đŸŸ„ EXCLUSIF : Interview de Michel GBAGBO đŸŸ„

NĂ© le 24 septembre 1969 Ă  Lyon, Universitaire et Ă©crivain, dĂ©putĂ© de Yopougon depuis mars 2021. Michel Koudou Gbagbo est aujourd'hui candidat aux municipales de Yopougon de septembre prochain.  MaĂźtre de ConfĂ©rences en psychopathologie sociale Ă  la facultĂ© de criminologie de l’UniversitĂ© FĂ©lix-HouphouĂ«t Boigny d'Abidjan, auteur de nombreux ouvrages  parmi lesquels des recueils de poĂšmes, fervent militant politique, Michel Gbagbo est un homme aux multiples facettes... Mais qui est vraiment Michel Gbagbo... 


🎙NORA ANSELL-SALLES 
Bonjour Michel Gbagbo, bon nombre de lecteurs de "Mine d'infos" 
ont dĂ©couvert votre existence, lors de votre arrestation. Ils ont Ă©tĂ© Ă©mus par la vidĂ©o Bouteille Ă  la mer lancĂ©e par votre mĂšre Ă  l’occasion de votre anniversaire durant votre dĂ©tention. Les diffĂ©rentes actions spontanĂ©es rĂ©clamant votre libĂ©ration ont maintenu les projecteurs sur votre sort... Nos lecteurs francophones (majoritaires aux États-Unis) suivent votre parcours et celui de votre pĂšre depuis de nombreuses annĂ©es. Ils n'ignorent rien de votre mĂ©tamorphose depuis votre libĂ©ration. Mais si l'homme public est connu, on connaĂźt trĂšs peu l'homme privĂ©...


👉Si vous deviez faire votre auto portrait... que diriez-vous de vous ?

MICHEL GBAGBO :
La constance dans le respect de certaines valeurs. Et l’humilitĂ© au service du combat rĂ©publicain ! Il faut ĂȘtre discret sans s'effacer.  Il faut ĂȘtre prĂ©sent Ă  la bonne adresse sans se renier et c'est mon combat de tous les jours !


👉Votre mĂšre Jacqueline est française, votre pĂšre Laurent Gbagbo est ivoirien, vous avez vĂ©cu en France dans votre jeunesse, vous vivez depuis plusieurs annĂ©es en CĂŽte d’Ivoire...  Vous sentez-vous aujourd'hui plus Ivoirien que Français ?

MICHEL GBAGBO :
Je suis Français et Ivoirien, je me sens autant Ivoirien que Français. Il ne faut pas renier une partie de soi-mĂȘme ! Et je prĂŽne l’égalitĂ© entre Occidentaux et Africains noirs ! Cependant, mon ancrage politique est davantage situĂ© ici, en CĂŽte d’Ivoire, qu’en France, oĂč je n’exerce aucune responsabilitĂ© politique.
👉Quand avez-vous Ă©crit votre 1er poĂšme, vous souvenez-vous de son thĂšme ?

MICHEL GBAGBO :
Cela se situe dans les annĂ©es 1982-1983. J’en ai oubliĂ© le titre. Il dĂ©butait ainsi : « C’était pour lui un paradis
 ». Il traitait avec nostalgie de mon dĂ©part de la CĂŽte d’Ivoire pour la France afin d’y rejoindre ma mĂšre et mon pĂšre parti, lui, en exil, un an plus tĂŽt. Je devais avoir entre 12 et 13 ans.


👉A quand remonte votre 1er acte militant ?

MICHEL GBAGBO :
On pourrait peut-ĂȘtre appeler cela un acte syndical. J’ai participĂ© dans les annĂ©es 1985-86 (au moment de la cohabitation entre Chirac et Mitterrand) aux manifestations des Ă©lĂšves et Ă©tudiants. Un fait qui est restĂ© gravĂ© dans mon esprit Ă  cette occasion fut le dĂ©cĂšs du jeune Malik OussĂ©kine du fait des violences policiĂšres.
J’ai enrichi cette expĂ©rience par un engagement politique prĂ©coce Ă  la fois dans des organisations politiques françaises de gauche et dans le MIDD (Mouvement Ivoirien pour les Droits DĂ©mocratiques), qu’on peut considĂ©rer comme l’ancĂȘtre du FPI (le Front Populaire Ivoirien).
Tout cela, c’était avant de rentrer en CĂŽte d’Ivoire dans les annĂ©es 1987-1988.


