VU POUR VOUS:
Un million
de migrants arrivés sans visa en Europe en 2015 : Qui sont-ils ?
Le nombre de migrants arrivés en Grèce et en Italie et de personnes ayant
demandé l’asile en Allemagne a dépassé le million en 2015. Présentant une
synthèse des statistiques disponibles, Philippe Fargues examine plusieurs
questions : S’agit-il d’une crise de migrants ou de réfugiés ? Quels en ont été
les facteurs déclencheurs ? Quelles solutions pour en sortir ?
Alors que le
nombre d’entrées irrégulières dans l’Union européenne via la Méditerranée s’est
maintenu autour de quelques dizaines de milliers par an jusqu’en 2013, elles
atteignent plus de 200 000 en 2014 et plus d’un million en 2015. La
Méditerranée est devenue la route migratoire la plus létale au monde depuis le
début du XXIe siècle. Entre 2000 et 2015, on a enregistré 26 115 décès sur un
total de 1 664 211 personnes ayant traversé, soit un risque de décès pendant le
voyage de 15 pour mille en moyenne. Les routes s’étant progressivement
déplacées de la Méditerranée centrale, à haut risque, vers la Méditerranée
orientale, moins dangereuse, il en résulte un niveau de létalité moindre en
2015, inférieur à 4 pour mille.
Les réfugiés
représentent la majorité des flux les plus récents. Leur proportion est passée
de 33 % à 76 % parmi les migrants entrés irrégulièrement en Italie et en Grèce
au cours des cinq dernières années. L’idée selon laquelle les personnes qui franchissent
illégalement les frontières extérieures de l’Europe seraient pour la plupart
des migrants économiques déguisés en demandeurs d’asile est de moins en moins
crédible. On doit s’attendre à ce que les mouvements de réfugiés dans le
voisinage de l’Europe se poursuivent. D’un côté les guerres et les conflits
alimentent la migration forcée de Syrie, Irak, Palestine et Libye. De l’autre,
les réfugiés installés en Jordanie, au Liban, en Irak et en Turquie risquent
eux aussi de migrer à nouveau.
La « crise
des réfugiés » se déroule parallèlement à deux autres crises : une interminable
crise économique productrice de chômage chez les Européens et une crise
démographique qui fait planer la perspective de dépopulation. Les migrants
peuvent être vus à la fois comme un problème (ils viennent concurrencer les
natifs pour de maigres emplois disponibles), et une solution (ils pourront
remplacer les natifs qui manquent). Alors que la crise économique va passer, la
crise démographique va prendre de l’ampleur et sa résolution prendra du temps.
Les migrations de remplacement pourraient faire partie des réponses de l’Europe
à sa situation démographique.
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