đŸŸ„ EXCLUSIF / Coup de projecteur sur le systĂšme de protection sociale ivoirien Ă  l'aune de la prĂ©sidentielle du 25 octobre 2025


AVANT PROPOS 
La couverture de la JournĂ©e Internationale de la  femme mutualiste (JIFM) qui s'est tenue en juillet dernier Ă  Abidjan a suscitĂ© un vif intĂ©rĂȘt chez les lecteurs de "Mine d'Infos" qui ont envoyĂ© de  nombreuses questions Ă  la rĂ©daction : 
đŸ€” À quand remonte le systĂšme de protection sociale en CĂŽte d'Ivoire ? 
đŸ€” Qui l’a mis en place ?
đŸ€” Que recouvrait-il  au dĂ©part ?
đŸ€” Comment a t-il Ă©voluĂ© ?
đŸ€” Quelles sont les perspectives d'Ă©volution Ă  5 ans ?
đŸ€” Quelles sont les principales attentes des Ă©lecteurs ivoiriens Ă  la veille de la prĂ©sidentielle ? 
Etc.

La rĂ©daction  de "Mine d'Infos" a dĂ©cidĂ© de consacrer un dossier complet [ bilan/perspective] articulĂ© en trois parties.


- 1 ÈRE PARTIE 

đŸ”ș️ Le regard du Ministre Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale, sur l’Ă©volution du systĂšme de Protection Sociale ivoirien.
🖋 MaĂźtre Adama KAMARA, Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale

đŸ”ș️ GenĂšse du systĂšme de protection sociale bilan et perspective
🖋 Mme Fatou Fofana SORO*, Directrice GĂ©nĂ©rale de la Protection Sociale au sein du MinistĂšre. 


 - 2 ÈME PARTIE**

đŸ”ș️ Les Ă©volutions rĂ©centes du systĂšme de protection sociale en santĂ© :
La place des mutuelles dans l'accÚs aux soins de santé.
Défis et perspectives
🖋 Mr Jean-Victor AYITE, Directeur GĂ©nĂ©ral du Programme d'appui aux stratĂ©gies sociales(Pass)


- 3 ÈME  PARTIE***

Coup de projecteur sur les engagements en matiĂšre de protection sociale
des 5 candidats Ă  la  prĂ©sidentielle d' octobre prochain : 

👉 Alassane Ouattara
président sortant candidat à un 4e mandat ;

👉 Simone Ehivet
ex-épouse de Laurent Gbagbo & premiÚre dame ;

👉 Henriette Lagou
ancienne ministre de la Famille, de la Femme et de l'Enfant , dĂ©jĂ  candidate en 2015 ; 

👉Jean-Louis Billon
 ancien ministre du Commerce ;

👉 Ahoua Don Mello militant du PPA-CI, dĂ©savouĂ© par son parti, se prĂ©sentant comme une candidature personelle. 

 



👉 Vous avez pris vos fonctions en 2021 avec un objectif prĂ©cis. L'avez-vous d'ores et dĂ©jĂ  atteint ?

DĂšs mon arrivĂ©e Ă  la tĂȘte du ministĂšre, ma prioritĂ© a Ă©tĂ© de renforcer l’accĂšs de nos concitoyens Ă  une protection sociale plus inclusive et plus efficace. Cela passait par deux axes majeurs : Ă©largir la couverture aux populations jusque-lĂ  exclues, et moderniser nos mĂ©canismes de gestion pour plus de transparence et d’efficacitĂ©. 
GrĂące Ă  la vision et au leadership du PrĂ©sident de la RĂ©publique, Son Excellence Alassane OUATTARA, et Ă  l’appui constant du Premier Ministre, des avancĂ©es significatives ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. La gĂ©nĂ©ralisation progressive de la Couverture Maladie Universelle (CMU), l’amĂ©lioration du rĂ©gime des pensions, ainsi que des rĂ©formes pour mieux protĂ©ger les travailleurs face aux risques sociaux en sont des preuves tangibles. 
Ces rĂ©sultats sont aussi le fruit du travail acharnĂ© de toutes les Ă©quipes du ministĂšre, en synergie avec les Institutions de PrĂ©voyance Sociale (IPS). 

Les objectifs fixĂ©s en 2021 sont donc en grande partie atteints, mĂȘme si des dĂ©fis demeurent.



👉 Quelle est les prochaine Ă©tape ?

La prochaine Ă©tape est de consolider ces acquis et d’aller encore plus loin dans la modernisation et l’Ă©largissement du systĂšme. Cela implique la mise en place de nouveaux mĂ©canismes comme l’assurance chĂŽmage, la retraite-logement, ainsi que la rĂ©vision des textes relatifs aux branches accident de travail, maladie professionnelle, prestations familiales et maternitĂ©. Avec le soutien constant du Chef de l’État et du Gouvernement, et grĂące Ă  l’engagement de nos Ă©quipes et partenaires, nous voulons bĂątir un systĂšme de protection sociale plus robuste, plus Ă©quitable et durable, capable de rĂ©pondre efficacement aux besoins de toutes les couches de la population, en particulier les plus vulnĂ©rables.



La Direction GĂ©nĂ©rale de la Protection Sociale (DGPS) est une entitĂ© centrale du MinistĂšre de l’Emploi et de la Protection Sociale. 

Elle est chargée notamment :
• de concevoir et de superviser la politique nationale de protection sociale ;
• de participer Ă  la coordination et Ă  l'Ă©valuation des politiques sectorielles e matiĂšre de protection sociale;
• de participer Ă  la coordination et au suivi des projets et programmes de lutte contre la pauvretĂ© et l'exclusion sociale ;
• de coordonner les interventions en matiĂšre de protection sociale des personnes vulnĂ©rables ;
• de concevoir et de mettre en Ɠuvre un systĂšme d'information en matiĂšre d'action sociale ;
• de participer Ă  la prise en charge des victimes de chocs, sinistres et autres situations d'urgence
• d'Ă©laborer et de superviser la politique de sĂ©curitĂ© sociale et de mutualitĂ© ;
• de favoriser la promotion socio-Ă©conomique et l'accĂšs aux services sociaux de base des populations vulnĂ©rables, y compris les personnes handicapĂ©es, les inadaptĂ©s sociaux et les personnes ĂągĂ©es ;
• de contribuer Ă  la mise en Ɠuvre et au suivi des mesures de protection sociale en faveur des populations vulnĂ©rables.
La Direction GĂ©nĂ©rale de la Protection Sociale est dirigĂ©e par Madame Fatou SORO. 


👉 Pouvez-vous revenir sur la genùse du systùme de protection sociale ?

