Nora ANSELL-SALLES

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vendredi 17 juin 2016

On ne meurt qu’une fois… mais de combien de causes ?

Quand une personne meurt, le médecin qui signe le certificat de décès en indique la cause, et il en mentionne souvent plusieurs en décrivant leur enchaînement jusqu’au décès. Aline Désesquelles et ses collègues du Réseau Multicause nous expliquent l’intérêt de ce type d’informations pour étudier l’évolution des causes de mortalité dans un pays, ainsi que les difficultés des comparaisons internationales en raison notamment des différences dans la façon de remplir ces certificats selon les pays.

L’espérance de vie a beaucoup augmenté en France au cours des dernières décennies, grâce notamment au recul de la mortalité due aux maladies de l’appareil circulatoire et aux cancers, les deux premières causes de décès. On le sait grâce à la statistique des causes de décès établie à partir des certificats obligatoirement remplis par les médecins au moment où ils constatent un décès. Toutes les causes mentionnées sur les certificats de décès sont enregistrées mais les analyses portent habituellement sur seulement l’une d’entre elles, la cause dite « initiale » du décès. Pourtant, plusieurs causes sont souvent mentionnées sur les certificats et il est intéressant de les prendre aussi en compte.

mercredi 6 avril 2016

Un million de migrants arrivés sans visa en Europe en 2015 : Qui sont-ils ?

VU POUR VOUS:
Un million de migrants arrivés sans visa en Europe en 2015 : Qui sont-ils ?
Le nombre de migrants arrivés en Grèce et en Italie et de personnes ayant demandé l’asile en Allemagne a dépassé le million en 2015. Présentant une synthèse des statistiques disponibles, Philippe Fargues examine plusieurs questions : S’agit-il d’une crise de migrants ou de réfugiés ? Quels en ont été les facteurs déclencheurs ? Quelles solutions pour en sortir ?
Alors que le nombre d’entrées irrégulières dans l’Union européenne via la Méditerranée s’est maintenu autour de quelques dizaines de milliers par an jusqu’en 2013, elles atteignent plus de 200 000 en 2014 et plus d’un million en 2015. La Méditerranée est devenue la route migratoire la plus létale au monde depuis le début du XXIe siècle. Entre 2000 et 2015, on a enregistré 26 115 décès sur un total de 1 664 211 personnes ayant traversé, soit un risque de décès pendant le voyage de 15 pour mille en moyenne. Les routes s’étant progressivement déplacées de la Méditerranée centrale, à haut risque, vers la Méditerranée orientale, moins dangereuse, il en résulte un niveau de létalité moindre en 2015, inférieur à 4 pour mille.
Les réfugiés représentent la majorité des flux les plus récents. Leur proportion est passée de 33 % à 76 % parmi les migrants entrés irrégulièrement en Italie et en Grèce au cours des cinq dernières années. L’idée selon laquelle les personnes qui franchissent illégalement les frontières extérieures de l’Europe seraient pour la plupart des migrants économiques déguisés en demandeurs d’asile est de moins en moins crédible. On doit s’attendre à ce que les mouvements de réfugiés dans le voisinage de l’Europe se poursuivent. D’un côté les guerres et les conflits alimentent la migration forcée de Syrie, Irak, Palestine et Libye. De l’autre, les réfugiés installés en Jordanie, au Liban, en Irak et en Turquie risquent eux aussi de migrer à nouveau.
La « crise des réfugiés » se déroule parallèlement à deux autres crises : une interminable crise économique productrice de chômage chez les Européens et une crise démographique qui fait planer la perspective de dépopulation. Les migrants peuvent être vus à la fois comme un problème (ils viennent concurrencer les natifs pour de maigres emplois disponibles), et une solution (ils pourront remplacer les natifs qui manquent). Alors que la crise économique va passer, la crise démographique va prendre de l’ampleur et sa résolution prendra du temps. Les migrations de remplacement pourraient faire partie des réponses de l’Europe à sa situation démographique.

mardi 22 septembre 2015

INED: Population & Sociétés spécial anniversaire

L’Ined fête ses 70 ans
Population & Sociétés spécial anniversaire :
Repères démographiques 1945-2015

Le numéro d’octobre 2015 du bulletin mensuel Population & Sociétés est publié en avant-première le mardi 22 septembre 2015, à l’occasion de la journée-débats 70 ans de l’Ined organisée au Centquatre à Paris. Ce numéro spécial anniversaire propose des repères démographiques de 1945 à 2015.

