projet ROC permet de développer les flux informatiques entre les établissements et les Assureurs santé.

Nous avons modélisé des services basés sur ces flux pour accompagner nos bénéficiaires avant, pendant, et après une hospitalisation.


Propos recueillis par Nora Ansell-Salles auprès de Jean-François Tripodi



A propos de Carte Blanche Partenaires


Expert en services santé innovants pour ses clients organismes complémentaires santé, Carte Blanche Partenaires est un pivot de la relation entre complémentaires santé, assurés et professionnels de santé avec pour objectif de faciliter l’accès à la prévention et aux soins pour les bénéficiaires tout en gérant la maîtrise des dépenses de santé.

Carte Blanche Partenaires intervient dans le domaine des réseaux de professionnels de santé et de l’accompagnement santé avec un réseau de plus de 280 000 partenaires ; dont plus de 7 500 opticiens, 8 900 chirurgiens-dentistes, 3 500 centres d’audioprothèse. Les services de Carte Blanche Partenaires sont accessibles aujourd’hui à 8 millions de personnes et 12,5 millions en 2022. www.carteblanchepartenaires.fr


Principaux dirigeants:

Directeur Général, Jean-François TRIPODI, entouré de son Comité de Direction composé de : Caroline DEMOUCELLE, Directrice Santé – Carole DELANNOY, Directrice Communication et Marketing - Murielle ENJOLRAS, Directrice Relation Client et Vincent THOMAS-ANDRAU Directeur Administratif et Financier.

Le Conseil d’Administration est présidé par Pierre FRANCOIS, Directeur Général Santé et Prévoyance Swisslife

Carte blanche Partenaires en Chiffres ...

45 clients complémentaire santé

8 millions de personnes protégées en 2021 et plus de 12 millions en 2022.

12,3 millions de chiffre d’affaires en 2020

48 collaborateurs sur un seul site à Paris

280 000 professionnels de santé partenaires

+ 7.400 opticiens / + 8.900 chirurgiens-dentistes / + 3.500 audioprothésistes

+ de 3.000.000 de prises en charges traitées par an.

 26 rue Laffitte - 75009 PARIS

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