La mise au point d’un nouveau médicament est
longue. Sur environ 10 000 médicaments potentiels criblés, un
seul sera disponible au final pour traiter des
patients. Les premiers tests en laboratoire sont effectués pour bien
connaître les propriétés du produit. On réalise
ensuite des tests de toxicologie, qui sont imposés pour tous les
candidats médicaments ; ces tests sont
effectués en général sur l’animal et permettent de connaître l’effet du
produit sur un organisme vivant afin de pouvoir
éliminer les substances qui seraient trop toxiques. Lorsque les
résultats obtenus à la suite de ces différents
tests le permettent, le produit peut être testé chez l’homme, c’est
là qu’interviennent les études cliniques.
1. Quelle définition ?
Une étude clinique
(ou un essai clinique) peut se définir comme une situation expérimentale au
cours de
laquelle on teste
chez l'homme la véracité ou non d'une hypothèse. Un essai clinique sur un
médicament vise à
mettre en évidence
ou à en vérifier les effets et (ou) à identifier tout effet indésirable et (ou)
à en étudier
l’absorption, la
distribution, le métabolisme et l’excrétion pour en définir l’efficacité et la
sécurité d’emploi.
Un essai se
conduit en quatre étapes :
1. une phase de préparation qui consiste à écrire de manière très précise
la question
scientifique à
laquelle on souhaite répondre et à rédiger le protocole de recherche
correspondant
2. une phase de validation et d’autorisation par l’autorité compétente et
le
Comité de protection des personnes (CPP)
3. une phase d’inclusion et de suivi qui marque le
début « opérationnel » de l’essai avec
l’inclusion des
patients recrutés généralement par leur médecin, généraliste ou spécialiste, en
cabinet
de ville ou à l’hôpital.
Les informations recueillies au cours de l’essai sont adressées, de façon
anonymisée, à un
centre de gestion de données, qui vérifie la cohérence des informations et
entre
l’ensemble des
données dans une base informatique
4. une phase d’analyse et de publication qui débute lorsque la base de données est
complète (c’est-à-dire
comportant toutes les données pour tous les patients) et cohérente (c’est-àdire
qu’aucune donnée
n'est en contradiction avec une autre), l’analyse à proprement parler
consistant à
regrouper des données et à les traiter. Les résultats feront l’objet de la
rédaction d’un
rapport d’étude,
puis éventuellement de la communication de l’abstract de l’étude lors d’un
congrès
scientifique et de
la publication d’un article dans une revue scientifique autorisée.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
2. Comment se déroulent les études cliniques ?
Les études
cliniques vont permettre de répondre à plusieurs questions essentielles
concernant l’utilisation du
nouveau médicament
testé :
des questions de pharmacocinétique sur le
devenir du médicament dans le corps humain (absorption,
métabolisme,
distribution, élimination)
des questions de pharmacodynamique du
médicament sur l’effet du médicament sur l’organisme qui
permettront d’établir
ou de vérifier les données thérapeutiques (efficacité et effets indésirables).
Elles se déroulent
en trois phases :
Phase 1 : Tolérance ou innocuité
Des quantités
croissantes de la nouvelle molécule sont administrées à des volontaires sains,
sous surveillance
étroite. Cette
phase permet d'évaluer les grandes lignes du profil de tolérance du produit et
de réaliser une
première
évaluation des propriétés pharmacocinétiques.
Phase 2 : Efficacité du produit sur de petites populations et
recherche de dose
La phase 2 précoce
permet de confirmer, chez un petit nombre de personnes malades, les propriétés
pharmacodynamiques
déjà observées chez l’animal et de poursuivre les études de pharmacocinétique.
La
phase 2 permet
aussi de mettre en évidence l’efficacité thérapeutique du nouveau médicament,
de déterminer
la posologie
efficace et d’identifier les principaux effets indésirables survenant à court
terme. Ces essais sont
en général de
courte durée.
