Nora ANSELL-SALLES

vendredi 25 août 2023

đŸŸ„EXCLUSIF: Interview de Martin ZIGUÉLÉ ancien Premier ministre de Centrafrique

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AVANT PROPOS
Ancien Premier Ministre de la République centrafricaine & Président du Parti politique MLPC
Martin ZiguĂ©lĂ©, est nĂ© le 12 fĂ©vrier 1957 Ă  Paoua. Consultant, spĂ©cialisĂ© en assurance, et homme politique centrafricain. Il est Premier ministre entre avril 2001 et mars 2003. 

‱ Cumul de cette fonction avec celle de Ministre des Finances et du Budget (à partir de 2002)
‱ PrĂ©sident, Mouvement de LibĂ©ration du Peuple Centrafricain (MLPC) (juin 2007)
‱ Membre, Mouvement de LibĂ©ration du Peuple Centrafricain (MLPC) (depuis sa crĂ©ation en fĂ©vrier 1979)
‱ Sous sa mandature, son parti intĂ©grera l’Internationale Socialiste et l’Alliance Progressiste d’Afrique Centrale

Martin Ziguélé est :

Grand-croix de l’Ordre National du MĂ©rite Centrafricain (28 novembre 2017)
Grand-officier de l’Ordre National du MĂ©rite Centrafricain (5 novembre 2001)


Bonjour Martin ZiguĂ©lĂ©, 
Les lecteurs de "Mine d'Infos" qui suivent de prĂšs l’actualitĂ© africaine et plus particuliĂšrement celle de la Centrafrique vous connaissent bien, d'autant que vous ĂȘtes particuliĂšrement ”prĂ©sent" sur les rĂ©seaux sociaux. 


Les fidĂšles des pages consacrĂ©es aux sorties littĂ©raires ont lu avec intĂ©rĂȘt l'article publiĂ© Ă  l'occasion de le sortie de votre ouvrage* " Des crises Ă  l’espĂ©rance. Ma vision pour la Centrafrique".


Votre regard** sur le parcours de Michel Gbagbo, fils de l'ancien PrĂ©sident de CĂŽte d’Ivoire Laurent Gbagbo, a suscitĂ© un vif intĂ©rĂȘt.

Votre double casquette d’assureur et d’homme politique intrigue... Si l'homme public est connu, l'homme privĂ© demeure un mystĂšre... 

👉Bref si vous deviez faire votre autoportrait que diriez-vous de vous?

 Un grand penseur et philosophe disait que le « moi » est haĂŻssable et dans tous les cas, il est difficile de parler de soi-mĂȘme. Ce que je peux me permettre de dire, c’est que je suis un homme d’action, engagĂ© et mĂȘme un peu tĂȘtu. Lorsque je suis convaincu d’une idĂ©e ou d’un projet, je m’y consacre entiĂšrement quel qu’en soit le rĂ©sultat ou le chemin pour y parvenir. 

Et pour ĂȘtre engagĂ©, il faut d’abord ĂȘtre optimiste, mais sans ĂȘtre naĂŻf. Si on n’est pas optimiste, c’est difficile de croire en l’homme et Ă  tout projet sociĂ©tal. 

Enfin je refuse le renoncement et la complaisance.



👉À qu'elle carriùre vous destiniez-vous à 20 ans?

Quand j’étais en classe de terminale, j’étais plutĂŽt un bon Ă©lĂšve en philosophie et en latin. D’ailleurs j’étais reçu au baccalaurĂ©at littĂ©raire avec comme matiĂšre obligatoire le latin. 

J’avais demandĂ© Ă  ma professeure de philosophie Madame Janine Gon, qui est encore en vie, d’écrire une recommandation dans mon dossier pour que j’aille Ă©tudier la philosophie Ă  l’universitĂ©, ce qui n’était alors possible qu’à l’étranger. 

À peine le bac proclamĂ©, Jean Bedel Bokassa avait pris un dĂ©cret interdisant aux bacheliers centrafricains toute bourse d’études en philosophie et sociologie, et notamment en France, sous prĂ©texte qu’une fois Ă  l’étranger, ce type d’étudiants devenaient systĂ©matiquement des opposants Ă  son rĂ©gime. 
Cette bourse m’a donc Ă©tĂ© refusĂ©e. 

