-ENTREPRENEURIAT
AU FÉMININ-
Interview avec Eva ESCANDON, Présidente des Femmes Chefs d'Entreprises FCE France |
8
mars :
Une célébration, certes, mais qui doit dépasser la simple commémoration
pour
relancer la dynamique de l'emploi, via la création
et la reprise d'Entreprises par des Femmes..!
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Le
8 mars est la Journée Internationale pour les droits des femmes. Cette
célébration présente-t-elle encore un intérêt aujourd'hui en
France ? Les luttes féministes sont-elles toujours d'actualité ?
Quel état des lieux faites-vous ?
Le 8 Mars, dont l'intérêt est
contesté par certains, reste malgré tout une réelle nécessité pour faire
« bouger les
lignes» ! Cette
journée Internationale pour les droits des femmes permet ainsi de donner chaque
année « un coup de
projecteur » sur les
avancées et le chemin encore à parcourir, en attirant l'attention sur les
inégalités persistantes et sur les évolutions de notre société.
Aujourd'hui, en France, nous avons
pas à pas, au fil des années, grâce à nos combats et nos actions de lobbying,
gagné notre place. Ce qui n'est
pas toujours le cas dans d'autres pays, où par exemple, en Arabie Saoudite, les
femmes vont bientôt être autorisées à rire en public (!!!). En France, depuis le 8 mars 1944
et le droit de vote pour les Femmes, la réforme du régime matrimonial et l'accès
aux Femmes à des postes à responsabilités politiques ou économiques, nous avons
certes conquis progressivement une place. Mais le chemin
est encore long et paradoxalement la situation a
peu évolué depuis 10 ans.
La disparité des salaires
hommes-femmes est encore bien trop élevée (25 % en
moyenne), et nous
n'avons toujours que 30 % de femmes à la tête des Entreprises, alors qu'elles
approchent les 50 %
aux Etats-Unis et seulement 6 % des femmes dans les comités
exécutifs et les
organes de surveillance (sur les 200 Entreprises du CAC
40). Et que dire de
ce symbole : alors
que le début du Quinquennat nous avait offert un Ministère des droits des femmes
à forte visibilité, ne devons-nous pas nous inquiéter de disposer aujourd'hui
d'un simple Secrétariat d'Etat, chargée des Droits des Femmes ?
Par ailleurs, malgré les efforts
de sensibilisation sur le sujet, les femmes restent sous-représentées dans les
filières scientifiques et techniques. Les femmes cadres, quant à elles, alors qu'elles ont
un niveau de
formation identique voire supérieur, ne se voient pas offrir les mêmes
opportunités que leurs homologues masculins, en raison de ce fameux
« plafond de
verre »... !
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Enfin, nous pouvons nous
interroger sur tous
ces obstacles : poids
culturel, stéréotypes
persistants, les femmes ont elles-mêmes, peut être
également à dépasser leurs propres inhibitions ! N'oublions pas qu'à ce
jour les femmes sont
plus diplômées que les hommes (plus de 65 % ont le bac) et les Entreprises mixtes sont celles qui ont le
mieux résisté à la crise de 2008 !
Quelles sont pour vous les principales qualités des femmes chefs d'Entreprises...Seraient-elles peu suffisamment représentées, en raison de la dualité de faire concilier vie professionnelle et vie privée... ?
Au sein des Femmes Chefs
d'Entreprises, nos 2 000 adhérentes, toutes de profils
différents, de la TPE à la grosse PME, semblent avoir quelques qualités
communes : elles sont
d'une grande exigence, car elles estiment devoir être exemplaires, et ne pas
avoir droit à l'erreur.
Elles semblent douter davantage
que les hommes avant d'accepter des engagements supplémentaires
(exemple : un mandat
professionnel). Elles
déclarent la notion de réussite subjective, englobant la sphère
personnelle, professionnelle et
l'équilibre entre les
deux. Elles cherchent
davantage que les hommes à donner du sens à leur Entreprise et ont une vraie dimension de
responsabilité sociétale. Elles prennent moins de risques
financiers inconsidérés, mais ce qui les caractérisent, ce sont leurs
valeurs : respect de
leurs collaborateurs, (pas de réunions tardives ou d'intrusion dans la vie
privée...) écoute, sensibilité, proximité.
Elles se doivent d'être
parfaitement organisées pour gérer leurs deux, voire 3 vies, professionnelle,
familiale et extra-professionnelle, avec la même implication et la même rigueur
qu'au travail. De
manière récurrente, 45 % des femmes admettent que la
conciliation vie professionnelle / vie de famille leur pose des problèmes au
quotidien.
