Baclofène optient une RTU temporaire
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Saint-Denis, le 14 mars 2014 
Une recommandation temporaire
  d’utilisation (RTU) 
est accordée pour le baclofène 
Le traitement de l’alcoolisme constitue un enjeu majeur
  de santé publique qui a conduit l’Agence nationale de sécurité du médicament
  et des produits de santé (ANSM) à encourager le développement d’essais
  cliniques portant sur le baclofène dans le traitement de cette maladie. Dans
  l’attente des résultats de ces études, et afin de sécuriser l’accès au baclofène
  dans le traitement de la dépendance à l’alcool, l’ANSM a instruit et élaboré
  une RTU. 
Le baclofène
  dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance  
Le baclofène est un
  myorelaxant d’action centrale (décontracturant musculaire). Il dispose d’une
  Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) depuis près de 40 ans dans le
  traitement de la spasticité musculaire. 
Devant une utilisation
  grandissante du baclofène hors-AMM, l’ANSM a mis en place dès 2011 un suivi
  national de pharmacovigilance. A ce jour, plusieurs dizaines de milliers de
  patients français reçoivent en effet du baclofène hors-AMM dans le traitement
  de leur alcoolo-dépendance.  
Deux essais cliniques
  multicentriques sont en cours en France. Dans l’attente de leurs résultats,
  et après analyse des données actuellement disponibles[1], l’ANSM a considéré
  que le rapport bénéfice/risque de ce médicament pouvait être présumé
  favorable sous certaines conditions, et vient donc d’octroyer une RTU. 
Les modalités de
  la RTU baclofène  
Le baclofène pourra être
  prescrit après échec des autres traitements disponibles chez les patients
  alcoolo-dépendants dans les deux indications suivantes : 
o 
  Aide au maintien de l’abstinence après sevrage chez des
  patients dépendants à l’alcool 
o 
  Réduction majeure de la consommation d’alcool jusqu’au
  niveau faible de consommation tel que défini par l’OMS chez des patients
  alcoolo-dépendants à haut risque. 
Le protocole de suivi définit
  les modalités de prescription et de surveillance des patients, qui devront être
  accompagnées d’une prise en charge psycho-sociale, nécessaire dans cette
  pathologie multifactorielle. 
A ce jour, la présomption d‘efficacité
  ne peut être établie en présence de certaines pathologies associées du fait d’un
  risque important d’effets indésirables graves[2]. En conséquence la RTU
  comporte des contre-indications telles que des troubles neurologiques ou
  psychiatriques graves (épilepsie non contrôlée, schizophrénie, troubles
  bipolaires, dépression sévère) ou une insuffisance rénale ou hépatique sévère. 
La posologie quotidienne
  initiale devra être débutée à 15 mg par jour avant une augmentation très
  progressive (+5 mg par jour, puis +10 mg par jour) par paliers de 2-3 jours
  jusqu’à obtention d’une éventuelle réponse clinique (effet attendu). Cette réponse
  et son délai d’apparition sont très variables d’un patient à l’autre et nécessitent
  un suivi rapproché. Selon la survenue d’effets indésirables, la posologie
  pourra être stabilisée ou diminuée progressivement. 
A partir de la posologie de
  120 mg/jour, un deuxième avis par un collègue expérimenté dans la prise en
  charge de l’alcoolo-dépendance[3] doit être sollicité. Pour toute posologie
  supérieure à 180 mg/j[4] un avis collégial au sein d’un CSAPA (Centre de
  Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) ou d’un service
  hospitalier spécialisé en addictologie est requis. Dans le cadre de cette
  RTU, la posologie de 300 mg/jour ne devra jamais être dépassée. 
Une fois l’objectif atteint,
  une diminution de posologie doit être envisagée et régulièrement réévaluée,
  chaque patient devant bénéficier de la posologie minimale efficace adaptée.
  Chez les patients pour lesquels aucune réponse clinique n‘est observée, le
  traitement devra être arrêté de manière progressive afin d’éviter un syndrome
  de sevrage. 
L’utilisation du
  baclofène dans l’alcoolo-dépendance sécurisée par le protocole de suivi de la
  RTU  
Le protocole de suivi de la
  RTU propose un cadre d’utilisation sécurisé qui permettra de recueillir des
  données d’efficacité et de sécurité dans les conditions réelles d’utilisation.
  Les données collectées seront transmises par le prescripteur via un portail électronique
  spécifique (https://www.rtubaclofene.org ). La synthèse
  de ces données « en vie réelle » sera complémentaire de celles issues des
  essais cliniques. 
L’ANSM rappelle que l’alcoolo-dépendance
  est une pathologie grave, complexe, avec des répercussions majeures tant individuelles
  qu’en termes de santé publique et qui nécessite une prise en charge globale. 
Lire aussi 
[1] Publications médicales et
  données de pharmacovigilance notamment 
[2] Effets indésirables graves
  de type coma, crises d’épilepsie voire état de mal épileptique, accès dépressifs
  graves voire suicides 
[3] Psychiatre, addictologue
  ou tout autre médecin avec formation et expérience particulière dans ce champ 
[4] Ou supérieure ou égale à
  120 mg/j pour les patients âgés de plus de 65 ans 
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