Sur les conseils d’un condisciple gabonais, je me suis orientĂ© vers des Ă©tudes de langue et de littĂ©rature anglaises, dans le but de continuer dans une « Business School » et travailler dans le commerce international. 

J’étais donc Ă  l’UniversitĂ© de Bangui, avec de bons rĂ©sultats et j’ai simultanĂ©ment prĂ©parĂ© deux concours trĂšs sĂ©lectifs : celui de l’Institut International des Assurances (IIA) de YaoundĂ©, et de l’École Nationale d’Administration (ENAM) de Bangui. 

J’étais dĂ©clarĂ© premier exaequo
pour l’entrĂ©e Ă  l‘ENAM et Ă©galement admis Ă  l’IIA. 
J’ai choisi l’IIA dont le cursus est identique Ă  celui d’une Ă©cole supĂ©rieure de commerce, et avec des Ă©tudiants venant de 14 pays africains. 

Sur ce plan j’ai pu rĂ©aliser mon rĂȘve, nos enseignements Ă©tant hyper dosĂ©s en Ă©conomie, finance, droit et assurances. 


👉A quelle Ă©poque et dans quelle circonstance le monde de la politique a-t-il croisĂ© votre route ?

Bien Ă©videmment, mon premier engagement politique est nĂ© de la rĂ©volte contre la dĂ©cision du PrĂ©sident Ă  vie Jean Bedel Bokassa de transformer notre pays en empire. 

J’étais Ă©tudiant Ă  l’époque et le congrĂšs du parti unique se tenait dans mon quartier, au ChĂąteau Boganda du nom du PĂšre de notre indĂ©pendance. 

Je suivais ce congrĂšs Ă  la radio nationale et j’écoutais en direct certains de mes professeurs dĂ©clarer que Jean Bedel Bokassa avait bien fait de transformer notre pays en empire, sous prĂ©texte que l’empire Ă©tait la forme de l’État africain authentique et historique. 

J’étais scandalisĂ© par le double discours de ces Ă©minents professeurs qui sur le campus, pourfendaient la dictature de Jean Bedel Bokassa et en sa prĂ©sence l’encensaient. 
Cette lĂąchetĂ© de l’intellectuel censĂ© ĂȘtre courageux m’a profondĂ©ment blessĂ© et depuis ce jour je me suis engagĂ© Ă  combattre l’empire. 

Trois ans aprĂšs, Ă  22 ans, je me suis engagĂ© dans le MLPC sur les conseils de deux de mes collĂšgues qui, eux, militaient dans ce mouvement crĂ©Ă© dans la clandestinitĂ©, pour renverser l’empire et restaurer la rĂ©publique. 

Quarante-quatre annĂ©es aprĂšs, je suis toujours dans la lutte avec le MLPC comme militant et PrĂ©sident de ce Parti. 



👉Par quel chemin dĂ©tournĂ©, ou pas, devient-on Premier
ministre?

Je ne sais pas comment d’autres ont fait pour ĂȘtre Premier ministre, et s’il y a un chemin dĂ©tournĂ© ou pas, pour le devenir. 

Pour ma part comme militant du MLPC, j’ai Ă©tĂ© sollicitĂ© par le PrĂ©sident Ange FĂ©lix PatassĂ© pour devenir Premier ministre le samedi 31 mars 2001, alors que je venais d’intĂ©grer la Banque des États de l’Afrique centrale en juillet 1999, au poste de Directeur National pour la RCA, sur sa propre dĂ©cision. 

Je lui ai opposĂ© un refus catĂ©gorique, au motif que je rentrais Ă  peine d’un sĂ©jour de 12 ans au Togo, et qu’en plus il Ă©tait hors de question pour moi de remplacer le Premier ministre en poste, Anicet Georges DologuĂ©lĂ© Ă  cause de nos liens de famille. 

Devant moi, il m’a assurĂ© que j’avais raison et on s’est sĂ©parĂ© tard dans la nuit. ArrivĂ© chez moi, j’ai appelĂ© au tĂ©lĂ©phone une personnalitĂ© pour lui demander de convaincre Ă©galement le PrĂ©sident PatassĂ© de ne pas prendre cette dĂ©cision de me nommer Premier ministre parce que je souhaitais vraiment exercer mes fonctions de Directeur national Ă  la Banque centrale. 