Certes, le Gouvernement a fait des
avancées pour soutenir les dispositifs d'accompagnement de gardes des enfants,
mais je crois que là n'est pas le problème. La vraie solution serait de
prendre davantage confiance en nous et de savoir nous imposer avec
diplomatie et bienveillance. Les femmes doivent apprendre à mieux se valoriser, à
oser davantage et à
cultiver les
réseaux pour être plus fortes.
Quels seraient les leviers d'actions pour faire avancer les choses et permettre aux femmes d'accéder à des postes de responsabilités dans la vie économique ? (évolution des mentalités, évolution des aspects législatifs ?, etc.)
Il existe bien une nouvelle
« Business Women » en 2015. Elle est connectée,
digitale, bien
formée, et à compétence égale avec un homme elle doit apprendre à oser
entreprendre, sans oublier au passage d'acquérir la confiance,
car pour entreprendre, il faut du courage, le gout du risque et de la
solidarité. Les réseaux présents aujourd'hui, l'échange de bonnes pratiques, la
valorisation des femmes qui ont su créer et développer leur Entreprise,
permettent ainsi de rompre l'isolement du Chef d'Entreprise et sont certainement
des moyens très efficaces pour réduire le phénomène d'auto-censure.
L'entrepreneuriat
féminin, représente un enjeu pour la société et l'économie
française. Alors que la
crise frappe de plein fouet notre économie, il existe un potentiel de
développement pour notre pays au travers de la création et de la reprise
d'entreprises par les femmes, qui ne représentent hélas encore que 30 % des
créateurs et repreneurs. Par ailleurs, je pense que nous pouvons améliorer ce
taux de création et de reprise, en travaillant sur les obstacles dus aux
stéréotypes sexués des métiers. De nombreuses entreprises sont en effet à
reprendre dans des secteurs d'activités traditionnellement masculins et souvent
à forte valeur ajoutée.
Il est donc important de sensibiliser
encore davantage les femmes aux formations techniques et scientifiques mais
également d'améliorer leur accès aux services de soutien et aux financements
pour leur permettre aussi d'accéder à des entreprises de plus grande
envergure.
Pour conclure, il s'agit
finalement aussi de faire
reconnaitre le rôle positif des femmes dans la croissance économique. A suivre
... !
RAPPEL :
FCE FRANCE
FCE France est une
association interprofessionnelle, décentralisée et apolitique, qui regroupe plus
de 2 000 femmes chefs
d'entreprises en France. Développer la représentation économique des femmes est
la mission principale de l'association depuis sa création en 1945. Reconnue
aujourd'hui comme le 1er Réseau
d'Entrepreneuriat Féminin pour la prise de mandats auprès des acteurs
institutionnels incontournables. L'objectif principal de FCE France est
d'atteindre 30% de mandats féminins dans les grandes administrations
économiques.
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Chiffres
clefs :
2 000 adhérentes en France - 42 délégations départementales - 70 pays où l'association FCE Monde est présente
SAVE
THE DATE :
9 octobre 2015 - 70ème
ANNIVERSAIRE DE FCE France à PARIS.
Nb : Femmes Cadres,
Entreprises performantes
Féminiser son encadrement peut présenter un bon taux de retour sur investissement, selon une étude de l'Observatoire
De la
féminisation des entreprises (Echos,
13/02). En effet, son
Femina Index, qui regroupe une dizaine de valeurs ayant pour
point
commun de compter plus de 35% de femmes dans leur encadrement, affiche de
meilleurs résultats que le CAC 40 sur 2 périodes de 6 ans. Ainsi sur la période
2007-2012, l'indice Femina reculait de -5,278% contre -34,7% pour le
CAC40.
Et
pourtant, il ne s'agit pas d'un portefeuille plus risqué que le CAC ! Par
contre, il y a « une corrélation significative entre la
Féminisation de l'encadrement et la
rentabilité de l'entreprise, et aussi entre la féminisation des effectifs et la
performance» analyse
M. Ferrary, professeur à HEC de
l'Université de Genève. (Source : « L'Economie en 2 mots » daté du 18 février 2015
Edité par
Actuflux)
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Marie-Hélène
Boissieux - mhboissieux@adeocom.fr
Julie Brochier -
jbrochier@adeocom.fr - 04 76 36 55 76 -
> Dossier de
Presse sur simple demande <
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