Toute la lumière doit être faite sur les conflits d'intérêts
!
Deux anciens cadres de l'Agence nationale de sécurité du médicament
(ANSM), Jean-Michel Alexandre et Eric Abadie ainsi qu'une ancienne salariée de
Servier (fabricant du Mediator), viennent d'être mis en examen dans le cadre du
volet "tromperie et prise illégale d'intérêt" du dossier Mediator,
nous apprend France Info le 18 février. Les liens financiers entre ces anciens
responsables d'Agence et les laboratoires Servier apparaissent de plus en plus évidents.
Michèle Rivasi, députée européenne Vice-présidente dy
groupe des Verts/ALE au Parlement européen, rappelle à cette occasion qu'elle
avait saisi avec sa collègue Eva Joly en février 2011 l'Office européen de
lutte anti-fraude (Olaf), un service d’enquêtes indépendant, pour faire la lumière
sur d’éventuels conflits d’intérêts entre les autorités sanitaires européennes
et le laboratoire Servier dans l’affaire du Mediator. "Nous avions pointé
du doigt l’exemple de l’expert français en pharmacologie Jean-Michel Alexandre,
qui a présidé la commission de vigilance de l’Agence européenne du médicament
(EMA) de 1995 à 2000 et qui travaillait également à l’Agence française des médicaments
(AFSSAPS), deux agences qu’il a quittées pour devenir consultant pour l’industrie
pharmaceutique, notamment pour les laboratoires Servier. Sa mise en examen pour
participation illégale d'in fonctionnaire dans une entreprise précédemment
contrôlée n'est pas du tout suprenante! Eric Abadie a pour sa part été président
de la commission de vigilance de l’EMA depuis 2007 et directeur des affaires médicales
du syndicat des industries pharmaceutiques, avant d’occuper également des
postes à l’Afssaps. Il a été contraint de quitter l'EMA en avril 2012, ce dont
je me suis réjouis" , explique-t-elle.
" L’influence de ces représentants français de l’Afssaps
au sein de l’EMA, dans la gestion de la pharmacovigilance du Mediator a
toujours été flagrante. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour retirer ce médicament
du marché, alors même que des cas de valvulopathies cardiaques étaient signalés?
Eric Abadie devait également diligenter une étude, dont les résultats ont été
fournis très tard…Alors que le médicament coupe-faim est retiré du marché
espagnol en 2003 et italien en 2004, la France est l’un des derniers pays à l’avoir
interdit en novembre 2009. Nous avions à l’époque demandé la démission d’Eric
Abadie, car on ne peut pas crédiblement continuer à diriger un comité d’évaluation
des médicaments à usage humain en étant aussi peu indépendant du lobby
pharmaceutique..." , poursuit l’eurodéputée.
"L’Olaf a ouvert une enquête interne le 22 juillet 2011 afin de vérifier
les soupçons de conflits d’intérêts au sein de l’Agence européenne des médicaments. Ses travaux se poursuivent en France,
m'ont-ils assurés récemment, j'en vois la preuve aujourd'hui" ,
conclut Michèle Rivasi.
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