A l'hôpital,
La
dénutrition peut tuer plus que la maladie elle-même !
Un malade dénutri a 4 fois plus de
risques de faire une complication infectieuse qu’un malade normo-nutri, / 10
à 20 % des malades atteints de cancer meurent des conséquences de leur dénutrition,
pas de leur cancer / La dénutrition
majore le coût d’une hospitalisation de plus de
1 000 €.
Plus de
quinze ans après la publication du rapport des professeurs B. Guy-Grand et C.
Ricour, et malgré la création des Comités de Liaison Alimentation Nutrition
(CLAN) dans tous les établissements de Santé*, la dénutrition reste encore trop
fréquente à l’hôpital, faute d'une prise en charge suffisante
30 à 60 %
des patients hospitalisés sont dénutris, en
particulier en gériatrie, en oncologie, en chirurgie et dans la plupart des
spécialités médicales (pneumologie, gastro-entérologie,
réanimation...) : chez l’enfant, elle est objectivée
par une cassure de la courbe de croissance. On estime qu'elle affecte 15% à 30%
des enfants hospitalisés / Chez les personnes âgées hospitalisées en long séjour,
la prévalence de la dénutrition est de 65 % / Chez les malades atteints de
cancer, elle est en moyenne de 50 % mais très variable (de 67 % dans le
cancer du pancréas à moins de 10 % dans celui du sein) et elle est majorée par
les traitements (chimiothérapie, radiothérapie) dont elle diminue la tolérance.
La
dénutrition est un facteur de surcoûts hospitaliers importants qui pourraient
être évités :
moins de complications (en
particulier infectieuses) / une hospitalisation moins longue / un moindre taux de
mortalité indépendant de la maladie initiale.
La
dénutrition,
dont
les causes et les conséquences en termes de morbi-mortalité sont symétriques à celles de
l'obésité,
mérite
également une vraie politique de santé publique
dépister le
risque - évaluer
sa sévérité - identifier
les patients à risque de complications en rapport avec la dénutrition - Assurer le suivi de l’efficacité de
la renutrition
Ne plus considérer la
nutrition comme un élément secondaire de
la prise en charge thérapeutique
L'état nutritionnel des patients hospitalisés n'est
toujours pas assez pris en compte : sur les 30 à 40% présentant un certain degré de dénutrition à
l'admission, seul un faible pourcentage est diagnostiqué et alimenté de façon
adéquate.
En outre, les besoins métaboliques des patients ne
sont pas suffisamment connus, de sorte que les repas ne sont pas adaptés au
goût et à l'appétit de ceux à qui ils sont destinés, qui de fait ne les
consomment pas. Pour optimiser l’offre alimentaire, il faut donc développer le
contenu des formations initiales médicales et paramédicales. Or, aujourd'hui,
des formations continues existent, mais elles ne sont pas obligatoires.
Sur le plan médical,
utiliser des méthodes plus sensibles et plus spécifiques.
Si la place des différentes techniques de
renutrition (compléments nutritionnels oraux, nutrition parentérale, nutrition
entérale) est bien définie, les besoins quantitatifs et surtout qualitatifs en
nutriments restent imprécis avec des recommandations parfois même
contradictoires. Pourtant, par exemple, la nutrition parentérale chez les
grands prématurés est absolument vitale.
Du point de vue
économique, valoriser la dénutrition dans le codage de la T2A, au lieu que ce
soit un manque à gagner pour les établissements de santé, alors que la
détection des troubles nutritionnels figure parmi les quatre items sur lesquels
les hôpitaux sont jugés et notés selon les indicateurs IPAQSS (indicateurs pour
l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins) de la Haute Autorité
de Santé (HAS). Ainsi, le Département d’Informatique Médicale de l’Hôpital
Cochin (AP-HP, Paris) a estimé que le codage correct de la dénutrition
représentait trois millions d’euros par an.
*Dès 1995, les Prs Bernard Guy-Grand et
Claude Ricour alors respectivement chef du service nutrition de l'Hôtel-Dieu
(AP-HP) et chef du service de gastroentérologie et nutrition à Necker-Enfants
malades (AP-HP), constatent que l’alimentation est secondaire dans la prise en
charge du malade. Or, une bonne nutrition est indispensable à la guérison, à la
cicatrisation et à la lutte contre les infections. En 2002, les CLAN - Comités de liaison alimentation et
nutrition – réunissent enfin dans des structures hospitalières transversales
les professionnels concernés par l’alimentation et la nutrition clinique pour
améliorer l’état nutritionnel des patients et sensibiliser les professionnels de santé aux formations et aux
procédures.
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