À l’occasion du 40e anniversaire de l’Ined, Michel Louis Lévy avait consacré un numéro du bulletin Population & Sociétés (n°203, juin 1986) à une « Chronologie démographique » qui retraçait « les dates significatives des principales évolutions démographiques ». Ce numéro est rédigé sur le même modèle en étendant la période de référence aux 70 années de vie de l’institution.
Ci-joint Population & Sociétés n° 526, octobre 2015, intitulé « Repères démographiques 1945-2015 »
Contact auteur : Jacques Véron - Tél. +33 (0)1 56 06 21 76 - veron@ined.fr
En savoir plus sur :
- Les 70 ans de l’Ined : retrouvez le dossier de presse « 70 ans de l’Ined »


jeudi 11 décembre 2014

INED: Le nombre d’IVG est stable, mais moins de femmes y ont recours


Population n° 3, 2014
ZOOM sur : Le nombre d’IVG est stable, mais moins de femmes y ont recours - M. MAZUY, L.TOULEMON, E. BARIL

En France, les interruptions volontaires de grossesse (IVG) concernent chaque année environ 1,5 % des femmes. Le recours à l’IVG est stable avec environ 210 000 IVG par an, mais il augmente pour les femmes qui ont entre 18 et 25 ans et diminue aux âges supérieurs à partir de 25 ans. L’âge moyen à l’IVG est passé de 28,4 ans en 1990 à 27,5 ans en 2011. La moitié des femmes qui ont recours à l’IVG ont moins de 26,5 ans contre 27,9 ans en 1990.

Les IVG se concentrent désormais dans la période de « jeunesse sexuelle », entre l’entrée dans la sexualité et la naissance du premier enfant, période qui s’allonge. Le recul des premières naissances, les conditions économiques plus précaires des jeunes femmes et la forte planification des naissances expliquent sans doute qu’elles soient plus qu’avant dans des situations où elles ne souhaitent pas mener à terme une grossesse qui n’était pas prévue.

Un peu plus de la moitié des femmes ayant eu recours à l’IVG en 2011 vivent seules (52 %) et occupent un emploi (52 %) et une sur cinq est étudiante ou élève (19%). Deux fois sur trois, elles n’ont pas d’enfant ou sont mères d’un enfant unique.

Même si la loi permet depuis 2001 de pratiquer une IVG jusqu’à 12 semaines de grossesse, les IVG restent précoces. Elles ont lieu en moyenne à 6,5 semaines de grossesse. Un accès plus rapide qui s’explique par la diffusion de la méthode médicamenteuse, qui représente 55 % des IVG en 2011, contre 36% en 2002.

Le nombre moyen d'IVG par femme est de 0,53 en 2011. Une femme sur trois a recours à l'IVG au moins une fois dans sa vie, une femme sur cinq (20%) a recours à une seule IVG, et un peu plus d'une femme sur dix (14%) a recours à plusieurs IVG. La part des femmes qui ont recours à l'IVG a baissé (elle était de 38% dans les années 1990) ; parmi elles, la part des femmes qui ont recours au moins une fois à une deuxième IVG a augmenté. Mais la part de femmes ayant des IVG répétées reste faible : 14%. Et lorsqu’elles se répètent, les IVG sont souvent rapprochées et concernent des femmes qui utilisaient plus que les autres la pilule et n’avaient probablement pas anticipé le risque d’une nouvelle grossesse non souhaitée


Contacts chercheurs :

Magali Mazuy – mazuy@ined.fr

Laurent Toulemon – toulemon@ined.fr

Autres articles de la revue

Âge à l’entrée en union des femmes en Afrique. Les données des enquêtes et des recensements sont-elles comparables ? - V. HERTRICH, S. LARDOUX

Fécondité et scolarisation à Ouagadougou : le rôle des réseaux familiaux - M. BOUGMA,
L. PASQUIER-DOUMER,T. LEGRAND, J.-F. KOBIANÉ

 

Notes de recherche

Un indice synthétique de fécondité enrichi à partir des données de panel - G. DE SANTIS,
S. DREFAHL, D. VIGNOLI

Niveaux et tendances de la fécondité en Corée du Nord - T. SPOORENBERG

 

Bibliographie critique

jeudi 12 juin 2014

Les politiques familiales en France et en Europe :

évolutions récentes et effets de la crise Les pays européens ont tous une politique familiale, mais elle varie sensiblement d'un pays à l'autre. Olivier Thévenon, de l'Institut national d'études démographiques, et Willem Adema et Nabil Ali, de l'OCDE, nous décrivent les différents choix effectués en Europe afin de soutenir les familles avec enfants, leur importance en part du PIB, leurs modalités, et ils s'interrogent sur leurs évolutions récentes sous l'effet de la crise.
Les politiques familiales ont connu des évolutions importantes au cours des 15 dernières années dans une majorité de pays européens. Mais les disparités de structures des aides aux familles demeurent importantes, liées à des différences d'approche politique. Face à ces disparités, la crise financière a induit une réaction en deux temps, comme pour l'ensemble des dépenses sociales : une hausse importante des dépenses réalisées au titre des familles a d'abord eu lieu, soulignant ainsi le rôle d'amortisseur des effets de la crise auquel les politiques familiales ont pu participer ; le deuxième temps est, en revanche, dominé par la maîtrise de dépenses et/ou les mesures d'austérité. Pour certains pays, cela produit une rupture par rapport aux évolutions récentes. Les auteurs l'illustrent en examinant de façon détaillée quatre pays : les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France. Dans ce dernier pays, la baisse programmée des dépenses à l'horizon de 2017 s'articule sur un recentrage des aides vers les familles modestes et une priorité redonnée aux services d'accueil.



Population & Sociétés n° 512  intitulé "Les politiques familiales en France et en Europe : évolutions récentes et effets de la crise".