👉Et votre 1er combat personnel ?

MICHEL GBAGBO :
Mon premier combat personnel – personnel au sens d’un engagement fort susceptible de modifier le cours de mon existence - remonte, en CĂŽte d’Ivoire, aux ‘’annĂ©es 1990’’. Cette Ă©poque a vu la participation – au pĂ©ril de leur vie - de nombreux jeunes Ivoiriens Ă  l’avĂšnement de la FESCI (FĂ©dĂ©ration Estudiantine et Scolaire de CĂŽte d’Ivoire) et au mouvement de dĂ©mocratisation politique conduit par Laurent Gbagbo et le FPI (Front Populaire Ivoirien). Ma premiĂšre incarcĂ©ration pour raison politique remonte Ă  1992.


👉A quelle carriùre vous destiniez-vous à 18 ans ?

MICHEL GBAGBO : 
J’ai eu un bac G2 (ComptabilitĂ©). Mais j’étais personnellement davantage attirĂ© par les Sciences humaines et l’enseignement. Alors, entre des Ă©tudes supĂ©rieures techniques et de Sciences sociales, notamment en psychologie, c’est finalement cette derniĂšre filiĂšre qui m’a ouvert les bras Ă  l’UniversitĂ©. Je peux donc dire que j’ai menĂ© les Ă©tudes que je souhaitais et exercĂ©, au final, le mĂ©tier de mon choix. 


👉A quelle Ă©poque et dans quelle circonstance la politique a-t-elle croisĂ© votre route ?

MICHEL GBAGBO :
Au lycĂ©e puis Ă  l’UniversitĂ©, je n’ai pas connu de chemin parallĂšle Ă  la politique ; celle-ci a Ă©tĂ© trĂšs tĂŽt prĂ©sente dans mon existence. Il y a lĂ  peut-ĂȘtre une forme de dĂ©terminisme assumĂ©, mon environnement ayant dĂ» prĂ©cocement exercer une pression morale sur moi. D’oĂč mes choix, mon engagement. Je fus en effet un adolescent politisĂ©, issu de milieux intellectuels au cƓur de la contestation du Parti unique et de la dictature.


👉Par quel chemin dĂ©tournĂ©, ou pas, devient-on dĂ©putĂ© ?

MICHEL GBAGBO :
Psychologiquement, je pense ĂȘtre devenu dĂ©putĂ© par vocation de service ; car je suis venu Ă  la politique par vocation de service. De maniĂšre plus concrĂšte, j’aime Ă  dire que chacun doit ‘’cultiver son jardin’’ ; autrement dit qu’il n’y a pas de parcours politique sans encrage local, sans base.  La mienne, c’est ce que j’appelle la ‘’ville‘’ de Yopougon. Il s’agit en rĂ©alitĂ© d’un quartier populaire d’Abidjan mais vaste et peuplĂ© comme une vĂ©ritable ville. C’est lĂ  que je milite et lĂ  naturellement que mon Parti m’a dĂ©signĂ©, avec d’autres, et en alliance avec le PDCI-RDA (Parti DĂ©mocratique de CĂŽte d’Ivoire - Rassemblement DĂ©mocratique Africain) pour compĂ©tir contre la mouvance prĂ©sidentielle aux lĂ©gislatives en mars 2021. Nous avons remportĂ© cette premiĂšre Ă©lection. Et nous avons maintenant, nous l’opposition, le regard tournĂ© vers les Ă©lections municipales de septembre 2023. Le vĂ©ritable chemin, selon moi, c’est celui de la prĂ©sence continue sur le terrain.


👉Lorsque vos parents ont divorcĂ©, vous ĂȘtes restĂ© avec votre mĂšre en France. Puis vous avez dĂ©cidĂ© de rejoindre votre pĂšre en CĂŽte d’Ivoire oĂč votre pĂšre est devenu prĂ©sident... Vous doutiez-vous Ă  cette Ă©poque Ă  quel point son accession Ă  l'Ă©lection suprĂȘme allait changer votre vie ?