Phase 3 : Études "pivot"
Les essais de
phase 3 visent à confirmer les propriétés thérapeutiques du médicament sur des
effectifs de
patients plus
importants avec des durées de traitement plus prolongées. La phase 3 permet d’établir
des
recommandations
pour l’usage futur du médicament comme les interactions médicamenteuses, l’influence
de
l’âge…
A rajouter une phase 4, après l’obtention de l’AMM, qui se déroule
tout au long de la vie du
médicament et dont
les objectifs sont notamment d’affiner la connaissance du produit, de mettre en
évidence
les effets
indésirables rares, de mieux connaître la fréquence des effets indésirables et
de mieux évaluer sa
place dans la
stratégie thérapeutique.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
3. Quel intérêt pour les patients ?
Parmi les
avantages, pour les patients, doivent être distingués ceux qui sont de nature
collective de ceux qui
sont de nature
individuelle.
Au plan collectif :
- La mise à disposition de médicaments permet de
guérir, de prévenir des maladies et participe à la
qualité de vie et
au bien-être des malades et de leurs proches. Ces médicaments remplissent ce
rôle
parce qu’ils ont
fait l’objet d’études attentives, et que leur efficacité de même que leur
tolérance ont
été correctement
établies. Cette sécurité des médicaments n’existe que parce que des patients
ont
accepté de
participer à des essais cliniques.
Au plan individuel :
- La possibilité d’accéder à un médicament
nouveau, prometteur dans les meilleures conditions de
sécurité plusieurs
années (3 à 4) avant sa commercialisation. Cet avantage est particulièrement
important pour les
maladies graves pour lesquelles les traitements disponibles n’ont pas permis
d’obtenir l’effet
attendu ou ont été mal tolérés, ou ne sont pas suffisamment efficaces. L’exemple
que
nous pouvons
retenir est celui du SIDA, pour lequel, les patients ont été pendant les
premières années
de l’épidémie,
très demandeurs de participer à des essais, car c’était souvent le seul moyen
pour eux
d’accéder à un
produit nouveau potentiellement actif.
- La loi prévoit en France que le promoteur d’une
recherche clinique fournisse gratuitement les
médicaments à l’essai
et prenne en charge financièrement les surcoûts liés à cette recherche, tel que
des examens
complémentaires par exemple. Cette prise en charge peut être un avantage.
- Le patient qui participe à la recherche
bénéficie ainsi d’examens complémentaires plus réguliers et
parfois plus
poussés, susceptibles d’améliorer la qualité des soins.
4. Que contient le protocole de recherche ?
La justification
de la recherche biomédicale doit figurer en préambule de tout protocole de
recherche. Elle
comporte la revue
exhaustive de la littérature sur le sujet de la recherche et explique pourquoi
il est nécessaire
d'entreprendre
cette nouvelle recherche. La justification présente une estimation des
bénéfices potentiels
qu'on pourra tirer
de cette nouvelle recherche et débouche donc sur la définition des objectifs de
la recherche.
Le protocole fait
en général une centaine de pages et a fait l’objet avant sa finalisation de
nombreuses
relectures par des
personnes ayant des expertises différentes : médicales, logistiques,
biostatistiques…
Pratiquement, il rassemble tous les éléments descriptifs de la recherche menée et
précise les
conditions dans lesquelles cette recherche doit être réalisée et gérée,
notamment :
- justification de l'étude
- considérations éthiques,
- objectifs et critères de mesure
- sélection de la population de l'étude
- plan expérimental et description éventuelle des
traitements
- méthodes statistiques
- lieu et durée de la recherche
- procédures à suivre et réglementations à
respecter
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
En cours d’essai, le protocole peut être amendé voire arrêté, notamment si
de
nouvelles données disponibles sont susceptibles d’avoir un impact sur la
sécurité
des personnes ..:
5. Comment les études cliniques sont-elles encadrées ?
Les textes internationaux
Les principes
essentiels fondant l’éthique internationale de la recherche médicale, notamment
la recherche
clinique avec
participation d’êtres humains, sont issus des textes suivants :
le Code de Nuremberg (dans le cadre du procès
des médecins de Nuremberg, en 1947 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_Nuremberg),
la Déclaration d’Helsinki (élaborée et adoptée
par l’Association médicale mondiale en 1964, puis
révisée plusieurs
fois, notamment à Tokyo en 1975 : http://www.wma.net/f/policy/b3.htm),
la Déclaration de Manille (1981) puis les «
Lignes directrices internationales d’éthique pour la
recherche
biomédicale impliquant les sujets humains » (en 1982, révision en 1993 et 2003
:
http://www.cioms.ch/frame_french_text.htm)
du Conseil des organisations internationales des
sciences médicales
(CIOMS) en collaboration avec l’OMS.