Avant mĂȘme l’accession de la CĂŽte d’Ivoire Ă  l’indĂ©pendance, les bases d’un systĂšme de protection sociale avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© posĂ©es sous l’administration coloniale. L’arrĂȘtĂ© n° 8868 ITLS institua la Caisse de Compensation des Prestations Familiales (CCPF), chargĂ©e de gĂ©rer et de verser des allocations aux travailleurs exerçant sur le territoire ivoirien, qu’ils soient employĂ©s par une structure publique ou privĂ©e. Ce dispositif, inspirĂ© du modĂšle français, visait essentiellement Ă  soutenir les familles des salariĂ©s du secteur formel, Ă  une Ă©poque oĂč la grande majoritĂ© de la population vivait de l’agriculture de subsistance sans couverture sociale.
Dans la mĂȘme logique, le dĂ©cret n°57-245 du 24 fĂ©vrier 1957 introduisit un rĂ©gime d’Accidents du Travail et de Maladies Professionnelles (AT/MP), reconnaissant pour la premiĂšre fois la nĂ©cessitĂ© d’indemniser les victimes de risques professionnels.
Ces deux instruments, bien que limitĂ©s dans leur portĂ©e, marquaient une avancĂ©e majeure : ils posaient les premiĂšres pierres d’une reconnaissance institutionnelle des droits sociaux des travailleurs en CĂŽte d’Ivoire.
Ils serviront de socle Ă  la construction, aprĂšs 1960, d’un systĂšme national de protection sociale en perpĂ©tuel renforcement.
A peine indĂ©pendante, la CĂŽte d’Ivoire se dote rapidement de ses propres institutions sociales. La loi n°60-314 du 21 dĂ©cembre 1960 institue la Caisse de Retraite des Travailleurs de CĂŽte d’Ivoire (CRTCI), premiĂšre structure nationale chargĂ©e de verser une pension aux travailleurs salariĂ©s ayant atteint l’Ăąge lĂ©gal de retraite ou Ă  leurs ayants droit.
Quelques annĂ©es plus tard, la loi n°62-405 du 7 novembre 1962 organise le rĂ©gime des pensions civiles pour les fonctionnaires, d’abord gĂ©rĂ© directement par le TrĂ©sor public.
En 1964, la loi n°64-48 retire la gestion de la branche retraite Ă  la CRTCI qu’elle confie Ă  la Caisse de Compensation des Prestations Familiales de CĂŽte d’Ivoire (CCPF-CI) qui devient la Caisse de Compensation des Prestations Familiales et des Accidents du Travail de CĂŽte d’Ivoire (CCPF AT-CI). Mais le tournant majeur intervient en 1968 avec la loi n°68-595 portant Code de PrĂ©voyance Sociale, qui crĂ©e la Caisse Nationale de PrĂ©voyance Sociale (CNPS). Cet organisme unifiĂ© gĂšre dĂ©sormais les prestations familiales, l’assurance maternitĂ©, les retraites ainsi que les accidents du travail et maladies professionnelles.
En parallĂšle, l’État introduit une politique d’aide directe aux plus vulnĂ©rables. Par le dĂ©cret n°67-524 du 28 novembre 1967, il institue les secours sociaux qui sont des allocations exceptionnelles attribuĂ©es Ă  titre gracieux sous forme d’aides mĂ©dicales, scolaires, alimentaires, ou de financements d’activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus. Ces mesures, bien que modestes, amorcent une logique d’assistance non contributive qui complĂšte les rĂ©gimes classiques.
Dans les annĂ©es 1970, la protection sociale des agents publics prend une dimension supplĂ©mentaire. Le dĂ©cret n°73-176 du 27 avril 1973 crĂ©e la Mutuelle GĂ©nĂ©rale des Fonctionnaires et Agents de l’État de CĂŽte d’Ivoire (MUGEF-CI), afin de couvrir les besoins de santĂ© et d’entraide sociale des agents publics.
Puis en 1977, le dĂ©cret n°77-210 du 5 avril 1977, portant application de l'ordonnance n 77-206 du 5 avril 1977, institue la Caisse GĂ©nĂ©rale de Retraite des Agents de l’État (CGRAE), distincte du TrĂ©sor, pour prendre en main la gestion des pensions civiles. La CGRAE connaĂźtra par la suite plusieurs Ă©volutions statutaires : Ă©tablissement public industriel et commercial en 1992, sociĂ©tĂ© d’État en 1997, avant d’ĂȘtre rĂ©formĂ©e en profondeur en 2012 pour devenir une Institution de PrĂ©voyance Sociale (IPS-CGRAE), avec autonomie et rĂšgles de gestion conformes aux standards de la ConfĂ©rence Interafricaine de la PrĂ©voyance Sociale (CIPRES).
À la fin du XX siĂšcle, l’État modernise le cadre juridique des institutions sociales : la loi n°99-476 du 2 aoĂ»t 1999 portant dĂ©finition et organisation des Institutions de PrĂ©voyance Sociale est adoptĂ©e. En exĂ©cution de cette loi le dĂ©cret n°2000-487 du 12 juillet 2000 Ă©rige la CNPS en IPS-CNPS.
C’est aussi l’Ă©poque de la prise en compte accrue des droits des personnes vulnĂ©rables.
En 1997, la CĂŽte d’Ivoire a marquĂ© un tournant dans sa politique d’inclusion en initiant le premier recrutement dĂ©rogatoire des personnes en situation de handicap dans la fonction publique. Cette mesure pionniĂšre visait Ă  favoriser leur accĂšs Ă  l’emploi public et Ă  garantir l’Ă©galitĂ© des chances. Depuis cette premiĂšre Ă©tape, le pays a progressivement institutionnalisĂ© ce mĂ©canisme. Ainsi, entre 1997 et 2025, ce sont 12 concours dĂ©rogatoires qui ont Ă©tĂ© organisĂ©s, dont 10 sur la seule pĂ©riode 2015-2025, traduisant la volontĂ© du gouvernement d’accĂ©lĂ©rer et de renforcer l’insertion professionnelle des personnes handicapĂ©es dans l’administration publique.
Le 10 novembre 1998, la loi n°98-594 d’orientation en faveur des personnes handicapĂ©es consacre le principe d’Ă©galitĂ© des droits dans l’Ă©ducation, l’emploi, la formation et les loisirs. Par la suite, plusieurs mesures sont venues en renforcer l’application : en 2018, le dĂ©cret n°2018-456 fixe un quota d’embauche dans le secteur privĂ© (au moins un salariĂ© handicapĂ© pour 100 employĂ©s, et 2 % au-delĂ ). En 2021, deux Commissions techniques d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) sont créées, l’une pour le secteur public, l’autre pour le secteur privĂ©. Enfin, l’opĂ©rationnalisation du Fonds d’Insertion des Personnes en Situation de Handicap (FIPSH) par le dĂ©cret n°2023-88 du 15 fĂ©vrier 2023 constitue un pas important pour soutenir l’insertion et le maintien en emploi des travailleurs handicapĂ©s, y compris ceux devenus invalides Ă  la suite d’un accident du travail.
En 2012, une rĂ©forme dĂ©cisive a marquĂ© un vĂ©ritable tournant dans l’organisation de la protection sociale en CĂŽte d’Ivoire. Avec la dissolution de la CGRAE-SODE et la crĂ©ation de l’Institution de PrĂ©voyance Sociale – CGRAE (IPS-CGRAE), l’État a dotĂ© le systĂšme de retraite d’un cadre moderne, autonome et conforme aux standards de la ConfĂ©rence Interafricaine de la PrĂ©voyance Sociale (CIPRES). Cette transformation a permis de passer d’une structure fortement dĂ©pendante de l’administration centrale Ă  une institution de prĂ©voyance disposant d’une autonomie de gestion et d’une gouvernance plus transparente, capable de renforcer la qualitĂ© et l’efficacitĂ© des services offerts aux assurĂ©s.
Dans le mĂȘme Ă©lan, la CNPS a vu son statut d’Institution de PrĂ©voyance Sociale consolidĂ©, assurant une cohĂ©rence entre les deux grandes caisses du pays. L’objectif Ă©tait double : renforcer la transparence et la viabilitĂ© financiĂšre des rĂ©gimes, tout en modernisant les services offerts aux assurĂ©s. Depuis, cette rĂ©forme a servi de socle Ă  l’extension progressive de la couverture sociale et Ă  l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de service, prĂ©parant le systĂšme ivoirien aux dĂ©fis de l’universalitĂ© et de l’inclusion.
En 2014, la CĂŽte d’Ivoire franchit un cap majeur. La loi n°2014-135 du 24 mars 2014 institue la Couverture Maladie Universelle (CMU), obligatoire pour tous les rĂ©sidents. Elle repose sur deux rĂ©gimes : le RĂ©gime GĂ©nĂ©ral de Base (RGB), financĂ© par une cotisation modeste, et le RĂ©gime d’Assistance MĂ©dicale (RAM) pour les plus dĂ©munis. Le dĂ©cret n°2014-395 crĂ©e l'Institution de PrĂ©voyance Sociale - Caisse Nationale d'Assurance Maladie (IPS-CNAM), chargĂ© de de gĂ©rer ce dispositif inĂ©dit.
Dans cette dynamique, la lutte contre la pauvretĂ© s’intensifie. La StratĂ©gie nationale de protection sociale (SNPS) est adoptĂ©e en mai 2014 par le Gouvernement. Elle vise Ă  construire progressivement un systĂšme de protection sociale qui renforce les capacitĂ©s des mĂ©nages et des individus les plus vulnĂ©rables et permette aux populations de gĂ©rer les risques. Elle s’inscrit dans la volontĂ© du PrĂ©sident de la RĂ©publique de favoriser une CĂŽte d’Ivoire Ă©mergeante en 2020, ou toutes les couches sociales profitent des richesses du pays.
La SNPS donne naissance, notamment, en 2015 au projet des Filets Sociaux Productifs, qui octroie des transferts monĂ©taires trimestriels (36 000 FCFA) et un accompagnement pour le dĂ©veloppement d’activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus au profit des mĂ©nages les plus pauvres.
En 2019, la CĂŽte d’Ivoire a marquĂ© un tournant dans sa politique sociale avec le lancement du Programme Social du Gouvernement (PSGouv 2019-2020), qui visait Ă  traduire la croissance Ă©conomique en amĂ©lioration concrĂšte des conditions de vie des populations, Ă  travers l’accĂšs aux services sociaux de base, la lutte contre la pauvretĂ© et la crĂ©ation d’opportunitĂ©s d’emploi pour les jeunes et les femmes. Ce premier programme, conçu comme une rĂ©ponse directe aux attentes pressantes des populations, a jetĂ© les bases d’une action publique plus visible et plus proche des besoins rĂ©els des Ivoiriens. Fort de ces acquis, le Gouvernement a lancĂ© en 2022 le PSGouv 2 (2022-2024), qui s’inscrit dans une logique de continuitĂ© et de renforcement, mais avec une ambition Ă©largie : consolider les acquis du premier programme tout en accĂ©lĂ©rant la transformation sociale. En mettant un accent particulier sur la Couverture Maladie Universelle (CMU), les filets sociaux productifs, l’employabilitĂ© des jeunes et des femmes, et l’accĂšs des mĂ©nages vulnĂ©rables aux services sociaux essentiels, le PSGouv 2 s’est voulu un levier stratĂ©gique pour rĂ©duire durablement la pauvretĂ©, renforcer la cohĂ©sion sociale et faire de la protection sociale un pilier de l’Ă©mergence ivoirienne Ă  l’horizon 2030.
Concernant les retraites, le Gouvernement a adoptĂ© des innovations pour amĂ©liorer les conditions de vie de ces anciens serviteurs de l'État. Le dĂ©cret n°2020-528 du 24 juin 2020 institue un rĂ©gime complĂ©mentaire par capitalisation au profit des fonctionnaires et agents de l’État.
Le 6 aoĂ»t 2024, une prime spĂ©ciale pour tous les retraitĂ©s est instaurĂ©e par le Chef de l’Etat. Cette prime correspond au tiers (1/3) de leur pension mensuelle. Le 6 aoĂ»t 2025 le Chef de l’Etat a dĂ©cidĂ© d’augmenter la prime spĂ©ciale de retraite en la faisant passer d’un tiers (1/3) Ă  deux tiers (2/3) Ă  compter du 1er septembre 2025. La prime est payable chaque 1er septembre. La prime spĂ©ciale est rĂ©gie par les ordonnances n°2025-407 et 408 du 18 juin 2025.
Enfin, dans une logique de sĂ©curisation du secteur mutualiste, l’ordonnance n°2024-1043 du 5 dĂ©cembre 2024 crĂ©e le Fonds National de Garantie des Mutuelles Sociales (FOMUS-CI), destinĂ© Ă  prĂ©venir les dĂ©faillances des mutuelles et Ă  garantir les droits de leurs membres.
En l’espace de soixante-cinq (65) ans, la CĂŽte d’Ivoire est passĂ©e d’un systĂšme embryonnaire rĂ©servĂ© aux salariĂ©s formels Ă  une architecture beaucoup plus inclusive et diversifiĂ©e, combinant rĂ©gimes contributifs, dispositifs d’assistance et mĂ©canismes spĂ©cifiques pour les plus vulnĂ©rables. Si le chemin vers une vĂ©ritable universalitĂ© demeure semĂ© de dĂ©fis (financement durable, couverture des travailleurs informels, amĂ©lioration de la qualitĂ© des services), les rĂ©formes successives tĂ©moignent d’une volontĂ© politique constante de bĂątir une protection sociale solidaire et moderne, au service de tous les citoyens.


