Paris, le 21 avril 2015 – Communiqué de
presse
Réforme du doctorat : le
Ministère promet, les jeunes chercheur-e-s proposent
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Le colloque sur le doctorat organisé par le MENESR
les 12 et 13 avril 2015 a été l’occasion, pour un certain nombre d’acteurs et
d'actrices du doctorat, de commenter le nouveau projet d’arrêté relatif à la
formation doctorale. Pour beaucoup, et en particulier pour les jeunes
chercheur-e-s, malgré quelques rares avancées le nouveau texte
déçoit par son manque d’ambition et de clarté.
Alors que ce texte, comme cela a été abondamment rappelé pendant ces deux jours, se donne pour objectifs de faire reconnaître le doctorat comme activité professionnelle et de préserver son unicité, la proposition rendue publique ces dernières semaines risque fort de produire l'effet inverse.
Alors que ce texte, comme cela a été abondamment rappelé pendant ces deux jours, se donne pour objectifs de faire reconnaître le doctorat comme activité professionnelle et de préserver son unicité, la proposition rendue publique ces dernières semaines risque fort de produire l'effet inverse.
Loin des attentes des jeunes chercheur-e-s, des
promesses du Ministère, des objectifs de l’arrêté et de ceux que la majorité des
parties prenantes ont rappelés, la proposition en l’état actuel représenterait
un retour en arrière quant à la
valorisation du doctorat.
En effet, cette proposition qui révèle une profonde méconnaissance des réalités du terrain, risque simplement de nuire à la reconnaissance du doctorat comme activité professionnelle et menace très sérieusement de fragiliser son caractère unique, pourtant essentiel à sa valorisation.
Une réaction rapide de toutes celles et ceux concernés par le doctorat, des partenaires sociaux mais aussi du gouvernement est impérative afin de s’accorder sur un texte à la hauteur de la valorisation du doctorat dans l’ensemble des secteurs socio-professionnels.
Contrairement à l’intention première du texte qui
est de reconnaître le doctorat comme une expérience professionnelle,
conformément à l’objectif réaffirmé dans la loi de 2013, ce projet donne une
image infantile des doctorant-e-s. Langage désuet ou portfolio sur les
formations, les références sont souvent étudiantes et occultent la réalité
professionnelle des doctorant-e-s.
La Validation des Acquis d’Expérience ou des
nouveautés comme “la voie de l’apprentissage” et l'alternance, l’année de
césure, le co-encadrement avec des praticien-nes ou créateur-e-s
pourraient ouvrir l’officialisation d’un travail de recherche non financé
ou financé par l’allocation chômage. Ces éléments,
en l’état actuel, ne permettent pas de garantir que le doctorat reste une
activité professionnelle de recherche combinée à une formation de haut niveau,
le tout dans des conditions de travail appropriées et décentes.
Chacune de ces
possibilités particulières doit donc faire l’objet d’un cadre plus
strict, comme nous le
proposons notamment pour la VAE1 permettant
d’éviter de complexifier encore davantage l’image du doctorat et assurant que le
projet doctoral se déroule dans les
conditions adéquates à la
conduite d’un projet de
recherche exigeant.
Un texte lacunaire qui ne répond pas aux attentes des jeunes chercheurs et des Assises.
Lors des
Assises de l’ESR en 2012, la voix des jeunes chercheur-e-s avait porté. Un vent
d’espoir avait été insufflé dans les rapports de l’ESR 2013, avec des
propositions concrètes comme la limite du nombre de doctorants encadrés par un
même directeur doctoral (proposition 28) nécessaire à la bonne réalisation d’un
projet doctoral, ou la présence d’un tiers d’élus doctorants dans les conseils
d’écoles doctorales (proposition 31) permettant une juste
représentation. Le projet d'arrêté ne fait pas
écho à ces propositions, de même qu'il ne garantit pas les pratiques de
ressources humaines responsables nécessaires. Le projet
d’arrêté ne met pas en place une politique de recrutement conforme à celle que
recommandent la Charte européenne du chercheur et le Code de conduite pour le
recrutement des chercheurs2, alors que de
nombreux établissements français, pourtant signataires, auraient besoin d’un
cadre réglementaire pour les respecter. Le texte ne définit pas non plus le sens
de l’expression “bonnes conditions matérielles de travail”, évitant ainsi
d’entamer la nécessaire évolution vers la mise en place progressive d’un salaire
pour les travaux de recherche réalisés par
tou-te-s les
doctorant-e-s,
comme c’est le cas pour toute
autre activité professionnelle. Sans ces améliorations, inutile de chercher à
accroître le nombre de docteur-e-s… de mauvaises conditions ne pouvant que
garantir des taux d’échec élevés !
Une consultation parcellaire des acteurs de l’ESR et des jeunes chercheur-e-s, à l’origine de ces insuffisances, doit être immédiatement corrigée.
Ce
projet est clairement loin des réalités et des demandes des acteurs de l’ESR.
Les jeunes chercheurs, pourtant directement concernés par
ce texte,
n’avaient pas été consultés depuis presque une année.
Le texte ne compte qu’une seule mention, très
brève, de leur principale activité : la recherche. La formation seule est
abordée et leur voix de jeunes professionnels, chercheurs en
début de carrière, n’est pas
relayée.
En 2010, le ministère avait accordé une subvention
au projet Guide du
Doctorat de la
Confédération des Jeunes Chercheurs et de l’Association Nationale des Docteurs,
qui a permis de lancer une réflexion interdisciplinaire sur l’ensemble des
aspects liés au doctorat. Pourquoi les résultats de cette étude, qui a conduit à
plus de 2500 heures de travail cumulées de la part de bénévoles doctorant-e-s et
docteur-e-s, et sont régulièrement publiés sous forme de
fiches du Doctorat à la
Loupe3, n’ont-ils pas
été utilisés pour rédiger le projet d’arrêté
?
Les représentant-e-s administratifs du Ministère ont rappelé publiquement avoir compris et entendu cette nécessité. Ils ont affirmé que le vote du texte ainsi que sa mise en application seraient différés. En réponse au projet d’arrêté, afin de combler les erreurs et lacunes de ce texte, les jeunes chercheurs proposent un texte remanié4 et invitent le Ministère à ce que les promesses de concertation large et de travail commun soient suivies d’actes. Aujourd’hui, l’urgence nécessite une réelle prise en compte des attentes des jeunes chercheurs, des prérogatives européeennes, des partenaires sociaux, ainsi que de certaines propositions discutées lors des Assises pour produire un texte de qualité, répondant aux enjeux de demain.
Confédération des Jeunes Chercheurs
Formulaire de contact presse sur
http://cjc.jeunes-chercheurs.org/presentation/presse/
La CJC (Confédération des Jeunes Chercheurs) est
une association de loi 1901, nationale et pluridisciplinaire. Elle regroupe une
quarantaine d’associations de doctorant-e-s et de docteur-e-s en emploi
académique non permanent, bénévolement impliqués dans la valorisation du
doctorat. Au niveau national, de par son expertise sur le doctorat, elle est un
interlocuteur privilégié des pouvoirs publics (syndicats, Parlement, Ministères,
Élysée, Commission Européenne...), représentée notamment au CNESER (Conseil
National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche). Au niveau européen,
elle participe à la réflexion sur le doctorat et les jeunes chercheur-e-s par
l’intermédiaire du conseil EURODOC, dont elle est membre
fondateur.