C'est à lire : billet d'humeur du Dr Christophe Prudhomme



Explosion prévue des complémentaires en 2026
 
✒️ Un baromètre vient de publier les hausses prévues de cotisation des complémentaires santé en 2026. Elles devraient s’échelonner entre 3,6 % et 9 % pour les contrats collectifs souscrits par les employeurs pour leurs salariés et entre 3,4 % et 10 % pour les contrats individuels souscrits notamment par les retraités. Nouvelle augmentation après + 3,4 % en 2022, + 4,7 % en 2023, + 8,1 % en 2024 et + 6 % en 2025, soit des taux très supérieurs à l’inflation dans un contexte d’accélération des hausses.
Cette évolution est prévisible face aux hausses des tarifs des médecins à laquelle s’ajoute la quasi-généralisation des dépassements d’honoraires des spécialistes, et aux diverses mesures de diminution des remboursements par la Sécurité sociale déjà à l’œuvre ou prévue. En effet, malgré la chute du gouvernement Bayrou, les décrets de doublement des franchises et de diminution de taux de prise en charge de certains soins et médicaments pour les patients bénéficiant du dispositif des affections de longue durée sont prêts à être publiés. Tout est actuellement bon pour le gouvernement pour soi-disant faire des économies avec toute une série de mesures en contradiction totale avec les objectifs de santé publique. C’est notamment le cas de la diminution du remboursement pour certaines vaccinations ou encore la restriction des soins pris en charge dans le cadre de l’aide médicale d’État. 
A cela s’ajoute le projet de nouvelle taxe prélevée par l’État sur les assureurs maladie complémentaire qui s’ajouterait aux 13 % existants déjà sur les cotisations. Il est particulièrement scandaleux que dans un contexte de pression politique et médiatique sur le « trop d’impôts » et du « trop de charges », il soit envisagé d’augmenter une taxe sur des cotisations santé. Cotisations par ailleurs complètement injustes socialement, car la logique de l’assurance maladie complémentaire est un niveau de cotisation en fonction du niveau de prestation accordée et non pas en fonction du niveau des revenus. Cela se traduit par une charge proportionnellement plus élevée pour les moins fortunés et par un renoncement à ce type de couverture qui augmente, notamment chez les retraités qui doivent payer l’intégralité de leur contrat individuel. 
Le débat politique devrait se préoccuper de la stratégie de démantèlement méthodique de la Sécurité sociale par les néolibéraux au pouvoir qui utilisent le cheval de Troie que constituent ces assurances complémentaires, aujourd’hui majoritairement contrôlées par des assureurs privés au détriment des mutuelles.
Dans le contexte de la contestation de la taxe Zucman par le monde néolibéral dans un bel ensemble associant le patronat, le RN, LR et la macronie, cette attaque contre le pouvoir d’achat des salariés constitue un nouvel exemple montrant que l’ADN idéologique de ces prédateurs est de taxer les pauvres, alors que la majorité de la population est aujourd’hui convaincue que la solution est bien l’inverse, c’est-à-dire taxer les riches. 

Dr Christophe Prudhomme

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