Nora ANSELL-SALLES

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mardi 20 septembre 2016

Zoom sur la maladie de Lyme



16, RUE BONAPARTE - 75272 PARIS CEDEX 06
TÉL : 01 42 34 57 70 – FAX : 01 40 46 87 55
___________

Maladie de Lyme
Prise de position de l’Académie nationale de médecine

Le 4 octobre 2016

Une polémique se développe  et s’amplifie actuellement en France comme aux USA sur la Maladie de Lyme (ML). A l'issue de la séance qu'elle a consacrée le 20 septembre 2016 à ce sujet, l’Académie nationale  de médecine tient à formuler les remarques et propositions suivantes :

1. La ML, au sens strict du terme, est une maladie infectieuse bien individualisée sur le plan microbiologique (Borrelia), épidémiologique, clinique, sérologique, même si les tests diagnostics sont, à ce jour, imparfaits. La sensibilité des Borrelia aux antibiotiques permet un traitement efficace à la condition de respecter posologies et durée, notamment dans les formes primaires. L’érythème migrant est suffisant pour porter le diagnostic, la confirmation sérologique n’est pas nécessaire. Les formes secondaires (phase de dissémination du germe) comportent de façon variable des localisations neurologiques, articulaires, cardiaques, cutanées…
2. Les difficultés peuvent apparaître à la phase tertiaire correspondant à une forme non diagnostiquée précocement et/ou non traitée, caractérisée par des signes le plus souvent objectifs cutanés, neurologiques ou articulaires. La réponse au traitement antibiotique est plus lente et plus aléatoire en raison d’une participation immunologique à l’origine de la symptomatologie.
3. Les controverses concernent surtout ce que certains appellent « Lyme chronique », ce qui correspond à une phase tardive et qu’il vaut mieux rapprocher des phases tertiaires de l’infection. Elles sont caractérisées par des signes cliniques le plus souvent subjectifs et persistants (douleurs articulaires, musculaires, céphalées, asthénie, troubles du sommeil, perte de mémoire…). Ce sont les données sérologiques parfois positives, ailleurs incertaines, voire négatives, qui conduiraient à incriminer la ML.
4. Le débat se dégrade si l’on tente d’intégrer dans la ML des tableaux neurologiques s’apparentant à des Scléroses en Plaques (SEP) ou des Scléroses latérales amyotrophiques (SLA), ou même à la maladie d’Alzheimer…que la sérologie soit positive, douteuse, voire négative !
5. Pour répondre à la question de fond concernant la responsabilité de la ML dans les « formes chroniques » plusieurs éléments doivent être soulignés :

-          Il faut reconnaître le polymorphisme de la ML, qui en fait une infection complexe, à l’instar de ce qu’était en son temps une autre spirochettose, la syphilis.
-           Même si les Borrelia sont extra et intra cellulaires, susceptibles de se modifier, d’échapper partielle-ment au système immunitaire, même si des réactions immunes éventuellement excessives peuvent survenir dans ces « formes tardives », on comprend mal pourquoi cette maladie infectieuse à germe sensible serait une exception, au point de nécessiter des mois de traitement ou davantage, des cures successives, ou des associations d’anti-infectieux avec des antiparasitaires ou des antifungiques ou avec des immunomodulateurs, prescriptions que certains préconisent.
-           Les tests diagnostics sont certes imparfaits, mais la communauté internationale reconnaît la validité de certains d’entre eux, recommandés dans tous les pays, en Europe, y compris en Allemagne par les organismes officiels.

Académie nationale de médecine
Séance dédiée / Mardi 20 septembre 2016, 14h30
la maladie de Lyme



Introduction : Quels enjeux médicaux et sociétaux aujourd’hui ?
Pr Patrick CHOUTET ( Institut National de Médecine Agricole (INMA) - Tours)



Quand et comment évoquer cliniquement le Lyme ?

 
Pr Daniel CHRISTMANN (Service des Maladies Infectieuses et Tropicales - Nouvel Hôpital Civil /
Hôpitaux Universitaires – Strasbourg) La borréliose de Lyme est une infection qui peut être polysystémique.


Ses manifestations cliniques, pour certaines anciennement décrites, sont mieux connues depuis
l’identification des germes et la mise au point des techniques diagnostiques. A l’exception de quelques aspects très spécifiques, la symptomatologie clinique où dominent les atteintes neurologiques et articulaires, est très protéiforme pouvant être partagée avec d’autres pathologies. Sur la base des données anamnestiques et des tests sérologiques, le diagnostic est en général facile à établir, conforté par une antibiothérapie adaptée efficace.