MICHEL GBAGBO :
Toute mon Ă©cole primaire, je l’ai faite en CĂŽte d’Ivoire, aux cĂŽtĂ©s de mon pĂšre, sĂ©parĂ© depuis longtemps de ma mĂšre. Mon dĂ©part en France et mon retour en CĂŽte d’Ivoire correspondent, peu ou prou, Ă  sa pĂ©riode d’exil en France (de 1982 aux annĂ©es 1988-1989).   
Cela dit, son accession Ă  la magistrature suprĂȘme n’a pas bouleversĂ© mon existence, sauf Ă  me faire bĂ©nĂ©ficier assez vite d’un certain confort.  De façon ramassĂ©e, je me doutais un peu que les choses ne seraient plus comme avant. Puisque j’allais accĂ©der Ă  un autre statut, celui que les auteurs appellent par dĂ©rision celui du ‘’fils de PrĂ©sident’’. Heureusement, l’éducation que j’ai reçue m’a permis de garder la tĂȘte froide.  Et j’ai pu continuer ma vie en vue d’atteindre mes objectifs personnels par le travail.
Cette accession a par contre souvent modifiĂ©, et je le regrette, le regard de certains vieux amis dont les attentes personnelles ont pu ĂȘtre déçues par mon manque d’engouement pour certaines pratiques ; moralement, il y a des choses que je ne sais pas faire.
Mon pĂšre, lui, fidĂšle Ă  ses valeurs d’abnĂ©gation au travail, a, Ă  cette Ă©poque, insistĂ©, allant mĂȘme jusqu’à en parler avec mon Ă©pouse, pour que je soutienne ma thĂšse de doctorat, thĂšse qu’il percevait comme le rĂ©sultat de mon propre combat intellectuel. Il voulait – et je l’en remercierai toujours - que je sois ce que je suis. Que je me rĂ©alise.


👉A quel moment, et dans quelle circonstance, avez-vous rĂ©alisĂ© les consĂ©quences du poids de votre patronyme sur votre vie ?

MICHEL GBAGBO :
A de nombreux moments. Parfois cocasses. Comme sur mon passeport diplomatique oĂč Ă  la rubrique profession il Ă©tait mentionnĂ© : ‘’fils du PrĂ©sident de la RĂ©publique’’. Puis plus tard ‘’Fils de l’ex-PrĂ©sident de la RĂ©publique’’.
Plus gĂ©nĂ©ralement, de nombreuses marques d’affection ou de dĂ©sapprobation Ă  mon endroit peuvent ĂȘtre comprises comme l’expression dĂ©tournĂ©e de sentiments positifs ou nĂ©gatifs Ă  l’endroit d’un Laurent Gbagbo au nom parfois trop grand.  Il y a de cela quelques jours d’ailleurs, un homme ne me disait-il pas, paraphrasant la Bible : ‘’Qui a vu le fils a vu le PĂšre’’ ? Ce nom, je le porte avec fiertĂ© et m’efforce de le garder sans tĂąche.
Pour rĂ©pondre avec plus de prĂ©cision encore, je pourrais vous Ă©voquer deux Ă©vĂšnements. 
Le premier est celui de ma premiĂšre arrestation en 1992 pour ‘’flagrant dĂ©lit de trouble Ă  l’ordre public et destruction de biens d’autrui’’ alors mĂȘme que j’étais simplement allĂ© m’enquĂ©rir de l’état de santĂ© de mon pĂšre dĂ©tenu dans un camp de gendarmerie.
Le second se situe en 2011 oĂč de la prison, dans le nord-est de la CĂŽte d’Ivoire, j’entends Ă  la radio le premier ministre, alors en confĂ©rence de presse, justifier mon incarcĂ©ration par le fait que je sois le fils du PrĂ©sident Laurent Gbagbo et que l’on m'ait trouvĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s !


