ACADEMIE NATIONALE DEPHARMACIE
SA SANTE PUBLIQUE -MEDICAMENT -PRODUITS DE SANTE -BIOLOGIE -SANTE ET ENVIRONNEMENT
Fondée le 3 août 1803 sous le nom de Société de Pharmacie de Paris
Reconnue d’utilité publique le 5 octobre 1877
Communiqué, le 6janvier 2015
ALCOOL &SECURITE ROUTIERE
Si la restitution du permis de conduire
ne tenaitplus qu’à un cheveu…
Les visites médicalespour les permis de conduire, destinées notamment à renouveler les permis suspendus ou annulés pour conduite sous l'empire de l’alcool, ont été réorganisées en 2012. Le médecin agréé ou la commission médicale peut désormais prescrire tout examen complémentaire qui luisemble utile.
Mais, il est avéré que:
les dosages actuels (volume globulaire moyen[VGM], Gamma glutamyl-transpeptidases[Gamma GT], transferrine désyalilée [CDT]) effectués lors des contrôles médicaux ne présentent pas une spécificité ni une sensibilité absolues et exposent à des risques de résultats faussement positifs, notamment du fait par exemple de la prise de médicaments(barbituriques, certains antiépileptiques, certainsantidépresseurs, antihypertenseurs, contraceptifs oraux...);
ces testsprésentent,en outre,une fenêtre trop courte de détection de la consommation d'alcool. En effet, dans le cadre d’une suspension de permis de conduire pour conduite en état d'ivresse, les résultats des prélèvements sanguins ou urinaires ne reflètent pas le sevrage ou les habitudes réelles de consommation sur le long terme:il suffit que l’usager cesse toute consommation durant quelques jours avant la réalisation du test et de la visite médicale pour récupérer son permis même s’il reste dépendant...
Or, il est aujourd'hui possible de détecterlaconsommation d'alcool pendant une période de temps prolongée, même si l'alcool récemment consommé a été complètement éliminé de l'organisme.
Un marqueurdirect, hautement spécifique et très sensible,de consommation d'alcool, l'éthylglucuronide (EtG), produit du métabolisme hépatique de l’alcool, en grande partie éliminé dans l’urine, reste stocké enfaible quantité dans les phanères en général, et les cheveux en particulier.
Les phanères, notammentles cheveux et les poils,sont connus pour fixer les substances exogènes et pour ainsi fournir une plus large fenêtre rétrospective de détection que le sang et l’urine. Un prélèvement de cheveux peut donc,non seulement donner des informations sur la présence d’EtG,mais égalementretracer l’historique de la consommation d'alcool dans le temps.
Une analyse d’urine caractérise un usage ponctuel, alors que celle des cheveux témoigne d’une consommation répétée.
Dans les phanères, les substances mères (comme l’alcool éthylique) sont présentes à des concentrations plus élevées que celles de leurs métabolites alors que c’est l’inverse dans les urines. Il est donc possible, en analysant les cheveux,de faire la différence entre deux substances qui auraient les mêmes métabolites.
Les cheveux en croissance,incorporant les substances présentes dans le sang,constituent un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d’alcool.