Je ne sais pas ce qui s’est passĂ© ensuite mais le lendemain dimanche 1er avril 2001, j’apprendrai Ă  la radio en mi-journĂ©e le dĂ©cret me nommant Premier ministre. 

J’ai donc dĂ» assumer, mais ce n’était pas du tout facile pour moi. 



👉Vous avez commis trois livres***, le dernier remonte Ă  2015... un quatriĂšme est-il en prĂ©paration ? 

Vous le savez peut-ĂȘtre, je suis un ancien sĂ©minariste, Ă©duquĂ© par des capucins au Petit sĂ©minaire Saint-Jean de Bossangoa, puis Ă©lĂšve des FrĂšres maristes au LycĂ©e d’État des Rapides de Bangui.  

De la classe de 6Ăšme jusqu’en 3Ăšme, j’avais lu tous les ouvrages de la bibliothĂšque du SĂ©minaire, Idem au LycĂ©e des Rapides. 

Il m’en est restĂ© un grand goĂ»t pour la lecture. Je lis beaucoup et je lis de tout : journaux, magazines, livres, etc. et j’écris aussi beaucoup mais je ne publie pas tout. 

Je suis depuis deux ans sur un projet de livre d’entretiens pour expliquer mon pays la RCA, expliquer son histoire, sa culture, ses espĂ©rances, ses expĂ©riences


Je cherche un journaliste pour conduire cet entretien pour en faire un livre. 


👉Vous ĂȘtes trĂšs prĂ©sent  sur les rĂ©seaux sociaux et dans les  mĂ©dias...

Oui, puisque je vous ai dit que je lis de tout. Les rĂ©seaux sociaux sont un morceau de miroir de toute la sociĂ©tĂ© humaine moderne. 

Hier il y avait la radio avec les ondes hertziennes, ensuite il y a eu la tĂ©lĂ©vision et aujourd’hui les rĂ©seaux sociaux. 

Il faut y ĂȘtre prĂ©sent pour avoir le reflet de son propre environnement et du monde. 

👉Par nĂ©cessitĂ© oĂč rĂ©el intĂ©rĂȘt ?

Par intĂ©rĂȘt d’abord parce que cette prĂ©sence est volontaire, mais Ă©galement par nĂ©cessitĂ© puisque les rĂ©seaux sociaux, malgrĂ© certaines dĂ©rives, permettent de prendre le pouls de la sociĂ©tĂ©. 

👉Quelle est votre "vision" de la Centrafrique de demain?

Trùs ambitieuse. Un adage dit qu’il faut mourir pour aller au paradis et comme je ne suis pas encore mort, je ne peux pas dire que j’ai vu le paradis, mais je pense que la Centrafrique doit y ressembler.

 J’ai parcouru mon pays du nord au sud et de l’est Ă  l’ouest, par route, par avion, sur des pirogues, etc. Un pays plus vaste que la France, la Belgique et le Luxembourg rĂ©unis mais avec seulement 6 millions d’habitants. 

Mon pays a un couvert vĂ©gĂ©tal exceptionnel avec la forĂȘt Ă©quatoriale faisant partie du Bassin du Congo au sud et la savane arborĂ©e au nord. 

Comme la GuinĂ©e en Afrique de l’Ouest, la RCA est un chĂąteau d’eau en Afrique centrale au cƓur de l’Afrique, avec 15 millions d’hectares de terres cultivables dont seulement 0,5 % sont mise en valeur. 

Nous avons toutes les potentialitĂ©s pour dĂ©velopper ce pays, mais notre leadership politique fait dĂ©faut car erratique, inefficace et crisogĂšne. 

C’est pourquoi je suis convaincu que seule la vision sociale-dĂ©mocrate, portĂ©e par les dĂ©mocrates et progressistes centrafricains convaincus eux-aussi, peut changer la donne. 

