L’Agence nationale de sécurité
du médicament et des produits de santé (ANSM) rend public un rapport faisant un
état des lieux sur la consommation de benzodiazépines. Ce rapport est une
actualisation du rapport précédent publié en janvier 2012.
L’ensemble de ces nouvelles données
confirment en particulier la reprise de la consommation de benzodiazépines
anxiolytiques et hypnotiques en lien avec une prescription importante de ces
molécules et pour une durée souvent trop longue.
En conséquence, un nouveau plan
d’actions va être proposé par les autorités sanitaires courant 2014 pour mieux
encadrer ces prescriptions de benzodiazépines et mieux informer professionnels
de santé et patients sur leurs risques afin de prévenir la banalisation de leur
recours.
Les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le
système nerveux central et qui possèdent des propriétés anxiolytiques,
hypnotiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes. En 2012, 22 benzodiazépines
ou apparentées[1] étaient commercialisées en France. Entre
2012 et 2013, trois benzodiazépines ont fait l’objet de mesures particulières :
le clonazépam, pour lequel des conditions d’accès restreintes ont été mises en
place en France, le flunitrazépam qui a été retiré du marché français pour des
raisons commerciales, le tétrazépam dont la réévaluation du rapport bénéfice/risque
initié par la France a abouti à son retrait du marché en Europe en juillet.
De nouvelles données présentées dans ce rapport confirment
la reprise de la consommation globale de benzodiazépines initiée depuis 2010.
Cette reprise est sous tendue par la progression de la consommation d’anxiolytiques
et d’hypnotiques, malgré la baisse importante de la consommation du tétrazépam
qui est retiré du marché depuis[2] et du clonazépam
(-70 % entre 2011 et 2012)[3].
Les principaux résultats montrent que :
·
131 millions de boîtes
de médicaments contenant des benzodiazépines ou apparentées ont été vendues en
France en 2012 (dont 53,2 % d’anxiolytiques et 40,5 % d’hypnotiques[4]). Ceci représente près de 4 % de la consommation totale de
médicaments en 2012.
·
Environ 11,5
millions de français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en
France en 2012 (7 millions une benzodiazépine anxiolytique, 4,2 millions une
benzodiazépine hypnotique et 0,3 millions du clonazépam).
·
22,2 % des
utilisateurs consomment 2 benzodiazépines simultanément ou non et 0,7 % en
consomment 3.
·
L’alprazolam
devient en 2012 la molécule la plus consommée suivie par le zolpidem et le
bromazépam[5].
·
Les consommateurs
de benzodiazépines âgés en moyenne de 56 ans sont principalement des femmes
pour près des 2/3 d’entre eux. Un tiers des femmes de plus de 65 ans consomment
une benzodiazépine anxiolytique et près d’une sur cinq (18 %) une benzodiazépine
hypnotique.
·
Les principaux
prescripteurs de benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques sont des médecins
libéraux (90 %) parmi lesquels les médecins généralistes prescrivent près de 90
% des benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques.
·
Les temps d’exposition
aux benzodiazépines sont parfois très supérieurs aux recommandations de l’autorisation
de mise sur le marché (AMM) avec une utilisation annuelle de 4 à 5 mois pour
les molécules hypnotiques et anxiolytiques. A noter qu’une proportion
importante de patients les utilise en continu sur plusieurs années.
·
La consommation
des benzodiazépines expose à certains risques bien connus en particulier neuro
psychiatriques, ainsi que des risques d’abus et de pharmacodépendance notamment
un phénomène de tolérance et de sevrage à l’arrêt.
·
Les benzodiazépines
accroissent également de manière significative le risque d’accidents de la
route.
Chez le sujet âgé, la consommation de benzodiazépines peut
favoriser les chutes et perturber la mémoire.
Enfin, certaines études récentes font état du lien
potentiel entre ces substances et la survenue d’une démence.
Afin de limiter la consommation et les risques des
benzodiazépines, les autorités sanitaires françaises ont mis en place depuis 20
ans un certain nombre d’actions sur le plan réglementaire mais aussi en termes
d’information et de communication. Devant le constat d’une consommation
toujours très importante de benzodiazépines, d’une large prescription en
particulier pour des durées trop longues et de la présence de risques liés à
leur utilisation, les autorités sanitaires dont l’ANSM souhaitent mettre en
place un nouveau plan d’actions. A cette fin, les professionnels de santé, médecins
prescripteurs et pharmaciens, seront consultés et impliqués directement dans la
mise en place de mesures qui devraient survenir dans le courant de l’année
2014.
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