Centrafrique
L'aide du FMI bute sur la réforme du secteur des hydrocarbures
Le ministre centrafricain des finances, Hervé Ndoba, qui compte sur le soutien international pour boucler son budget 2025, s'est heurté à l'intransigeance du puissant ministre de l'énergie, Arthur Bertrand Piri.
Publié le 15/11/2024 à 5h40 GMT
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Le ministre des finances centrafricain, Hervé Ndoba, à Bangui, le 7 mai 2022. ©️ AFP
Hervé Ndoba a connu une semaine difficile à Washington, lors des rencontres annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), du 21 au 28 octobre. Avec le FMI, le ministre centrafricain des finances négociait le déblocage d'une troisième tranche d'aide, au titre de la facilité élargie de crédit signée en 2023. Mais les discussions se sont heurtées à la question de la réforme du secteur des hydrocarbures, en crise depuis de longs mois. Au point qu'Hervé Ndoba a présenté sa démission au premier ministre, Félix Moloua. Une demande aussitôt rejetée.
Le FMI s'est laissé jusqu'au 23 décembre pour revoir sa position et accepter le déblocage d'une troisième tranche. Ses services exigent que le gouvernement travaille durant le mois de novembre à la libéralisation des importations de carburant et la révision de la structure de prix des hydrocarbures. Celle-ci devra être publiée d'ici à la fin du mois sur le site Internet du ministère des finances (AI du 03/10/24).
Monopole sur les produits pétroliers
Or cette question dépend bien moins d'Hervé Ndoba que de l'influent ministre de l'énergie, Arthur Bertrand Piri. Ce neveu de Faustin-Archange Touadéra avait attribué, fin 2023, le monopole sur les importations de produits pétroliers au marketeur camerounais Neptune Oil (AI du 13/03/24). Les clauses du contrat, tenues secrètes par le ministre de l'énergie, prévoient un partage des revenus issus de la vente de carburant nettement défavorable à l'État centrafricain, le privant de sa première ressource fiscale (AI du 07/11/24). Selon le FMI, la fiscalité pétrolière a représenté 9 % des recettes totales de l'État en 2024, contre 20 à 25 % historiquement. En conséquence, l'État a dû considérablement réduire ses dépenses pour respecter son objectif de déficit primaire, fixé à 2,8 % du PIB en 2024.
Depuis 2023, le gouvernement centrafricain bénéficie auprès du FMI d'un programme de soutien au titre d'une facilité élargie de crédit d'une valeur totale de 197 millions de dollars. Le Fonds a depuis procédé à deux décaissements, pour un total de 65 millions de dollars.
Mais le bouclage du budget 2025 est en train de virer au casse-tête pour Hervé Ndoba, qui compte sur le déblocage des tranches suivantes, ainsi que sur l'aide internationale. Maigre lot de consolation, l'État français a annoncé, le 11 novembre, la signature d'une convention d'aide budgétaire globale, à hauteur de 10 millions d'euros : 5 millions seront versés sous forme d'appui budgétaire au ministère des finances ; 3 millions seront consacrés à l'apurement des arriérés intérieurs de l'État ; et 2 millions à l'organisation des futures élections, qui doivent se tenir en 2025.
https://www.africaintelligence.fr/afrique-centrale/2024/11/15/l-aide-du-fmi-bute-sur-la-reforme-du-secteur-des-hydrocarbures,110339547-art
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