Le droit français
Depuis le 20
décembre 1988, (loi n° 88-1138, dite « Huriet-Sérusclat ») la France bénéficie
d’une loi qui régit
les recherches
biomédicales. Les principaux points de ce cadre légal sont : la protection des
personnes,
l’appréciation du
rapport bénéfice/risque de la recherche, la nécessité de l’information et du
consentement
libre et éclairé
des personnes. La loi avait instauré, dans chaque région, les Comités
Consultatifs de Protection
des Personnes qui
se prêtent à la Recherche Biomédicale (CCPPRB), dont les missions étaient d’évaluer
les
protocoles de
recherche avant leur réalisation afin de vérifier que la protection des
personnes était bien
assurée.
En 2004, la France
a procédé à la transposition de la directive européenne n° 2001/20/CE du 4
avril 2001
concernant le
rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives
des états
membres relatives
à l’application de bonnes pratiques cliniques dans la conduite d’essais
cliniques de
médicaments à
usage humain. La loi de santé publique du 9 août 2004 et le décret d’application
du 26 avril
2006 régissent la
recherche biomédicale. Les grands principes sont les mêmes que ceux de la
précédente loi
« Huriet-Sérusclat
»
La réglementation
est cependant en constante évolution. Une loi relative aux recherches
impliquant la
personne humaine
(dite « Loi Jardé ») vient d’être adoptée le 5 mars dernier. Une des
principales nouveautés
de cette loi
réside dans la nécessité d’obtenir un avis favorable d’un CPP avant toute
recherche post-AMM
(étude
observationnelle dans la vraie vie). Les textes d’application de cette loi sont
en cours de rédaction.
De son côté, la
Commission européenne, dans le but d’harmoniser les systèmes d’autorisation des
essais des
différents pays
européens, a publié un projet de Règlement, destiné à remplacer la directive de
2001. Ce
projet ne devrait
probablement pas aboutir avant 2016.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
6. Quelle est l’autorité compétente en charge du respect
de la loi sur les études cliniques en France ?
L'ANSM est l'autorité compétente pour les recherches biomédicales sur les
produits de santé : médicaments, biomatériaux et dispositifs
médicaux…. Elle délivre l'autorisation
préalable pour chaque
recherche biomédicale, dans un délai maximum de 60 jours après la demande faite
par
le promoteur de l’essai.
L'ANSM peut à tout moment au cours d’une recherche demander :
o des informations complémentaires au promoteur
o des modifications à apporter au protocole
o la suspension ou l'interdiction de la recherche s'il existe des risques
pour les participants ou pour la
santé publique,
s'il y a eu des modifications des conditions de la demande d'autorisation de la
recherche ou si la
loi n'est pas respectée
L'ANSM établit un répertoire des recherches cliniques autorisées en France
(sauf
opposition motivée
du promoteur) et peut communiquer aux associations de malades ou d'usagers du
système
de santé des
informations sur les protocoles autorisés (sauf opposition motivée du promoteur
ou demandes
abusives et
répétées des associations). Ce répertoire a été mis en place en mai 2009.
(http://ansm.sante.fr/Activites/Essais-cliniques/Repertoire-public-des-essais-cliniques-de-medicaments/).
Doivent y figurer
les résultats globaux des recherches autorisées.
7. Comment s’organise le contrôle en France ?
Avant de débuter,
un essai clinique doit faire l’objet d’un avis favorable d’un CPP (Comité de
Protection des
Personnes) et d’une
autorisation de l’ANSM*.
L’ANSM est responsable de la mise en oeuvre du système de vigilance des
essais
et doit prendre
les mesures appropriées pour assurer la sécurité des personnes dans les essais
(à ce titre,
l’ANSM peut
demander des modifications du protocole, suspendre ou interdire la recherche).