Sémiologie persistante polymorphe après piqûre de tique maladie de Lyme ?

 
Pr Christian PERRONNE (Maladies infectieuses et tropicales - Hôpital Universitaire Raymond Poincaré, Garches) Les formes classiques de la maladie de Lyme sont généralement faciles à gérer, mais des situations médicales se présentant sous forme de symptômes polymorphes non spécifiques, en majorité subjectifs, peuvent être déroutantes pour les médecins. Des problèmes sérieux dans la mise au point des tests sérologiques ont été analysés dans le rapport de 2014 du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Un rapport de 2016 de l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) souligne que, dans toutes les études sur les sérologies, les populations sont mal définies, rendant difficile l’interprétation des sensibilités et spécificités alléguées et qu’il faut en confronter les résultats aux données cliniques.


Chez ces malades souffrant de symptomatologies chroniques mal identifiées, tout n’est pas Lyme. Il existe de nombreuses borrélioses dues à des espèces variées de Borrelia. Il existe des co-infections possibles avec d’autres bactéries ou parasites. Il faudrait pouvoir utiliser des tests de diagnostic direct par isolement de la bactérie ou du parasite, mais ces tests ne sont pas disponibles en routine. De la recherche fondamentale s’avère donc indispensable.


En pratique, devant un malade suspect de Lyme chronique et dont on n’a pas de confirmation diagnostique, il faut s’acharner à trouver des critères objectifs de maladie organique. Il faut éliminer un autre diagnostic par un examen clinique complet et une exploration appropriée. Si l’on n’a toujours pas d’orientation diagnostique précise, il faut proposer un traitement antibiotique d’épreuve. La réponse au traitement peut être difficile à évaluer rapidement, en raison de l’évolution cyclique des symptômes et de leur exacerbation très fréquente, déclenchée par les anti-infectieux. Plusieurs publications montrent des résultats contradictoires concernant le traitement anti-infectieux de la maladie de Lyme chronique. Pour montrer des résultats significatifs, les critères d’évaluation doivent être précis ; la durée du traitement doit être suffisante. Des études cliniques sont nécessaires pour évaluer les meilleurs médicaments efficaces pour le traitement d’entretien en cas de symptomatologie persistante. Bien que le traitement antibiotique soit efficace chez certains patients, en particulier pendant la phase précoce de la maladie, de nombreux patients souffrent d’une symptomatologie chronique avec persistance et évolution des signes et symptômes. Il n’existe pas en routine de test pour vérifier la persistance des Borreliae. De plus, d’autres microorganismes persistants, le plus souvent non détectables avec les techniques biologiques actuelles utilisées en routine, peuvent jouer un rôle dans la persistance des symptômes. La physiopathologie des syndromes chroniques
après la maladie de Lyme, traitée selon les recommandations actuelles, est encore débattue.




Performance des méthodes biologiques dans le diagnostic et le suivi de la borréliose de Lyme

 
Pr Benoît JAULHAC (CNR des Borrelia-Borreliella et EA 7290, Faculté de Médecine et Hôpitaux
Universitaires de Strasbourg, Plateau Technique de Microbiologie – Strasbourg) La borréliose de Lyme est une spirochétose transmise par piqûre de tique. La manifestation clinique la plus fréquente est l’érythème migrant. Les pathogènes peuvent ensuite disséminer par voie hématogène vers différents tissus et organes, incluant principalement le système nerveux, les articulations, et la peau. Les tests biologiques, principalement fondés sur la sérologie, sont essentiels au diagnostic, à l’exception de l’érythème migrant dont le diagnostic reste clinique. Les performances des tests biologiques sont exposées et discutées.




Les tiques : infections, co-infections et moyens de prévention

 
Pr Muriel VAYSSIER-TAUSSAT (INRA, UMR BIPAR, Anses) En Europe, la maladie transmise par les tiques la plus importante en termes de santé publique est la maladie de Lyme, relativement bien connue, diagnostiquée et guérie par une antibiothérapie adaptée. Cependant, dans les mois ou les années qui suivent une morsure de tique, certains patients se plaignent de symptômes très polymorphes et invalidants. Il est alors fréquent d’évoquer une maladie de Lyme, bien que dans un certain nombre de cas, il soit impossible d’en faire la preuve. Depuis la découverte dans les années 80 de la bactérie responsable de cette maladie, Borrelia burgdorferi, d’autres espèces impliquées ont été identifiées et de nombreux autres microorganismes transmis par les tiques sont encore découverts. Ces agents pathogènes et les pathologies qu’ils provoquent sont très peu connus du milieu médical et pour certaines, aucun test diagnostique n’est encore disponible.


Cet article fait une revue des différents agents pathogènes que la tique est susceptible de transmettre (ou cotransmettre) et propose des moyens de prévention simple contre les maladies à tiques.




Conclusion : Comment mener les recherches pour répondre aux incertitudes actuelles ?

 
Pr François BRICAIRE (Maladies infectieuses et tropicales – Pitié-Salpêtrière ; membre de l'Académie nationale de médecine)


En savoir plus sur le sujet ?



Si vous souhaitez poser une question à l'un des intervenants, utiliser la rubrique Commentaire en bas de la dépêche, Mine d'Infos la transmettra à l'intervenant concerné et vous fera parvenir sa réponse. Pensez à indiquer vos coordonnées. 


 
MGEFI et maladie de Lyme :


mercredi 3 février 2016

ET SI ON ARRÊTAIT DE VACCINER !




ET SI ON ARRÊTAIT DE VACCINER !

François BRICAIRE
Chef du service Maladies infectieuses et tropicales Hôpital Pitié-Salpêtrière - Paris
Membre de l'Académie nationale de médecine

 

Sous divers prétextes la vaccination se voit contestée notamment en France, et ce de façon croissante. Ceci constitue un réel problème de santé publique. Le doute qui s’installe dans la population devient source de risque potentiel grave dans la lutte contre les maladies infectieuses. Or, plus on tente de combattre ce phénomène plus les anti-vaccinaux réagissent aidés en cela par les moyens modernes de communication. Aussi, dans un pays où le plaisir de contester l’action publique est grand, pourquoi ne pas réagir de façon provocante sur le même registre et poser la question d’un arrêt de vacciner pour en montrer les conséquences et ainsi tenter de sensibiliser les citoyens pour les mettre en face de leurs responsabilités vis-à-vis de l’ensemble de la population quant aux vaccinations.



Depuis plusieurs années déjà, la tendance à contester le bien-fondé de la vaccination ne fait que s’accentuer. Certes, les imperfections qui ont pu exister en 2009 lors de la campagne de vaccination contre la grippe pandémique AH1N1 a conforté les anti-vaccinaux, mais, cette tendance à vouloir combattre l’intérêt des vaccins existait déjà auparavant.
Répandus dans un certain nombre de pays les mouvements et associations anti-vaccinales s’expriment fortement(1) en France, mais également aux Etats-Unis, beaucoup moins dans des régions comme l’Europe du Nord. Les anti-vaccinaux représentent un danger majeur pour la santé publique dans la mesure où ils sèment le doute parmi les vaccinés et plus encore parmi les indécis. Or, pour ne représenter que 2% environ de la population, ils disposent de moyens suffisamment importants pour se faire largement entendre ! Un certain nombre de médecins, notamment, participe à ce courant d’opinion(2), transmettant ainsi leurs propres doutes à leurs patients, et de plus en plus d'universitaires(3) se joignent à ce concert de protestataires, ce qui explique en grande partie les réticences ou les refus de vaccinations dans la population française avec toutes ses conséquences(4).

Sur Internet et les réseaux sociaux circulent sans le moindre contrôle des « informations » et et autres rumeurs qui se propagent d'autant plus vite qu'elles alimentent la contestation. Sur la base                       d'arguments le plus souvent gratuits, sinon de mauvaise foi, non scientifiquement démontrés ou vérifiés, les anti-vaccinaux jouent d'autant plus facilement sur le registre de l'émotion et de la peur que la vaccination, sujet de tous temps sensible, apparaît souvent dans l'opinion comme complexe et donc suspect... On en arrive ainsi à ce paradoxe que, plus forte est la réaction de ceux qui croient aux vaccinations, plus la polémique rebondit, enfle et bénéficie aux anti-vaccinaux, au détriment de la santé publique !
Par exemple :

-          Le déclin des maladies infectieuses ne serait pas dû aux vaccins, mais à l’hygiène ;  il est donc inutile de vacciner contre des maladies que l’on ne voit plus et que les épidémies ont disparu ; mieux vaut faire une maladie assurant une immunisation naturelle plutôt que de recourir à des injections de produits potentiellement toxiques. Laissons faire la nature(5) ! C’est pourtant bien grâce aux vaccins que ces terribles épidémies et certaines de ces maladies ont régressé et ne sont parfois plus observées en France (tétanos, diphtérie). Mais, les germes qui en étaient responsables sont toujours présents dans notre environnement(6), il ne faudrait pas l'oublier, car ils peuvent réapparaître très rapidement si la protection de la population n'est plus assurée...par les vaccins !