👉Fervent dĂ©fenseur de la libertĂ©, on vous dĂ©peint comme un homme ayant des valeurs intrinsĂšques, dĂ©fendant "bec et ongles" les principes de solidaritĂ©, de dĂ©mocratie, d’alternance


MICHEL GBAGBO :
Ce n’est pas forcement de moi seul que vous parlez lĂ . En effet, chaque Parti, comme vous le savez, a des principes fondateurs. Les nĂŽtres sont la dĂ©mocratie, le socialisme, la souverainetĂ©, le panafricanisme ; la solidaritĂ© entre camarades et entre citoyens du monde est une valeur presque naturelle chez nous, une attitude qui nous rassemble. Il est vrai que les contours idĂ©ologiques de notre nouveau Parti, le PPA-CI, peuvent paraĂźtre flous pour certains. Mais reste que la dĂ©mocratie ou la lutte pour la dĂ©mocratie est inscrite Ă  son fronton. Le pouvoir doit ĂȘtre celui du peuple et non d’une caste. Il doit s’appuyer, y compris dans son contrĂŽle, sur des Institutions fortes, et non exprimer la seule volontĂ© d’un tyran ou d’un groupe de nervis Ă  sa solde.

👉Vous dĂ©finissez-vous comme un dĂ©fenseur de la justice sociale, de l'indĂ©pendance Ă©conomique de la CĂŽte d’Ivoire ?

MICHEL GBAGBO :
Pas seulement de la CĂŽte d’Ivoire. En effet, nous nous adressons Ă  l’ensemble des Africains, y compris du Nord, en leur disant, comme Thomas Sankara, KouamĂ© N’Nkrumah,  Gamal Abdel Nasser, Nelson Mandela, Patrice Lumumba, que tout est possible, que tout est toujours possible comme en tĂ©moignent la vie et les hauts faits de ces personnes. Et qu’en matiĂšre de justice sociale, d’indĂ©pendance Ă©conomique, l’Afrique, encore aujourd’hui, dispose de ressources susceptibles de profiter Ă  la communautĂ© pourvu que des dirigeants imprĂ©gnĂ©s du sens de l’État et de la volontĂ© de servir prennent les mesures appropriĂ©es et s’émancipent de leur tendance Ă  la rapine. De façon plus prĂ©cise, Ă  notre CongrĂšs constitutif, Laurent Gbagbo indiquait une piste de solution pour rĂ©aliser cette indĂ©pendance : le panafricanisme, autrement dit le rassemblement de nos nombreux micro-Ă©tats en de vastes ensembles intĂ©grĂ©s capables de mesures politiques et Ă©conomiques courageuses et cohĂ©rentes.
👉Et au sujet de la justice sociale ?

MICHEL GBAGBO :
Eh bien, selon moi, la premiĂšre des justices sociales serait que soit fondĂ© un État dĂ©mocratique dont les dĂ©cisions reflĂšteraient la volontĂ© des peuples. Dans cet État Ă  bĂątir en CĂŽte d’Ivoire, et dans d’autres pays africains, il faudrait que la propriĂ©tĂ© privĂ©e, les opinions personnelles ainsi que les droits civiques soient inaliĂ©nables. L’alternance pacifique au pouvoir m’apparait ĂȘtre une norme fondamentale si l’on veut que le pouvoir qu’exerce l’ÉTAT Ă©mane du peuple dans sa diversitĂ© et que la violence soit bannie de l’arĂšne politique. Quant Ă  la justice sociale, au sens oĂč on l’entend d’ordinaire, c’est-Ă -dire fondĂ©e sur l’égalitĂ© des droits pour tous et de la possibilitĂ© Ă©gale de bĂ©nĂ©ficier des fruits de la croissance, elle est inscrite dans notre ADN. Nous sommes innovateurs en la matiĂšre puisque par exemple l’école gratuite et laĂŻque, l’assurance maladie universelle, la libĂ©ralisation de la filiĂšre agricole, la dĂ©centralisation, sont de nous. Ces projets phares de Laurent Gbagbo sont malheureusement aujourd’hui noyĂ©s dans de l’incertitude.


👉 On dit de vous que vous ĂȘtes trĂšs intelligent, communiquant hors pair, charismatique sous une apparence trop ou faussement modeste... effacĂ© malgrĂ© un caractĂšre volontaire 
 De mĂȘme, les vieux amis de votre pĂšre se mĂ©fient de votre soudaine appĂ©tence pour la politique... se plaisent Ă  dire que votre parcours est pĂąle (Ă  Ăąge Ă©gal) comparĂ© au sien... la jeune garde jalouse votre influence auprĂšs de votre pĂšre et la confiance qu'il vous accorderait... On vous soupçonne d'avoir pris goĂ»t Ă  la politique... et d’avoir dĂ©sormais des ambitions politiques dĂ©passant le poste de dĂ©putĂ©/maire... Bref, vous faites peur. Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ?

