đ„ EXCLUSIF / Coup de projecteur sur le systĂšme de protection sociale ivoirien Ă l'aune de la prĂ©sidentielle du 25 octobre 2025
AVANT PROPOS
La couverture de la JournĂ©e Internationale de la femme mutualiste (JIFM) qui s'est tenue en juillet dernier Ă Abidjan a suscitĂ© un vif intĂ©rĂȘt chez les lecteurs de "Mine d'Infos" qui ont envoyĂ© de nombreuses questions Ă la rĂ©daction :
đ€ Ă quand remonte le systĂšme de protection sociale en CĂŽte d'Ivoire ?
đ€ Qui l’a mis en place ?
đ€ Que recouvrait-il au dĂ©part ?
đ€ Comment a t-il Ă©voluĂ© ?
đ€ Quelles sont les perspectives d'Ă©volution Ă 5 ans ?
đ€ Quelles sont les principales attentes des Ă©lecteurs ivoiriens Ă la veille de la prĂ©sidentielle ?
Etc.
La rédaction de "Mine d'Infos" a décidé de consacrer un dossier complet [ bilan/perspective] articulé en trois parties.
- 1 ĂRE PARTIE
GenĂšse du systĂšme de protection sociale bilan et perspective
đ Par Mme Fatou Fofana SORO*, Directrice GĂ©nĂ©rale de la Protection Sociale au sein du MinistĂšre.
đ Et MaĂźtre Adama KAMARA, Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale
- 2 ĂME PARTIE**
Les évolutions récentes du systÚme de protection sociale en santé :
La place des mutuelles dans l'accÚs aux soins de santé.
Défis et perspectives
đ Par Mr Jean-Victor AYITE, Directeur GĂ©nĂ©ral du Programme d'appui aux stratĂ©gies sociales(Pass)
- 3 ĂME PARTIE***
Coup de projecteur sur les engagements des candidats à la élection présidentielle du 25 octobre 2025 en matiÚre de protection sociale.
đ GenĂšse du systĂšme de protection sociale
Avant mĂȘme l’accession de la CĂŽte d’Ivoire Ă l’indĂ©pendance, les bases d’un systĂšme de protection sociale avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© posĂ©es sous l’administration coloniale. L’arrĂȘtĂ© n° 8868 ITLS institua la Caisse de Compensation des Prestations Familiales (CCPF), chargĂ©e de gĂ©rer et de verser des allocations aux travailleurs exerçant sur le territoire ivoirien, qu’ils soient employĂ©s par une structure publique ou privĂ©e. Ce dispositif, inspirĂ© du modĂšle français, visait essentiellement Ă soutenir les familles des salariĂ©s du secteur formel, Ă une Ă©poque oĂč la grande majoritĂ© de la population vivait de l’agriculture de subsistance sans couverture sociale.
Dans la mĂȘme logique, le dĂ©cret n°57-245 du 24 fĂ©vrier 1957 introduisit un rĂ©gime d’Accidents du Travail et de Maladies Professionnelles (AT/MP), reconnaissant pour la premiĂšre fois la nĂ©cessitĂ© d’indemniser les victimes de risques professionnels.
Ces deux instruments, bien que limitĂ©s dans leur portĂ©e, marquaient une avancĂ©e majeure : ils posaient les premiĂšres pierres d’une reconnaissance institutionnelle des droits sociaux des travailleurs en CĂŽte d’Ivoire.
Ils serviront de socle Ă la construction, aprĂšs 1960, d’un systĂšme national de protection sociale en perpĂ©tuel renforcement.
A peine indĂ©pendante, la CĂŽte d’Ivoire se dote rapidement de ses propres institutions sociales. La loi n°60-314 du 21 dĂ©cembre 1960 institue la Caisse de Retraite des Travailleurs de CĂŽte d’Ivoire (CRTCI), premiĂšre structure nationale chargĂ©e de verser une pension aux travailleurs salariĂ©s ayant atteint l’Ăąge lĂ©gal de retraite ou Ă leurs ayants droit.
Quelques annĂ©es plus tard, la loi n°62-405 du 7 novembre 1962 organise le rĂ©gime des pensions civiles pour les fonctionnaires, d’abord gĂ©rĂ© directement par le TrĂ©sor public.