Notre pays est situĂ© au 188Ăšme rang sur 191 pays du classement de l’indice de DĂ©veloppement Humain du PNUD, et huit centrafricains sur dix vivent sous le seuil de pauvretĂ© avec moins de 1000 francs cfa (soit deux dollars amĂ©ricains ou 1, 5 euros) pour vivre par jour, alors que le pays regorge d’énormes potentialitĂ©s. C’est une aberration. 

La mauvaise qualitĂ© du leadership explique en grande partie cette situation et donc un seul leadership progressiste et rĂ©formiste permettra de casser ce cycle vicieux. 


👉Quel regard portez-vous sur l’actualitĂ© du monde: Wagner,Niger...?

Le Niger est pour moi comme une seconde patrie parce qu’au-delĂ  des liens partisans, mon Parti le MLPC dĂ©veloppe des relations fraternelles avec le PNDS, et les prĂ©sidents Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum. 

Nos liens sont excellents et naturellement je suis plus qu’ulcĂ©rĂ© par le rĂ©cent putsch, pour convenances personnelles, contre le PrĂ©sident Ă©lu du Niger, Mohamed Bazoum qui doit ĂȘtre rĂ©tabli dans ses fonctions. 

Nous avons publiquement et clairement exprimĂ© notre position depuis le dĂ©but de ce que nous considĂ©rons toujours comme une tentative de coup d’état.

Nous saluons et soutenons tous les efforts pour le retour du Niger Ă  la lĂ©galitĂ© par le rĂ©tablissement du pouvoir Ă©lu et de l’ordre constitutionnel ante.

S’agissant de
Wagner, ce sont des mercenaires agissant en complĂ©ment de la diplomatie russe. C’est une pieuvre dont l’objectif est de phagocyter l’un aprĂšs l’autre nos États, de dĂ©truire l’espace politique rĂ©publicain, de manipuler la presse et les opinions publiques pour installer et conforter des rĂ©gimes fascistes de type mussolinien avec des "Duce". 

Je pense que le monde sous-estime ce cancer qui se métastase dans les pays africains.

📌Martin ZiguĂ©lĂ©,
l’annonce de votre prochaine interview loin de laisser nos lecteurs indiffĂ©rents, a suscitĂ© un certain nombre de rĂ©actions auprĂšs de la rĂ©daction...
✒En voici la compilation:


📞 JosuĂ© Blaise Mbanga Kack , journaliste Camerounais, fidĂšle lecteur de "Mine d'Infos" nous dit qui est pour lui Martin ZiguĂ©lĂ©.



On vous dépeint comme un homme courageux,
humain, chaleureux, compétent...

On vous dit ”tenace" avec un "caractĂšre bien trempĂ©". 


On ne peut pas plaire Ă  tout le monde...

On vous reproche trop d'humilité.

Tout en reconnaissant vos compétences certains regrettent que vos orientations profondes restent quelque peu cachées...


Pour une grande majoritĂ© d’entre eux 

Vous avez Ă©tĂ© un Premier ministre compĂ©tent dans des conditions difficiles sous Jean Bedel PatassĂ©. 

Vous avez favorisé [volontairement ou pas] l'arrivée au pouvoir de François Bozizé avant de vous opposez ensuite
courageusement Ă  lui.


Pour d'autres 

Vous ĂȘtes perçu (de par votre carriĂšre professionnelle et politique) comme un homme politique chevronnĂ©, leader incontournable de l'opposition centrafricaine, qui a su mettre en exergue sa capacitĂ© Ă  mobiliser et son leadership lors du boycott du rĂ©cent rĂ©fĂ©rendum en Centrafrique dont ils vous perçoivent comme la cheville ouvriĂšre...

En dépit des qualités qu'ils vous reconnaissent et bien que vous ayez occupé de hauts fonctions politiques, ils estiment que vous ne bénéficiez toujours pas d'une forte popularité auprÚs du peuple centrafricain.
[Ce qui se vérifie selon eux par votre faible score aux présidentielles de 2015].

Ce que beaucoup regrettent au regard de votre potentiel et de vos compĂ©tences qui pourraient vous permettre Ă  l'avenir  (selon eux) de prĂ©sider la Centrafrique, si, et seulement si, vous arrivez Ă  mieux capitaliser vos atouts. 