Auteurs : Olivier THÉVENON, Willem ADEMA, Nabil ALI
 
 
 




 



 

 



 
 
 
 






mardi 13 mai 2014

La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ?

 
Les pilules de 3e et 4e génération ont fait l'objet d'une controverse importante fin 2012 - début 2013 à propos du risque de thrombose veineuse associé à leur utilisation. Quelles en ont été les conséquences sur la contraception en France ? Analysant l'enquête Fecond menée quelques mois après par l'Inserm et l'Ined, Nathalie Bajos, Mylène Rouzaud-Cornabas, Henri Panjo, Aline Bohet et Caroline Moreau ont examiné les évolutions récentes en matière de pratiques contraceptives et la contribution du débat médiatique à ces changements.




Le débat médiatique de fin 2012 - début 2013 sur les pilules n'a pas entraîné de désaffection vis-à-vis de la contraception : parmi les femmes concernées - ni stériles, ni enceintes, ayant des rapports hétérosexuels et ne voulant pas d'enfant - seules 3 % n'utilisaient aucun moyen contraceptif en 2013, soit la même proportion qu'en 2010. Près d'une femme sur cinq déclare toutefois avoir changé de méthode depuis le débat médiatique.





Le recours à la contraception orale a fortement baissé, passant de 50 % en 2010 à 41 % en 2013, une baisse qui concerne uniquement les pilules de 3ème et 4ème générations. Certaines femmes, notamment les plus jeunes, se sont reportées sur les pilules de seconde génération. Tandis que d'autres ont opté pour le stérilet (pour les plus diplômées), le préservatif ou des méthodes dites naturelles - abstinence périodique, retrait - (pour les plus précaires).


Les événements médiatiques et politiques semblent donc avoir contribué à une diversification des pratiques contraceptives mais aussi à une recomposition des inégalités socio-économiques autour de l'accès à la contraception.
 
 
 
Ci-joint Population & Sociétés n° 511 intitulé "La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ?".
 
 http://www.ined.fr/fr/ressources_documentation/publications/pop_soc/
 


Auteurs : Nathalie Bajos, Mylène Rouzaud-Cornabas, Henri Panjo, Aline Bohet, Caroline Moreau et l'équipe Fécond.


Responsables scientifiques :

nathalie.bajos@inserm.fr, caroline.moreau@inserm.fr

Contacts presse Ined :

service-presse@ined.fr / Corinne LE NY-GIGON, Tél. : +33 (0)1 56 06 57 28 / Mimouna KAABÈCHE-SMARA, Tél. : +33 (0)1 56 06 20 11

Contact presse Inserm :

presse@inserm.fr / Priscille RIVIÈRE, Tél. : +33 (0)1 44 23 60 97


mardi 18 mars 2014

L’Ined présente au Salon du Livre de Paris


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

                                                                                                                    Paris, le 18 mars 2014


L’Ined présente ses éditions au Salon du Livre de Paris
du 21 au 24 mars 2014 (Paris-Porte de Versailles)

Rendez-vous sur notre stand K50 (Pavillon 1/Allée K)



Les Éditions de l’Ined seront présentes à la 34ème édition du Salon du Livre du vendredi 21 au lundi 24 mars 2014 (Paris-Porte de Versailles). L’équipe des Éditions de l’Ined aura le plaisir de vous accueillir sur son stand K50.
Depuis  de nombreuses années, notre institut participe au Salon du Livre et va à la rencontre du grand public pour le sensibiliser à la démographie et plus généralement aux sciences humaines et sociales.

Dès sa création, et dans le cadre de sa mission de diffusion de la connaissance des sciences de la population, l’Ined a développé une politique de publication tournée vers le grand public et vers les chercheurs spécialistes du domaine tant français qu’étrangers.

Les publications de l’Ined sont réparties en collections  :
 Études sociodémographiques :
  Grandes Enquêtes : cette collection rassemble les résultats et les méthodologies de grandes enquêtes en sciences sociales réalisées par l'Ined mais aussi par d'autres organismes. Elle présente des analyses propres à faciliter une compréhension approfondie des phénomènes sociodémographiques, tant en France qu'à l'étranger, ainsi qu'une réflexion sur les dispositifs d'enquêtes qui permettent de produire cette connaissance.
 Les Cahiers : accueille des ouvrages scientifiques rendant chacun compte de recherches approfondies sur une question de population. Rédigés par des chercheurs de l'Ined ou des chercheurs d’autres organismes, ils présentent les résultats originaux de recherches, ou offrent une synthèse sur un sujet particulier.
 Historiques :
 Études et enquêtes historiques : Travaux d'histoire des connaissances ou d'histoire des phénomènes de population.
 Classiques de l’économie et de la population : Éditions critiques et commentées de textes fondamentaux pour l'histoire des sciences démographiques, économiques et sociales.

 Méthodologies :
 Manuels : ils sont destinés à l'enseignement supérieur ou à la formation aux techniques utiles au démographe (démographie historique, mortalité, analyse biographique, etc.). Depuis 2013, une nouvelle série intitulée Textes Fondamentaux présente les principaux textes fondateurs de la discipline. Le 1er volume est consacré aux migrations.
 Méthodes et savoirs : regroupe des manuels pratiques sur des outils et des méthodes utilisés en démographie (pyramide des âges, enquêtes biographiques…).