En 1964, la loi n°64-48 retire la gestion de la branche retraite Ă la CRTCI qu’elle confie Ă la Caisse de Compensation des Prestations Familiales de CĂŽte d’Ivoire (CCPF-CI) qui devient la Caisse de Compensation des Prestations Familiales et des Accidents du Travail de CĂŽte d’Ivoire (CCPF AT-CI). Mais le tournant majeur intervient en 1968 avec la loi n°68-595 portant Code de PrĂ©voyance Sociale, qui crĂ©e la Caisse Nationale de PrĂ©voyance Sociale (CNPS). Cet organisme unifiĂ© gĂšre dĂ©sormais les prestations familiales, l’assurance maternitĂ©, les retraites ainsi que les accidents du travail et maladies professionnelles.
En parallĂšle, l’Ătat introduit une politique d’aide directe aux plus vulnĂ©rables. Par le dĂ©cret n°67-524 du 28 novembre 1967, il institue les secours sociaux qui sont des allocations exceptionnelles attribuĂ©es Ă titre gracieux sous forme d’aides mĂ©dicales, scolaires, alimentaires, ou de financements d’activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus. Ces mesures, bien que modestes, amorcent une logique d’assistance non contributive qui complĂšte les rĂ©gimes classiques.
Dans les annĂ©es 1970, la protection sociale des agents publics prend une dimension supplĂ©mentaire. Le dĂ©cret n°73-176 du 27 avril 1973 crĂ©e la Mutuelle GĂ©nĂ©rale des Fonctionnaires et Agents de l’Ătat de CĂŽte d’Ivoire (MUGEF-CI), afin de couvrir les besoins de santĂ© et d’entraide sociale des agents publics.
Puis en 1977, le dĂ©cret n°77-210 du 5 avril 1977, portant application de l'ordonnance n 77-206 du 5 avril 1977, institue la Caisse GĂ©nĂ©rale de Retraite des Agents de l’Ătat (CGRAE), distincte du TrĂ©sor, pour prendre en main la gestion des pensions civiles. La CGRAE connaĂźtra par la suite plusieurs Ă©volutions statutaires : Ă©tablissement public industriel et commercial en 1992, sociĂ©tĂ© d’Ătat en 1997, avant d’ĂȘtre rĂ©formĂ©e en profondeur en 2012 pour devenir une Institution de PrĂ©voyance Sociale (IPS-CGRAE), avec autonomie et rĂšgles de gestion conformes aux standards de la ConfĂ©rence Interafricaine de la PrĂ©voyance Sociale (CIPRES).
Ă la fin du XX siĂšcle, l’Ătat modernise le cadre juridique des institutions sociales : la loi n°99-476 du 2 aoĂ»t 1999 portant dĂ©finition et organisation des Institutions de PrĂ©voyance Sociale est adoptĂ©e. En exĂ©cution de cette loi le dĂ©cret n°2000-487 du 12 juillet 2000 Ă©rige la CNPS en IPS-CNPS.
C’est aussi l’Ă©poque de la prise en compte accrue des droits des personnes vulnĂ©rables.
En 1997, la CĂŽte d’Ivoire a marquĂ© un tournant dans sa politique d’inclusion en initiant le premier recrutement dĂ©rogatoire des personnes en situation de handicap dans la fonction publique. Cette mesure pionniĂšre visait Ă favoriser leur accĂšs Ă l’emploi public et Ă garantir l’Ă©galitĂ© des chances. Depuis cette premiĂšre Ă©tape, le pays a progressivement institutionnalisĂ© ce mĂ©canisme. Ainsi, entre 1997 et 2025, ce sont 12 concours dĂ©rogatoires qui ont Ă©tĂ© organisĂ©s, dont 10 sur la seule pĂ©riode 2015-2025, traduisant la volontĂ© du gouvernement d’accĂ©lĂ©rer et de renforcer l’insertion professionnelle des personnes handicapĂ©es dans l’administration publique.
