Les décisions médicales en fin
de vie en France
Au-delà des quelques cas d’euthanasie faisant l’actualité, qui concernent
souvent des personnes jeunes lourdement handicapées, les médecins et les équipes
hospitalières accompagnent chaque jour la fin de vie de patients âgés. Les décisions
susceptibles d’abréger la vie sont-elles fréquentes ? Par qui sont-elles prises
? Sophie Pennec, Alain Monnier, Silvia Pontone et Régis Aubry nous livrent les
premiers résultats de l’enquête La fin de vie en France menée par l’Institut
national d’études démographiques cinq ans après l’adoption de la loi Leonetti.
Près de la moitié des décès (48
% en 2010) est précédée d’une décision médicale ayant pu hâter la mort du
patient. Le plus souvent les traitements n’ont pas été administrés dans l’intention
de provoquer la mort. Il s’agit de décisions destinées à intensifier le
traitement de la douleur (27 %), ne pas instaurer un traitement susceptible de
prolonger la vie (14 %) ou arrêter un tel traitement (3 %). Des médicaments ont
été donnés afin de mettre délibérément fin à la vie dans seulement moins de 1 %
des cas. Les décisions prises s’appuient donc dans leur grande majorité sur les
dispositions de la loi Leonetti qui permet sous certaines conditions de limiter
ou d’arrêter un traitement, ou d’administrer des médicaments afin de soulager
les souffrances du patient.
Toutefois, la loi encadrant ces
décisions n’est pas encore totalement connue ou respectée : les décisions de
fin de vie ne sont pas toujours discutées avec les patients et les équipes
soignantes. La loi donne par ailleurs la possibilité à chacun de rédiger à l’avance
des directives anticipées et ainsi d’exprimer des souhaits pour sa fin de vie
en cas d’incapacité de participer à la décision. Seuls 2,5 % des patients le
font.
- Sophie PENNEC (Chercheuse à l’Institut national d’études démographiques),
tél. : +33 (0)1 56 06 21 51, (secrétariat : +33 (0)1 56 06 20 47), pennec@ined.fr
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