🔮 Coup de projecteur sur : David Ollivier-Lannuzel nouveau prĂ©sident de l”UROPS

Bonjour  David  Ollivier-Lannuzel, les lecteurs de "Mine d'infos"  vous connaissent  en tant que successeur  de Bruno  Caron  Ă   la prĂ©sidence du  l’UROPS. 
Les militants mutualistes n'ignorent rien du parcours du PrĂ©sident  de la MCDEF... mais l'homme public est plus connu que l'homme privĂ©...
 
La rĂ©daction de  "Mine d’infos"  lĂšve un coin du voile...

 
👉 Vous souvenez-vous  de votre 1er acte militant ?

Non franchement pas vraiment, je suis tout d’abord un acteur du mouvement ouvrier, j’ai commencĂ© a travaillĂ© aux Arsenaux de la Marine Nationale Ă  Brest, d’abord comme apprenti Ă  15 ans puis comme Ouvrier de l’Etat. Mon premier acte militant serait celui de m’ĂȘtre syndiquĂ© et de m’y ĂȘtre engagĂ© un peu plus tard. Il y avait un sens commun entre les ouvriers de l’atelier et des conditions de travail pas trĂšs confortables. De ce fait, militer pour de meilleures situations professionnelles m’ont semblĂ© ĂȘtre une cause juste. 

 
👉 Ă€ qu'elle carriĂšre  vous destiniez-vous Ă   20 ans ?

A 20 ans je travaillais depuis quelques annĂ©es, mon indĂ©pendance Ă©conomique et sociale bien Ă©tablie. Ma carriĂšre d’ouvrier de l’Arsenal de Brest devait ĂȘtre un chemin tracĂ© si je ne mettais pas mis en tĂȘte de passer mon Bac, puis un DEUG, une licence d’Histoire de l’art et de palĂ©ographie puis une maĂźtrise en archĂ©ologie en cours du soir sous le statut d’étudiant salariĂ©. L’atelier la journĂ©e et les cours le soir. Une Ă©poque plutĂŽt sympa avec un mĂ©lange des genres. A cela s’ajoute un parcours syndical qui commence au niveau du local et rapidement national sur les thĂ©matiques liĂ©es Ă  la jeunesse. 


👉 Dans quelle circonstance le monde de la  protection sociale a-t-il croisĂ© votre route ?

Au dĂ©but de mon parcours militant au sein de FO, j’ai Ă©tĂ© reprĂ©sentant de cette organisation au sein des Conseils dĂ©partementaux de la Jeunesse mis en place par la Ministre MG. Buffet. Par effet de reprĂ©sentation et peut ĂȘtre aussi par manque de candidat je fus Ă©galement reprĂ©sentant au sein de la structure nationale dont l’objet Ă©tait de donner la parole aux « jeunes » sur leur problĂ©matique d’emploi, de santĂ©, d’autonomie financiĂšre ou de mobilitĂ©. Une expĂ©rience enrichissante tant dans les rencontres que dans les sujets traitĂ©s. Cela m’amĂšnera a me spĂ©cialiser dans ce domaine et de devenir l’assistant de Marc Blondel et de MichĂšle Monrique sur les questions des jeunes. J’ai ainsi travailler avec eux pendant de nombreuses annĂ©es tant au niveau national qu’europĂ©en Ă  la ConfĂ©dĂ©ration EuropĂ©enne des Syndicats. Les questions d’autonomie de la jeunesse, les « emplois Jeunes », le CEP furent des sujets sur lesquels j’Ɠuvrais. 
Suite Ă  un travail au Conseil Economique et Social sur le rapport d’Hubert Brin j’ai rencontrĂ© Jean-Claude Mallet, ancien PrĂ©sident de la Caisse nationale d’Assurance Maladie. Il m’intĂšgrera quelques mois plus tard au sein du Conseil de la Cnam oĂč je siĂšge toujours.


👉 Par quel chemin  dĂ©tournĂ©,  ou pas, devient-on prĂ©sident  de la MCDef?