Le 10 novembre 1998, la loi n°98-594 d’orientation en faveur des personnes handicapĂ©es consacre le principe d’Ă©galitĂ© des droits dans l’Ă©ducation, l’emploi, la formation et les loisirs. Par la suite, plusieurs mesures sont venues en renforcer l’application : en 2018, le dĂ©cret n°2018-456 fixe un quota d’embauche dans le secteur privĂ© (au moins un salariĂ© handicapĂ© pour 100 employĂ©s, et 2 % au-delĂ ). En 2021, deux Commissions techniques d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) sont créées, l’une pour le secteur public, l’autre pour le secteur privĂ©. Enfin, l’opĂ©rationnalisation du Fonds d’Insertion des Personnes en Situation de Handicap (FIPSH) par le dĂ©cret n°2023-88 du 15 fĂ©vrier 2023 constitue un pas important pour soutenir l’insertion et le maintien en emploi des travailleurs handicapĂ©s, y compris ceux devenus invalides Ă la suite d’un accident du travail.
En 2012, une rĂ©forme dĂ©cisive a marquĂ© un vĂ©ritable tournant dans l’organisation de la protection sociale en CĂŽte d’Ivoire. Avec la dissolution de la CGRAE-SODE et la crĂ©ation de l’Institution de PrĂ©voyance Sociale – CGRAE (IPS-CGRAE), l’Ătat a dotĂ© le systĂšme de retraite d’un cadre moderne, autonome et conforme aux standards de la ConfĂ©rence Interafricaine de la PrĂ©voyance Sociale (CIPRES). Cette transformation a permis de passer d’une structure fortement dĂ©pendante de l’administration centrale Ă une institution de prĂ©voyance disposant d’une autonomie de gestion et d’une gouvernance plus transparente, capable de renforcer la qualitĂ© et l’efficacitĂ© des services offerts aux assurĂ©s.
Dans le mĂȘme Ă©lan, la CNPS a vu son statut d’Institution de PrĂ©voyance Sociale consolidĂ©, assurant une cohĂ©rence entre les deux grandes caisses du pays. L’objectif Ă©tait double : renforcer la transparence et la viabilitĂ© financiĂšre des rĂ©gimes, tout en modernisant les services offerts aux assurĂ©s. Depuis, cette rĂ©forme a servi de socle Ă l’extension progressive de la couverture sociale et Ă l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de service, prĂ©parant le systĂšme ivoirien aux dĂ©fis de l’universalitĂ© et de l’inclusion.
En 2014, la CĂŽte d’Ivoire franchit un cap majeur. La loi n°2014-135 du 24 mars 2014 institue la Couverture Maladie Universelle (CMU), obligatoire pour tous les rĂ©sidents. Elle repose sur deux rĂ©gimes : le RĂ©gime GĂ©nĂ©ral de Base (RGB), financĂ© par une cotisation modeste, et le RĂ©gime d’Assistance MĂ©dicale (RAM) pour les plus dĂ©munis. Le dĂ©cret n°2014-395 crĂ©e l'Institution de PrĂ©voyance Sociale - Caisse Nationale d'Assurance Maladie (IPS-CNAM), chargĂ© de de gĂ©rer ce dispositif inĂ©dit.
Dans cette dynamique, la lutte contre la pauvretĂ© s’intensifie. La StratĂ©gie nationale de protection sociale (SNPS) est adoptĂ©e en mai 2014 par le Gouvernement. Elle vise Ă construire progressivement un systĂšme de protection sociale qui renforce les capacitĂ©s des mĂ©nages et des individus les plus vulnĂ©rables et permette aux populations de gĂ©rer les risques. Elle s’inscrit dans la volontĂ© du PrĂ©sident de la RĂ©publique de favoriser une CĂŽte d’Ivoire Ă©mergeante en 2020, ou toutes les couches sociales profitent des richesses du pays.
La SNPS donne naissance, notamment, en 2015 au projet des Filets Sociaux Productifs, qui octroie des transferts monĂ©taires trimestriels (36 000 FCFA) et un accompagnement pour le dĂ©veloppement d’activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus au profit des mĂ©nages les plus pauvres.