- La vaccination serait une atteinte au respect de la liberté individuelle (7) : « mon corps m’appartient, personne ne peut exiger que je me protège contre telle ou telle infection », et le principe même d'une obligation vaccinale est devenu pour certains intolérable...  C’est oublier que la vaccination est certes un geste individuel de protection mais aussi et surtout une action collective permettant d’assurer la protection de toute une population. L’obligation vaccinale est aujourd’hui discutée et décriée en France parce que, à la différence de ce qui se passe dans les pays du nord de l'Europe, qu'on nous cite en exemple, on considère chez nous qu’une vaccination « recommandée » serait donc facultative et qu'un calendrier vaccinal est toujours trop compliqué tout simplement parce qu'il est contraignant8-9)... C'est pourquoi il suffirait peut-être de  parler, par exemple, de vaccin « indispensable » pour rendre la vaccination plus acceptable et plus incitative.

-          enfin – et ce n'est pas le moindre des arguments des anti-vaccinaux –, les vaccins seraient d'abord une manne pour une industrie pharmaceutique avide et égoïste contre laquelle il faut mener un combat sans relâche, et les scientifiques et autres experts dans ce domaines seraient forcément corrompus et discrédités par leurs conflits d’intérêts. Mais, c'est à cette même industrie, qui produirait des vaccins pour surcharger notre système immunitaire avec des adjuvants ou des conservateurs toxiques et pour provoquer impunément des effets indésirables graves pour une efficacité incertaine, qu'on en appelle pour rechercher une protection (vaccinale) en cas d'épidémie (Ebola) ou de maladie encore incurable (sida, cancer...)

Suffirait-il donc, pour inverser la tendance, de flatter cet esprit individualiste bien français qui l’emporte sur l’intérêt collectif, et d'aller dans le sens de l’esprit de contestation et de contradiction qui l’emporte toujours chez nous sur le bon sens et la raison(10) ?

Les cavaliers savent que pour arrêter un cheval emballé, s'il ne suffit pas de tirer normalement sur les rennes, il est une autre méthode, plus risquée et apparemment paradoxale, mais qui peut réussir : enfoncer les deux éperons dans le ventre de son cheval qui, ne comprenant plus qu’on exige qu’il accélère d’avantage, s’arrête !... Eh bien oui, arrêtons de vacciner et voyons-en les conséquences. Puisque vous ne voulez pas du vaccin ; essayez la maladie .

Que donnerait l'abstention vaccinale ?
Est-il besoin de rappeler que la vaccination antivariolique a fait disparaître le virus de la surface du globe, que la diphtérie a régressé complètement partout où la vaccination a été introduite et respectée, que la poliomyélite n'était qu'un mauvais souvenir dans toutes les régions du monde où des campagnes internationales de vaccination étaient conduites, que la rougeole devait être éliminée ?... Jusqu’à ce que la vaccination contre la polio soit violemment interrompue, jusqu'à ce la rougeole refasse son apparition en force, jusqu'à ce que le tétanos et la diphtérie, qu'on croyait éradiqués, fasse ressurgir en Europe le spectre des grandes épidémies...
-                     N'oublions jamais l’apport considérable(11) des vaccins à la Santé Publique en France comme dans le monde. On estime à environ 3 millions le nombre de vies sauvées chaque année grâce aux vaccins et, a contrario, le nombre de personnes qui décèdent dans le monde faute de pouvoir recevoir des vaccins existants. L’analyse de la mortalité entre les années 50 et la fin du XXe siècle montre très clairement une disparition des cas de diphtérie en France, une baisse des décès par tétanos de 20-50 à 0,25 par million d’habitants, une disparition de la poliomyélite, une régression des décès de coqueluche de 20-50 à 0,1 cas par million d’habitants. Ces chiffres objectifs sont dus ou ont pour corollaire une efficacité des vaccins contre ces infections tout à fait majeures. En France toujours, 2500 décès par grippe sont évités chaque année grâce à la vaccination. A contrario, l’OMS déclare que 5 millions d'enfants de moins de cinq ans décèdent et surtout survivent avec des séquelles de maladies infectieuses dans le monde par absence d’accès à la vaccination. On estime à 30 000 le nombre de décès annuel faute de vaccination anti-fièvre jaune dans le monde. Qu'elles qu'en aient été les raisons, partout dans le monde, un arrêt ou un relâchement de la protection vaccinale a toujours été suivi de reprise de cas. On peut imaginer pour chaque maladie donc le scénario suivant :

