Nora ANSELL-SALLES

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lundi 21 janvier 2013

LES FLAVONOÏDES DU THÉ



QUELS EFFETS SUR LA SANTÉ DU CŒUR ET DES VAISSEAUX ?

 

LA RECHERCHE EST UN LEVIER CLE DES INNOVATIONS ET OPTIMISATIONS

AU SEIN DU GROUPE UNILEVER

 

La science évolue. Unilever a toujours eu à coeur de communiquer de façon responsable. Pour cela, les experts du groupe sont en permanence à l’écoute des nouvelles données de la recherche. C’est dans ce contexte qu’Unilever a lancé en 2010 ses “Scientific Meetings”.

 

Objectif : réunir tous les ans des experts et leaders d’opinion autour d’un thème en lien avec la recherche menée dans les centres de R&D Unilever. Ces rendez-vous privilégiés permettent d’établir une passerelle entre le monde de la recherche académique et celui de l’industrie agro-alimentaire.

 

Les antioxydants, parmi lesquels on comptait les polyphénols, ont suscité depuis plus de deux décennies l’intérêt de nombreux scientifiques et ont soulevé beaucoup d’espoirs. Cependant, les connaissances ont évolué, apportant critiques et interrogations quant à leurs mécanismes d’action et leurs capacités à prévenir ou traiter certaines pathologies. Les biomarqueurs du stress oxydant couramment utilisés sont également remis en question, car il semble qu’ils ne permettent pas de poser un diagnostic clair et précis des conditions pathologiques.

 

La première édition des Scientific Meetings Unilever a permis de faire le point sur l’évolution des connaissances actuelles relatives aux polyphénols (et plus particulièrement aux flavonoïdes du thé), à leurs effets sur la santé, ainsi que sur le développement de nouveaux axes de recherche.

 

Au cours de cette journée, des scientifiques, spécialistes de biochimie, biologie cellulaire, physiopathologie ou génétique, ainsi que des responsables de la recherche Unilever, ont pris la parole devant une assemblée de

chercheurs. La journée a largement laissé la place aux discussions ouvertes et animées, afin d’alimenter un débat riche et constructif.

 

Aujourd’hui, il apparait que les bienfaits attribués aux flavonoïdes, très présents dans le thé, seraient imputables à d’autres fonctions que leur seule capacité antioxydante, en particulier leur capacité à protéger l’endothélium

vasculaire, paroi interne de nos vaisseaux.

 

OU TROUVE-T-ON DES FLAVONOÏDES ?

Une alimentation contenant des fruits et légumes est riche en flavonoïdes. Le thé, infusion des feuilles de Camellia Sinensis, est également une source importante de flavonoïdes. C’en est même la source la plus importante dans la majorité des pays occidentaux, ainsi qu’en Asie et au Moyen Orient3.


 
Thé et Risque

Cardiovasculaire

6 LES FLAVONOÏDES DU THÉ LES FLAVONOÏDES DU THÉ 7

Depuis plusieurs années, les chercheurs s’intéressent aux bienfaits du thé pour le système cardiovasculaire.

 

LES HYPOTHESES DE MECANISMES

Le stress oxydant a été longtemps considéré comme un facteur majeur de risque cardiovasculaire mais de nombreuses études récentes ont mis en avant le rôle central du dysfonctionnement de l’endothélium vasculaire dans

l’apparition des maladies ischémiques et cardiovasculaires.

 

Les flavonoïdes du thé modifient-ils le stress oxydant ?

Le stress oxydant est un point clé de la physiopathologie des maladies cardiovasculaires chez l’Homme. Deux hypothèses sont envisagées :

 

- la production d’espèces réactives de l’oxygène par l’endothélium vasculaire5 entraîne • L’oxydation des LDL (lipoprotéines de basse densité) et leur migration dans l’intima des vaisseaux • La phagocytose des LDL par les macrophages • La formation des cellules spumeuses qui font le lit de la plaque d’athérome - le stress oxydant est la conséquence d’un état vasculaire inflammatoire (Hypothèse “réponse à la rétention”6), dû à la rétention des LDL dans l’intima, en relation avec l’hypercholestérolémie, le diabète ou l’hypertension. La consommation de polyphénols diminue à court terme les niveaux de biomarqueurs du stress oxydant7;8. Cependant, le lien causal entre ces marqueurs et le risque cardiovasculaire n’est pas clairement démontré. Par ailleurs, la faible biodisponibilité des polyphénols in vivo ne permet pas de démontrer qu’ils soient directement responsables d’une activité antioxydante9.

 

Concernant les flavonoïdes du thé, les données chez l’homme démontrant un effet sur les biomarqueurs du stress oxydant sont rares et insuffisantes. Cette absence de résultat est en partie liée à un manque de marqueurs spécifiques de mesure du stress oxydant et/ou à un mécanisme d’action impliquant d’autres voies.

 

Les flavonoïdes du thé modifient-t-ils la fonction endothéliale ?

- L’endothélium vasculaire joue un rôle central dans la santé cardiovasculaire.

- La fonction endothéliale est un indicateur de risque cardiovasculaire.

