Nora ANSELL-SALLES

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jeudi 5 décembre 2013

A propos d’éventuels effets indésirables graves de la vaccination anti-papillomavirus humains en France


Pierre BÉGUÉ, François BRICAIRE

Au nom de la commission VII (Maladies infectieuses et médecine tropicale).

  
A l’occasion de faits récents mettant en cause la responsabilité du vaccin anti-papillomavirus (HPV) Gardasil ® dans la survenue d’un cas de démyélinisation chez un jeune fille de 15 ans, l’Académie nationale de médecine tient à rappeler les points suivants :

Toute vaccination constitue une stimulation antigénique provoquant une réponse immune nécessaire à la protection recherchée.

Vouloir prouver une relation entre un geste aussi fréquent que la vaccination et un fait pathologique rare, tel qu’une maladie démyélinisante, est extrêmement difficile [1]. A ce sujet, il importe de souligner qu’il ne faut pas confondre causalité et simple coïncidence temporelle.

Les vaccins HPV font ainsi l’objet d’une surveillance particulière au regard des Maladies auto-immunes (MAI). En effet, les MAI étant plus fréquentes chez les femmes jeunes, la recommandation d’une telle vaccination généralisée chez les adolescentes et les femmes jeunes a déterminé la mise en place d’études de cohortes concernant cette tranche d’âge, afin de connaître la prévalence des MAI avant la diffusion de ces vaccins et de pouvoir ainsi surveiller leur évolution post-vaccinale.

A ce jour, les études scientifiques de bonne qualité n’ont jamais démontré de relation entre un vaccin et une maladie neurologique démyélinisante ou toute autre MAI. La première cohorte étudiée en 2006 à partir de bases de données en Californie du Nord avant la mise en place de la vaccination HPV a estimé le nombre de cas attendus de plusieurs maladies dans un délai de 6 semaines après une vaccination virtuelle [2]. D’autres cohortes ont été étudiées ensuite, en particulier au Danemark, aux Etats–Unis. Elles ne montrent pas de différence entre les maladies auto-immunes spontanées et celles qui surviennent dans les populations de vaccinées [3, 4, 5].

En France, l’étude de cohorte menée sur les affections de longue durée (ALD) à partir des données du Système d’Information Inter-Régimes de l’Assurance maladie (SNIIRAM), prévue dans le Plan de Gestion de Risques français (PGR), analyse l’incidence de neuf maladies auto-immunes chez 1 083 978 jeunes femmes vaccinées (en comparaison de 4 660 575 jeunes femmes non vaccinées). Il n’y a pas de différence des taux d’incidence des maladies auto-immunes étudiées entre les groupes des vaccinées et des non vaccinées (2,14 pour 10 000 personnes-années chez les vaccinées, 2,06 pour 10 000 personnes-années chez les non vaccinées) [6].

  
Il faut rappeler que les avantages des vaccinations se mesurent en termes de bénéfice pour les populations: éradication mondiale de la variole, élimination de la diphtérie, de la poliomyélite en France ou quasi disparition du tétanos. Une évaluation objective et de qualité ne devrait se faire qu’en terme d’analyse bénéfice-risque. C’est ainsi que, comme tous les vaccins, les vaccins anti-papillomavirus sont dans cette lignée. Ils ont démontré leur intérêt pour la prévention des lésions prédisposant au cancer du col utérin [7]. Leur recommandation pour la prévention de cette maladie demeure donc justifiée et ni le vaccin ni le vaccinateur ne doivent être discrédités.

 

 

Références

 

[1] Begue P, Girard M, Bazin H, Bach JF. Les adjuvants vaccinaux: quelle actualité en 2012 ? Bull.Acad.Natle.Med. 2012 ; 196 : 1177-81 et rapport www .academie-medecine.fr.

 

[2]Siegrist CA, Lewis EM, Eskola J, Evans SJ, Black SB. Human papillomavirus immunization in adolescent and young adults. A cohort study to illustrate what events might be mistaken for averse reactions. Pediatr Infect Dis J. 2007; 26: 979-84.

[3] Chao C, Klein NP, Velicer CM, et al.  Surveillance of autoimmune conditions following routine use of quadrivalent human papillomavirus vaccine. J Intern Med. 2012 ; 271:193-203.

[4] Arnheim-Dahlström L, Pasternak B, Svanström H, Sparén P, Hviid A. Autoimmune, neurological, and venous thromboembolic adverse events after immunisation of adolescent girls with quadrivalent human papillomavirus vaccine in Denmark and Sweden: cohort study. BMJ. 2013 ; 347:5906. doi: 10.1136/bmj.f5906.