En 2019, la CĂŽte d’Ivoire a marquĂ© un tournant dans sa politique sociale avec le lancement du Programme Social du Gouvernement (PSGouv 2019-2020), qui visait Ă traduire la croissance Ă©conomique en amĂ©lioration concrĂšte des conditions de vie des populations, Ă travers l’accĂšs aux services sociaux de base, la lutte contre la pauvretĂ© et la crĂ©ation d’opportunitĂ©s d’emploi pour les jeunes et les femmes. Ce premier programme, conçu comme une rĂ©ponse directe aux attentes pressantes des populations, a jetĂ© les bases d’une action publique plus visible et plus proche des besoins rĂ©els des Ivoiriens. Fort de ces acquis, le Gouvernement a lancĂ© en 2022 le PSGouv 2 (2022-2024), qui s’inscrit dans une logique de continuitĂ© et de renforcement, mais avec une ambition Ă©largie : consolider les acquis du premier programme tout en accĂ©lĂ©rant la transformation sociale. En mettant un accent particulier sur la Couverture Maladie Universelle (CMU), les filets sociaux productifs, l’employabilitĂ© des jeunes et des femmes, et l’accĂšs des mĂ©nages vulnĂ©rables aux services sociaux essentiels, le PSGouv 2 s’est voulu un levier stratĂ©gique pour rĂ©duire durablement la pauvretĂ©, renforcer la cohĂ©sion sociale et faire de la protection sociale un pilier de l’Ă©mergence ivoirienne Ă l’horizon 2030.
Concernant les retraites, le Gouvernement a adoptĂ© des innovations pour amĂ©liorer les conditions de vie de ces anciens serviteurs de l'Ătat. Le dĂ©cret n°2020-528 du 24 juin 2020 institue un rĂ©gime complĂ©mentaire par capitalisation au profit des fonctionnaires et agents de l’Ătat.
Le 6 aoĂ»t 2024, une prime spĂ©ciale pour tous les retraitĂ©s est instaurĂ©e par le Chef de l’Etat. Cette prime correspond au tiers (1/3) de leur pension mensuelle. Le 6 aoĂ»t 2025 le Chef de l’Etat a dĂ©cidĂ© d’augmenter la prime spĂ©ciale de retraite en la faisant passer d’un tiers (1/3) Ă deux tiers (2/3) Ă compter du 1er septembre 2025. La prime est payable chaque 1er septembre. La prime spĂ©ciale est rĂ©gie par les ordonnances n°2025-407 et 408 du 18 juin 2025.
Enfin, dans une logique de sĂ©curisation du secteur mutualiste, l’ordonnance n°2024-1043 du 5 dĂ©cembre 2024 crĂ©e le Fonds National de Garantie des Mutuelles Sociales (FOMUS-CI), destinĂ© Ă prĂ©venir les dĂ©faillances des mutuelles et Ă garantir les droits de leurs membres.
En l’espace de soixante-cinq (65) ans, la CĂŽte d’Ivoire est passĂ©e d’un systĂšme embryonnaire rĂ©servĂ© aux salariĂ©s formels Ă une architecture beaucoup plus inclusive et diversifiĂ©e, combinant rĂ©gimes contributifs, dispositifs d’assistance et mĂ©canismes spĂ©cifiques pour les plus vulnĂ©rables. Si le chemin vers une vĂ©ritable universalitĂ© demeure semĂ© de dĂ©fis (financement durable, couverture des travailleurs informels, amĂ©lioration de la qualitĂ© des services), les rĂ©formes successives tĂ©moignent d’une volontĂ© politique constante de bĂątir une protection sociale solidaire et moderne, au service de tous les citoyens.
đ Que recoupait le terme “protection sociale” Ă l’Ă©poque ?
Dans les annĂ©es 1950-1960, la protection sociale en CĂŽte d’Ivoire visait avant tout les travailleurs salariĂ©s des secteurs public et privĂ© formel. Elle reposait essentiellement sur un principe contributif et seuls ceux qui cotisaient pouvaient bĂ©nĂ©ficier de droits.
Elle couvrait principalement :
• Les allocations familiales (Caisse de Compensation des Prestations Familiales – CCPF) pour soutenir les familles des salariĂ©s.
• Les risques professionnels (accidents du travail, maladies professionnelles) grĂące au dĂ©cret de 1957.
• Les pensions de retraite, CRTCI puis CNPS pour les travailleurs salariĂ©s et CGRAE pour les fonctionnaires).
Ă l’Ă©poque, « protection sociale » se confondait avec prĂ©voir et indemniser certains risques liĂ©s Ă l’activitĂ© professionnelle ou Ă la vie familiale. Il s’agissait surtout de compenser la perte de revenu due Ă la vieillesse (retraite), d’indemniser les accidents du travail, de soutenir la natalitĂ© et l’entretien des enfants via les prestations familiales, plus tard, d’introduire une assurance maternitĂ©.