Le promoteur de l’essai
clinique doit notifier à l’ANSM :
o de façon immédiate :
- tous les effets indésirables graves inattendus
(EIGI) ne concordant pas avec les informations
disponibles,
- tous les faits nouveaux qui remettraient en
cause la sécurité des personnes qui se prêtent à
la recherche,
survenant pendant et après la fin de la recherche ;
o de façon annuelle, le rapport annuel de
sécurité (analyse globale de toute information de sécurité
disponible concernant
l’essai ou le médicament expérimental pendant la période considérée et qui
comprend notamment
la liste de tous les effets indésirables graves)
* Agence Nationale
de Sécurité du Médicament. http://ansm.sante.fr/Activites/Essais-cliniques/Les-essais-cliniques
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
L’ANSM assure le suivi et l’évaluation de la sécurité pendant et après la
fin de
l’essai à partir des notifications des effets
indésirables, des données de pharmacovigilance post AMM, des
faits nouveaux de
sécurité et des résultats des essais ; elle échange des informations avec les
agences des
Etats membres de l’Union
européenne et les systèmes d’alertes mis en place au niveau de la Commission
Européenne.
Les CPP reçoivent également pour les essais qui les concernent :
o tous les effets indésirables graves et
inattendus (EIGI) survenant en France ainsi que les faits
nouveaux survenant
pendant la recherche ;
o une analyse semestrielle du promoteur sur les
EIGI survenant à l’étranger dans l’essai concerné et
dans les autres
essais portant sur le même médicament expérimental étudié, ainsi que le rapport
annuel de sécurité
de l’essai.
8. Comment interviennent en pratique les CPP ?
Les Comités de Protection des Personnes (CPP) sont des structures
régionales (un
ou plusieurs par
région selon les besoins) agréées par le Ministère de la Santé pour une durée
de 6 ans. On en
compte 39 en
France.
Les 14 membres du
CPP sont nommés pour 3 ans par le représentant de l'Etat dans la région parmi
des
personnes
présentées par autorités et organisations, recouvrant diverses compétences :
- 1er collège scientifique = 4 personnes qualifiées
en recherche biomédicale dont au moins 2 médecins et 1
biostatisticien ou
épidémiologiste + 1 médecin généraliste + 1 pharmacien hospitalier + 1
infirmier
- 2ème collège sociétal = personnes qualifiées : 1 en
matière d'éthique + 1 psychologue + 1 travailleur social +
2 en matières
juridiques + 2 représentants d'associations de patients ou d’usagers du système
de soins.
Les membres des
CPP sont bénévoles, tenus au secret professionnel, indépendants vis-à-vis des
investigateurs et
des promoteurs.
Les Comités de protection des personnes ont pour mission de donner un avis
préalablement à
toute recherche biomédicale, dans un délai maximal de 60 jours.
Il faut l’avis
favorable du CPP pour démarrer la recherche. Les CPP s’assurent également que
la protection des
participants à la
recherche biomédicale est assurée (information préalable, recueil du consentement,
période
d’exclusion, délai
de réflexion ...), que la recherche est pertinente, que l’évaluation du rapport
bénéfice/risque
est satisfaisante,
que la méthodologie est adaptée.
9. Comment garantir la qualité des études cliniques ?
Les Bonnes
Pratiques Cliniques (BPC) garantissent en recherche biomédicale la qualité et
l'authenticité des
informations
recueillies et le respect de la loi et des règlements garantissant les droits
des personnes dans la
recherche
biomédicale.
La dernière
version du texte français des BPC pour les recherches biomédicales portant sur
un médicament à
usage humain date du 24 novembre 2006.
En application des
Bonnes Pratiques Cliniques (BPC), toute recherche biomédicale doit faire
l'objet de contrôles
de qualité
réalisés en début et en cours d'essai sous la responsabilité du promoteur de la
recherche. Cette
fonction est en
général assurée par les Assistants de Recherche Clinique (ARC) du promoteur.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
10. Comment sont sélectionnés les patients ?
Une étude clinique
est toujours réalisée sur un échantillon de personnes qui ont été sélectionnées
à partir
d'une population
générale. On distingue des critères de sélection positifs dont la présence est
indispensable
pour que les
patients puissent être inclus dans la recherche, et des critères de sélection
négatifs (aussi appelés
critères
d'exclusion) dont l'absence est indispensable pour que les patients puissent
être inclus dans la
recherche.
