Nora ANSELL-SALLES

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jeudi 19 janvier 2023

4ème conférence internationale sur les résections sous-lobaires pour cancer broncho-pulmonaire : Regard du Dr Dominique Gossot


Les 12 et 13 janvier s'est tenue à la Cité Universitaire la 4ème conférence internationale sur les résections sous-lobaires pour cancer broncho-pulmonaire. Cette conférence est organisée depuis 2018 par le département de chirurgie thoracique de l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM). La première édition avait eu lieu en 2018 à l'IMM et les deux éditions suivantes à New-York (en 2019) en collaboration avec l'Université de Cornwell puis à Yamagata au Japon (en 2021). Le succès de l'édition 2023, avec près de 300 chirurgiens venus de 42 pays, a conduit à l'organiser à la Cité Universitaire pour disposer d'un vaste espace.

Le Dr Dominique Gossot de l'Institut  mutualiste  Montsouris, qui est intervenu lors de cette conférence, nous livre son regard sur ces deux journées.


Quel était le contexte de la conférence ?
Avec 40000 nouveaux cas par an, le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer. Depuis quelques années, d'immenses progrès ont été accomplis par les traitements médicaux, avec des chimiothérapies de plus en plus performantes et le développement de l'immunothérapie. Cette dernière thérapeutique permet chez les patients répondeurs, c’est-à-dire ceux présentant les mutations de gêne adéquates, une survie très prolongée et même une guérison. Chez les patients non opérables en raison de leur âge ou de leur condition, la radiothérapie est un autre traitement efficace qui a également fait de grands progrès. Toutefois, en 2023, la chirurgie reste le traitement de référence des cancers du poumon de stade dits "précoce". Chez les patients opérables, c'est le traitement préconisé par les recommandations scientifiques. Jusqu'à une époque récente, la chirurgie de référence des cancers de stade précoce était l'ablation complète d'un lobe du poumon, appelée lobectomie, intervention souvent réalisée en ouvrant le thorax (thoracotomie). Deux progrès fondamentaux sont apparus au cours des dernières années: 1) la possibilité de faire des interventions majeures à thorax fermé et 2) la réalisation d'une chirurgie dite d'épargne parenchymateuse, c’est-à-dire préservant au mieux la capacité respiratoire tout en respectant les critères d'une chirurgie carcinologique, donc sans compromettre la survie du patient. Les poumons comprennent deux lobes (à gauche) et trois lobes (à droite). Chaque lobe est formé de segments.  La chirurgie d'épargne parenchymateuse consiste à limiter la résection à un ou deux segments et est appelée segmentectomie ou résection sous-lobaire. Bien que la résection réalisée soit plus petite qu'une lobectomie, la technique est infiniment plus complexe et impose le recours à de nombreuses technologies, comme la modélisation en 3 dimensions ou l'imagerie infra-rouge.
L'autre contexte dans lequel se déroulait cette 4ème conférence est celui d'un intérêt croissant dans le monde pour le dépistage du cancer du poumon. Il y a dix ans, une étude nord-américaine avait montré un bénéfice de survie avec le dépistage. Une confirmation était en attente. Elle est venue en 2020 avec l'étude NELSON, coordonnée par la Belgique et la Hollande. A l'inverse d'autres cancers pour lequel l'intérêt du dépistage est encore questionné, cette étude a montré un gain de survie de 20% chez les hommes et de 30% chez la femme. La conséquence est que certains pays comme, par exemple l'Angleterre, instaurent actuellement un dépistage institutionnel. Dans d'autres pays, comme la France, la réflexion est encore en cours mais un dépistage non officiel et institutionnel s'organise. Citons l'étude CASCADE à l'Hôpital Cochin (Paris). Actuellement, les stades précoces représentent environ 20% des cancers bronchiques, la plupart des stades avancés n'étant pas opérables. Il est envisagé que d'ici quelques années, le dépistage fasse monter la proportion de stades précoces à 80%. Dans l'état actuel de nos connaissances et des recommandations, la majorité de ces patients devront se voir proposer un traitement chirurgical. Or il est difficilement envisageable de réaliser une lobectomie chez tous les patients, le plus souvent jeunes et sans symptômes, intervention source de séquelles respiratoires et ayant donc un impact sur la qualité de vie. D'où l'intérêt croissant dans le monde pour les résections sous-lobaires.