Par un chemin de traverse
 militant du RĂ©gime Obligatoire, Ă©lu SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral des Ouvriers de l’Etat pour FO, j’ai, au hasard des rencontres, fait connaissance avec Patrick Djelalian, ancien PrĂ©sident de la Mutuelle Civile de la DĂ©fense MCDef. Celui-ci me donna les clefs pour comprendre dans sa globalitĂ© le modĂšle de protection sociale en France qui repose sur le RO et le RC. Il me proposa de rentrer dĂ©lĂ©guĂ© puis administrateur de son conseil d’administration, un parcours somme tout banal. Mais ce que je compris par la suite c’est l’extrĂȘme complexitĂ© du monde mutualiste et de ses arcanes. Un environnement trĂšs dĂ©pendant des politiques sanitaires, rĂ©glementaires mais au aussi des lames de fond qui viennent fragiliser ses racines. C’est Ă  la suite d’un dĂ©part hĂątif de mon prĂ©dĂ©cesseur que j’ai accĂ©dĂ© Ă  la PrĂ©sidence de cette belle mutuelle qui est aujourd’hui au sein du Groupe Klesia. Un havre pour notre mutuelle qui au regard de la taille et du vieillissement de sa population craignait pour son devenir.


👉 Et pour la MCDEF  ?

Depuis quelques annĂ©es MCDef a opĂ©rĂ© un Ă©largissement de son spectre a destination de ses adhĂ©rents. Acteur du collectif dans les secteurs de l’armement nous avons compris trĂšs vite que les outils qui accompagnent les garanties santĂ© sont des gages de fidĂ©lisation. Ainsi nous conservons depuis le dĂ©but de la mise en place des contrats collectifs des fleurons de l’industrie d’armement Français tel Nexter-Giat ou encore MBDA et avant Safran. Au dĂ©but de mon mandat je m’étonnais du peu d’entrain de ma mutuelle sur les champs de la prĂ©vention d’autant plus que les mutuelles de fonctionnaires ont l’obligation d’affiliation au rĂ©gime obligatoire et donc aux Ă©lĂ©ments consubstantiels Ă  cette mission comme la prĂ©vention. Je reste persuadĂ© que mon approche SĂ©curitĂ© Sociale m’a aidĂ© Ă  faire prendre conscience que nous jouons un rĂŽle collectif au niveau des mutuelles de fonctionnaires sur ce champ. Nous nous plaignons Ă  raison d’ĂȘtre des contributeurs aveugles du systĂšme de soins alors que nous pouvons ĂȘtre des acteurs visibles du parcours de santĂ©. Urops en est un exemple en soit.


Marina  Mollins - DG, Bruno Caron ancien Pdt. & David Ollivier-Lannuzel nouveau Pdt. le jour de la passation.

👉 Quels sont vos objectifs Ă  5 ans pour l'Urops ?

J’ai l’habitude de dire que l’on ne se dĂ©crĂšte pas soi-mĂȘme lĂ©gitime mais que nous sommes reconnu par les yeux de l’autre. Ainsi Urops lors de sa mue s’est elle dĂ©tachĂ©e de la tĂąche gestionnaire pour investir celui de la prĂ©vention. Optique salvatrice et pari rĂ©ussi par mon prĂ©dĂ©cesseur Bruno Caron qui a menĂ© cette transition en mĂ©nageant les personnels de MFPS et la gouvernance des mutuelles, un tour de force. Maintenant on doit consolider le modĂšle avec un contrat avec notre tutelle Cnam qui prenne bien compte les ambitions de politiques publiques et les expressions de besoin des ministĂšres en matiĂšre de prĂ©vention des agents publics et contractuels. Cela on peut le faire sur la base de constats sĂ©rieux et d’ambitions politiques clairement exprimĂ©es. C’est le cas par le Ministre GuĂ©rini quand il « missionne » Urops sur le terrain de la prĂ©vention du diabĂšte sur l’üle de la RĂ©union. C’est un grand pas en avant pour le collectif que nous sommes et un enjeu car nos moyens doivent pouvoir reposer sur des engagements concrets de la part de nos tutelles et de moyens de la part des ministĂšres y compris pour nos 400 militants mutualistes qui Ɠuvrent bĂ©nĂ©volement par les moyens des mutuelles sur le terrain de la prĂ©vention en santĂ© publique sur le champ professionnel.
Urops reste un exemple de ce qu’il faudrait faire dans le monde privé  amener une pĂ©dagogie, une culture de prĂ©vention en santĂ© publique au sein du monde du travail.