[5]Rassmussen T A, Jorgensen M, Bjerrum S et al. User of population based background rates of disease to assess vaccine safety in childhood and mass immunisation in Denmark: nationwide population based cohort study. BMJ. 2012; 345: e 5823.

[6] Commission nationale de pharmacovigilance. Suivi national des effets indésirables

du vaccin papillomavirus humain Gardasil®. 22 novembre 2011.  www.ansm.sante.fr  

 

[7] Bégué P,henrion R, Blanc B, Girard M , Sancho-garnier H. les vaccins des papillomavirus humains .Leur place dans la prévention du cancer du col utérin. Bull.Acad.Natle.Med. 2007 ; 191 :1805-17.

 
 

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt avec le contenu de ce communiqué.

 

 

mardi 15 janvier 2013

LIBRES PROPOS : Jacques DRAUSSIN


Lorsque l’enfant paraît

 

Entre les effets secondaires des pilules destinées à préserver les femmes  des grossesses non-désirées et les effets collatéraux des happenings de rue censés préserver la société des grossesses préfabriquées, la parentalité aura décidément été au cœur de l'actualité sanitaire et sociale de la semaine.

La contraception accoucherait donc de progestatifs dégénérés à l'insu de notre plein gré, alors que le mariage « pour tous », sonnerait le tocsin d'une cellule familiale façonnée tout à la fois par les siècles, les saintes Ecritures et l'ami Ricoré.

Une femme, un homme, des enfants. Les disciples de Frigide Barjot – égérie des boites de nuit germanopratines et des sacristies intégristes – ont bien tort de se faire peur car il est probable que le modèle de base ait encore un peu d'avenir.

A force de jurer leurs Grands Dieux qu'ils ne sont pas homophobes, les opposants au mariage gay [l'expression « mariage pour tous » est une escroquerie de cul béni] auront d'ailleurs fini par en légitimer le principe.

D'accord pour reconnaître l'union de 2 hommes ou de 2 femmes. D'accord pour leur accorder les mêmes droits en matière d'impôts, de succession ou de réversion des retraites. D'accord  sur tout, sauf sur la définition de la famille. On voudrait tant la garder dans son cocon d'éternité que ceux-là mêmes qui se prétendaient presque  « gay-friendly » samedi ont entonné dimanche des chants d'intolérance terribles parce qu'égrenés avec la sérénité doucereuse d'une bonne conscience dégoulinante.

Qu'on l'accepte ou non, la famille a changé. Inutile de s'appesantir sur la litanie des chiffres : en 2012, on aura compté davantage de naissances hors mariage qu'au sein des couples civilement unis. 2,8 millions d'enfants vivent dans une famille monoparentale et 1,6 million dans une famille recomposée, plusieurs dizaines de milliers déjà dans une famille homoparentale.

Cette vérité là est plus probante et incontestable que celle du nombre de manifestants arrivés sur le Champ de Mars le 13 janvier.

L'adoption ouverte aux couples homosexuels bouleversera-t-elle le schéma traditionnel de la famille ? En ce début d'année 2013, 28.000 foyers  - bien hétéro comme il faut – sont en demande d'adoption… qui ne peut être satisfaite, faute d'enfants adoptables ici comme ailleurs. Un afflux, même massif, de dossiers déposés par des couples homosexuels ne changerait pas grand-chose  au problème.

Reste la délicate question de la Procréation Médicalement Assistée – heureusement retirée du projet de loi sur le mariage – qui devrait logiquement être débattue, non pas dans le cadre d'un texte à venir sur la famille, mais dans celui d'une réforme de la loi de bioéthique.

C'est cette loi qui fixe la règle de la PMA. 2 conditions impératives sont nécessaires [outre celle de vivre en couple déclaré depuis au moins 2 ans]. La première condition est « une infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué ». La seconde est le risque de « transmission à l'enfant ou à un membre du couple, d'une pathologie grave ».

Inutile de préciser que l'homosexualité en tant que telle ne peut être invoquée pour en justifier le recours… sauf à être considérée comme une cause d'infertilité définitive ou une maladie transmissible !

Pour obtenir gain de cause, Frigide Barjot et ses ouailles devraient donc se contenter d'une bataille juridique si elles voulaient espérer obtenir gain de cause sur le chapitre de la filiation.

La démarche s'avère évidemment moins télégénique mais, curieusement, c'est sans doute du côté de la bioéthique qu'elles trouveraient les appuis qui leur manquent en dehors de la morale confessionnelle.

Jacques DRAUSSIN