La notion « protection sociale » Ă©tait donc restrictive et orientĂ©e vers la sĂ©curitĂ© des travailleurs « formels » et de leurs familles. La majoritĂ© des Ivoiriens, vivant de l’agriculture ou du secteur informel, en restaient exclus.
Avec le dĂ©cret de 1967 sur les secours sociaux, l’Ătat commence Ă introduire une dimension d’aide non contributive (allocations exceptionnelles pour les personnes vulnĂ©rables : mĂ©dicales, alimentaires, scolaires, etc.). C’est une premiĂšre reconnaissance que la protection sociale devait aller au-delĂ des seuls cotisants.
En rĂ©sumĂ©, Ă l’Ă©poque, il ne s’agissait pas encore d’une protection universelle, mais d’un systĂšme embryonnaire oĂč les salariĂ©s formels bĂ©nĂ©ficiaient d’un filet de sĂ©curitĂ© tandis que l’Ătat commençait Ă rĂ©flĂ©chir Ă l’aide aux plus vulnĂ©rables.
đ Que recoupe le terme en 2025 ?
Ă partir des annĂ©es 2010, la CĂŽte d’Ivoire adopte une vision beaucoup plus globale et inclusive de la protection sociale. La rĂ©forme de 2012 modernise les institutions (IPS-CNPS, IPS-CGRAE) et, Ă partir de 2014, des grandes innovations transforment le systĂšme :
• La Couverture Maladie Universelle (CMU), instituĂ©e par la loi n°2014-135, obligatoire pour tous les rĂ©sidents.
• Le RĂ©gime Social des Travailleurs IndĂ©pendants (RSTI) qui intĂšgre notamment les travailleurs de l’Ă©conomie informelle dans le systĂšme national de protection sociale en leur versant des indemnitĂ©s journaliĂšres ou revenu de remplacement en cas de maladie, d’accident et de maternitĂ© et une pension de retraite.
• La StratĂ©gie nationale de protection sociale (SNPS, 2014) qui Ă©tend la notion de protection sociale Ă la lutte contre la pauvretĂ© (filets sociaux productifs avec transferts monĂ©taires et AGR), l’appui aux personnes vulnĂ©rables (handicapĂ©s, femmes, enfants), la mise en place de filets sociaux durables et Ă©largis et la crĂ©ation des centres sociaux.
• L’organisation de concours de Recrutement dĂ©rogatoire des personnes en situation de handicap chaque annĂ©e depuis 2025 ;
• Les mesures rĂ©centes (2020-2025) telles que la Retraite complĂ©mentaire par capitalisation (2020), la Prime spĂ©ciale annuelle pour tous les retraitĂ©s (2024-2025), le Fonds d’Insertion des Personnes en Situation de Handicap (FIPSH, 2023), le Fonds national de garantie des mutuelles sociales (FOMUS-CI, 2024) et les Programmes sociaux du gouvernement (PSGouv 1 et 2), axĂ©s sur la santĂ©, l’Ă©ducation, l’emploi des jeunes, le logement, l’Ă©nergie et la rĂ©duction de la pauvretĂ©.
Aujourd’hui, le terme « protection sociale » recouvre donc trois dimensions :
• L’assurance sociale : retraite, maladie, maternitĂ©, accidents du travail.
• L’assistance sociale : aides aux plus pauvres, personnes handicapĂ©es, transferts monĂ©taires, subventions ciblĂ©es.
• Les politiques actives de l’emploi et d’inclusion : formation, insertion professionnelle, programmes pour les jeunes et les femmes.
4) Perspectives Ă l’horizon 2030
En matiĂšre de protection sociale, la vision du Gouvernement Ă l’horizon 2030, est de faciliter l’accĂšs des populations vulnĂ©rables, y compris les travailleurs des secteurs agricoles et informels, aux instruments de protection sociale, tout en reconnaissant leur contribution au dĂ©veloppement du pays et en leur garantissant un emploi dĂ©cent.
L’objectif sera de passer d’un taux de couverture des programmes de protection sociale de 60% en 2025 Ă 100% en 2030.