A – Diphtérie
Le cas de l’URSS en 1994 est emblématique(12). Pour des raisons économiques, l’arrêt de la vaccination antidiphtérique s’y est soldé par 47 000 cas et 2500 décès en 5 ans(13). Mais, l’insuffisance vaccinale contre cette maladie a aussi provoqué une recrudescence de la maladies ailleurs dans le monde(14)  / Équateur :  plus de 500 cas en 1994 :  Indonésie : 600 cas en 1995 ; Nigéria : 6000 cas en 1996 ; Inde : 2500 cas la même année. Le cas d’un enfant espagnol décédé en 2015 non vacciné sur les conseils d’une association anti-vaccinale a encore relancé la polémique anti-vaccinale(15).
B – Tétanos(16)
De nombreux cas sont malheureusement à déplorer chaque année dans plusieurs pays en développement faute d'une couverture vaccinale suffisante. En France, les rares cas encore observés résultent toujours d'un défaut de vaccination. Le cas d’un enfant de Tours hospitalisé en réanimation en 2015 était dû à une non vaccination volontaire appuyée vraisemblablement par un faux certificat médical attestant d’une vaccination antitétanique(17).
C – Coqueluche(18)
Chaque relâchement dans la vaccination s’est suivi d’une reprise de la maladie en Grande-Bretagne en 1974, au Japon en 1979 avec 13 000 cas et 41 décès et aux USA, en Californie, en 2015, où les associations anti-vaccinales sont particulièrement puissantes. Ce n’est que grâce à un soutien indéfectible à la vaccination anticoquelucheuse que la France a été épargnée.
D – Poliomyélite
Les pays, comme la France et les USA, qui ont maintenu une protection de qualité contre cette infection, ne constatent plus de cas. C'est un constat on ne peut plus clair...Le refus de vacciner d’une secte au Pays-Bas s’est soldé en 1992 par 67 cas(19). Surtout, l’éradication de la maladie était possible mais l’OMS, qui l'avait annoncée pour le début des années 2000, a dû malheureusement être repoussée à 2020, voire plus tard,  à cause de campagnes anti-vaccinales menées pour des motifs « religieux » au Nigéria, au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan…
E – Rougeole
Le meilleur exemple, sans doute, des conséquences, attendues, prévisibles et annoncées d’un risque épidémique par insuffisance de couverture vaccinale. Pour ne s’en tenir qu’à l’Europe, la France à insuffisamment assuré sa couverture vaccinale. Pour avoir une protection suffisante, on sait qu’une couverture de la population doit être au moins de 95%. C’est dans le Sud-Est que la couverture a été la plus faible et c'est là que l’épidémie de rougeole a été la plus forte, depuis 2008, avec un pic en 2011 (20). Plus de 2000 cas ont ainsi été recensés en France devant l’Espagne, autre mauvais élève de l’Europe.

F – Hépatite B(21)
Les campagnes virulentes conduites contre le vaccin hépatite B sur la base de risques post-vaccinaux hypothétiques de démyélinisation, dont la corrélation n’a pas jamais été démontrée scientifiquement, se sont soldés par une baisse drastique de la protection de la population française (29%) en 2004, plaçant de ce fait la France au dernier rang en Europe de la couverture contre cette infection. Mais, force sera de constater les conséquences sévères de cette carence : cirrhoses, hépatocarcinomes.
G – Infection à Papillomavirus
Comme pour l’hépatite B, la même campagne anti-vaccinale jouant sur la crainte de réactions auto-immunitaires a été menée. Or, ici encore, les travaux récents ont clairement démontré l’absence de toute corrélation entre vaccination et maladies auto-immunes(22), et, si la protection vaccinale contre le cancer du col a été démontrée, la faible protection assurée aujourd’hui en France ne pourra malheureusement que favoriser le nombre  de cancers du col chez la femme jeune(23).
H – Pneumocoque
La baisse significative des cas d’infection à pneumocoques depuis l’utilisation du Prevenar démontre l’efficacité de la protection des populations fragiles vis-à-vis des infections sévères à ce germe(24).
I – Grippe
De même, l’analyse des courbes de mortalité chez les personnes âgées, cible numéro1 de la vaccination antigrippale annuelle, montre clairement que la réduction du nombre de décès est directement liée à l'amélioration de la couverture vaccinale(25).