Quel était son objectif ?
Le but de la 4ème conférence internationale était donc de faire le point sur les progrès en cours, progrès en grande partie influencés par les résultats d'un essai japonais de phase III (essai JCOG 0802) dont les résultats viennent d'être publiés dans le Lancet. L'essai a inclus plus de 1000 patients suivis pendant 7 ans et randomisés entre lobectomie et segmentectomie. Il a démontré un bénéfice significatif sur la survie en faveur du groupe segmentectomie. Le Pr Asamura, co-auteur de l'étude, a commenté l'étude. Les résultats partiels d'un essai nord-américain (CALBG 140503) ont également été présentés par le Dr Villena-Vargas de New-York et semblent aboutir aux mêmes conclusions. Les résultats complets et définitifs devraient être présentés à l'AATS à Los Angeles au mois de mai 2023. Un point sur la tendance observée en Chine a été fait par le Dr Jiang de Shangai et en Europe par le Dr Brunelli de Leeds.
Les deux jours de la conférence ont été consacrés aux multiples aspects techniques de cette chirurgie. L'après-midi du Vendredi a donné un aperçu du futur et de la place de certains traitements non-chirugicaux. La dernière session, modérée par les Pr Christopher Cao (Sydney) et Nicolas Girard (Institut du Thorax Curie-Montsouris, Paris) a ouvert plusieurs perspectives aux chirurgiens, en particulier sur la destruction de tumeurs par navigation endobronchique. Les deux leaders que sont le Dr Kelvin Lau de Londres et le Dr Calvin Ng de Hong-Kong ont rapportés des résultats prometteurs. Signalons sur le département de chirurgie thoracique l'Institut Mutualiste Monsouris, sous l'impulsion de Dr Agathe Seguin-Givelet, a récemment réalisé avec succès les 3 premiers cas européens (en dehors des cas londoniens). 

Avec 250 participants présents  physiquement et 100 à distance cette 4ème conférence  internationale est un succès. 


Rôle de l'Institut Mutualiste Montsouris et de l'Institut du Thorax Curie-Montsouris
Ce n'est donc pas un hasard si la conférence est organisée depuis 2018 par l'Institut Mutualiste Montsouris. L'IMM fait partie de l'Institut du Thorax Curie-Montsouris (ITCM) qui comprend les départements de chirurgie thoracique et de pneumologie de l'IMM et le département d'oncologie thoracique de l'Institut Curie et est coordonné par le Pr Nicolas Girard. Le département de chirurgie thoracique de l'IMM a réalisé près de 1000 résections sous-lobaires à thorax fermé pour cancer, ce qui constitue de loin la plus large expérience européenne, expérience rapportée dans de nombreux articles scientifiques et congrès internationaux. Ceci explique en partie l'attrait de la conférence pour les chirurgiens de nombreux pays, sans oublier la qualité de son organisation. 

Propos recueillis auprès du Dr Dominique Gossot
Département Thoracique
Institut du Thorax Curie-Montsouris
par Nora Ansell-Salles

👉A lire sur le même sujet sur Mine d'Infos:

lundi 29 mars 2021

IMM : Paroles de patients et visiteurs (suite)

Avant propos 
Je tiens à remercier : Roger Motte, pour sa confiance;
le Dr Dominique Gossot & Laurence Bourgine pour la rapidité de leurs retours en une période que l'on sait très chargée.

Force et courage aux équipes de l'IMM.


👉 Regard du docteur Dominique Gossot du Département Thoracique de l'Institut du Thorax Curie-Montsouris
IMM.

Le journal de bord de Roger MOTTE,  hospitalisé dans votre service, posté en live sur les réseaux sociaux et son retour d'expérience publié sur Mine d'Infos
vous a-t-il touché ?

Le témoignage de M. Roger Motte touche son chirurgien et je le transmets à notre cadre infirmier, Mme Catherine Ramalho.
Car lorsque l’on a, comme nous tous, le “nez dans le guidon”, on finit par ne plus voir qu’il y a des choses qui fonctionnent bien (de même parfois des choses qui fonctionnent moins bien). 
Je suis reconnaissant aux patients qui prennent la peine et le temps de nous le faire savoir. Cela nous conforte dans notre démarche de qualité ou nous aide à nous améliorer quand c'est nécessaire.


👉 Laurence Bourgine
Directrice de la communication de l' IMM lève le voile sur les retours en interne.


Est-il habituel que des patients hospitalisés à l'IMM commentent leur séjour en live sur les réseaux sociaux ? 

Habituel non mais ça arrive.

Avez-vous relayé le journal de bord publié par Roger Motte sur  Instagram /Twitter ? 

Je fais toujours suivre aux équipes concernées.

Comment les équipes ont-elles réagi ? 

Elles me remercient car évidemment ça leur fait toujours plaisir et ils transmettent à toute leur équipe ensuite lorsque ça les concerne.

Un commentaire sur les bémols évoqués ?

Pour les points noirs, il faudrait enquêter car on a aussi de bons retours sur ces sujets.


Comment l'IMM, traverse t-il la crise du Coronavirus ?

Pour le Covid, nous avons accueilli au total plus de 220 patients au Printemps (1ere vague), nous en avons aussi accueilli beaucoup lors de la 2e vague et nous en avons actuellement dans deux unité Covid en hospitalisation et en réanimation. Les interventions graves et urgentes sont et ont toujours été assurées, les patients atteints de cancer sont bien sûr toujours soignés, les interventions en ambulatoires sont maintenues, notre maternité poursuit son activité mais le reste est assez perturbé évidemment.

Propos recueillis auprès du Dr Dominique Gossot et de Laurence Bourgine par Nora Ansell-Salles 


* Témoignage de Roger Motte