 Les périodiques :
 Population & Sociétés : bulletin d'information scientifique de quatre pages, publié en français et en anglais. Il traite chaque mois d’une thématique particulière, accessible au grand public.
 
 Population : revue  scientifique trimestrielle intégralement publiée en français et en anglais depuis janvier 2002 et soumise à un comité de rédaction composé de personnalités scientifiques. Elle accueille des travaux originaux de chercheurs en démographie et dans des disciplines associées : sociologie, économie, anthropologie, histoire, géographie, épidémiologie et santé publique, méthodologie en sciences sociales.
 



Nos ouvrages sont en vente en librairie, diffusés par les Presses Universitaires de France (sauf mention contraire).


Pour en savoir plus, consultez le catalogue des Éditions de l’Ined :
http://www.ined.fr/fr/ressources_documentation/publications/



 

vendredi 14 février 2014

Rester sans enfant : un choix de vie à contre-courant


Les personnes sans enfant et déclarant ne pas en vouloir sont relativement rares en France. Qui sont-elles ? Quelles raisons donnent-elles à leur choix ? Le fait de vivre ou non en couple a-t-il une influence ? S'appuyant sur plusieurs enquêtes, dont l'enquête Fecond, Charlotte Debest et Magali Mazuy, de l'Institut national d'études démographiques, nous présentent les résultats de leur analyse sur ce choix de vie.

 

 

D'après l'enquête Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles (Fecond) de 2010, 4,3 % des femmes et 6,3 % des hommes âgés de 18 à 49 ans déclarent ne pas avoir d'enfant et ne pas en vouloir. L'infécondité volontaire n'est pas un phénomène en augmentation et reste très minoritaire en France. Bien qu'elle est soit plus fréquente chez les personnes qui ne sont pas en couple, la moitié des personnes volontairement sans enfant sont en couple. Déclarer ne pas vouloir d'enfant est plus fréquent pour les femmes diplômées et les hommes peu diplômés, ainsi que pour les personnes en fin de vie féconde.

 

Plus de la moitié des personnes déclarant vouloir rester sans enfant donnent des raisons « libertaires », telles qu' « être bien sans enfant » et « vouloir rester libre ». À contre-courant de la norme du « faire famille », il s'agit pour ces personnes d'affirmer un choix de vie positif et épanouissant.

 

 

 

Population & Sociétés n° 508 intitulé "Rester sans enfant : un choix de vie à contre-courant".

 

 

Encadré. Les sources de données
 
L’enquête Fécondité, contraception et dysfonctions
sexuelles (Fecond) a été réalisée en 2010 par l’Inserm et
l’Ined auprès d’échantillons aléatoires de 5 275 femmes
et 3 373 hommes âgés de 15 à 49 ans. Elle explore les
pratiques contraceptives depuis l’entrée dans la sexualité,
les échecs de contraception, les grossesses prévues et non
prévues, le recours à l’avortement et les dysfonctions
sexuelles.
L’enquête qualitative sur le choix d’une vie sans enfant,
menée entre février 2009 et mai 2010, se compose de
51 entretiens réalisés auprès de 33 femmes et de
18 hommes âgés de 30 ans à 63 ans. Les entretiens, d’une
durée de deux heures, concernaient les parcours scolaire,
professionnel, familial et conjugal de ces personnes ayant
volontairement choisi de vivre sans enfant [3].
Note : L’enquête Fecond a été réalisée par une équipe composée
de N. Bajos et C. Moreau (responsables scientifiques), A. Bohet
(coordinatrice), A. Andro, L. Aussel, J. Bouyer, G. Charrance,
C. Debest, D. Dinova, D. Hassoun, M. Le Guen, S. Legleye,
E. Marsicano, M. Mazuy, E. Moreau, H. Panjo, N. Razafindratsima,
A. Régnier-Loilier, V. Ringa, E. de La Rochebrochard, V. Rozée,
M. Teboul, L. Toulemon, C. Ventola.
 
L’enquête Fecond peut être consultée à l’adresse :
http://www.u822.idf.inserm.fr/page.asp?page=4097
 

lundi 27 janvier 2014

C'est à lire : Retraite et logement

Vivre dans deux logements : surtout avant et après la vie active
 

Christophe Imbert, Guilhem Deschamps, Eva Lelièvre, Catherine Bonvalet

Occuper un autre logement en plus de sa résidence principale ou encore partager son temps entre deux logements est de plus en plus fréquent avec la mobilité étudiante ou professionnelle, l'augmentation des ruptures conjugales et l'arrivée à la retraite des générations du baby-boom. Combien de personnes sont-elles concernées ? À quels moments de la vie et à quelles occasions occupe-t-on deux résidences ?

Le recensement, qui se base sur la liste des logements et veille à ne compter chaque habitant qu'une fois, ne permet pas d'y répondre précisément. C'est le cas en revanche de l'enquête Famille et logements menée en 2011, et sur laquelle s'appuient Christophe Imbert, Guilhem Deschamps, Éva Lelièvre et Catherine Bonvalet, de l'Institut national d'études démographiques et de l'Université de Poitiers, pour dénombrer les personnes concernées et nous en présenter les caractéristiques.

Onze pour cent des adultes vivant en France en 2011 habitent deux logements ou plus. Le phénomène s'observe surtout chez les jeunes adultes (26 % des 18-19 ans). La bi-résidence tient chez eux à la fois à des raisons familiales et scolaires. Le second logement est plus fréquemment occupé les week-ends et lors des vacances. Chez les adultes en activité, seules 9 % à 10 % des personnes utilisent plusieurs logements, la seconde résidence servant principalement aux vacances et aux loisirs ; c'est encore plus vrai après 60 ans, lorsque la cessation d'activité accroît le temps libre et que la condition physique et les ressources financières permettent d'entretenir un second logement. Parmi l'ensemble des adultes occupant un second logement, on trouve plus particulièrement les retraités franciliens et les étudiants auvergnats ou bretons.


 
 
 
 









 

lundi 2 décembre 2013

L'Ined publie son rapport d'activité 2012


Quel est l'impact des politiques familiales en Europe ? La prédominance de la pilule diminue-t-elle au profit d'autres méthodes contraceptives ? Quelles sont les conditions de la fin de vie en France ? Comment évoluent les migrations entre l'Afrique et l'Europe ? L'Ined fait le point sur ces questions en produisant des résultats et travaux de recherches en matière de démographie et publie aujourd'hui son rapport d'activité 2012.

 

En 2012, l'Ined a poursuivi son développement de partenariats tant en France qu'à l'étranger et s'est particulièrement investi dans la coopération internationale avec les centres de recherches étrangers au Nord comme au Sud. Il est, par ailleurs, porteur du laboratoire d'excellence « iPOPs » (Individus, Populations, Sociétés) qui a connu sa première année d'exercice permettant ainsi l'accueil de nombreux chercheurs et doctorants.

 

L'année aura été également marquée par le démarrage de grands projets de recherche et par la publication de nombreux résultats qui ont permis d'éclairer le débat social, à l'image de l'enquête « fin de vie » ou de travaux sur le vieillissement dans les DOM.

 

L'Ined est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle du ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social et du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il a pour mission de mener des recherches sur les différentes problématiques démographiques : fécondité, famille, vieillissement, santé, mortalité, migrations, genre, histoire, économie...Pluridisciplinaire, il assure également la diffusion de l'information sur la démographie en France comme à l'étranger et contribue à la « formation à la recherche et par la recherche ».

 

Près de 700 publications scientifiques, 33 thèses en cours, 34 nationalités représentées, 61 projets de recherche.

mercredi 23 octobre 2013

Les normes de minceur : une comparaison internationale


La corpulence des femmes et des hommes varie fortement dans le monde. Les pratiques alimentaires et les activités physiques jouent un rôle important, mais les normes corporelles ont aussi une influence. Utilisant une enquête sociale internationale sur la corpulence idéale dans 13 pays de 4 continents, Delphine Robineau et Thibaut de Saint Pol analysent les variations des idéaux corporels entre pays.

 

La valorisation de la minceur est plus ou moins forte selon les pays, et peut s’imposer davantage à l’un ou l’autre sexe. On peut distinguer quatre groupes de pays : ceux majoritairement européens telle la France, où la pression à la minceur est plus forte sur les femmes que sur les hommes. Des pays comme l’Uruguay où la minceur est davantage un idéal pour les hommes, une corpulence plus élevée étant préférée pour les femmes. Des pays où la minceur est peu valorisée pour les deux sexes comme l’Irlande. Enfin, la Corée du Sud, où la pression à la minceur est très forte sur les hommes comme sur les femmes.

 

L’écart entre corps désirable et corps réel est important dans nombre de pays. Dans un contexte social où les individus apparaissent responsables, voire coupables, de leur corpulence, l’insatisfaction qui en résulte quant à leur poids peut avoir des conséquences en termes de comportements, pouvant conduire à des régimes amaigrissants ou même à des dérèglements alimentaires. La France, pays à l’idéal féminin relativement mince et à la faible corpulence moyenne est, après la Corée du Sud, le pays où la volonté de perdre du poids est la plus fréquente chez les femmes : six Françaises sur dix déclarent vouloir perdre du poids.

En savoir plus : Institut national d'études démographiques : 133, boulevard Davout 75980 PARIS cedex 20 - FRANCE

mercredi 22 mai 2013

L’anglais hors la loi ? Enquête sur les langues de recherche et d’enseignement en France


L'Ined prévoyait de consacrer le bulletin Population & Sociétés du mois de juin à une enquête sur les langues de travail dans la recherche et l'enseignement supérieur.
 
En raison de l'actualité parlementaire, l’Ined a fait le choix d’anticiper en rendant public cette publication dès aujourd'hui.
 
La publication finale sera disponible d'ici quelques jours dans son format habituel.
 Ci-joint l'enquête "L'anglais hors la loi ? Enquête sur les langues de recherche et d'enseignement en France" à paraître dans le bulletin Population & Sociétés n° 501, juin 2013.


 
François Héran, INED
L’Université française peut-elle enseigner en anglais ? Soulevée en 1994 par le débat sur la « loi Toubon », la question vient de ressurgir avec le projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche présenté le 20 mars 2013 au Conseil des ministres, qui prévoit d’autoriser les cours en langue étrangère dans le cadre de certains programmes internationaux (encadré 1). Dès le lendemain, l’Académie française réclamait le retrait de cette mesure, qui « favorise la marginalisation de notre langue » [1]. Le président du CNRS et plusieurs prix Nobel ou médaillé Fields firent valoir au contraire que c’était le rejet de l’anglais qui risquait de marginaliser la recherche française et de nuire au pays [2].

La science, internationale par exception ?
Pour rassurer les chercheurs, la loi Toubon avait prévu des dérogations au monopole des cours en français : des étudiants étrangers, des professeurs étrangers, un « enseignement à caractère international ». Or la science est internationale par nature et non par dérogation. Selon le public visé, elle manie l’anglais, la langue nationale ou les langues des cultures étudiées. La formation se nourrissant de la recherche, il semble logique d’enseigner dans les mêmes langues. Cette lecture ouverte de la loi est en phase avec l’internationalisation survenue depuis vingt ans dans les appels à projets, les revues, les comités d’évaluation, le recrutement académique, la mobilité des étudiants. On compte désormais 18 % d’étrangers parmi les étudiants de masters, 41 % parmi les doctorants [3]. Or l’idée d’une dérogation pour les cours liés à des programmes internationaux semble revenir à une lecture restrictive de la loi, qui pourrait avoir pour effet non pas d’étendre la liberté d’action des universités mais bien de la restreindre.

L’enquête ELVIRE, ou enquête sur l’usage des langues vivantes dans la recherche publique française, permet d’éclairer le débat. Menée par l’INED entre 2007 et 2009 auprès de 1963 directeurs de laboratoires et de 8883 chercheurs, elle a bénéficié du soutien de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF). Elle décrit la place du français, de l’anglais et des autres langues dans l’ensemble des activités de recherche, enseignement compris. Elle permet de dresser un bilan des dix-huit années d’application de la loi Toubon dans ce domaine.



INED, Institut national d’études démographiques (www.ined.fr)

6967656260555149421982931303834404447475241455152715690102030405060708090100PhysiqueChimieBiologie fondamentaleSciences de l'universMathématiquesRecherche médicaleBio appliquée - écologieSc. pour l'ingénieurS H S + autres sciencesSciences socialesSciences humainesAnglais exclusif ou presqueAnglais dominantAutre langue dominanteAnglais et français à égalitéFrançais dominant ou exclusifN D




Le français marginalisé dans les sciences dures
Invités à ordonner les langues qui prévalent dans leur domaine au niveau international, toutes activités réunies, les directeurs de laboratoire apportent des réponses tranchées. Pour 83 % d’entre eux, la langue la plus utilisée dans leur propre domaine est l’anglais, le plus souvent en situation de monopole (42 %). Pour 10% seulement, c’est le français (8% en monopole). 3% à peine évoquent une domination partagée. Quand le français est mentionné, c’est trois fois sur quatre en seconde langue derrière l’anglais. Les autres ne viennent en tête que pour 4 % des laboratoires (dans l’ordre : espagnol, allemand, italien).
Toutes disciplines et tous statuts réunis, 42 % des chercheurs se sentent limités dans le maniement de l’anglais, mais 77 % jugent qu’il est « devenu d’usage si courant dans la recherche que le choix de la langue ne se pose plus ». Cette idée rallie même 90 % des chercheurs nés dans les années 1980, les plus nombreux aussi à souhaiter plus de leçons et plus de pratique. Dans les sciences dites « dures » et réputées « exactes », le français n’est pas menacé de marginalisation, il est déjà marginal : 2 % seulement des directeurs de laboratoire assurent qu’il devance ou élimine les autres langues, contre 96 % pour l’anglais (figure 1). En sciences humaines et sociales (SHS), le paysage est plus contrasté mais l’anglais occupe déjà une position dominante pour 59 % des directeurs de laboratoire, contre 23 % pour le français. Encore faut-il noter le caractère tautologique de la prépondérance du français dans les départements de langue et littérature française, ainsi que ceux des départements d’histoire ou de droit qui travaillent sur la France et attendent des collègues étrangers qu’ils privilégient le français sur les mêmes sujets.



Figure 1. Langues internationales utilisées dans la recherche selon la discipline du laboratoire (en % des directeurs de laboratoire). Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008.


L’anglais entre monopole et domination
Ces jugements sont confirmés par les pratiques des chercheurs — lire, comprendre, parler, écrire, se former, faire traduire, publier, séjourner à l’étranger, enseigner —, que l’enquête ELVIRE explore en détail, avec possibilité de réponses multilingues et graduées [3]. On se limitera à quelques synthèses, en partant des publications (figure 2).



Pour les sciences dures, qui privilégient les articles des revues internationales, le français est marginal. En SHS, les chercheurs publient nombre d’ouvrages individuels ou collectifs,



mais seule une minorité publie uniquement en français en l’espace d’un an : il devient courant d’alterner le français et l’anglais.

Figure 2. Répartition des chercheurs selon le type de publication et la langue. Note : production des chercheurs sur deux années (2007-2008), sans les ingénieurs, doctorants ou contractuels. Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008-2009.




Encadré 1 : La loi de 1994 et son projet de modification
Aux termes de l’article L121-3 du Code de l’éducation, qui reprend la « loi Toubon » du 4 août 1994,
I. La maîtrise de la langue française et la connaissance de deux autres langues font partie des objectifs fondamentaux de l’enseignement.

II. La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d’enseignement est le français, sauf exceptions justifiées par les nécessités de l’enseignement des langues et cultures régionales ou étrangères, ou lorsque les enseignants sont des professeurs associés ou invités étrangers.




Les écoles étrangères ou spécialement ouvertes pour accueillir des élèves de nationalité étrangère, ainsi que les établissements dispensant un enseignement à caractère international, ne sont pas soumis à cette obligation.
Le projet de loi d’orientation pour l’enseignement supérieur et la recherche présenté par Mme Fioraso au Conseil des ministres du 20 mars 2013 propose d’insérer avant ce dernier alinéa la disposition suivante :




« Des exceptions peuvent également être justifiées par la nature de certains enseignements lorsque ceux-ci sont dispensés pour la mise en oeuvre d’un accord avec une institution étrangère ou internationale tel que prévu à l’article L. 123-7 ou dans le cadre d’un programme européen. »
Autre activité majeure, les rencontres scientifiques. Si un laboratoire public en organise une en langue étrangère sur le sol français, il est légalement tenu de prévoir une interprétation vers le français. Or, parmi les laboratoires de sciences dures qui ont organisé de telles rencontres dans l’année écoulée, 90% l’ont fait sans interprète ! La proportion est moindre en SHS mais pas négligeable : 27 %. Une formule tout aussi illégale consiste à alterner l’anglais et le français sans interprète : en un an, 62 % des laboratoires ont eu l’occasion de la pratiquer en SHS, 34 % en sciences dures. Au total, seuls 20 % des organisateurs de colloques ont pu s’offrir des interprètes au moins une fois dans l’année, quitte à revenir ensuite aux formules prohibées. Même constat pour les sites Internet multilingues des laboratoires publics : les sites

77736666676062595140889911141112111512121716151618192531467779911130%10%20%30%40%50%60%70%80%90%100%1985-19891980-19841975-19791970-19741965-19691960-19641955-19591950-19541945-1949Avant1945Génération (année de naissance)Non déclaréAutres languesque l'anglaisAnglais devantautres languesAnglais devantallemandAnglaisuniquement



bilingues français-anglais ont beau être illégaux, l’enquête révèle qu’ils étaient en 2008 douze fois plus nombreux que les sites trilingues exigés par la loi.
Recul du multilinguisme chez les jeunes
Toutes choses égales par ailleurs, le grade du chercheur, son ancienneté, son origine sociale, sa langue maternelle influencent peu le choix de la langue étrangère dans les activités scientifiques. Le sexe ne joue aucun rôle. Les deux facteurs déterminants sont l’âge et, surtout, la discipline scientifique.

Des plus âgés aux plus jeunes, les pratiques et les attitudes favorables à l’anglais progressent du simple au double : délaisser l’allemand, l’espagnol ou l’italien pour l’anglais comme langue de travail (figure 3), admettre qu’on réduit ses chances d’être connu et promu si l’on publie uniquement en français, accepter l’évaluation en anglais, mais aussi juger qu’il est possible de promouvoir l’anglais tout en défendant le français (figure 4).

Mais le choix de la langue dépend encore plus de la discipline scientifique. Du côté des sciences du vivant et des sciences de l’ingénieur, le monopole de l’anglais unifie le champ de la science en favorisant les échanges internationaux, attirant à soi l’économie et la psychologie. À l’opposé, les sciences humaines, attachées à la diversité des cultures et des oeuvres, restent les hauts lieux du multilinguisme. L’entre-deux comprend les sciences de l’univers et les mathématiques, suivies des sciences sociales, où l’anglais est désormais dominant, mais sans aller jusqu’au monopole.
Figure 3. Choix de la langue étrangère de travail au fil des générations : synthèse sur les langues que les chercheurs disent pratiquer « bien » ou « plutôt bien » dans les principales activités. Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008-2009.
Cours en anglais : un quart des enseignants
Toutes langues réunies, 95% des universitaires français ont donné « des cours ou des séminaires réguliers » dans l’enseignement supérieur en 2007-2008. Sur ce nombre, 9% déclarent les avoir dispensés en anglais « régulièrement » et 17 % « à l’occasion », soit un total de 26 %. De leur côté, les chargés de recherche et directeurs de recherche enseignent deux fois moins que les universitaires mais sont deux fois plus nombreux à le faire en anglais : 55 % enseignent à l’Université, dont 13 % « régulièrement » en anglais et 34 % « à l’occasion », soit un total de 47 %. Alors que les sciences dures, fortes d’un langage déjà formalisé, restent dans la moyenne, on observe des taux plus élevés en sciences politiques

