Nora ANSELL-SALLES

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jeudi 20 septembre 2012

Vaccins pandémiques grippe A (H1N1) et narcolepsie

Résultats de l’étude européenne et de l’étude cas-témoins française

 En août 2010, plusieurs cas de narcolepsie ont été signalés en Finlande et en Suède, chez des personnes ayant été vaccinées contre la grippe A (H1N1) avec Pandemrix®, seul vaccin utilisé dans ces pays durant la campagne de vaccination pandémique 2009-2010. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a immédiatement engagé une réévaluation du bénéfice/risque du vaccin Pandemrix®. Elle a conclu, en juillet 2011, que le bénéfice du vaccin restait supérieur au risque. En parallèle, des investigations épidémiologiques ont été menées. Les premiers résultats de l’étude européenne multicentrique « VAESCO[1] » financée par le Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC) sont en faveur d’une association entre vaccination et narcolepsie chez les enfants et les adolescents dans les deux pays lanceurs d’alerte (Finlande et Suède). Dans les autres pays participant à l’étude VAESCO, aucune association n’a été retrouvée quelle que soit la tranche d’âge, à l'exception d'une augmentation du risque de narcolepsie chez l'adulte, à partir de l’analyse des données françaises de cette étude européenne. Par ailleurs, dans l’étude cas-témoins menée spécifiquement en France (étude NarcoFlu-VF), une association significative est apparue, aussi bien chez les adultes que chez les enfants et les adolescents.


Qu’est ce que la narcolepsie ?

La narcolepsie est un trouble du sommeil qui se caractérise par une somnolence excessive au cours de la journée, avec des accès de sommeil incontrôlables. Elle peut s’accompagner, à la suite d’une émotion, de pertes soudaines du tonus musculaire (cataplexie). Chaque année, environ 900 nouveaux cas de narcolepsie sont dénombrés en France, le plus souvent chez des adolescents ou des adultes jeunes.


Dès l’émergence du signal de survenue de cas de narcolepsie chez des personnes ayant été vaccinées avec le vaccin Pandemrix®, l’EMA a engagé une réévaluation du bénéfice/risque (B/R) du vaccin.
En juillet 2011, l’EMA a conclu que la balance bénéfice/risque du Pandemrix® restait positive mais, qu’en raison de très rares cas de narcolepsie survenus chez les personnes âgées de moins de 20 ans, le vaccin ne devait être utilisé qu’en l’absence d’autres vaccins disponibles (trivalents). Parallèlement à ce processus de réévaluation, l’ECDC (European Centre for Disease prevention and Control) et l’EMA ont mandaté le réseau d’investigateurs européen VAESCO afin d’étudier ce signal. En France l’ANSM a contribué à ce projet européen, en collaboration avec l’Inserm.

L’étude VAESCO a reposé sur deux axes :
-                 la comparaison des taux d’incidence de narcolepsie dans la population générale avant et après la campagne de vaccination dans 7 pays (voir ci-après),
-                 la réalisation d’une étude européenne cas-témoin multicentrique afin d’étudier une éventuelle association entre vaccination pandémique et narcolepsie dans 8 pays dont la France (voir ci-après).

En France, les effets indésirables de Pandemrix® font l’objet d’un suivi de pharmacovigilance renforcée. A ce jour, un total de 51 cas de narcolepsie (dont 38 associés à des épisodes cataplexiques) a été rapporté chez des personnes vaccinées par Pandemrix® (47 cas pour 4 100 000 personnes vaccinées), Panenza® (3 cas pour 1 600 000 personnes vaccinées) et un vaccin grippal A/H1N1 dont le nom de spécialité n’a pas été identifié (1 cas). Dans l’ensemble de ces cas, l’analyse des résultats issus des tests d’enregistrement du sommeil a permis de confirmer le diagnostic de narcolepsie.
Parmi ces 51 cas français de narcolepsie observés après vaccination, 22 concernent des personnes âgées de 16 ans et plus et 28 des adolescents âgés de 8 à 15 ans[2]. Le début des symptômes est intervenu entre 2 jours et 15 mois après la vaccination. Huit patients (6 adultes et 2 adolescents) présentaient toutefois des facteurs de risques (antécédents médicaux et/ou familiaux de narcolepsie) pouvant expliquer la survenue de ces événements.