On pourrait poursuivre cette démonstration en évoquant les succès de la vaccination contre la Méningite à Haemophilus influenzae, la rubéole et les vaccinations dite des voyageurs…

En conclusion, Il est impératif de rappeler qu’au-delà de la protection individuelle essentielle, la vaccination est un test de protection collective, une action civique. L’appréciation en matière de bénéfice/risque est à l’évidence en faveur des vaccins pour toutes les maladies infectieuses, dont la sévérité en termes de mortalité ou de séquelles, est élevée, et  pour lesquelles la circulation de l’agent infectieux demeure, et ce de manière importante(6). Dès lors, que ceux qui veulent s'obstiner dans la négation des faits, surtout scientifiques, refuser les progrès sanitaires universellement reconnus, rejeter ce que les pays qui ne les possèdent pas aimeraient tant obtenir, ne pas obéir à la loi, bref régresser, le fassent en connaissance de cause … et en prenant leurs responsabilités d'individu, de parent et de citoyen !


Références

1.       Simon S. : Les 10 plus gros mensonges sur les vaccins – Dangles 2005
2.       Berthoud f : La (Bonne) Santé des enfants non vaccinés -  Edition Jouvence.
3.       Joyeux H. : Vaccins : comment s’y retrouver ? Editions du Rocher
4.       Favereau E. : Généralistes. A quel vaccin se vouer ? Libération 11/07/2015 – n°10619 Ed WE
5.       Piantadosi S. Byar D.P. Green S.B. The ecological fallacy Am J. Epidermiology 1988. 127 : 893-894
7.       Choffat F. : Vaccinations : le droit de choisir - Editions Jouvence 2009
8.       HCSP : “Aluminium et vaccins – Rapport 11/07/2013. 61 pages
9.       Bégué P. Ginard M. Bazin H. Bach. JF : Les adjuvants vaccinaux : quelle actualité en 2012 ?
              séance du 26/06/2012http://www.academie-medecine.fr/publication100100054/
10.   Kunnas T. Nietzche o l’esprit de contradiction. Nouvelles Editions Latines 1980 – 257 pages
11.   Groupe « Avancées Vaccinales ». Impact des programmes de vaccination généralisée de l’enfant en France au XXe siècle. La revue du Praticien 2010.20.1044-8
12.   Dittman S. Wharton M. Vitek C. et al Successful control of epidemic
diphtheria in the states of the Former Union of Soviet Socialist Republics : lessons learned. Journal of infections diseases 2000; 181: suppl.1 S10-22
13.   Update: Diphtheria Epidemic--New Independent States of the
former Soviet Union, January 1995-March 1996 – MMWR 1996;45 (32)693-7
14.   Rey M. Patey O. Vincent-Ballereau F. Retour de la diphtérie en Europe - Eurosurveillance 1996 ; (1) 2.
15.   Morel S. : Trente ans après son éradication, la diphtérie apparaît en Espagne. Le Monde – 10/06/2015
16.   INPES – Direction Générale de la Santé – Comité technique des vaccinations- Guide des vaccinations 2012 – 231-235.
17.   Cas de tétanos chez un enfant de 8 ans : ouverture d’une enquête Le Quotidien du Médecin – 22/07/2015
18.   Pertussis global annual reported incidence and DTP3 coverage, 1980-2007 WHO/IVB database 2008- 193 WHO Member States Data as of August 2008
19.   Van Wijngaarden JK, Van Loon AM The polio epidemic in The
Netherlands, 1992/1993 Public Health Rev. 1993-1994 ; 21(1-2):107-16
20.   Bandon C. Parent du Chatelet I – Freymuth F et al Caractéristiques de l’épidémie de rougeole démontrée en France depuis 2008 : bilan des déclarations obligatoires pour les cas survenus jusqu’au 30/04/2011 BEH 33-34. 20/09/2011
21.   Bégué P. et al : La vaccination contre l’hépatite B en France : maintien des recommandations et renforcement de la couverture vaccinale. Communiqué, 14.10.2008  http://www.academie-medecine.fr/publication100035919/
22.   Madrid Scheller N. Svanström H. Pasternak B. Arnhem-Dahlström L. et al Quadrivalent HPV vaccination and Risk of Multiple Sclérosis and Other Demyelinating Diseases of the Central Nervous System JAMA 2015; 313(1):54-61
23.   Dervaux B. Lenne X. Levy-Bruhl D. Kudjawu Y. Modélisation médico-économique de l’impact de l’organisation du dépistage du cancer du col utérin et de l’introduction de la vaccination contre les HPV dans le calendrier vaccinal. Mars 2007-Saint Maurice : INVS-Novembre 2008 25 pages.
24.   Pilishvili T. : Changes in invasive pneumococcal disease (IPD) incidence by serotype group among children ˂5 years PID5 2010-201-32-41
25.   GROG, open Rome : Epidémiologie de la grippe en France et couverture vaccinale des personnes âgées. Données INSERM, INSEE, CNAMTS, GEIG – Juillet 2000
26.   Bégué P. Buisson Y. : A propos du maintien ou de la levée de l'obligation vaccinale communiqué, 27.10.15  http://www.academie-medecine.fr/publication100100474/
27.   Bégué P. : la vaccination demeure un des fondements de la médecine préventive communiqué, 16.06.15 http://www.academie-medecine.fr/publication100100456/
28.   Bégué P. Bricaire F. : à propos d'éventuels effets indésirables graves de la vaccination anti- France Communiqué  4.12.2013 http://www.academie-medecine.fr/publication100100233/
29.   Obligation vaccinale : protéger sans contraindre, c'est possible Communiqué de presse, 19.01.2016 http://www.academie-medecine.fr/obligation-vaccinale-proteger-sans-contraindre-cest-possible/