MICHEL GBAGBO :
Si on prend en compte certaines rĂ©serves, je me reconnais dans certains traits prĂ©cis. Notamment en ce qui concerne mon ‘’appĂ©tence’’, comme vous dites, pour la solidaritĂ©, la justice sociale, la dĂ©mocratie, la souverainetĂ©. Je l’ai d’ailleurs indiquĂ© un peu plus haut. Par contre, et que cela soit en bien ou en mal, je m’efforce de ne pas commenter certaines apprĂ©ciations sur ma personne. Je laisse courir 
 Cela se sait, mes ambitions politiques demeurent assez mesurĂ©es. J’ai depuis longtemps exprimĂ© mon intention de me mettre au service de la commune de Yopougon. Je dispose d’un programme bien structurĂ©, ambitieux, et d’une Ă©quipe motivĂ©e et compĂ©tente, capable d’apporter un mieux-ĂȘtre aux populations qui y vivent. Je n’ai jamais encore exprimĂ© d’autre ambition. Il y a dĂ©jĂ  beaucoup Ă  faire en matiĂšre de voirie, de salubritĂ©, d’emploi, de formation professionnelle, d’autonomisation de la femme et de lutte contre la drogue et l’insĂ©curitĂ© dans ma chĂšre circonscription.


👉On vous reproche de ne pas parler BĂ©thĂ©...

MICHEL GBAGBO :
La question de la langue vernaculaire est plus large. Je n’ai pas eu l’opportunitĂ© de faire l’apprentissage du BĂ©thĂ© Ă  mon jeune Ăąge. D’ailleurs, nombreux sont les enfants de la nouvelle gĂ©nĂ©ration dont les parents, habitants de la ville, parlent de moins en moins leur langue maternelle Ă  leurs enfants. HĂ©las. Que deviendront ces langues dans un siĂšcle ? Il me parait important que leur enseignement soit instituĂ© Ă  l’école, et que soit crĂ©Ă© un Institut spĂ©cial des langues ivoiriennes destinĂ© aux adultes, comme moi dĂ©sireux de s’imprĂ©gner encore plus de leur patrimoine culturel local. Au plan politique, je n’ai heureusement pas Ă  pĂątir de cette situation, mon Ă©lectorat Ă©tant urbain et assez diversifiĂ©. 


👉Quelles sont vos ambitions et projets pour la Cîte d’Ivoire d'ici 5 ans ?

MICHEL GBAGBO :
Comme dans le sport, mon crĂ©do est d’avancer match aprĂšs match. Une fois Ă©lus, mon Ă©quipe et moi ne mĂ©nagerons pas nos forces afin de rĂ©pondre au mieux aux prĂ©occupations rĂ©elles de nos mandants. Comme il s’agira certainement d’une coalition, nos Partis verront par la suite le format Ă  adopter pour les futures joutes Ă©lectorales. A la question de savoir si j’envisagerai de me reprĂ©senter dans cinq ans, quel que soit le score obtenu aux municipales de septembre 2023, je rĂ©pondrai le moment venu.


👉Vous avez dĂ©clarĂ© dans une interview que certains, lorsqu'ils vous voyaient, voyaient un petit bout de Laurent Gbagbo. Qu'en est-il aujourd'hui... Quelle est la part de GBAGBO en vous ?

MICHEL GBAGBO :
Tous les jeunes Ivoiriens d’ici et de la diaspora, tous les Africains, qui rencontrent les idĂ©es et le combat du PrĂ©sident Laurent Gbagbo pour la souverainetĂ© de l’Afrique, ont du Laurent Gbagbo en eux. Cette question dĂ©passe donc le cadre biologique. Elle relĂšve d’une problĂ©matique politique. Le bombardement de sa rĂ©sidence afin d’y installer son rival, ami de la FrançAfrique, son procĂšs historique Ă  la CPI aux Pays-Bas, dont il est revenu vainqueur, lui ont valu une aura jamais Ă©galĂ©e en Afrique, sinon par Nelson Mandela. Des millions d’ñmes ont Ă©tĂ© impactĂ©es par son leadership et sa vision prĂ©coce pour une Afrique souveraine. Ce sont ces millions d’ñmes-lĂ  qui sont ses ‘’traces’’. Car la victoire psychologique qu’il a remportĂ©e, restera longtemps encore gravĂ©e dans l’Histoire. En ce sens, nous sommes nombreux Ă  avoir, selon votre expression, ‘’un bout de Laurent Gbagbo’’ en nous. Car en l’espĂšce, c’est l’engagement politique qui crĂ©e le lien de famille.