Il s’agit Ă©galement de rĂ©pondre Ă l’engagement pris, dans le cadre de l’Agenda 2030, de « ne laisser personne de cĂŽtĂ© », et de tirer pleinement parti du rĂŽle d’accĂ©lĂ©rateur jouĂ© par la protection sociale pour progresser plus rapidement sur la voie d’un dĂ©veloppement plus inclusif de notre pays.
Dans cette perspective, les actions Ă mener concernent principalement :
• Au titre du renforcement de la gouvernance, des ressources et des capacitĂ©s opĂ©rationnelles structures de protection sociale
- Construire et d’Ă©quiper 50 Centres Sociaux dans les rĂ©gions les plus dĂ©favorisĂ©es afin de permettre aux couches vulnĂ©rables d’avoir un accĂšs aux diffĂ©rents programmes de protection sociale initiĂ©s par le Gouvernement ;
- Construire et d’Ă©quiper 29 UnitĂ©s de Formation IntĂ©grĂ©es rĂ©gionales afin de renforcer l’encadrement socio-affectif, scolaire et alphabĂ©tique des enfants et adolescents prĂ©sentant un handicap sensoriel ou intellectuel en vue de leur insertion sociale ;
- Créer 3 fermes écoles pour faciliter l'insertion socio-professionnelle des personnes en situation de handicap.
• Au titre de l’accroissement du nombre de travailleurs du secteur agricole et informel bĂ©nĂ©ficiant des instruments de protection sociale
- Intensifier les campagnes de sensibilisation (ronde du social) ciblées sur les droits et les prestations de protection sociale des travailleurs du secteur agricole et informel (CMU et RSTI) ;
- Renforcer les mĂ©canismes de proximitĂ© (guichets sociaux, travailleurs sociaux communautaires) pour faciliter l’accĂšs aux services ;
- Mettre en place des mécanismes de prélÚvement des cotisations sociales à la source dans le secteur informel pour la CMU et le RSTI.
• Au titre de l’amĂ©lioration de la gamme de prestations sociales servie aux travailleurs du secteur formel
- Mettre en place la retraite complémentaire des salariés qui vise à renforcer leurs revenus à la retraite à travers une épargne sécurisée et flexible ;
- Instituer l’assurance chĂŽmage qui vise Ă offrir une sĂ©curitĂ© financiĂšre aux travailleurs en cas de perte d’emploi, rĂ©duisant ainsi les risques de prĂ©caritĂ© et favorisant la rĂ©insertion professionnelle ;
- CrĂ©er la retraite logement qui va permettre aux travailleurs de bĂ©nĂ©ficier d’un logement dĂ©cent Ă la retraite, en complĂ©ment des prestations de retraite classiques ;
- Mettre en place la branche des risques professionnels au profit des fonctionnaires et agents de l’Etat afin d’amĂ©liorer la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail de ces derniers et d’accroitre la qualitĂ© et de la productivitĂ© dans l’administration publique.
• Au titre du renforcement des secours sociaux aux couches vulnĂ©rables de la population
- Renfoncer l’octroi d’aides financiĂšres, scolaires, mĂ©dicales ainsi que l’assistance aux populations pauvres ;
- Mener des études en vue de la mise en place de filets sociaux au profit des personnes en situation de handicap lourd et au profit des personnes ùgées sans ressources.
Economiste, Cadre de SĂ©curitĂ© Sociale, disposant d’une solide expĂ©rience de plus de 20 ans dans la conception et le pilotage des programmes de protection sociale.
đ Excite-il un baromĂštre d'Ă©valuation de la satisfaction des assurĂ©s ?
Pour répondre à cette question, il faut noter que la mise en place de chaque programme social obéit à des formalités notamment la conduite :
- d’Ă©tudes de faisabilitĂ© et de pĂ©rennitĂ© du programme
- de dialogue en vue d’obtenir un consensus autour du programme
- d’enquĂȘtes de satisfaction afin de prendre en compte le ressenti des populations.
Aussi, à travers les cérémonies du 1er mai, nous recevons chaque année un cahier de doléances des différents syndicats et représentants des travailleurs du secteur formelle et informelle, qui reflÚte les préoccupations exprimées par la population.
Par ailleurs, une étude a été conduite en 2015 sur les attentes des personnes ùgées, ce qui a permis de mettre en place une politique nationale spécifique en leur faveur. Et une étude sur la resocialisation des couches vulnérables a également été menée.
