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La France à l'arrêt ce jeudi 19 janvier ? Une semaine après la présentation par le gouvernement de son projet de réforme des retraites, les syndicats appellent à une mobilisation massive. Si la précédente tentative de réforme sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron avait débouché sur une grève monstre dans les transports fin 2019 et début 2020 – sans oublier la grève massive de 1995 –, le gouvernement se dit peu inquiet.
C'est que l'exécutif avance prudemment, laissant la porte ouverte aux discussions, et multipliant les opérations de déminage dans les médias. Il mise surtout sur la résignation des Français. S'ils sont majoritairement hostiles au projet – près des trois quarts selon un sondage Cluster17 pour Le Point –, le sentiment de colère (35 %) se partage avec une importante lassitude (30 %). Alors, à quoi s'attendre ? On fait le point.
Transports en commun et train
C'est le thermomètre des mouvements sociaux, car c'est là que la mobilisation est la plus visible. Les transports pourraient être très perturbés ce jeudi, notamment en Île-de-France. La RATP est en première ligne, son régime spécial étant menacé, pour les nouveaux entrants, par la réforme. La CGT RATP voulait viser le « zéro transport », on n'en sera pas loin : seules les lignes de métro automatiques et la 4, en partie automatisée, fonctionneront plus ou moins, les autres seront très perturbées et ouvertes seulement partiellement, uniquement aux heures de pointes Trois lignes (8, 10 et 11) ne circuleront même pas. Situation très perturbée sur les RER dont elle a la charge également, moins sur les bus (2/3) et les tramways (3/4).
À la SNCF, le régime spécial est déjà supprimé pour les nouveaux entrants, mais les agents comptent se mobiliser contre le recul de l'âge de départ. Les syndicats de l'entreprise ferroviaire appellent à « une mobilisation forte et massive ». En Île-de-France, il n'y aura quasiment pas de Transilien (1 train sur 10 sur la plupart des lignes). Dans le reste du pays, le trafic TGV sera « très fortement perturbé » et très peu de TER circuleront. Côté Intercités c'est encore pire : aucun ne circulera de la journée.
Dans la capitale des Gaules, la CGT TCL prédit à Lyon Capitale un trafic « très perturbé », tandis qu'à Marseille la RTM prévoit de « fortes perturbations ». Pour le moment, les syndicats n'appellent pas à une grève illimitée comme en 2019. Mais ils promettent « d'autres mobilisations » après ce premier acte.
Transport aérien
Dans le secteur aérien, la grève devrait avoir moins de répercussions que dans les autres transports. Le SNCTA, le syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, n'appelle d'ailleurs pas à la grève. Environ un vol sur cinq devrait être supprimé à Orly, l'un des deux aéroports parisiens, la Direction générale de l'aviation civile ayant demandé aux compagnies de réduire de 20 % leur programme de vols sur la journée. Les prévisions de trafic pour les autres aéroports ne sont pas encore connues, pas plus que les éventuelles annulations de vol à l'initiative des compagnies, en cas de grève des pilotes et du personnel de bord.
Éducation nationale
Les établissements du primaire et du secondaire ne devraient pas échapper à la grève. Les syndicats de l'Éducation nationale appellent les professeurs à se mobiliser « fortement » contre la réforme des retraites. Environ 70 % des enseignants du premier degré devraient débrayer jeudi, selon le SNUipp-FSU, le premier syndicat du primaire, sa porte-parole relayant que les retraites sont une « préoccupation majeure pour les enseignants ».
Raffineries
De nouvelles difficultés pour faire le plein ? Les Français ont encore en tête la longue grève de l'automne dans les raffineries pour les salaires, qui avait entraîné pénuries de carburant et longues files d'attente devant les stations-service. La CGT branche pétrole appelle également à la mobilisation contre la réforme des retraites et prévient dans un communiqué que cela entraînera des « baisses de débit » et « l'arrêt des expéditions ».
Au-delà du 19 janvier, deux autres mobilisations sont déjà prévues dans le secteur : une de 48 heures le 26 janvier, et une de 72 heures le 6 février. Ensuite, le syndicat proposera aux salariés une « grève reconductible avec, si nécessaire, l'arrêt des installations de raffinage ».
Énergie
Eux aussi verront leur régime spécial disparaître pour les nouveaux entrants : les syndicats des industries électriques et gazières ont, sans surprise, appelé à la grève. Au programme, « coupures de courant, rétablissement de lignes ou distribution gratuite d'électricité pour des personnes précaires », énumère la CGT dans Le Figaro. À Libération, un porte-parole du syndicat indique aussi vouloir « cibler les membres du gouvernement, les élus Renaissance, LR peut-être, pour aller les interpeller », évoquant, sans plus de précisions, « des actions qui pourraient nuire à leur quotidien ». Le mouvement pourrait aussi ralentir la maintenance des centrales nucléaires, comme lors de la grève pour les salaires à l'automne. Le redémarrage de plusieurs réacteurs avait alors dû être repoussé.
Mais aussi…
Les agents publics aussi sont appelés à se mobiliser contre cette réforme qualifiée d'« injuste et inutile » par leur intersyndicale. La mobilisation devrait également être suivie dans les hôpitaux, où le climat social est plus que tendu, sans compter les policiers, dont les syndicats appellent à la grève également.
Et après ?
À part la CGT pétrole qui a, unilatéralement, déjà annoncé deux autres mobilisations après le 19 janvier, l'intersyndicale n'a pas encore tranché. Un point sera fait à l'issue de cette première journée de grève pour décider de la suite à donner au mouvement. Avec deux défis : tenir sur la durée, et mobiliser pendant les vacances d'hiver, qui commencent le 4 février pour la zone A.
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