👉Certains disent que vous ressemblez plus par votre physique et vos pauses photographiques à Gandhi qu'à votre pùre.

MICHEL GBAGBO :
Il ne suffit pas de possĂ©der des traits de ressemblances avec certains personnages cĂ©lĂšbres pour en ĂȘtre l’incarnation. Combien de Johny Halliday, d’Elvis Presley ou de Michael Jackson n’aurions-nous pas sinon ! J’essaie plutĂŽt d’apprendre Ă  travers l’expĂ©rience des autres. De m’enrichir de leur enseignement. De capter ce qui en eux me parait bon. Je pense au plus profond de moi que les actes doivent ĂȘtre motivĂ©s par des valeurs, surtout quand l’on se veut au service de la communautĂ©. Comme dĂ©putĂ© aujourd’hui, et peut ĂȘtre comme maire demain, comme enseignant, ou simplement comme homme, j’essaie de nuire le moins possible Ă  mon semblable, de bannir la vĂ©nalitĂ©, et de mettre la solidaritĂ© et la tolĂ©rance au-devant de tout. Et c’est heureux que ces valeurs rencontrent celles du PrĂ©sident Laurent Gbagbo. Vous savez, ‘’l’’ĂȘtre humain est la plus prĂ©cieuse des richesses’’. Penser ainsi, c’est exprimer selon moi une envie de dignitĂ© pour les autres, et pour soi-mĂȘme. 


👉 Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... A quoi pensez-vous en vous rasant le matin ?

MICHEL GBAGBO :
En tant qu’enseignant, quand je me rase le matin, je pense au savoir que je vais dispenser. C’est ma contribution quotidienne Ă  l’effort de dĂ©veloppement de ce pays. Le faire et bien le faire. Le travail est le meilleur moyen, selon moi, de servir sa foi. AprĂšs je pense aux pauvres, aux sans-abris, aux dĂ©munis. Et plus globalement, au scandale que constituent nos États, assis sur des richesses inestimables, quand pĂ©rissent ses populations. La vĂ©nalitĂ© et la mĂ©chancetĂ© des hommes me surprennent encore aujourd’hui, malgrĂ© l’ñge. Mais je ne dĂ©sespĂšre pas. Je continue Ă  vouloir contribuer, aussi modestement soit-il, Ă  faire avancer les choses.


👉Vos diverses activitĂ©s [enseignement/Ă©criture politique] vous laissent – elles du temps pour continuer d'Ă©crire ?

MICHEL GBAGBO :
Je reconnais que j’écris moins souvent qu’avant ; mais j’écris quand mĂȘme car l’écriture reste pour moi une passion et un exercice intellectuel dont je ne peux me passer. Je dirais que j’écris plus pour moi-mĂȘme maintenant qu’en vue d’une Ă©ventuelle publication. Mais cela viendra. 


👉Et la vie privĂ©e dans tout cela ?

MICHEL GBAGBO :
La vie privée est indissoluble de ma vie tout court. Mes enfants, mon épouse, sont en vérité le fondement de mon existence. Malgré toutes mes occupations, je parviens toujours à trouver du temps pour ma famille et certains loisirs partagés.
👉L'homme que vous ĂȘtes aujourd'hui a-t-il rĂ©alisĂ© ses rĂȘves d'enfant ?

