EDITO
Le
vélo, moteur de la recherche médicale
Après
avoir effectué ses premiers kilomètres au cœur de l'autre pays du fromage puis
sur les vertigineux sommets wallons, le Tour de France retrouve à partir
d'aujourd'hui ses terres hexagonales avec, à chaque étape, les habituels débats
sur la limpidité des exploits accomplis.
De
ce point de vue, la 102ème « fête de la petite reine » va se dérouler
dans un contexte pour le moins chargé. Lui aussi.
La
liste des coureurs convaincus de dopage depuis 1903 est longue comme une étape
de plaine mais le palmarès de l'épreuve cycliste la plus populaire n'est
systématiquement entaché que depuis 1997 [annus horribilis qui a vu se mettre en
place les premiers contrôles d'hématocrite].
Si
les gentils consultants vedettes pour la télé et la radio d'aujourd'hui
ingéraient et s'injectaient hier une impressionnante pharmacopée - c'est juré, à
l'insu de leur plein gré - les techniques de dopage ont, depuis,
considérablement évolué, en accord ou pas avec leurs cobayes à
roulettes.
On
est loin désormais du légendaire et artisanal « pot belge » dans lequel des générations
de coureurs ont puisé à pleines louches leurs étonnantes capacités d'endurance
et parfois aussi, hélas, les causes de leur disparition prématurée. Même les
premières formules d'EPO font figure de recette de bonne femme face à la
sophistication des outils et des techniques aujourd'hui développés.
La
constance avec laquelle les docteurs Folamour tripatouillent les organismes
vélocipédistes a presque quelque chose d'admirable.
Les
seringues du cyclisme sont-elles en passe de devenir les meilleurs aiguillons de
la recherche médicale ? En tout cas, même décalés dans le temps, les progrès
réalisés dans le contrôle sont presque aussi spectaculaires que les avancées
effectuées pour le contourner.
En
matière de transfusion sanguine, grâce à la contribution majeure du véritable
héros de la science qu'a été Lance Armstrong, on atteint presque la perfection
sécuritaire, dans des environnements aseptiques loin pourtant d'être du niveau
qu'offrent nos hôpitaux.
Comme
quoi les infections nosocomiales ne sont pas une fatalité.
Jacques
DRAUSSIN