👉 Que recoupait le terme “protection sociale” Ă  l’Ă©poque ?

Dans les annĂ©es 1950-1960, la protection sociale en CĂŽte d’Ivoire visait avant tout les travailleurs salariĂ©s des secteurs public et privĂ© formel. Elle reposait essentiellement sur un principe contributif et seuls ceux qui cotisaient pouvaient bĂ©nĂ©ficier de droits.
Elle couvrait principalement :
• Les allocations familiales (Caisse de Compensation des Prestations Familiales – CCPF) pour soutenir les familles des salariĂ©s.
• Les risques professionnels (accidents du travail, maladies professionnelles) grĂące au dĂ©cret de 1957.
• Les pensions de retraite, CRTCI puis CNPS pour les travailleurs salariĂ©s et CGRAE pour les fonctionnaires).
À l’Ă©poque, « protection sociale » se confondait avec prĂ©voir et indemniser certains risques liĂ©s Ă  l’activitĂ© professionnelle ou Ă  la vie familiale. Il s’agissait surtout de compenser la perte de revenu due Ă  la vieillesse (retraite), d’indemniser les accidents du travail, de soutenir la natalitĂ© et l’entretien des enfants via les prestations familiales, plus tard, d’introduire une assurance maternitĂ©.
La notion « protection sociale » Ă©tait donc restrictive et orientĂ©e vers la sĂ©curitĂ© des travailleurs « formels » et de leurs familles. La majoritĂ© des Ivoiriens, vivant de l’agriculture ou du secteur informel, en restaient exclus.
Avec le dĂ©cret de 1967 sur les secours sociaux, l’État commence Ă  introduire une dimension d’aide non contributive (allocations exceptionnelles pour les personnes vulnĂ©rables : mĂ©dicales, alimentaires, scolaires, etc.). C’est une premiĂšre reconnaissance que la protection sociale devait aller au-delĂ  des seuls cotisants.
En rĂ©sumĂ©, Ă  l’Ă©poque, il ne s’agissait pas encore d’une protection universelle, mais d’un systĂšme embryonnaire oĂč les salariĂ©s formels bĂ©nĂ©ficiaient d’un filet de sĂ©curitĂ© tandis que l’État commençait Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  l’aide aux plus vulnĂ©rables.


👉 Que recoupe le terme en 2025 ?

À partir des annĂ©es 2010, la CĂŽte d’Ivoire adopte une vision beaucoup plus globale et inclusive de la protection sociale. La rĂ©forme de 2012 modernise les institutions (IPS-CNPS, IPS-CGRAE) et, Ă  partir de 2014, des grandes innovations transforment le systĂšme :
• La Couverture Maladie Universelle (CMU), instituĂ©e par la loi n°2014-135, obligatoire pour tous les rĂ©sidents.
• Le RĂ©gime Social des Travailleurs IndĂ©pendants (RSTI) qui intĂšgre notamment les travailleurs de l’Ă©conomie informelle dans le systĂšme national de protection sociale en leur versant des indemnitĂ©s journaliĂšres ou revenu de remplacement en cas de maladie, d’accident et de maternitĂ© et une pension de retraite.
• La StratĂ©gie nationale de protection sociale (SNPS, 2014) qui Ă©tend la notion de protection sociale Ă  la lutte contre la pauvretĂ© (filets sociaux productifs avec transferts monĂ©taires et AGR), l’appui aux personnes vulnĂ©rables (handicapĂ©s, femmes, enfants), la mise en place de filets sociaux durables et Ă©largis et la crĂ©ation des centres sociaux.
• L’organisation de concours de Recrutement dĂ©rogatoire des personnes en situation de handicap chaque annĂ©e depuis 2025 ;
• Les mesures rĂ©centes (2020-2025) telles que la Retraite complĂ©mentaire par capitalisation (2020), la Prime spĂ©ciale annuelle pour tous les retraitĂ©s (2024-2025), le Fonds d’Insertion des Personnes en Situation de Handicap (FIPSH, 2023), le Fonds national de garantie des mutuelles sociales (FOMUS-CI, 2024) et les Programmes sociaux du gouvernement (PSGouv 1 et 2), axĂ©s sur la santĂ©, l’Ă©ducation, l’emploi des jeunes, le logement, l’Ă©nergie et la rĂ©duction de la pauvretĂ©.
Aujourd’hui, le terme « protection sociale » recouvre donc trois dimensions :
• L’assurance sociale : retraite, maladie, maternitĂ©, accidents du travail.
• L’assistance sociale : aides aux plus pauvres, personnes handicapĂ©es, transferts monĂ©taires, subventions ciblĂ©es.
• Les politiques actives de l’emploi et d’inclusion : formation, insertion professionnelle, programmes pour les jeunes et les femmes.

👉 Quelles sont les perspectives Ă  l’horizon 2030 ?

En matiĂšre de protection sociale, la vision du Gouvernement Ă  l’horizon 2030, est de faciliter l’accĂšs des populations vulnĂ©rables, y compris les travailleurs des secteurs agricoles et informels, aux instruments de protection sociale, tout en reconnaissant leur contribution au dĂ©veloppement du pays et en leur garantissant un emploi dĂ©cent.
L’objectif sera de passer d’un taux de couverture des programmes de protection sociale de 60% en 2025 Ă  100% en 2030.
Il s’agit Ă©galement de rĂ©pondre Ă  l’engagement pris, dans le cadre de l’Agenda 2030, de « ne laisser personne de cĂŽtĂ© », et de tirer pleinement parti du rĂŽle d’accĂ©lĂ©rateur jouĂ© par la protection sociale pour progresser plus rapidement sur la voie d’un dĂ©veloppement plus inclusif de notre pays.
Dans cette perspective, les actions Ă  mener concernent principalement :
• Au titre du renforcement de la gouvernance, des ressources et des capacitĂ©s opĂ©rationnelles structures de protection sociale
- Construire et d’Ă©quiper 50 Centres Sociaux dans les rĂ©gions les plus dĂ©favorisĂ©es afin de permettre aux couches vulnĂ©rables d’avoir un accĂšs aux diffĂ©rents programmes de protection sociale initiĂ©s par le Gouvernement ;
- Construire et d’Ă©quiper 29 UnitĂ©s de Formation IntĂ©grĂ©es rĂ©gionales afin de renforcer l’encadrement socio-affectif, scolaire et alphabĂ©tique des enfants et adolescents prĂ©sentant un handicap sensoriel ou intellectuel en vue de leur insertion sociale ;
- Créer 3 fermes écoles pour faciliter l'insertion socio-professionnelle des personnes en situation de handicap.
• Au titre de l’accroissement du nombre de travailleurs du secteur agricole et informel bĂ©nĂ©ficiant des instruments de protection sociale
- Intensifier les campagnes de sensibilisation (ronde du social) ciblées sur les droits et les prestations de protection sociale des travailleurs du secteur agricole et informel (CMU et RSTI) ;
- Renforcer les mĂ©canismes de proximitĂ© (guichets sociaux, travailleurs sociaux communautaires) pour faciliter l’accĂšs aux services ;
- Mettre en place des mécanismes de prélÚvement des cotisations sociales à la source dans le secteur informel pour la CMU et le RSTI.
• Au titre de l’amĂ©lioration de la gamme de prestations sociales servie aux travailleurs du secteur formel
- Mettre en place la retraite complémentaire des salariés qui vise à renforcer leurs revenus à la retraite à travers une épargne sécurisée et flexible ;
- Instituer l’assurance chĂŽmage qui vise Ă  offrir une sĂ©curitĂ© financiĂšre aux travailleurs en cas de perte d’emploi, rĂ©duisant ainsi les risques de prĂ©caritĂ© et favorisant la rĂ©insertion professionnelle ;
- CrĂ©er la retraite logement qui va permettre aux travailleurs de bĂ©nĂ©ficier d’un logement dĂ©cent Ă  la retraite, en complĂ©ment des prestations de retraite classiques ;
- Mettre en place la branche des risques professionnels au profit des fonctionnaires et agents de l’Etat afin d’amĂ©liorer la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail de ces derniers et d’accroitre la qualitĂ© et de la productivitĂ© dans l’administration publique.
• Au titre du renforcement des secours sociaux aux couches vulnĂ©rables de la population
- Renfoncer l’octroi d’aides financiĂšres, scolaires, mĂ©dicales ainsi que l’assistance aux populations pauvres ;
- Mener des études en vue de la mise en place de filets sociaux au profit des personnes en situation de handicap lourd et au profit des personnes ùgées sans ressources.




👉 Exciste t-il un baromĂštre d'Ă©valuation de la satisfaction des assurĂ©s ?

Pour répondre à cette question, il faut noter que la mise en place de chaque programme social obéit à des formalités notamment la conduite :
- d’Ă©tudes de faisabilitĂ© et de pĂ©rennitĂ© du programme 
- ⁠de dialogue en vue d’obtenir un consensus autour du programme 
- ⁠d’enquĂȘtes de satisfaction afin de prendre en compte le ressenti des populations.
Aussi, à travers les cérémonies du 1er mai, nous recevons chaque année un cahier de doléances des différents syndicats et représentants des travailleurs du secteur formelle et informelle, qui reflÚte les préoccupations exprimées par la population.
Par ailleurs, une étude a été conduite en 2015 sur les attentes des personnes ùgées, ce qui a permis de mettre en place une politique nationale spécifique en leur faveur. Et une étude sur la resocialisation des couches vulnérables a également été menée.

* Ă‰conomiste, Cadre de SĂ©curitĂ© Sociale, Mme Fatou Fofana  dispose d’une solide expĂ©rience de plus de 20 ans dans la conception et le pilotage des programmes de protection sociale au sein de la direction gĂ©nĂ©rale de la Protection sociale.

** PubliĂ©e sur cette mĂȘme page dans les prochains jours 

*** À venir dĂšs  rĂ©ception des Ă©lĂ©ments  fournis par les Ă©quipes des candidats

 PROCHAINEMENT EN  LIGNE 




đŸŸ„ COUP
 DE PROJECTEUR SUR 
LE BILAN
2011-2025 DU GOUVERNEMENT 


đŸ”ș️ EN MATIÈRE DE SANTÉ :









đŸ”ș️ EN MATIÈRE  D'EMPLOI & PROTECTION SOCIALE :









🔮 EXTRAIT DU PROGRAMME  DE ALASSANE OUATTARA  SUR LE SUJET :













🔮 EXTRAIT DU  PROGRAMME DE  SIMONE EHIVET SUR LE SUJET :

ENGAGEMENT 04

4 – CĂŽte d’Ivoire, pays de cohĂ©sion et d’Ă©galitĂ© sociale

 

 

 


 

4.1 – État des lieux

La politique sociale dĂ©signe l’ensemble des actions menĂ©es par l’État pour protĂ©ger les populations contre les risques liĂ©s Ă  la vie (maladie, chĂŽmage, vieillesse), pour garantir l’accĂšs de tous aux services essentiels (santĂ©, Ă©ducation, logement, eau potable, assainissement), et rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s Ă  travers des mĂ©canismes de redistribution comme les aides sociales, les filets sociaux et la crĂ©ation d’emplois dĂ©cents[1].

Dans le monde, la politique sociale est un instrument majeur pour amĂ©liorer le bien-ĂȘtre, protĂ©ger les droits fondamentaux et promouvoir l’inclusion sociale. En Afrique, malgrĂ© des efforts, les Ă©carts restent grands en matiĂšre d’accĂšs Ă  l’Ă©ducation, Ă  la santĂ©, Ă  la protection sociale ou encore au logement².

En CĂŽte d’Ivoire, les politiques sociales menĂ©es par les rĂ©gimes successifs – y compris celui actuellement au pouvoir – montrent de sĂ©rieuses limites. On constate :

-         des difficultĂ©s d’accĂšs aux services sociaux de base (Ă©coles de qualitĂ©, hĂŽpitaux accessibles, logements dĂ©cents) ;

-         la raretĂ© des emplois stables et bien rĂ©munĂ©rĂ©s ;

-         des problĂšmes liĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ©, la salubritĂ© et la protection sociale ;

-         une mise en Ɠuvre souvent incohĂ©rente et inĂ©quitable des initiatives sociales.

Ces insuffisances amĂšnent Ă  considĂ©rer que la politique sociale actuelle est discriminatoire, car elle ne bĂ©nĂ©ficie pas Ă  tous les citoyens de maniĂšre Ă©quitable³.

Le gouvernement en place est souvent critiqué pour son incapacité à répondre efficacement aux besoins de la population, malgré ses annonces de réformes.

Face à ces faiblesses, le MGC propose des réformes audacieuses :

-         mettre en place des programmes de protection sociale inclusifs et non discriminatoires ;

-         amĂ©liorer l’accĂšs universel Ă  la santĂ© et Ă  l’Ă©ducation ;

-         rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales et Ă©conomiques.

Ces initiatives veulent transformer la société ivoirienne et assurer un développement équitable et durable, au bénéfice de tous.

 

4.2 – La politique sociale du MGC

 

La politique sociale, selon la vision du Mouvement des GĂ©nĂ©rations Capables (MGC), est l’ensemble des mesures, rĂ©formes et programmes destinĂ©s Ă  amĂ©liorer les conditions de vie, rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s et garantir la justice sociale.

En tant que parti socio-dĂ©mocrate des valeurs, le MGC s’appuie sur quatre piliers : solidaritĂ©, justice, Ă©quitĂ©, dignitĂ© humaine. Il ne s’agit pas de supprimer le marchĂ©, mais de rĂ©guler ses excĂšs Ă  travers une action publique forte et des mĂ©canismes de redistribution Ă©quitables.

Le MGC fixe cinq grands objectifs :

1. RĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales et Ă©conomiques en redistribuant Ă©quitablement les richesses, en luttant contre la pauvretĂ©, l’exclusion et la marginalisation.

2. Garantir l’accĂšs universel aux services sociaux de base : santĂ© publique accessible, Ă©ducation de qualitĂ©, logements dĂ©cents, infrastructures sociales.

3. Protéger les travailleurs et renforcer le dialogue social à travers :

- la promotion du travail décent et des salaires équitables,

- le développement des protections sociales (assurance maladie, retraite, chÎmage),

- l’implication des syndicats et partenaires sociaux dans les dĂ©cisions publiques.

4. Promouvoir la solidarité et la cohésion sociale, notamment par :

- le soutien aux jeunes, aux femmes, aux personnes ùgées et aux personnes handicapées,

- la lutte contre toutes les formes de discrimination (genre, origine, handicap),

- la promotion de la justice intergénérationnelle.

5. Assurer un dĂ©veloppement durable et inclusif en intĂ©grant les aspects sociaux dans les politiques Ă©conomiques et environnementales, et en veillant Ă  ce que la croissance profite au plus grand nombre tout en respectant l’Ă©quilibre Ă©cologique.

 

4.3 – Les projets de dĂ©veloppement des solidaritĂ©s du MGC

 

Pour traduire cette vision en actions concrĂštes, le MGC a Ă©laborĂ© quatre grands projets, organisĂ©s en onze stratĂ©gies d’intervention :

1. Former un citoyen nouveau, responsable et réconcilié avec ses compatriotes et le reste du monde, afin de bùtir une paix et une cohésion sociale durables.

2. Garantir la santĂ© et la sĂ©curitĂ© sociale pour tous les Ivoiriens, en assurant l’accĂšs Ă  des soins de qualitĂ© et Ă  des dispositifs de protection.

3. Faire de la jeunesse un moteur du dĂ©veloppement durable grĂące Ă  la formation, Ă  l’insertion professionnelle et Ă  la participation citoyenne.

4. Développer des initiatives intégrées en faveur des personnes vulnérables pour leur protection et leur épanouissement (enfants, personnes ùgées, handicapés, femmes en situation précaire).


 

Projet 4.1 – Ă‰difier un citoyen transformĂ© et le rĂ©concilier avec ses compatriotes et l’ensemble des citoyens pour la paix et la cohĂ©sion sociale durables

 

En CĂŽte d’Ivoire, beaucoup de discours officiels parlent de la nĂ©cessitĂ© de transformer les mentalitĂ©s et de bĂątir « l’Ivoirien nouveau ». Pourtant, les rĂ©alitĂ©s quotidiennes montrent que ce dĂ©fi reste immense. L’incivisme, la corruption, l’insalubritĂ© dans les villes et les villages, mais aussi le manque d’engagement citoyen, sont encore prĂ©sents dans la sociĂ©tĂ©. Depuis 2000, plusieurs initiatives ont Ă©tĂ© prises par les gouvernements successifs, mais elles n’ont pas toujours produit les rĂ©sultats escomptĂ©s.

Le Forum national de rĂ©conciliation (2001-2002) avait permis de mettre en avant la question du vivre-ensemble et de sensibiliser les populations Ă  la tolĂ©rance. L’État a Ă©galement encouragĂ© la libertĂ© d’expression et le pluralisme politique, rappelant que la dĂ©mocratie repose sur le dialogue et le respect mutuel[2]. Cependant, les tensions politiques et ethniques de l’Ă©poque ont limitĂ© l’impact de ces actions, en renforçant parfois la mĂ©fiance entre communautĂ©s.

AprĂšs la crise de 2010-2011, de nouveaux efforts ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s. La Commission Dialogue, VĂ©ritĂ© et RĂ©conciliation (CDVR, 2011-2014) et la Commission nationale pour la rĂ©conciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV, 2015-2017) ont rappelĂ© que la vĂ©ritĂ©, la justice et la rĂ©paration sont des valeurs essentielles pour reconstruire la confiance[3]. Plus rĂ©cemment, le Programme civique national (2018-2024) a mis l’accent sur la promotion du civisme. Mais dans la pratique, la justice est appliquĂ©e de façon sĂ©lective ; ce qui entretient des frustrations et affaiblit l’adhĂ©sion des citoyens aux valeurs de vĂ©ritĂ© et de rĂ©conciliation.

Il devient donc urgent d’adopter des politiques inclusives, de renforcer l’Ă©ducation citoyenne et d’investir sĂ©rieusement dans la transformation des mentalitĂ©s. C’est Ă  ce prix que les Ivoiriens pourront devenir de vĂ©ritables acteurs de paix et de cohĂ©sion sociale, et participer pleinement Ă  la construction d’une nation forte, moderne et prospĂšre.

Pour relever ce dĂ©fi, le MGC propose deux grandes stratĂ©gies d’action :

 

StratĂ©gie 4.1.1 – BĂątir un Ivoirien transformĂ©, forgĂ© par des valeurs cardinales

 

L’appropriation des valeurs cardinales (intĂ©gritĂ©, justice, responsabilitĂ©, solidaritĂ©, etc.) est indispensable pour consolider la cohĂ©sion sociale, encourager la responsabilitĂ© citoyenne, renforcer l’esprit communautaire, promouvoir la justice et l’Ă©quitĂ©, et dĂ©velopper un leadership Ă©thique. C’est une condition essentielle pour assurer un dĂ©veloppement durable et inclusif en CĂŽte d’Ivoire.

Dans ce cadre, le MGC s’engage Ă  :

-       Promouvoir l’appropriation de ces valeurs pour transformer les mentalitĂ©s et stimuler le patriotisme.

-       Introduire l’enseignement de l’Ă©thique et de la citoyennetĂ© dĂšs le cycle primaire.

-       Organiser chaque annĂ©e une Semaine nationale de l’Ă©thique, avec dĂ©bats publics, campagnes mĂ©diatiques et activitĂ©s communautaires. Une cellule d’Ă©thique sera créée dans chaque ministĂšre, avec un rapport annuel publiĂ© sur le respect des engagements dĂ©ontologiques.

 

-       Mettre en place un fonds d’appui Ă  la production Ă©thique pour encourager les mĂ©dias Ă  diffuser des contenus valorisant l’intĂ©gritĂ©, la justice et la responsabilitĂ©.

-       Impliquer activement les leaders religieux et communautaires, avec un objectif d’au moins trois millions de personnes sensibilisĂ©es chaque annĂ©e.

-       CrĂ©er un cadre institutionnel pour lutter contre la perte des valeurs sociales.

-       Garantir l’Ă©galitĂ© des chances aux examens, concours nationaux et emplois publics, en mettant en place des mĂ©canismes transparents et vĂ©rifiables.

 

StratĂ©gie 4.1.2 – Transformer chaque citoyen en acteur de paix et de cohĂ©sion

 

La paix et la cohĂ©sion nationale sont indispensables au dĂ©veloppement d’un pays. Elles relĂšvent Ă  la fois de la responsabilitĂ© des gouvernants, qui dĂ©finissent des politiques, et de celle des citoyens, qui doivent adopter des comportements favorisant leur mise en Ɠuvre. Or, en CĂŽte d’Ivoire, de nombreux actes posĂ©s par les citoyens eux-mĂȘmes fragilisent rĂ©guliĂšrement la paix et la cohĂ©sion.

Pour y remédier, le MGC propose de :

-       Renforcer l’enseignement des valeurs citoyennes Ă  travers l’Ă©cole, en mettant en avant les alliances interethniques et le vivre-ensemble.

-       Sceller Ă  l’image des alliances interethniques de nouveaux pactes de non-agression et de protection mutuelle entre toutes les ethnies de la CĂŽte d’Ivoire.

-       CrĂ©er un cadre de promotion et de rĂ©compense des actions de paix et de cohĂ©sion menĂ©es par des citoyens, des organisations religieuses, politiques ou de la sociĂ©tĂ© civile.

-       Encourager les collectivitĂ©s locales (Mairies, Conseils rĂ©gionaux) et les chefferies traditionnelles Ă  initier des programmes de consolidation de la paix et du dialogue communautaire.

-       DĂ©velopper des programmes de formation et de sensibilisation, en partenariat avec les mĂ©dias et des acteurs techniques, sur la paix et la cohĂ©sion.

-       Mettre en place un systĂšme national d’Ă©valuation du niveau de paix et de cohĂ©sion sociale (Ă  court, moyen et long terme), afin d’ajuster rĂ©guliĂšrement les politiques publiques.

Projet 4.2 – Garantir la santĂ© et la sĂ©curitĂ© sociale de la population ivoirienne

 

La santĂ© est un pilier essentiel de la souverainetĂ© nationale. La stabilitĂ© sociale et la force Ă©conomique d’un pays dĂ©pendent directement de la bonne santĂ© de sa population : un peuple en bonne santĂ© est plus productif et contribue Ă  la paix sociale[4].

L’accĂšs Ă©quitable aux soins permet de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s, de renforcer l’unitĂ© nationale et de consolider la confiance des citoyens envers l’État[5]. Un systĂšme sanitaire solide rend Ă©galement un pays plus autonome face aux crises sanitaires et aux dĂ©pendances extĂ©rieures, renforçant sa rĂ©silience. Investir dans la santĂ©, c’est aussi investir dans le capital humain, moteur d’innovation et de compĂ©titivitĂ© mondiale[6]. Enfin, la capacitĂ© d’un État Ă  protĂ©ger la vie et le bien-ĂȘtre de ses citoyens constitue une preuve de sa souverainetĂ© politique et de son autoritĂ© sur la scĂšne internationale.

De la mĂȘme maniĂšre, la sĂ©curitĂ© sociale est indispensable Ă  la stabilitĂ© nationale. Elle protĂšge les citoyens contre les risques sociaux (maladie, vieillesse, chĂŽmage) et renforce la cohĂ©sion sociale. En garantissant un accĂšs Ă©quitable aux soins et aux prestations, elle contribue Ă  rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s et Ă  consolider la lĂ©gitimitĂ© de l’État[7]. Elle soutient aussi la productivitĂ© nationale en prĂ©servant la santĂ© et la sĂ©curitĂ© Ă©conomique des travailleurs, conditions nĂ©cessaires Ă  la compĂ©titivitĂ© et au dĂ©veloppement durable. Un systĂšme de sĂ©curitĂ© sociale solide rĂ©duit la dĂ©pendance du pays vis-Ă -vis de l’aide extĂ©rieure en cas de crise sociale ou sanitaire[8].

Pourtant, malgrĂ© son importance capitale, la santĂ© reste financĂ©e en grande partie par l’endettement. Selon la Banque mondiale, entre 2020 et 2024, l’État de CĂŽte d’Ivoire a contractĂ© ou approuvĂ© des emprunts liĂ©s spĂ©cifiquement au secteur de la santĂ© allant de 17,5 milliards Ă  100 milliards de FCFA, pour un total de 333,2 milliards de FCFA. Sur la mĂȘme pĂ©riode, les crĂ©dits affectĂ©s Ă  la protection sociale ont Ă©tĂ© estimĂ©s Ă  150 milliards de FCFA.