Toute personne qui
se prête à une recherche biomédicale doit être volontaire : "Préalablement à la
réalisation d'une
recherche biomédicale sur une personne, le consentement libre, éclairé et
exprès de celle-ci
doit être
recueilli après que l'investigateur..." ait fourni les informations
prévues par la loi. Dans le langage
courant, on parle
souvent de "sujet volontaire" pour définir les sujets volontaires
sains, mais cet usage n'est
pas correct
puisque les malades aussi doivent être "volontaires" pour participer
à une recherche biomédicale.
11. Comment améliorer le recrutement des patients ?
C’est le rôle
dévolu au Centre national de gestion des essais de produits de santé (CeNGEPS),
créé en 2007 et
dont les missions
sont de recruter plus, plus vite et mieux. A cet effet, les industriels lui ont
alloué le produit
d’une taxe
additionnelle sur leur chiffre d’affaires d’un montant de l’ordre de 10,3
millions d’euros par an
pendant 4 ans. Le
renouvellement du CeNGEPS pour une durée de 4 ans supplémentaires a été accepté
en
2011 assorti d’une
subvention annuelle de près de 10 M€. Un site grand public
www.notre-rechercheclinique.
fr a été ouvert
afin de trouver toutes les informations nécessaires sur une participation aux
essais
cliniques.
12. Comment les patients sont-ils informés ?
Une recherche ne
peut être menée sans information de la personne sur laquelle est mené l'essai
et sans
qu’elle ait donné
son consentement libre et éclairé. Avant d’accepter ou de ne pas accepter de
participer à un
essai clinique, la
personne est informée par le médecin qui dirige l’essai, le médecin
investigateur ou un
médecin le
représentant. L’information doit être objective, loyale et compréhensible par
le sujet. Toutes ces
données sont
résumées dans un document d’information écrit remis à la personne dont le
consentement est
sollicité. Le CPP
donne son avis sur ces documents.
13. Comment les patients sont-ils protégés ?
Dans le cadre des
essais cliniques, l'information des sujets ou des patients que l'on se propose
d'inclure dans
les essais est un
élément capital de la protection de ces personnes validé par un CPP. Tout
patient susceptible
de s’engager dans
un protocole d’essai clinique doit signer un document dit de « consentement
éclairé » qui
garantit qu’il a
reçu de la part du médecin investigateur (ou d'un médecin qui le remplace)
toutes les
informations
concernant :
o les objectifs, la méthodologie et la durée de la recherche
o les bénéfices attendus de la recherche
o les contraintes et les risques prévisibles, y compris en cas d'arrêt de la
recherche avant son terme
o des éventuelles alternatives médicales
o la prise en charge médicale en fin de recherche si nécessaire, ou en cas
d'arrêt prématuré ou
d'exclusion de la recherche
o l'avis du CPP et l'autorisation de l'autorité compétente
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
o si besoin, l'interdiction de participer simultanément à une autre
recherche et/ou la période d'exclusion
qui suit la
recherche ainsi que l'inscription du participant dans le fichier national
o le droit au refus de participer
o la possibilité de retrait du consentement à tout moment sans encourir
aucune responsabilité, ni aucun
préjudice
o la communication au participant des informations concernant sa santé au
cours ou à l'issue de la
recherche
o l'information sur les résultats globaux de la recherche à la fin de
l'essai selon des modalités qui sont
précisées dans ce
document.
14. A quoi servent les comités d’experts ?
Il est fréquent
que soient constitués dans les essais cliniques des comités d'experts chargés
de régler
différents
problèmes. On distingue ainsi :
le comité directeur de l'essai (ou comité
scientifique ou steering committee) chargé de la bonne
marche de l'essai.