Quoi qu’il en soit, vous restez aux yeux de beaucoup

Un leader cohérent qui lutte contre l'injustice dans son pays, malgré la forfaiture en cours, et restez une alternative crédible aux défis de la RCA.

Vous ĂȘtes considĂ©rĂ© comme un dirigeant courageux face aux forces violentes installĂ©es au pouvoir et celles qui sĂ©vissent toujours dans votre pays.

RĂ©silient face Ă  l'autocratie et l'impunitĂ© ambiante, profondĂ©ment dĂ©mocrate et empreint des valeurs universelles qui devraient ĂȘtre celles qui rĂ©gissent un pays, un continent.


👉Vous reconnaissez-vous dans la perception et dans le portrait que dressent de vous nos lecteurs ?

Comme je l’ai dit tantĂŽt je ne suis pas Ă  l’aise pour parler de moi. Mais il est vrai que dans l’environnement qui est le mien, mener une lutte politique est forcĂ©ment l’épreuve de feu. 

Il faut faire preuve de beaucoup de force de caractĂšre et de force morale pour tenir le cap de la lutte. 

Il faut rĂ©sister aux menaces, aux intimidations, aux trahisons et Ă  l’humiliation. 

Il faut Ă©galement rĂ©sister au dĂ©couragement consĂ©cutif au chapelet d’élections aux rĂ©sultats frauduleux, avec des structures de gestion et de contrĂŽle des Ă©lections corrompues et Ă  la solde des pouvoirs successifs. 

Par contre je vais corriger quelque chose, je n’ai pas favorisĂ© l’arrivĂ©e de François BozizĂ© au pouvoir, je ne sais pas d’oĂč vient une telle contrevĂ©ritĂ©. 


Un lecteur de "Mine d'Infos" a souhaité vous poser sa propre question:
 
đŸ€”La mode forcĂ©ment est Ă  la prĂ©sence de Wagner avec ce qui s’est passĂ© en Russie !

Quoi que toujours stationné en Biélorussie pour le moment...

Comment vivez-vous, en votre qualitĂ© d’ancien Premier ministre, leur prĂ©sence dans votre pays alors qu'il m'est dit que l’actuel prĂ©sident doit tout Ă  la Russie... 

J’ai Ă©tĂ© le premier homme politique centrafricain Ă  dĂ©noncer la prĂ©sence des Wagner dans notre pays pour la simple raison qu’un de nos candidats aux lĂ©gislatives a Ă©tĂ© la premiĂšre victime des agressions des Wagner dĂšs dĂ©cembre 2020 dans une ville appelĂ©e BossembĂ©lĂ©. 

Ce ne sera malheureusement que le premier acte d’un chapelet de crimes, de violences et d’agressions commis par les mercenaires de Wagner partout en RCA, et largement documentĂ©s par des institutions de renom comme Human Rights Watch, International Crisis Group, The Sentry sans parler des rapports de l’ONU et d’autres organisations centrafricaines.

 Curieusement aucune enquĂȘte Ă  ma connaissance n’a Ă©tĂ© ouverte par les juridictions Ă  compĂ©tence universelle pour en juger les auteurs et complices, afin que les Centrafricains puissent souffler.

Je n’accepte pas et n’accepterai jamais que des mercenaires prennent en otage notre pays et notre peuple, dictent leur loi dans tous les domaines y compris sur le plan politique, et pillent nos richesses, comme cela se passe actuellement dans la grande mine d’or de Ndassima, sans payer un seul centime Ă  l’État. 

Au 21Ăšme siĂšcle nous assistons donc Ă  un pillage en rĂšgle d’un pays, et personne ne lĂšve le petit doigt pour au moins dĂ©noncer cette spoliation du peuple centrafricain. 

Nous sommes quelques-uns à continuer de crier comme Moïse dans le désert.



👉Il n'y a pas qu'une vie dans la vie... Pensez-vous dĂ©jĂ  Ă  la prochaine Ă©tape ? 

Bien sĂ»r puisque je suis assureur de mĂ©tier, par dĂ©formation professionnelle je me projette toujours dans le futur. 

Je suis Ă  la retraite de la fonction publique depuis 4 ans et curieusement je n’ai jamais Ă©tĂ© autant occupĂ© depuis. 

Je suis dĂ©putