Stop à la culpabilisation des patients !
de la semaine du
Dr Christophe Prudhomme
Stop à la culpabilisation des patients !
Nous sommes confrontés à un discours du gouvernement culpabilisant vis-à-vis des patients dont le meilleur exemple est la stigmatisation des « gens qui viendraient pour rien aux urgences ». Il s’agit pour ce dernier de dégager sa responsabilité face à la dégradation de l’accès aux soins dont l’exemple le plus frappant est la fermeture inopinée et régulière de nombreux services d’urgence.
Les médecins ne sont pas en reste et ils sont accusés de prescrire des arrêts de travail qui seraient injustifiés avec la menace de limiter administrativement la durée d’un premier arrêt à 15 jours, portant ainsi atteinte à un des fondements de la médecine qui est la liberté de prescription. Liberté qui est un des garants de soins adaptés à chaque patient, dont le médecin doit rester le seul juge dans le cadre du respect des règles de déontologie et de bonnes pratiques qui ne peuvent être jugées qu’à posteriori et non a priori.
Dans ce contexte, de plus en plus de patients se plaignent d’un mauvais accueil par les médecins que ce soit à l’hôpital ou en ville, particulièrement en situation d’urgence ou de consultation non programmée. Ecouter le retour des patients est intéressant. L’un raconte qu’après avoir énoncé le motif de sa venue sans pouvoir donner d’autres explications, le médecin de ville a adopté un ton condescendant et agressif. Il a fallu alors qu’il se défende en expliquant qu’il n’avait plus de médecin traitant et qu’il avait pris cette plage de rendez-vous disponible sur une plate-forme pour éviter d’aller aux urgences. Une autre, à l’hôpital, après avoir attendu plusieurs heures a dans un premier temps été sidérée face aux reproches adressés de but en blanc par le médecin après avoir simplement lu le motif de consultation inscrit sur la fiche par l’infirmière d’accueil. Il lui a fallu ensuite prendre sur elle pour expliquer le contexte avec une hospitalisation récente et le conseil qui lui avait été donné à sa sortie de consulter rapidement en cas de l’apparition de certains symptômes.
Si l’on peut comprendre que les médecins subissant une très forte pression de la part des pouvoirs publics, pour certains dans un contexte de surcharge de travail, puissent être de mauvaise humeur, il apparaît peu adapté qu’ils la reportent sur leurs patients. Bien entendu le rôle des professionnels de santé dans leur ensemble et notamment des médecins comprend ce qu’on appelle l’éducation des patients qui comprend la bonne utilisation du système de soins et le contrôle des abus. Mais soyons clair, les abus existent mais ils sont minoritaires et il n’est pas acceptable que tous les patients soient mis dans le même sac.
Savoir écouter, expliquer et dans certains cas blâmer, n’est pas inné et s’apprend. Malheureusement, ces compétences sont peu enseignées en formation initiale et chacun doit s’adapter au fil du temps, qui plus est dans un contexte sociétal évolutif défavorable. Il est urgent que les professionnels de santé prennent conscience de cette situation et veillent à adapter leur accueil et leur comportement à chaque patient car chaque cas est particulier.
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