Il intervient dans la rédaction du protocole de l'essai, le choix des
investigateurs, le
suivi du
déroulement de l'essai, la décision portant sur les éventuels amendements du
protocole et la
décision de
poursuivre ou d'arrêter l'essai clinique. Il surveille le bon déroulement de
l'analyse des
résultats de
l'essai et la publication de ces résultats ;
le comité d'évaluation des événements critiques
(ou Critical Event Committee) chargé de l'analyse des
circonstances de
survenue des accidents dans un essai clinique ;
le comité de sécurité (ou Data Safety and
Monitoring Board, DSMB) constitué d'experts indépendants,
non investigateurs
de l'essai, chargés d'analyser en permanence les risques de l'essai pour les
patients.
15. Comment les enfants sont-ils protégés lorsqu’ils
participent à un essai ?
La loi de santé
publique qui régit la recherche biomédicale prévoit une protection particulière
des personnes
vulnérables donc
des enfants.
Les enfants ne
peuvent être sollicités que si une recherche d’une efficacité comparable ne
peut être effectuée
sur les personnes
majeures. De plus, il faut que l’importance du bénéfice attendu soit de nature
à justifier le
risque prévisible
et que ces recherches soient justifiées au regard du bénéfice attendu pour d’autres
mineurs.
Les risques et
contraintes de la recherche doivent être minimaux. L’autorisation de participer
doit être donnée
par les 2 parents.
Pour les enfants,
il est nécessaire d'adapter l'information à leur capacité de compréhension et
il ne peut être
passé outre à leur
refus ou à la révocation de leur acceptation
16. Les risques sont-ils expliqués et gérés ?
Le risque zéro n’existe pas. Les risques peuvent être liés au produit testé
lui-même, car s’agissant
d’un produit
nouveau, un nombre relativement restreint de patients l’aura reçu, et l’on ne
peut éliminer la
survenue d’un
événement indésirable imprévu. Les risques peuvent aussi être liés à des
examens requis par la
recherche. Si de
manière générale, les examens participent à la qualité des soins, ils font
cependant parfois
courir des risques
propres.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
En recherche clinique, de nombreuses mesures sont prises pour limiter les risques encourus
par les patients.
D'abord, des programmes d’expérimentation animale sont conduits avant toute
administration
à l'homme.
Ensuite, les plans de recherche prévoient d’exposer d’abord de très faibles
nombres de volontaires
en bonne santé à
de faible doses de produit avant d’augmenter les doses puis le passage à un
plus grand
nombre de
patients. Ces précautions sont appelées « prérequis » de la recherche.
La maîtrise du risque encouru par les patients est la première
préoccupation de
toutes les
personnes impliquées dans cette recherche. En France, la législation est
particulièrement attentive à
ce point et est
certainement la plus rigoureuse d’Europe. Les patients sont en effet informés
des effets
indésirables
attendus (EIG) qui figurent dans le protocole de l’essai. Le promoteur doit
informer l'ANSM et le
CPP de la survenue
de tout événement indésirable grave et inattendu pendant l'essai clinique ou de
tout fait
nouveau
susceptible de porter atteinte à la sécurité des personnes. Il doit également
préciser les mesures de
sécurité d'urgence
qu'il peut avoir été amené à prendre en accord avec les investigateurs.
17. Les participants aux essais sont-ils rémunérés ?
La loi française
pose en principe général qu'il n'y a pas de contrepartie financière pour les
participants à une
recherche
biomédicale, hormis le remboursement des frais exposés liés à la recherche
(exemple : frais de
transport).
Toutefois, il est possible de verser aux participants à la recherche une
indemnité de compensation
des contraintes
subies aux conditions suivantes :
l'indemnité est versée par le promoteur,
le montant annuel de l'indemnité est plafonné
par arrêté ministériel (actuellement 4500 € sur
12 mois).
Le montant de
l'indemnité ainsi que les modalités d'indemnisation des personnes doivent être
communiqués
au CPP qui donnera
son avis sur ces 2 points. Le versement d’une telle indemnité est interdit pour
les
personnes
vulnérables (enfants, personnes sous tutelle…).
18. Comment éviter l’inclusion de patients dans un
nombre excessif d’essais ?