Pour le MGC, la souverainetĂ© de la CĂŽte d’Ivoire repose sur la prise en charge totale de sa santĂ©, de son Ă©ducation, de sa sĂ©curitĂ© et de son alimentation. Pour atteindre cet objectif, le Parti a dĂ©fini trois stratĂ©gies principales.

 

StratĂ©gie 4.2.1 – Assurer la santĂ© pour tous, de maniĂšre Ă©quitable

 

L’accĂšs aux soins de santĂ© est un moyen efficace de lutte contre la pauvretĂ©. Il amĂ©liore la qualitĂ© de vie, stimule la productivitĂ© et protĂšge les populations contre certains risques.

En octobre 2019, le gouvernement ivoirien a lancĂ© la Couverture Maladie Universelle (CMU). Mais cinq ans aprĂšs, ce projet montre de nombreuses limites. En 2024, 8 millions de personnes (soit 27,6 % de la population) ont Ă©tĂ© enrĂŽlĂ©es, mais les indicateurs de satisfaction restent faibles. Le programme fait face Ă  des difficultĂ©s liĂ©es au coĂ»t des soins, au manque d’infrastructures, Ă  la qualitĂ© des services, Ă  la gouvernance et Ă  la faible sensibilisation. Pire encore, la carte de la CMU est parfois exigĂ©e pour des dĂ©marches non mĂ©dicales.

De fortes inĂ©galitĂ©s persistent aussi dans l’accĂšs aux soins de qualitĂ© entre les rĂ©gions, tant sur la disponibilitĂ© du personnel et des spĂ©cialitĂ©s que sur le coĂ»t des mĂ©dicaments et traitements.

Le budget 2025 allouĂ© Ă  la santĂ© reprĂ©sente seulement 2,14 % du budget national, bien en dessous des normes internationales. Or, l’engagement de Maputo recommande de consacrer au moins 10 % du budget national Ă  la santĂ©. Le MGC s’engage donc Ă  appliquer cette norme afin de renforcer le systĂšme sanitaire et d’assurer une couverture universelle rĂ©elle.

Pour concrétiser cela, le MGC prévoit de :

-        Rendre gratuits les soins de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, y compris pour les femmes enceintes et les enfants de 0 Ă  5 ans.

-        Consacrer 70 milliards FCFA par an Ă  l’achat d’Ă©quipements et de mĂ©dicaments essentiels, notamment pour Ă©quiper chaque rĂ©gion en unitĂ©s de soins pour bĂ©bĂ©s prĂ©maturĂ©s.

-        Installer des couveuses dans tous les hĂŽpitaux publics et former des Ă©quipes de pĂ©diatres et d’infirmiers spĂ©cialisĂ©s.

-        DĂ©velopper un programme national de prise en charge des insuffisances rĂ©nales, avec des centres de dialyse dans toutes les grandes villes et des soins gratuits en cas d’urgence.

-        Encadrer la production et la promotion des mĂ©dicaments traditionnels amĂ©liorĂ©s et des pratiques de soins endogĂšnes.

-        Moderniser le plateau technique des hĂŽpitaux et rĂ©habiliter au moins 50 centres de santĂ© par an selon les normes.

-        Former 5 000 agents de santĂ© par an aux nouvelles technologies mĂ©dicales, avec un systĂšme de certification continue.

-        Motiver le personnel en zones rurales par des primes, logements de fonction et perspectives de carriĂšre.

-        Promouvoir l’industrie pharmaceutique nationale pour rĂ©duire de 60 % les importations de mĂ©dicaments, en crĂ©ant une zone industrielle dĂ©diĂ©e et en soutenant la recherche pharmaceutique.

-        IntĂ©grer pleinement le numĂ©rique Ă  travers le dossier patient informatisĂ© (DPI), la tĂ©lĂ©mĂ©decine et un systĂšme d’alerte Ă©pidĂ©miologique en temps rĂ©el.

-        Construire 100 nouveaux centres de santĂ© dans les sous-prĂ©fectures mal desservies, rĂ©habiliter 30 centres par an, dĂ©ployer 100 cliniques mobiles et doter chaque sous-prĂ©fecture d’une ambulance mĂ©dicalisĂ©e.

 

StratĂ©gie 4.2.2 – DĂ©velopper l’offre sanitaire pour attirer le tourisme mĂ©dical

 

Le tourisme mĂ©dical repose sur des soins de haute technologie Ă  coĂ»ts compĂ©titifs, alliĂ©s Ă  des services hospitaliers de qualitĂ© internationale. Il combine mĂ©decine, bien-ĂȘtre et hospitalitĂ©, tout en gĂ©nĂ©rant des revenus importants pour l’Ă©conomie.

En CĂŽte d’Ivoire, ce secteur peut devenir une source majeure de devises et d’emplois. Il rĂ©duira aussi la dĂ©pendance des patients ivoiriens vis-Ă -vis de l’Ă©tranger.

 

Le MGC prévoit de :

-        Construire dix centres mĂ©dicaux spĂ©cialisĂ©s (cardiologie, oncologie, chirurgie robotique, transplantation, etc.).

-        DĂ©velopper la tĂ©lĂ©mĂ©decine et l’intĂ©gration de l’intelligence artificielle dans le diagnostic.

-        Obtenir la certification internationale de dix centres hospitaliers pour rassurer les patients Ă©trangers.

-        Former et spĂ©cialiser les ressources humaines dans les mĂ©tiers mĂ©dicaux et technologiques.

-        Promouvoir la CĂŽte d’Ivoire comme hub mĂ©dical africain grĂące Ă  des campagnes internationales ciblĂ©es.

 

StratĂ©gie 4.2.3 – Garantir la protection sociale pour tous

 

Pour le MGC, la protection sociale désigne tous les mécanismes collectifs qui aident les citoyens à faire face aux conséquences des risques sociaux (maladie, chÎmage, vieillesse, catastrophes naturelles).

En CĂŽte d’Ivoire, la majoritĂ© des travailleurs exercent dans le secteur informel et restent exclus de la couverture sociale. En 2024, seuls 6,1 % des emplois sont formels (3,2 % pour les femmes et 8,1 % pour les hommes). Les cotisations actuelles ne suffisent pas Ă  couvrir les prestations, ce qui met en danger la pĂ©rennitĂ© du systĂšme.

Le MGC propose de :

-        Faciliter l’accĂšs des jeunes qualifiĂ©s Ă  un premier emploi.

-        CrĂ©er un revenu temporaire pour les chĂŽmeurs sans ressources, conditionnĂ© Ă  une rĂ©insertion professionnelle.

-        Mettre en place un Fonds national pour l’emploi de transition, capable de soutenir au moins 50 000 chĂŽmeurs par an.

-        Renforcer les programmes de solidaritĂ© en faveur des plus vulnĂ©rables.

-        CrĂ©er un Fonds de souverainetĂ© nationale dotĂ© de 110 milliards FCFA pour rĂ©agir rapidement aux catastrophes naturelles, avec un comitĂ© de gestion multisectoriel et un mĂ©canisme de dĂ©caissement rapide (moins de 24h).

-        Renforcer le dispositif judiciaire de protection des victimes d’accidents du travail.

 

Projet 4.3 – Faire de la jeunesse, l’acteur clĂ© du dĂ©veloppement durable du pays

 

La CĂŽte d’Ivoire possĂšde un atout majeur : sa population jeune, dynamique et en croissance constante. Plus de 60 % des Ivoiriens ont moins de 25 ans. Cette jeunesse reprĂ©sente une richesse pour le dĂ©veloppement Ă©conomique et social du pays, mais elle fait aussi face Ă  de grands dĂ©fis en matiĂšre d’emploi, d’Ă©ducation et de participation Ă  la vie publique.

Selon l’OIT, en 2021, 34,60 % des jeunes de 15 Ă  24 ans n’Ă©taient ni en emploi, ni en formation. Cette situation est largement due au dĂ©calage entre les formations reçues et les besoins rĂ©els des entreprises. Le chĂŽmage Ă©levĂ© des jeunes fragilise leur confiance en l’avenir, affaiblit la crĂ©dibilitĂ© des politiques publiques et alimente des vagues migratoires massives, souvent mortelles.

De plus, beaucoup de jeunes se heurtent Ă  un manque d’accĂšs Ă  une Ă©ducation de qualitĂ©, Ă  un emploi dĂ©cent et Ă  des services sociaux de base comme la santĂ© ou le logement. L’appui Ă  l’entreprenariat jeune reste insuffisant, alors mĂȘme que cette catĂ©gorie reprĂ©sente une majoritĂ© de la population. La jeunesse rurale est encore plus marginalisĂ©e : exclue socialement et Ă©conomiquement, elle participe peu au dĂ©veloppement, alors que l’Ă©conomie repose largement sur l’agriculture, secteur oĂč elle est pourtant trĂšs prĂ©sente.

