Nora ANSELL-SALLES

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mardi 18 décembre 2012

« 500 milliards de dollars de coûts évitables dans 186 pays »


 

Promouvoir l’usage responsable du médicament : quels leviers pour éviter des dépenses inutiles ?

 

Paris, le 18 décembre 2012 : Les économies réalisables directement par un meilleur

usage du médicament sont considérables. En octobre dernier, le dernier sommet des

ministres de la santé organisé aux Pays-Bas était consacré à ce sujet majeur. Le travail

réalisé par l’Institut IMS, en charge d’estimer les bénéfices potentiels pour un ensemble

de 186 pays, a permis de dégager un chiffre symbolique de 500 milliards de dollars

cumulés de coûts évitables grâce à une série de mesures en faveur d’un usage

responsable du médicament.

 

« Ce montant représente 8 % du coût total des dépenses de santé dans les pays

considérés, précise Robert Chu, président d’IMS Health France. Et l’étude ne prend pas

en compte la contribution supplémentaire indirecte à la santé publique et à l’économie

apportée par des personnes en meilleure santé. »

Améliorer l’observance : le principal levier pour réaliser plus de 50 %

d’économies

Six leviers essentiels ont été identifiés permettant d’assurer un meilleur usage du

médicament.

Le premier et le plus important est d’agir sur la non-observance, dont le coût

cumulé dans les pays considérés représente 269 Mds de dollars, soit plus de 50 %

des coûts évitables.

En second lieu, améliorer la rapidité du recours au médicament, grâce notamment

à des « guidelines » de prescription, offre une opportunité de 62 milliards

supplémentaires.

Le troisième facteur concerne directement le mésusage et en particulier l’abus des

antibiotiques, qui concerne davantage les pays émergents ; il permettrait une

économie de 54 Mds de dollars.

Quatrième point, agir pour une meilleure prévention des erreurs

médicamenteuses éviterait 42 milliards de coûts supplémentaires.

Une économie de 30 milliards est également possible grâce à un usage optimisé

des médicaments génériques.

Et enfin, une meilleure gestion des polymédications, particulièrement chez les

patients âgés, conduirait à 18 Mds de dollars d’économies.

Reproduire les expériences exemplaires de certains pays

« Les données portant sur l’observance des traitements sont issues d’études de cas,

souligne le Pr Claude Le Pen, Professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine et

consultant IMS Health. Il n’est pas étonnant de parvenir à ce montant élevé car une

prescription non observée c’est de l’argent gâché et une pathologie qui n’est pas

guérie. » Les auteurs notent que les motifs de non-observance sont assez universels et

non liés à des cultures ou des pays en particulier.

Les expériences de certains pays sont exemplaires. Le Brésil a mis en place une

surveillance de l’usage des traitements antituberculeux grâce à des programmes médicosociaux

ce qui a permis de diminuer le taux d’arrêt de traitement de 14% (en 1999) à

7% (en 2010) et de réduire la mortalité de 23,4% en 10 ans.

Au Danemark, l’éducation délivrée par les pharmaciens à des patients asthmatiques sur

le bon usage des inhalateurs a conduit à une amélioration de 80 à 90% des erreurs

d’inhalation.

« Les expériences qui fonctionnent sont celles qui mobilisent plusieurs professionnels de

santé, les autorités de tutelles, etc., avec un consensus sur les objectifs et les moyens,

observe Claude Le Pen. Les pharmaciens ont un grand rôle à jouer, à la fois dans

l’éducation thérapeutique et l’apprivoisement des techniques par les patients, en

particulier pour les traitements compliqués et/ou au long cours. »

Cinq recommandations essentielles : pour un impact rapide, de faibles

dépenses et un effet positif sur la santé

Ce rôle renforcé du pharmacien, appelé à jouer un rôle majeur en particulier dans le

respect de l’observance et la gestion des polymédications, est la première

recommandation issue de l’étude de l’Institut IMS.