La loi du 20.12.88
(dite loi Huriet-Sérusclat) avait institué un fichier national des sujets
volontaires sains ou de
patients
volontaires pour une recherche sans rapport avec l'état pathologique. La loi de
Santé publique
d’août 2004 a
élargi la possibilité d’inscrire dans ce fichier, sur demande du CPP, tout
participant à une
recherche.
Cette inscription
est effectuée par l’investigateur et a comme objectif la sécurité des
personnes. Elle permet
notamment de s’assurer
que la personne respecte bien la période d’exclusion (période pendant laquelle
une
personne ne peut
participer à un autre essai) et que le plafond de l’éventuelle indemnisation
est bien respecté.
19. Combien de patients faut-il inclure dans un essai
clinique ?
Un essai clinique
correctement mené doit permettre de répondre à la question posée, formulée sous
forme
d'hypothèse, avec
un degré d'incertitude minimal. Pour atteindre cet objectif, de nombreuses
procédures
statistiques ont
été élaborées ; elles permettent de calculer, au moment de la rédaction du
protocole de l'essai,
le nombre de
sujets à inclure, en tenant compte de différents paramètres inhérents à l'étude
conduite.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
Ainsi, le nombre
de sujets à inclure sera d'autant plus important que la différence à mettre en
évidence entre
les groupes
comparés sera petite ou que la mesure du critère d'évaluation sera variable
entre les sujets. Ce
nombre dépendra
également des spécificités mathématiques des hypothèses testées et des risques
d'erreur
acceptés.
On voit
aujourd'hui des essais de grande taille, notamment dans le domaine de la
prévention primaire ou
secondaire,
lorsqu'il ne s'agit plus de traiter un événement morbide mais d'éviter sa
survenue. Cette évolution
s'explique
aisément par les caractéristiques propres de ce type d'essais. En effet, dans
ce contexte, le critère
de jugement
"survenue de l'événement morbide" étant peu fréquemment observé dans
la population suivie,
indemne de la
pathologie au moment de son inclusion, il sera indispensable de prévoir un
nombre très
important de
sujets pour démontrer des différences de stratégies thérapeutiques entre deux
ou plusieurs
groupes de sujets.
20. Où trouver des informations sur les essais cliniques ?
Quatre sites
ouverts au public permettent de trouver des informations sur les essais
cliniques :
1 le site grand public du CeNGEPS http://www.notre-recherche-clinique.fr/
dont les objectifs sont :
Informer avec la rubrique « la recherche
clinique en France ». Cette rubrique informe sur les enjeux, le
déroulement des
essais étape par étape, des exemples de grandes découvertes et des témoignages
permettant aux
personnes impliquées, participants ou professionnels de santé, de partager leur
expérience.
Participer avec la rubrique « participer à un
essai clinique ». Cette rubrique délivre des informations
concrètes pour
accompagner les personnes souhaitant participer à un essai (réglementation,
indemnisation,
questions…).
Il propose deux
innovations majeures pour faciliter l’accès aux essais :
Rechercher un essai : le site, véritable
portail de référence, offre au public la possibilité d’accéder à un
répertoire d’essais
cliniques existants et en phase de recrutement. Sa valeur ajoutée est de mettre
en
ligne, pour les
essais cliniques en cours, stratégiques ou qui rencontrent des retards ou des
difficultés
d’inclusion, des informations pratiques et actuelles destinées aux patients et
volontaires sains. Il s’agit par exemple d’une cartographie des
centres ouverts en France pour
chaque essai, d’une
présentation non scientifique des objectifs et du déroulement de l’essai.
Devenir « e-volontaire » et être prévenu d’un
essai : une fonction d’alerte et d’information permet à
une personne d’être
prévenue si un essai correspond à ses critères.
2. le répertoire des essais cliniques de l’ANSM http://www.ansm.fr/Activites/Essaiscliniques/
Repertoire-public-des-essais-cliniques-de-medicaments
Le répertoire des
essais cliniques autorisés contient des informations relatives aux essais
cliniques de
médicaments menés
en France, hormis certains essais cliniques de phase 1.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
Ce répertoire
contient les principales informations décrivant l’essai clinique et leurs
résultats tels que transmis
par les promoteurs
à l’ANSM à l’issue de la recherche. D’autres informations complémentaires sur
chaque
essai peuvent être
obtenues auprès du contact de chaque promoteur.
