Nora ANSELL-SALLES

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jeudi 23 octobre 2014

1 Français sur 10 prêt à se faire soigner à l’étranger[1]

 

Parmi les 11% de Français qui affirment s’être déjà fait soigner à l’étranger (2%) ou y avoir pensé (9%), les soins visés concernent très majoritairement le dentaire (67%) et sont liés à des motivations financières (66% évoquent le coût des soins inférieurs à ceux pratiqués en France) ou de délais d’attente (31% qui les jugent plus courts qu’en France, avec une pointe à 43% chez les personnes vivant dans des départements frontaliers).

 

Un symptôme des carences dans la prise en charge des soins dentaires en France

Cette prééminence du dentaire dans les intentions qu’auraient nos concitoyens à se faire soigner à l’étranger montre à quel point l’accès à ce type de soins est de loin le plus problématique en France pour la population générale. Si la qualité des professionnels n’est pas remise en cause, ce sont bien les questions d’accès aux soins, d’abord d’un point de vue financier et dans une moindre mesure en termes de délais, qui posent problème.

 

Le recours à des soins à l’étranger ne pouvant constituer une réponse sanitaire satisfaisante, cela rappelle l’urgence d’une mise à plat déjà revendiquée par le CISS des tarifs pratiqués par les chirurgiens-dentistes : ajustement des remboursements assurés par l’Assurance maladie obligatoire sur les soins conservateurs et les soins prothétiques, en contrepartie d’un encadrement des prix de ces derniers.

 

Le souci de l’après-soin et l’attachement au système de santé français

Car dans le dentaire comme dans les autres domaines, les réticences à choisir de se faire soigner à l’étranger sont grandes et largement majoritaires, d’abord du fait des craintes autour de l’après-soins : les difficultés relatives au suivi des soins après l’intervention et par rapport à un éventuel recours en cas d’accident médical sont évoquées, respectivement par 36% et 24% des 9 Français sur 10 qui n’envisagent pas de se faire soigner à l’étranger, comme raison principale à cela.

 

Par ailleurs, c’est l’attachement au système de santé français qui constitue l’explication de ce non-recours aux soins à l’étranger pour 31 % d’entre eux.

Nos concitoyens ont donc majoritairement conscience des problèmes de qualité que peut poser le recours aux soins à l’étranger. Ils attachent de l’importance à pratiquer leurs soins en France aussi pour contribuer à la qualité du système de santé français et à l’activité des professionnels qui y exercent. Il est essentiel de se donner collectivement les moyens de faire vivre cette source d’activité économique solidairement financée.

 

Dans la pratique, le dentaire représente 2,5 % des soins pratiqués à l’étranger remboursés par la Sécurité sociale

La prise en charge des soins à l’étranger reste principalement orientée vers les soins non programmés réalisés au cours d’un séjour à l’étranger notamment en cas d’urgence (hospitalisation par exemple) ou de soins ne pouvant être interrompus dans le cadre de maladies au long cours (dialyse notamment). C’est ce type de soins à l’étranger qui est de loin le plus pris en charge par la Sécurité sociale : parmi l’ensemble des prestations remboursées, environ 80 % sont liées à l’hospitalisation et 7% à la dialyse d’après le rapport 2013 du Centre national des soins à l’étranger.

 

Les assurés sociaux en France doivent être mieux informés de leurs droits quant à la prise en charge de soins effectués à l’étranger en fonction de règles spécifiques à chaque pays, à la condition que les soins en question fassent partie de ceux remboursés en France et dans la limite des tarifs conventionnels. Cette prise en charge est d’autant facilitée si les soins sont réalisés au sein d’un Etat membre de l’Union européenne (+ Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) et que la personne détient une « carte européenne d’assurance maladie ».

 




[1] Enquête LH2 pour le CISS, réalisée auprès d’un échantillon de 1224 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, recrutés par téléphone et interrogés par Internet (il ne s’agit pas d’un access panel) les 8 et 9 octobre 2014.
 
 
 

Sécurité sociale