Face à cette réalité, le MGC veut faire de la jeunesse ivoirienne le moteur du développement national en investissant massivement dans des solutions adaptées à ses besoins. Trois grandes stratégies sont proposées :

 

StratĂ©gie 4.3.1 – CrĂ©er les conditions de socialisation des jeunes

 

Les jeunes ivoiriens sont confrontĂ©s Ă  de nombreux obstacles : chĂŽmage, difficultĂ©s d’accĂšs Ă  l’Ă©ducation, insuffisance de terres disponibles, etc. Ces dĂ©fis provoquent souvent dĂ©couragement et perte de confiance, aussi bien envers l’État qu’en eux-mĂȘmes.

Une Ă©tude du MPJIPSC a rĂ©vĂ©lĂ© l’ampleur des violences subies par les jeunes. En 2021, 47 570 actes de violences ont Ă©tĂ© recensĂ©s : 28 059 dans le primaire (58,98 %), 19 347 dans le secondaire gĂ©nĂ©ral (40,67 %) et 164 dans le secondaire technique. En milieu scolaire, ces violences transforment l’Ă©cole en un environnement hostile et dĂ©motivant.

À l’universitĂ©, des violences similaires sont signalĂ©es. Une enquĂȘte menĂ©e en 2021 par Interpeace et Indigo dans trois universitĂ©s ivoiriennes a montrĂ© que la gestion des ressources (bourses, logements, restauration) n’est pas suffisamment transparente, crĂ©ant des frustrations. Les rivalitĂ©s Ă©tudiantes autour du leadership et l’impunitĂ© des violences aggravent la situation.

 

Ces rĂ©alitĂ©s favorisent le dĂ©crochage scolaire, la dĂ©linquance, la criminalitĂ©, mais aussi la consommation de drogue et d’alcool. La jeunesse se retrouve ainsi en manque de repĂšres. Pour inverser cette tendance, il est essentiel de renforcer la rĂ©silience, de promouvoir un leadership positif, l’espoir, la confiance en soi, le patriotisme et la culture de la paix.

Le MGC s’engage Ă  :

-         CrĂ©er des conseils de jeunes aux niveaux local et national pour les associer aux dĂ©cisions publiques ;

-         Subventionner certains services essentiels (assurance, santĂ©, transport public, logement social, crĂ©dit agricole) ;

-         Mettre en place des programmes de rĂ©habilitation pour les jeunes en difficultĂ©, axĂ©s sur l’Ă©ducation et la formation professionnelle ;

-         Promouvoir la justice rĂ©paratrice afin de rĂ©soudre les conflits et favoriser la rĂ©insertion des jeunes ;

-         DĂ©velopper des programmes de sensibilisation et de soutien en santĂ© mentale ;

-         IntĂ©grer le bien-ĂȘtre psychologique dans les Ă©coles et les communautĂ©s ;

-         Renforcer l’Ă©ducation civique, la tolĂ©rance et le patriotisme.

 

StratĂ©gie 4.3.2 – Investir dans la formation et l’insertion professionnelle des jeunes

 

Comme partout en Afrique, les jeunes ivoiriens constituent un capital humain stratégique. Leur insertion professionnelle est donc une priorité nationale.

Le gouvernement a dĂ©jĂ  lancĂ© des initiatives comme le Programme Emplois Jeunes (PEJ) et l’Agence Emploi Jeunes (AEJ). Ces efforts ont permis quelques rĂ©sultats positifs : selon l’OIT, en 2021, le taux de chĂŽmage global Ă©tait de 3,50 %, mais atteignait 5,70 % chez les jeunes de 15-24 ans. L’objectif de ramener ce taux sous 5 % fixĂ© depuis 2016 n’a pas encore Ă©tĂ© atteint.

La persistance du chĂŽmage et du sous-emploi expose les jeunes Ă  la prĂ©caritĂ© et aux inĂ©galitĂ©s. Beaucoup se sentent exclus de la sociĂ©tĂ©. Cette situation alimente des frustrations et constitue un risque de rupture sociale. Parmi les causes principales, l’on dĂ©nombre :

-         un accĂšs limitĂ© Ă  l’Ă©ducation et aux formations qualifiantes,

-         un manque d’expĂ©rience professionnelle,

-         une information insuffisante sur les opportunitĂ©s,

-         et surtout une inadĂ©quation entre les formations et les besoins du marchĂ© du travail[9].

Pour rĂ©pondre Ă  ces dĂ©fis, le MGC s’engage Ă  :

-         Adapter les curricula de formation aux besoins rĂ©els du marchĂ© du travail ;

-         Promouvoir la formation technique et professionnelle avec des incitations, du mentorat et des partenariats Ă©coles-entreprises ;

-         CrĂ©er des fonds de soutien et des mĂ©canismes de microfinance pour encourager l’entrepreneuriat des jeunes ;

-         AccroĂźtre le financement des initiatives rurales portĂ©es par les jeunes, notamment dans l’agriculture ;

-         Renforcer les structures publiques chargĂ©es de l’insertion et de l’emploi des jeunes ;

-         Mettre en place des systĂšmes de suivi-Ă©valuation pour mesurer l’impact des politiques ;

-         Associer les autoritĂ©s locales, les communautĂ©s et la sociĂ©tĂ© civile aux programmes d’insertion ;

-         DĂ©velopper des partenariats techniques et financiers pour appuyer durablement la formation et l’emploi des jeunes.

 

StratĂ©gie 4.3.3 – Promouvoir l’appropriation des valeurs cardinales par les jeunes

 

L’on dit souvent que « la jeunesse est l’avenir du pays ». Mais pour jouer pleinement ce rĂŽle, elle doit s’approprier certaines valeurs fondamentales.

Le MGC a défini 14 valeurs cardinales :

1. La compĂ©tence poussĂ©e jusqu’Ă  l’excellence ;

2. La crainte de Dieu ;

3. Le respect des différentes croyances religieuses et philosophiques ;

4. L’amour de soi et du prochain ;

5. L’intĂ©gritĂ© (fidĂ©litĂ©, loyautĂ©, probitĂ©, honnĂȘtetĂ©) ;

6. L’incorruptibilitĂ© ;

7. L’union, la discipline et le travail ;

8. La rectitude (droiture et justice) ;

9. La paix ;

10. Le respect de la vie ;

11. Le respect de la parole donnée ;

12. Le patriotisme ;

13. L’ouverture Ă  l’autre ;

14. Le partage et la solidarité.

Ces valeurs constituent le socle d’une sociĂ©tĂ© harmonieuse et sont indispensables Ă  la transformation nationale. Elles doivent ĂȘtre transmises aux jeunes et incarnĂ©es par eux pour garantir la rĂ©ussite du dĂ©veloppement durable.

Le MGC s’engage Ă  :

-         IntĂ©grer ces valeurs dans les programmes d’enseignement gĂ©nĂ©ral, technique et professionnel ;

-         DĂ©velopper des activitĂ©s de sensibilisation dans les centres d’insertion et de rĂ©insertion des jeunes ;

-         Associer les leaders religieux et coutumiers Ă  la promotion de ces valeurs ;

-         RĂ©compenser les citoyens et institutions qui incarnent ces valeurs dans le secteur public et privĂ© ;

-         Mettre en place des dispositifs d’Ă©valuation pour mesurer l’appropriation de ces valeurs par les jeunes.


 

Projet 4.4 – DĂ©velopper des initiatives intĂ©grĂ©es pour la protection, l'Ă©panouissement et l'Ă©mancipation des personnes vulnĂ©rables

          

Est considérée comme vulnérable, toute personne dont la situation physique, psychologique, sociale, économique ou juridique la place dans une position de fragilité ou de désavantage, qui réduit sa capacité à faire valoir ou à défendre ses droits fondamentaux, à accéder aux ressources essentielles (santé, éducation, logement, emploi, justice, etc.) ou à se protéger contre les risques et abus.

Cette vulnĂ©rabilitĂ© peut ĂȘtre innĂ©e, acquise ou contextuelle, c’est-Ă -dire liĂ©e Ă  des caractĂ©ristiques propres (Ăąge, handicap), Ă  des circonstances de vie (pauvretĂ©, maladie, violences subies) ou Ă  des situations particuliĂšres (conflits armĂ©s, catastrophes naturelles, migrations).

Les catĂ©gories de personnes gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme vulnĂ©rables se comptent parmi les femmes, les enfants et adolescents, les personnes ĂągĂ©es, les personnes en situation de handicap ; les personnes malades ou atteintes de maladies chroniques et ou mentales, les populations Ă©conomiquement dĂ©favorisĂ©es, les migrants, refugiĂ©s, dĂ©placĂ©s internes et apatrides, les victimes de violences, de traite ou d’exploitation, les minoritĂ©s sociales, ethniques, religieuses.

Depuis plusieurs dĂ©cennies, les diffĂ©rents gouvernements ivoiriens ont mis en place des politiques pour protĂ©ger et promouvoir les droits des femmes, des enfants et d’autres catĂ©gories vulnĂ©rables. Ces actions ont concernĂ© plusieurs domaines :

-        ÉgalitĂ© et droits des femmes : adoption de lois contre les violences basĂ©es sur le genre, promotion de l’accĂšs Ă  la justice et protection des droits reproductifs.