La Direction GĂ©nĂ©rale de la Protection Sociale (DGPS) est une entitĂ© centrale du MinistĂšre de l’Emploi et de la Protection Sociale.
Elle est chargée notamment :
• de concevoir et de superviser la politique nationale de protection sociale ;
• de participer Ă la coordination et Ă l'Ă©valuation des politiques sectorielles e matiĂšre de protection sociale ;
• de participer Ă la coordination et au suivi des projets et programmes de lutte contre la pauvretĂ© et l'exclusion sociale ;
• de coordonner les interventions en matiĂšre de protection sociale des personnes vulnĂ©rables ;
• de concevoir et de mettre en Ćuvre un systĂšme d'information en matiĂšre d'action sociale ;
• de participer Ă la prise en charge des victimes de chocs, sinistres et autres situations d'urgence
• d'Ă©laborer et de
superviser la politique de sécurité sociale et de mutualité ;
• de favoriser la promotion socio-Ă©conomique et l'accĂšs aux services sociaux de base des populations vulnĂ©rables, y compris les personnes handicapĂ©es, les inadaptĂ©s sociaux et les personnes ĂągĂ©es ;
• de contribuer Ă la mise en Ćuvre et au suivi des mesures de protection sociale en faveur des populations vulnĂ©rables.
La Direction Générale de la Protection Sociale est dirigée par Madame Fatou Fofana SORO.
Le regard de MaĂźtre Adama KAMARA, Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale, sur l’Ă©volution du systĂšme de Protection Sociale ivoirien.
đ Vous avez pris vos fonctions en 2021 avec un objectif prĂ©cis. L'avez-vous d'ores et dĂ©jĂ atteint ?
DĂšs mon arrivĂ©e Ă la tĂȘte du ministĂšre, ma prioritĂ© a Ă©tĂ© de renforcer l’accĂšs de nos concitoyens Ă une protection sociale plus inclusive et plus efficace. Cela passait par deux axes majeurs : Ă©largir la couverture aux populations jusque-lĂ exclues, et moderniser nos mĂ©canismes de gestion pour plus de transparence et d’efficacitĂ©.
GrĂące Ă la vision et au leadership du PrĂ©sident de la RĂ©publique, Son Excellence Alassane OUATTARA, et Ă l’appui constant du Premier Ministre, des avancĂ©es significatives ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. La gĂ©nĂ©ralisation progressive de la Couverture Maladie Universelle (CMU), l’amĂ©lioration du rĂ©gime des pensions, ainsi que des rĂ©formes pour mieux protĂ©ger les travailleurs face aux risques sociaux en sont des preuves tangibles.
Ces résultats sont aussi le fruit du travail acharné de toutes les équipes du ministÚre, en synergie avec les Institutions de Prévoyance Sociale (IPS).
Les objectifs fixĂ©s en 2021 sont donc en grande partie atteints, mĂȘme si des dĂ©fis demeurent.
đ Quelle est la prochaine Ă©tape ?
La prochaine Ă©tape est de consolider ces acquis et d’aller encore plus loin dans la modernisation et l’Ă©largissement du systĂšme. Cela implique la mise en place de nouveaux mĂ©canismes comme l’assurance chĂŽmage, la retraite-logement, ainsi que la rĂ©vision des textes relatifs aux branches accident de travail, maladie professionnelle, prestations familiales et maternitĂ©. Avec le soutien constant du Chef de l’Ătat et du Gouvernement, et grĂące Ă l’engagement de nos Ă©quipes et partenaires, nous voulons bĂątir un systĂšme de protection sociale plus robuste, plus Ă©quitable et durable, capable de rĂ©pondre efficacement aux besoins de toutes les couches de la population, en particulier les plus vulnĂ©rables.
*Madame Fatou Fofana SORO, Economiste, Cadre de SĂ©curitĂ© Sociale, [qui dispose d’une solide expĂ©rience de plus de 20 ans dans la conception et le pilotage des programmes de protection sociale au sein de la direction gĂ©nĂ©rale de la Protection sociale
** PubliĂ©e sur cette mĂȘme page dans les prochains jours
*** à venir dÚs réception des éléments des candidats.
Propos recueillis par
Nora ANSELL-SALLES LEGRAND
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