Prix du médicament : vite, l’après-Polton ! |
Des prix contre la
santé publique
L’affaire du sofosbuvir
a constitué en 2014 un coup de tonnerre. Alors que ce médicament, le premier
enfin efficace dans le traitement de l’hépatite C, pouvait permettre d’arrêter
l’épidémie, sa diffusion a été restreinte à certains malades seulement. En
raison du prix invraisemblable obtenu par son fabriquant, le laboratoire Gilead.
De précieuses années seront ainsi perdues dans la bataille contre cette
épidémie.
Des prix contre la
solidarité…
L’avenir d’un système
de financement solidaire de la santé peut-il être mis en péril par les prix
réclamés et obtenus par les industries du médicament ? Nous le croyons. De
nouveaux traitements arrivent, notamment dans le domaine du cancer, et leurs
fabricants réclament des prix toujours plus élevés. C’est tout le système de
santé solidaire qui peut vaciller : car nous ne pouvons pas multiplier les
« sofosbuvir » sans mettre par terre tout l’édifice d’assurance maladie
solidaire.
Un rapport
infructueux ?
Le rapport de la
mission confiée par la Ministre des affaires sociales et de la santé à Mme
Dominique Polton doit être remis prochainement. De façon tout à fait
démocratique, le pré-rapport a été soumis aux membres du groupe de travail.
Curieusement, alors que le rapport devait proposer « les voies et moyens d’une réforme des
modalités (…) de financement des innovations de rupture », il reste
silencieux sur ce sujet. Etonnant non ?
Conjectures…
Le pré-rapport se borne
à quelques formules elliptiques sur cette impasse. Aurait-on finalement interdit
à la rapporteure de creuser ce sujet de façon aussi approfondie qu’elle s’est
penchée sur les vertus supposées d’un indicateur unique pour évaluer le
médicament ou d’un taux unique de remboursement des médicaments ? Nul ne peut le
croire. Pourtant, chacun s’interroge, observant que parallèlement à cette
mission se déroulent des négociations secrètes entre l’Etat et l’industrie
pharmaceutique, sous l’égide du Comité économique des produits de santé (CEPS).
Vite, avant que la loi n’impose la présence des associations au CEPS, un dernier
accord, pour la route ! En catimini.
Parlons prix,
véritablement !
Si la faiblesse des
régulations publiques, nationales et internationales, expliquent l’envolée des
prix, le très haut niveau de capitalisation boursière des entreprises du
médicament est un autre facteur de renchérissement des médicaments. Pourtant, le
code de la santé publique prévoit la possibilité de prix administrés. Et, les
accords internationaux prévoient aussi la possibilité de licences obligatoires.
Finalement, la France choisit une real-politik du médicament risquée pour
la sauvegarde de notre modèle d’assurance maladie solidaire autant que pour la
santé publique. Disons pourquoi la fixation unilatérale des prix et les licences
obligatoires ne peuvent être mises en œuvre ! Discutons des alternatives
nouvelles pour parer à réguler les prix !
Nous
réclamons une nouvelle mission centrée sur les critères de fixation et de
révision des prix du médicament ainsi que sur la transparence des négociations
et des accords conclus. Elle devra investiguer la palette des outils potentiels
de régulation des prix, y compris au plan international.
Contact presse :Marc Paris, responsable communication, mparis@leciss.org
Lien vers le communiqué de presse du CISS
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