3. le site de la FIIM (fédération Internationale de l’Industrie du
médicament)
http://www.ifpma.org/clinicaltrials
Un portail
Internet mondial spécialement dédié aux essais cliniques permettant un accès à
l’ensemble des
essais en cours
réalisés par les entreprises et à leurs résultats lorsque ces essais sont
terminés
Accessible en six
langues (anglais, français, espagnol, allemand, japonais et suédois) pour en
faciliter
l’utilisation, le
portail répond en temps réel aux attentes d’informations concrètes :
il propose aux patients et aux médecins une
information précise sur les essais cliniques en cours, y
compris sur le
lieu de leur réalisation ;
il permet aux malades de participer s'ils le
souhaitent à ces essais ;
il donne également des informations détaillées
sur les résultats des essais réalisés dans le monde
entier par les
entreprises du médicament, que ces résultats soient positifs ou négatifs.
4. le site du NIH (National Institute of Health) http://www.clinicaltrials.gov/
C’est une base de
données mise en place par le NIH américain et alimentée par les promoteurs d’essais.
Ce
site centralise
les essais cliniques conduits aux Etats-Unis et dans le monde. Il recensait en
novembre 2012
quelques 135 742
études menées dans 181 pays.
Atelier presse « Essais Cliniques » - 4-12-2012.
Glossaire
ANSM: l’Agence
nationale de Sécurité du médicament est une agence gouvernementale, qui a comme
mission essentielle de garantir l’indépendance et la rigueur scientifique
de l’évaluation et des contrôles relatifs
à l’ensemble des produits de santé. Elle est responsable des produits de
santé et de l’ensemble de la chaîne de
production, fabrication et distribution.
http://www.afssaps.fr/Activites/Essais-cliniques/Les-essais-cliniques
Statisticien : C’est un
mathématicien spécialisé dans la méthodologie des essais cliniques conduits
chez
l’homme.
CPP : Comité de
Protection des Personnes
Ces comités examinent chaque projet de recherche pour vérifier si les
médecins sont bien qualifiés pour cette
recherche, si le projet est utile. Ils vérifient aussi si le rapport entre
le bénéfice attendu et les risques que
présentent la recherche est acceptable et si la protection et l’information
des personnes sont bien assurées.
Ces comités dont composés de personnes qualifiées dans le domaine
scientifique (méthodologiste, médecins,
pharmaciens…) et de représentants de la société (représentants de patients
ou d’usagers du système de
soins, juriste, personne qualifiée en éthique…) .
CeNGEPS : Centre national de
gestion des essais des produits de santé
www.cengeps.fr
Investigateur : l’investigateur
est la personne qui dirige et surveille la réalisation de l’essai clinique.
Dans
la majorité des cas, il s’agit d’un médecin.
Promoteur : C’est la personne
physique ou morale (un individu ou une société savante ou commerciale),
qui prend l’initiative de la recherche. Il en assure aussi la gestion, et
vérifie que le financement de la recherche
est prévu.
Protocole : C’est un document
qui décrit la justification, les objectifs et les méthodes d’analyse des
résultats de l’essai clinique. Les conditions dans lesquelles l’essai est
réalisé et géré y sont décrites de façon
précise. La mise au point d’un nouveau médicament est longue. Sur environ
10 000 médicaments potentiels criblés, un
seul sera disponible au final pour traiter des patients. Les premiers
tests en laboratoire sont effectués pour bien
connaître les propriétés du produit. On réalise ensuite des tests de
toxicologie, qui sont imposés pour tous les
candidats médicaments ; ces tests sont effectués en général sur l’animal
et permettent de connaître l’effet du
produit sur un organisme vivant afin de pouvoir éliminer les substances
qui seraient trop toxiques. Lorsque les
résultats obtenus à la suite de ces différents tests le permettent, le
produit peut être testé chez l’homme, c’est
là qu’interviennent les études cliniques.
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