La deuxième concerne la réalisation d’audits, de suivis médicalisés pour les patients

âgés, en vue d’une meilleure gestion des polymédications.

En troisième lieu, un suivi obligatoire de l’usage des antibiotiques doit être effectué. A cet

égard, « l’expérience française de réduction de l’usage des antibiotiques intéresse le

monde entier, note Claude Le Pen. Ce qui montre que les mesures fonctionnent mieux

lorsque l’intérêt de santé publique et l’intérêt économique convergent, plutôt qu’en

donnant l’impression que des économies sont réalisées sur la santé des individus. Il faut

cependant des efforts répétés et soutenus car les habitudes sont ancrées. »

La quatrième recommandation est l’instauration d’une culture, d’abord, puis de dispositifs

ensuite, de remontée des erreurs sans sanctions.

Enfin, il convient de mettre en place des programmes de « disease management » pour

des maladies chroniques ciblées, en travaillant notamment sur le « timing »,

l’optimisation de la gestion des prescriptions dans le temps. « La convention officinale

récemment signée en France contient des éléments allant dans ce sens », note Stéphane

Sclison, Directeur de la Stratégie d’IMS Health France.

S’appuyer sur les données de santé : un élément déterminant pour agir sur

les leviers et améliorer l’usage du médicament

« Les responsables des systèmes de santé souhaitant améliorer l’usage du médicament

en agissant sur les leviers identifiés doivent s’appuyer sur la puissance des données de

santé. » précise Stéphane Sclison. « Il faut construire des bases de données et d’analyse

robustes pour évaluer l’usage du médicament dans le système de santé. Mesurer les

processus et les résultats pour monitorer et identifier les zones d’amélioration, ou choisir

les actions prioritaires. Utiliser des bases de données de santé pour aider à la décision

politique, y compris en s’appuyant sur les données de R&D et celles portant sur

l’utilisation du médicament en vie réelle et la sécurité des patients (pharmacovigilance).

L’étude de l’Institut d’IMS : fruit de méthodologies sophistiquées combinées

aux nombreuses données existantes

L’étude de l’Institut IMS est le fruit d’un travail énorme et de méthodologies

sophistiquées. « Il s’agit d’une modélisation à partir de nombreuses données existantes

et de l’expertise IMS », explique Stéphane Sclison. La première étape a consisté en « une

consolidation de toutes les données disponibles sur l’usage du médicament dans les pays

concernés et des études publiées sur les coûts évitables », poursuit-il. Puis, les auteurs

ont effectué une estimation des six facteurs principaux qui influent sur les coûts

évitables, à partir de données IMS mais aussi d’autres sources comme l’OMS ou la

Banque Mondiale.

L’évaluation du poids relatif de ces facteurs a ensuite conduit à la mise au point d’un

algorithme permettant d’estimer les coûts évitables dans les 186 pays, en fonction

principalement de « la structure de l’offre de soins, de l’épidémiologie, et du financement

de la santé », précise Robert Chu. La cinquième et dernière étape a consisté à identifier

les marges d’erreurs et corriger les écarts entre certaines sources et les observations

ponctuelles.

 

A propos d’IMS Health :

IMS Health est le leader mondial de l’information, du conseil, des services et technologies

pour les acteurs de la santé. IMS s'appuie sur son infrastructure technologique mondiale

et ses capacités uniques de conseils, services analytiques on-shore et off-shore, et

plateformes logicielles pour aider ses clients à mieux comprendre la performance et les

dynamiques des systèmes de santé, et élaborer leurs stratégies.

Présents dans plus de 100 pays et avec plus de 55 ans d'expérience dans l'industrie, IMS

sert l’ensemble des décideurs de la santé, qu’ils soient laboratoires pharmaceutiques,

professionnels de santé, payeurs, financiers, autorités de santé, chercheurs.

Pour plus d’information, www.imshealth.com