MICHEL GBAGBO :
Quelques-uns, et pas tous Ă©videmment. Je suis sur le chemin et j’apprĂ©cie ce qui a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  fait et je travaillerai Ă  rĂ©aliser ce qui reste Ă  faire. Au-delĂ  cependant de cette ‘’comptabilité’’ des Ă©chelons que l’on peut gravir un temps, de ce que l’on peut gagner puis perdre, je me rends compte, aujourd’hui, que ce sont les enseignements qui constituent la vĂ©ritable richesse et le vĂ©ritable gain de l’existence. En ce sens, on ne finit jamais de vivre sa vie, on ne peut que l’amĂ©liorer. Ou s’en accommoder de mieux en mieux. Si vous me demandiez quel projet j’ai en rĂ©serve, je vous rĂ©pondrai par contre que j’ai une espĂ©rance : ma plus grande espĂ©rance aujourd’hui serait que mes enfants trouvent le bonheur. Cela me donnerait, je pense, un sentiment de complĂ©tude.


👉Si vous aviez la possibilitĂ© de faire vous-mĂȘme les questions/rĂ©ponses laquelle vous seriez-vous posĂ©e et quelle rĂ©ponse y auriez-vous apportĂ©e ?

MICHEL GBAGBO :
Ma question : Que faut-il pour un monde sans conflit ?
Ma rĂ©ponse : L’ Amour, car seul l’amour entre les hommes permet la tolĂ©rance, l’égalitĂ© de tous et la paix. Je suis un homme simple vous savez. Mais un homme qui aime la vĂ©ritĂ©, et qui aime Ă©couter, entendre. Il est vrai que notre monde est plein de conflictualitĂ©s. Mais si chacun accepte ce que l’autre a Ă  dire, dans la dignitĂ©, la tolĂ©rance, un mot important, et la justice Ă©videmment, je pense que notre monde serait meilleur. 
Michel Gbagbo
dans le regard de 
Martin  ZiguĂ©lĂ©

"Qui a vu le fils a vu le PĂšre" c'est ainsi que je peux parler de ce que m'inspire Michel Gbagbo, le fils de mon aĂźnĂ© politique et idĂ©ologique. Il y'a des hommes qui sont comme cette pleine lune qui illumine le ciel en pleine nuit.  Elle permet de voir l'essentiel et d'avancer, et ne se prĂ©occupe guĂšre du superfĂ©tatoire. Michel Gbagbo est assurĂ©ment mur et dense. Il reflĂšte l'image d'un homme certes jeune encore mais qui a Ă©tĂ© affermi par les blessures et autres accidents de la vie politique en Afrique. Tenir Ă  son idĂ©al politique de maniĂšre constante et sur deux gĂ©nĂ©rations en Afrique est un parcours singulier. Nous avons connu le pĂšre, nous avons plaisir Ă  connaĂźtre le fils dont la fermetĂ© des convictions politiques dĂ©mocratiques sont clairement exprimĂ©es.

Le parcours politique qu'il commence également par la base, escalier aprÚs escalier, est également la marque de l'apport de cette culture française qu'il assume, et qui veut que tout politique ait un ancrage local.

Le parcours politique qu'il commence également par la base, escalier aprÚs escalier, est également la marque de l'apport de cette culture française qu'il assume, et qui veut que tout politique ait un ancrage local".

Martin Ziguele 
DĂ©putĂ© et ancien Premier ministre de la RCA 
Président du MLPC

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đŸ« Bien cordialement  Nora  ANSELL-SALLES  RĂ©dacteur  en  chef  du Blog et des Veilles  "Mine  d'Infos "

Propos recueillis  par  Nora  Ansell-Salles auprĂšs  de Michel Gbagbo et  Martin  ZiguĂ©lĂ©

Commentaires

  1. Excellente intervention de Michel Gbagbo qui va nous aider à découvrir ce personnage plutÎt réservé, qui se livre brillamment !
    Merci Nora de ce partage fort intéressant.

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    RĂ©ponses
    1. Tout le monde en parlehttp://pressentinelle2.blogspot.com/2023/06/tout-le-monde-en-parle.html 😉

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  2. Merci à vous. Tout le mérite en revient à l'auteur des réponses.

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  3. Catherine C. Vidrovitch25 juin 2023 Ă  13:29

    TrĂšs intĂ©ressante interview. Je dĂ©couvre le personnage. Il a un rĂŽle difficile. Pas facile d’ĂȘtre le fils de son pĂšre. Car les filiations de pouvoir sont plutĂŽt Ă  la mode ces temps ci! Mais il semble sage et professionnel. Affaire Ă  suivre!

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  4. Pierre KIPRÉ soutien Michel Gbagbo https://vm.tiktok.com/ZGJXvG5Dh/

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