👉 Quel regard portez-vous sur l'actualitĂ© [ESS et autre] du moment ? 

Je suis assez soucieux de nature et le glissement qui s’opĂšre sur notre modĂšle de protection sociale n’est pas fait pour me rassurer. Contrairement Ă  une certaine doxa politique je ne crois pas que le budget de la SĂ©curitĂ© Sociale doit se confondre avec celui de l’Etat. Je ne crois pas au « Grand tout » budgĂ©taire parce qu’au travers de cela on peut oublier ce qui fait la substance de notre modĂšle de protection sociale Ă  savoir la cotisation sociale et la cotisation employeur. C’est sur le fruit du travail qui se construit notre modĂšle. Si nous devions considĂ©rer que la solidaritĂ© nationale vienne supplanter la contribution du salaire diffĂ©rĂ© je crains Ă  un affaiblissement du modĂšle et une croyance plus grande dans le « tout gratuit » ce qui est dĂ©jĂ  en soit une forfaiture. Le problĂšme de la ressource fiscale est qu’elle reste assez neutre dans son utilisation Ă  contrario de la cotisation sociale qui est affectĂ©e aux branches de la SĂ©curitĂ© Sociale
 pour peu que l’on sache cela ou que l’on s’y intĂ©resse.
En dehors de la problĂ©matique des corps intermĂ©diaires gestionnaires et du rĂŽle de supplĂ©tifs qu’ils pourraient jouer demain je crains que le dispositif de la « Grande SĂ©cu » proposĂ© dans un des scĂ©narii du Hcaam ne soit pas totalement Ă©cartĂ©. On va tout droit vers un dispositif NHS (National Health Service) oĂč le rĂ©gime obligatoire Ă©tatisĂ© et trĂšs prĂ©sent et en complĂ©mentaritĂ© ou non d’un monde d’acteurs privĂ©s qui viennent combler les lacunes du premier car ne nous voilons pas la face la dĂ©cision politique du « quoi qu’il en compte » a eu pour consĂ©quence d’aggraver finale la situation de la CADES alors que la gestion de la crise devait ĂȘtre une dette d’état dĂ©montrant ainsi la difficultĂ© de ce dernier en termes de gestion. Mon souci reste entier quand le rĂŽle des uns et des autres n’est pas clairement identifiĂ©, que cela soit pour le RO, le RC et l’Etat.

👉 On vous dĂ©crit comme un homme ambitieux, attachant, cultivĂ©, trĂšs professionnel...un peu cabotin sur les bords... Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ?

Sur ce point je laisse le soin Ă  chacun de se faire une idĂ©e, mais si c’est nĂ©gatif surtout ne me le dites pas je pourrai me vexer.


👉 Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... À quoi pensez-vous en vous rasant le matin ? 

Et bien dĂ©jĂ  je ne me rase pas tous les matins ce qui a pour avantage de ne pas y penser trop souvent mais plus j’avance en Ăąge plus je me dis que la vie n’est pas un test. Mais aujourd’hui on est tellement bombardĂ© de textes, de phrases clamĂ©es par des prophĂštes « des jours heureux » qu’ils perdent en profondeur. Alors quand je me rase j’essaye dĂ©jĂ  de ne pas me couper ce qui n’est dĂ©jĂ  pas si mal.

👉 L'homme  que vous ĂȘtes aujourd'hui a-t-il rĂ©alisĂ© ses rĂȘves d'enfant ?

J’aimerai, si possible, rĂ©aliser ceux de mes enfants sans considĂ©rer que ce soit les miens par procuration, du moins je l’espĂšre. AprĂšs cela je suis restĂ© un « grand enfant » alors je me mets Ă  rĂȘver que je pourrai ĂȘtre plus sportif, m’inscrire Ă  des trails de dingos et je ne sais quoi d’autres. Mais c’est beau de rĂȘver, d’ĂȘtre un peu la tĂȘte dans les nuages, c’est en tous les cas trĂšs apaisant.

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Propos recueillis par Nora Ansell-Salles Legrand 

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