Les flavonoïdes du thé affectent des voies de signalisation  impliquées dans la fonction endothéliale. Les effets bénéfiques de la consommation de thé sur la fonction endothéliale ont été rapportés dans de nombreuses études. La fonction de l’endothélium est évaluée par la mesure de la dilatation endothéliale dépendante du flux vasculaire, ou FMD (flow mediated dilation), au niveau de l’artère brachiale10.

 

Une augmentation de FMD est le signe d’une relaxation des cellules musculaires lisses vasculaires, sous l’action du monoxyde d’azote (NO) libéré par les cellules endothéliales.

 

Des études de cohortes ont montré qu’un faible niveau de FMD était associé à une augmentation de la mortalité :

- chez les patients avec maladie vasculaire11;12

- chez les sujets sains13;14.

 

De plus, une méta-analyse récemment publiée a montré qu’une détérioration de la FMD est significativement associée à la survenue d’évènements cardiovasculaires15. La consommation de thé (2 à 3 tasses par jour en moyenne) augmente significativement la FMD (+2,6%, p<0,001) (méta-analyse d’études intervention). Cet effet est indépendant de l’état de santé des patients, de leur FMD avant intervention et de leur âge16. L’effet bénéfique de la consommation de thé serait dû à une augmentation de la production de NO comme le suggèrent les études in vitro ou ex vivo montrant que le thé stimule l’activité de la NO synthase endothéliale et la production de monoxyde d’azote (NO)17.

 

Au côté des catéchines, d’autres constituants du thé responsables de la production de NO par les cellules

endothéliales n’ont pas été complètement identifiés chez l’homme et la voie d’activation de la NO synthase endothéliale n’est pas encore complètement connue, bien que de multiples hypothèses aient été formulées.

 

 

LES ETUDES

Plusieurs études, regroupées en méta-analyses, ont évalué le lien entre consommation de thé (au moins 3 tasses par jour) et risque cardiovasculaire. Elles ont montré :

- une réduction du risque d’infarctus du myocarde

(-11%)18

- une réduction du risque d’AVC (-21%)19.

Une méta-analyse récente rapporte également que la consommation de thé vert pourrait limiter le risque de maladie coronarienne20.

 

L’effet bénéfique observé serait dû essentiellement aux flavonols.

La consommation de flavonols, présents dans le thé vert à doses importantes sous forme de catéchines, est associée à :

- un risque réduit de cardiopathie ischémique21

- un risque réduit d’AVC22.

 

Pourquoi les études cliniques donnentelles parfois des résultats divergents ?

Les résultats des études cliniques d’intervention visant à étudier l’effet des polyphénols ne confirment pas toujours les observations des études épidémiologiques. Les protocoles des études sont difficilement comparables.

 

Les facteurs de variation identifiés sont23 :

- les diverses sources et formes de molécules utilisées

- les différentes doses testées

- la durée de traitement

- la biodisponibilité des composés à l’étude, qui varie avec la matrice alimentaire - le nombre de participants

- les paramètres mesurés

- les critères d’inclusion et d’exclusion

- la variabilité interindividuelle des sujets inclus, qui dépend du statut nutritionnel, des variants génétiques, du sexe, de l’âge, des pathologies associées, etc24;25;26.

Comment améliorer les études cliniques sur les flavonoïdes ?

La connaissance de ces facteurs de variation permet d’envisager diverses voies d’optimisation pour les futures

études :

- utiliser des formes naturelles de flavonoïdes

- les tester à des doses nutritionnelles

- contrôler autant que possible les facteurs nutritionnels affectant leur biodisponibilité

- utiliser une combinaison de flavonoïdes, proche de celle trouvée dans les aliments

- recruter des sujets petits consommateurs de flavonoïdes

- choisir des sujets dans une “fenêtre optimale”, à une étape supposée favorable à l’action des flavonoïdes (sujets petits consommateurs et à un stade précoce  de la pathologie).

 

Positions Références

d’Unilever

 

LES ANTIOXYDANTS, UNE FONCTION BIOCHIMIQUE PLUS QU’UNE FAMILLE

DE MOLECULES

Le terme antioxydant a été employé pour désigner des molécules extrêmement nombreuses et diverses, qui présentent de multiples fonctions et interviennent à des niveaux très variés dans la cellule ou l’organisme.

> L’appellation “antioxydant” est trop générale

et mal utilisée

> Il convient de dissocier cet ensemble de composés

et de les étudier séparément, pour identifier leurs rôles spécifiques.

LES FLAVONOÏDES, BIEN PLUS QUE DES ANTIOXYDANTS

Il apparait aujourd’hui que si les flavonoïdes du thé ont une activité antioxydante, cette fonction biochimique n’explique pas à elle seule toute l’ampleur des atouts santé du thé.

> Le thé est une source importante de flavonoïdes

> Les flavonoïdes du thé ont un effet protecteur

sur la fonction endothéliale vasculaire

> Cet effet, mesuré cliniquement (FMD)

est dose-dépendant

> 300 à 400 mg de flavonoïdes semblent être

la dose optimale.

 

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