 

-        Éducation et formation : programmes pour faciliter la scolarisation des jeunes filles et l’accĂšs des femmes Ă  la formation professionnelle, afin de favoriser leur autonomie Ă©conomique.

-        SantĂ© reproductive : amĂ©lioration de l’accĂšs aux soins maternels et reproductifs, gratuitĂ© des soins liĂ©s Ă  la grossesse et Ă  l’accouchement.

-        Emploi et entrepreneuriat : mesures pour renforcer la prĂ©sence des femmes sur le marchĂ© du travail, crĂ©ation de fonds comme le FAFCI pour financer l’entrepreneuriat fĂ©minin.

-        Participation politique : adoption de la loi sur le quota de 30 % de femmes dans les postes Ă©lectifs et dĂ©cisionnels.

-        Protection de l’enfant : ratification de textes juridiques internationaux et rĂ©gionaux relatifs aux droits et au bien-ĂȘtre des enfants.

Cependant, malgrĂ© ces efforts, la situation des femmes et des enfants reste difficile : discriminations persistantes, faible reprĂ©sentativitĂ© politique, inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques, conditions de vie prĂ©caires pour beaucoup d’enfants et absence de protection adaptĂ©e pour les personnes ĂągĂ©es et handicapĂ©es.

Le MGC considĂšre que la protection et l’Ă©panouissement de ces populations sont une responsabilitĂ© directe de l’État, Ă  travers une politique sociale forte et Ă©quitable. C’est pourquoi il propose ce projet, articulĂ© autour de trois stratĂ©gies principales.

 

StratĂ©gie 4.4.1 – CrĂ©er les conditions d’Ă©panouissement et d’Ă©mancipation des femmes

 

Selon le RGPH 2021, les femmes reprĂ©sentent 47,79 % de la population ivoirienne, soit environ 14 millions de personnes. Pourtant, elles demeurent sous-reprĂ©sentĂ©es dans la vie politique (21,87 % au gouvernement, 12,60 % Ă  l’AssemblĂ©e nationale, 19,19 % au SĂ©nat, etc.) et dans le systĂšme Ă©ducatif (36 % des enseignants du primaire, 18,40 % dans le secondaire public, 21 % dans le supĂ©rieur)[10].

Sur le plan économique, la situation est également préoccupante : seulement 51 % des femmes participent au marché du travail, moins de 15 % ont accÚs à la propriété fonciÚre et à peine 2,13 % ont bénéficié des financements du FAFCI entre 2012 et 2022.

Face Ă  cet Ă©tat des lieux, le MGC s’engage Ă  :

-        faciliter l’accĂšs Ă©quitable des femmes au financement de l’entrepreneuriat ;

-        promouvoir l’employabilitĂ© fĂ©minine avec des mesures incitatives au recrutement ;

-        simplifier l’accĂšs des femmes Ă  la propriĂ©tĂ© fonciĂšre ;

-        renforcer les lois et assainir l’environnement politique pour amĂ©liorer la participation des femmes aux postes de dĂ©cision ;

-        mettre en place, dans chaque rĂ©gion, des programmes d’autonomisation portĂ©s par les collectivitĂ©s locales, avec des centres de formation professionnelle orientĂ©s vers les secteurs porteurs (agriculture durable, artisanat, numĂ©rique, services) ;

-        allouer un budget spĂ©cifique et dĂ©velopper des mĂ©canismes de microcrĂ©dit et de subventions accessibles ;

-        instaurer des rĂ©seaux de mentorat et de soutien pour les femmes entrepreneures ;

-        mettre en place un dispositif de suivi-Ă©valuation pour mesurer l’Ă©volution de l’autonomie et de l’Ă©panouissement des femmes.

 

StratĂ©gie 4.4.2 – Renforcer la protection de l’enfant

 

Le rapport de 2014 sur la situation des enfants en CĂŽte d’Ivoire montrait que deux enfants sur trois Ă©taient privĂ©s d’un Ă  trois droits fondamentaux (santĂ©, nutrition, Ă©ducation, accĂšs Ă  l’eau potable, environnement sain, protection contre les abus). La crise postĂ©lectorale de 2020 et les nombreux dĂ©guerpissements ont encore aggravĂ© leur vulnĂ©rabilitĂ©.

Pour améliorer cette situation, le MGC propose de :

-        appliquer les recommandations des mĂ©canismes de suivi des droits de l’enfant ;

-        respecter le calendrier d’Ă©laboration du rapport complĂ©mentaire CDE ;

-        renforcer la loi, notamment en interdisant clairement les punitions physiques et humiliantes, tout en tenant compte des rĂ©alitĂ©s socioculturelles ivoiriennes ;

-        assurer un financement stable et contrĂŽlĂ© de la protection de l’enfance, avec un budget annuel spĂ©cifique et un fonds national dĂ©diĂ© aux enfants vulnĂ©rables (santĂ©, Ă©ducation, hĂ©bergement) ;

-        crĂ©er une plateforme numĂ©rique de suivi des financements et publier des rapports trimestriels transparents ;

-        instaurer des incitations fiscales pour encourager les dons privĂ©s en faveur de la protection de l’enfance ;

-        mettre en place un comitĂ© de suivi-Ă©valuation des investissements publics et internationaux dans ce domaine.

 

StratĂ©gie 4.4.3 – ProtĂ©ger les personnes ĂągĂ©es et celles vivant avec un handicap

 

Le RGPH 2021 indique que la CĂŽte d’Ivoire compte 1 253 620 personnes ĂągĂ©es de plus de 60 ans. Bien que la Constitution de 2016 garantisse leur protection (articles 32 et 33), il n’existe pas de loi spĂ©cifique pour les personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes. Beaucoup subissent la chertĂ© de la vie, un accĂšs limitĂ© aux soins adaptĂ©s et des difficultĂ©s d’accĂšs Ă  leurs pensions.

Concernant les personnes vivant avec un handicap, le RGPH 2014 recensait 453 453 personnes, mais aucune donnĂ©e rĂ©cente n’est disponible. Les mesures prises en 2015 et 2018 pour dĂ©fendre leurs droits restent insuffisantes, faute de financements.

Le MGC s’engage Ă  :

-        initier un recensement spĂ©cial des personnes ĂągĂ©es et handicapĂ©es ;

-        renforcer les lois pour mieux protĂ©ger leurs droits et encourager leur participation Ă  la vie publique ;

-        amĂ©liorer leur accĂšs Ă  des soins spĂ©cifiques et adaptĂ©s ;

-        valoriser les compĂ©tences des personnes ĂągĂ©es dans des programmes Ă©ducatifs, sanitaires ou sociaux ;

-        dĂ©velopper des formations et financements dĂ©diĂ©s Ă  l’entrepreneuriat des personnes handicapĂ©es ;

-        crĂ©er des centres de santĂ© gĂ©riatriques dans tous les chefs-lieux de rĂ©gion, avec des soins spĂ©cialisĂ©s et subventionnĂ©s ;

-        mettre en place un programme national de retraite active, incluant activitĂ©s culturelles, sportives et Ă©ducatives ;

-        octroyer des allocations sociales mensuelles aux personnes ĂągĂ©es sans pension et instaurer une carte sociale donnant accĂšs Ă  des rĂ©ductions (transport, mĂ©dicaments, services publics) ;

-        organiser des visites mĂ©dicales et sociales Ă  domicile pour les personnes ĂągĂ©es isolĂ©es ou Ă  mobilitĂ© rĂ©duite.

Ce projet du MGC vise donc Ă  garantir une meilleure protection, mais aussi un vĂ©ritable Ă©panouissement des femmes, des enfants, des personnes ĂągĂ©es et des personnes en situation de handicap, afin de bĂątir une CĂŽte d’Ivoire plus juste, plus inclusive et solidaire.

 



[1] DarismĂ© J.W. (1991). OĂč va le modĂšle suĂ©dois ? État providence et protection sociale. Canadian Review of Social Policy 28 : 123-126.

[2] Cf. BanĂ©gas R.  (2010). La politique du « gbonhi ». Mobilisations patriotiques, violence milicienne et carriĂšres militantes en CĂŽte-d'Ivoire. GenĂšses 81(4) : 25-44.

[3] Cf. AkindĂšs F. (2017). « On ne mange pas les ponts et le goudron » : les sentiers sinueux d’une sortie de crise en CĂŽte d’Ivoire. Politique Africaine 148(4) : 5-26.

 

[4] Cf. World Health Organization (WHO). (2020). World health statistics 2020. Geneva: WHO.

[5] Cf. Sen A. (1999). Development as freedom. Oxford University Press.

[6] Cf. Bloom D.E., Kuhn M. & Prettner K. (2019). Health and economic growth. Journal of Political Economy 127(5) : 3243-3275.

[7] Cf. Esping-Andersen G. (1990). The three worlds of welfare capitalism. Princeton University Press.

[8] Cf. Barr N. (2020). Economics of the welfare state. 


🖋 Page en cours de constitution, en attente  de la rĂ©ception  des Ă©lĂ©ments  des 4 autres candidats en lice.


Propos recueillis par
Nora ANSELL-SALLES LEGRAND 











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