 2530354045505560657075808590951985-891980-841975-791970-741965-691960-641955-591950-541945-49Génération (année de naissance)Choisir le français pour le publicnational, l'anglais pour les échangesinternationauxL'anglais est devenu d'usage si courantdans la recherche que le choix de lalangue ne se pose plusD'autres langues que le fr. ou l'anglaissont nécessaires dans les sciencespour préserver la diversité culturellePrivilégier l'anglais dans les sciences,c'est soutenir la domination de laculture anglo-américaineDans les sciences au langage trèsformalisé, le choix de la langue estsecondaire



(15 % + 22 %) et en gestion (10 % + 23 %). De fait, le catalogue des formations anglophones dressé par l’agence Campus France s’allonge d’année en année.
Le déclin de la dénonciation de l’Empire américain
Trois enseignements se dégagent. Il est d’abord vain de dénoncer l’hégémonie de l’anglais dans les disciplines technologiques, les sciences de la vie et les matières formalisées, comme l’économie ou les mathématiques. Une politique coercitive qui voudrait les rabattre sur le modèle des sciences humaines serait vouée à l’échec.

Ensuite, on ne délogera pas l’anglais par une défense anglophobe du français. La dénonciation de l’impérialisme anglo-saxon est en net recul : alors que 67 % des chercheurs nés avant 1955 pensent encore que « privilégier l’anglais dans les sciences, c’est soutenir la domination de la culture anglo-américaine », c’est le cas d’à peine 40 % des jeunes nés dans les années 1980 (figure 4). Le mot d’ordre de la « défense du français » comme langue de recherche recule de la même façon : 67 % chez les plus âgés, 38 % chez les plus jeunes. Très consensuelle en revanche est l’idée qu’il vaut mieux « choisir le français pour le public national et l’anglais pour les échanges internationaux » : 70 % des premiers, 90 % des seconds.
Figure 4. Pourcentage de chercheurs « d’accord » avec diverses propositions sur le choix de la langue de travail, selon la génération. Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008-2009.
L’effet neutre de la loi Toubon
En dépit de la loi Toubon, l’anglais n’a cessé de progresser dans les activités des chercheurs français et de gagner les jeunes générations. 81% des directeurs de laboratoire ont constaté depuis vingt ans la progression de l’anglais comme langue dominante de leur spécialité — un constat non moins massif en SHS (83 %) qu’en sciences dures (79 %). Ceux qui diagnostiquent une progression du français sont seulement 4 % en SHS et 1 % en sciences dures.

Les scientifiques français n’ont jamais autant cherché ni enseigné en anglais. De fait, en dix-huit ans d’application de la loi, aucune activité de recherche anglophone sur le sol français n’a été condamnée, malgré le pouvoir de dénonciation octroyé à des associations de « défense du français » sur le modèle des associations de consommateurs (encadré 2). C’est que l’étudiant ou le chercheur n’est pas un consommateur à protéger. Au « droit de comprendre », il oppose le devoir d’apprendre. On peut douter qu’un alinéa de plus ou de moins dans la loi



contrecarre le mouvement, tant il est porté par les jeunes et inscrit dans la vocation mondiale des sciences. Mieux vaut encourager le pluralisme linguistique dans les disciplines où il fait sens, les humanités et les sciences sociales. À deux conditions cependant. Admettre qu’on peut concilier l’anglais comme langue d’échange avec le français comme langue de débat. Et renoncer aux mesures coercitives au profit d’incitations qui ne nient pas les réalités.
Encadré 2 : La loi Toubon, une protection pour les consommateurs et les salariés
Du rapport annuel de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France il ressort que les quelque 120 PV transmis chaque année au parquet au titre de la loi Toubon, dont une trentaine se soldent par une condamnation — chiffre relevé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) — portent uniquement sur l’étiquetage des produits ou la prestation de services en langue étrangère, pour lesquels la loi a renforcé le contrôle mis en place dès 1975 par la loi Bas-Auriol. Aucune de ces condamnations n’a concerné l’activité scientifique des chercheurs. Il est arrivé, en revanche, que des fonctionnaires d’autorité du ministère de l’Enseignement supérieur invoquent la loi pour refuser d’agréer des formations ou des diplômes.
Le jugement prononcé en juin 2008 par le Tribunal administratif de Paris à l’encontre de l’INSERM ne modifie pas ce constat. La direction de l’établissement avait annoncé que son conseil scientifique — où siègent des experts étrangers —auditionnerait ses équipes de direction en anglais, en vue de leur renouvellement. Saisis par des salariés qui voulaient suivre les débats, les syndicats portèrent plainte et eurent gain de cause. La justice n’a pas condamné le recours à l’anglais dans l’activité de recherche (publications, thèses, conférences, sites web, etc.) mais son emploi sans traduction dans la gestion des chercheurs, contraire aux dispositions du Code du travail renforcées par la loi Toubon pour protéger les salariés.




Références
[1] http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-du-21-mars-2013.

[2] « Facultés : les cours en anglais sont une chance et une réalité », Le Monde, 8 mai 2013, texte signé de Fr. Barré-Sinoussi, V. Berger, A. Fuchs, S. Haroche, A. Petit, C. Villani.

[3] « Les étudiants étrangers », in Repères et références statistiques 2012 sur les enseignements, la formation et la recherche, pp. 196-201.


[4] F. Héran [référence au document de travail INED en cours de fabrication].