En complément de ce suivi de pharmacovigilance français, l’ANSM a financé une étude de type cas-témoin, menée par l’Inserm (étude « NarcoFlu-VF »). Bien qu’associée à l’étude VAESCO, cette étude reposait uniquement sur les données françaises.

Plusieurs résultats émergent de l’ensemble de ces trois études :
·           Les études européennes VAESCO ont confirmé, chez les enfants/adolescents âgés de 5 à 19 ans :
o               d’une part l’augmentation du taux d’incidence de base de la narcolepsie en Finlande et en Suède après la mise en place de la campagne de vaccination (automne 2009) par rapport à la période précédente (période 2000-2009),
o               d’autre part, une augmentation du risque de narcolepsie chez les sujets vaccinés par rapport aux non vaccinés dans ces mêmes 2 pays.
·           L’analyse globale des données des six autres pays (Danemark, France, Italie, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni) de l’étude cas-témoin européenne n’a pas retrouvé d’augmentation significative du risque de narcolepsie chez les sujets vaccinés, ni chez les enfants et ni chez les adultes.
·           L’analyse spécifique et complète[3] des données françaises (étude cas-témoins française « NarcoFlu-VF ») fait apparaître une association significative entre la vaccination anti-H1N1 et la survenue de narcolepsie, aussi bien chez les sujets jeunes et atteints de narcolepsie avec cataplexie, que chez les sujets âgés de 19 ans et plus. Cette augmentation du risque de narcolepsie a été retrouvée en utilisant essentiellement les données d’exposition concernant le Pandemrix®, puisque peu de sujets inclus avaient été vaccinés par Panenza®.

La France est le seul pays où l’on retrouve une association entre vaccination anti H1N1 et narcolepsie chez l’adulte. Les raisons de cette particularité ne sont pas connues à ce jour.

Pour mémoire, les vaccins pandémiques dont le Pandemrix®, ne sont plus commercialisés depuis la fin de la pandémie.

Au total, les données actuellement disponibles confirment l’existence d’un signal chez l’enfant et l’adolescent en Finlande et en Suède. Cette association a été également retrouvée en France. Une étude menée parallèlement en Irlande va d’ailleurs dans le même sens.
Par ailleurs, les données françaises sont en faveur d’une association entre vaccination contre la grippe A (H1N1) et narcolepsie chez l’adulte. Une analyse approfondie doit toutefois être menée afin d’investiguer davantage ce signal.
L’ANSM rappelle que, sur la base des données existantes, une relation de causalité entre la vaccination contre la grippe A (H1N1) et la survenue de narcolepsie n’a pas été établie à ce jour; d’autres causes ne peuvent en effet être écartées (génétiques et environnementales).
 


Quelques points clés sur le dossier :


1.                  Quelle est l’incidence habituelle de la narcolepsie, c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas par an ?

Dans la population générale, pour la plupart des cas, l’âge de survenue se situe entre 15 et 25 ans.
En France, l’incidence annuelle est estimée à environ 0,5 pour 100 000 chez les enfants et environ 1,5 pour 100 000 chez les sujets de plus de 16 ans. Il semble y avoir une légère prédominance masculine.
Ceci correspondrait à environ 900 nouveaux cas de narcolepsie par an en France.

2.                  Combien de cas de narcolepsie au décours de la vaccination contre la grippe A (H1N1) ont-ils été notifiés en Europe ?

Après actualisation des données de pharmacovigilance au mois de juin 2012, on observe en Europe plus de 450 cas de narcolepsie rapportés après la vaccination contre la grippe A (H1N1). Ces cas sont, pour l’essentiel, rapportés par les autorités finlandaises et suédoises, plus d’une centaine de cas ayant été rapportés dans chacun de ces pays, après vaccination par Pandemrix®, seul vaccin utilisé dans ces deux pays lors de la campagne de vaccination pandémique 2009/2010.



[1] Réseau de surveillance des effets secondaires des vaccins (Vaccine Adverse Event Surveillance & COmmunication).
[2] Les informations concernant une personne, et notamment le nom du vaccin ou son âge, ne sont pas connues.
[3] Analyse portant sur l’ensemble des cas et des témoins inclus sur la période allant du 01/10/2009 au 30/04/2011.


Contacts : presse@ansm.sante.fr