Textes de l'ensemble des interventions

Discours de Mme Marisol Touraine, le 2 février 2016

Madame Marisol Touraine ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a ouvert la séance thématique consacrée aux vaccinations, le mardi 2 février. Dans son allocution, elle a  clairement indiqué son désir de mettre en place en 2016 une série  d’actions dont on attend une amélioration de la couverture vaccinale en  France.
Accueil de Madame Marisol Touraine, ministre de la santé 
Madame la Ministre,
Votre venue en ce jour dans notre Académie porte un symbole fort et nous honore. L’Académie de médecine fut instituée en 1820 « pour répondre aux demandes du gouvernement sur tout ce qui intéresse la santé publique et s’occuper de tous les objets d’étude et de recherche qui peuvent contribuer aux progrès des différentes branches de l’art de guérir ». Ces termes qui nous définissent et qui sont repris dans nos récents statuts de 2013 expliquent l’importance de votre présence aujourd’hui en cette enceinte. Mais le symbole se renforce encore par le thème de cette séance et celui de votre action : la vaccination. Vous avez résolument porté cette question au niveau national et vous voici dans cette académie dont une des missions historiques est la vaccination. Que de moments importants se déroulèrent ici, depuis la vaccination antivariolique pratiquée longtemps en ces lieux jusqu’aux discussions sur le vaccin BCG ou sur la vaccination antipoliomyélitique, sous cette coupole.
C’est avec un grand intérêt et avec plaisir, Madame, que mes confrères et moi nous vous accueillons et que nous sommes à l’écoute de vos propos.
Pierre Bégué
Président de l’académie nationale de médecine



Et si l'on arrêtait de vacciner! Intervention Pr François Bricaire




L’hésitation vaccinale: une perspective psychosociologique Intervention Jocelyn RAUDE*




LES ADJUVANTS VACCINAUX Rapport, 26 juin 2012

Pierre Bégué, Marc Girard, Hervé Bazin, Jean-François Bach. Commission VII (maladies infectieuses et médecine tropicale)




PHARMACOVIGILANCE DES VACCINS EN FRANCE Intervention Jean-Louis MONTASTRUC Chef du service de pharmacologie médicale et clinique du CHU de Toulouse




Estimation de l’impact épidémiologiquedes niveaux de couverture vaccinale insuffisants en France Intervention  Daniel Lévy-Bruhl Institut de Veille sanitaire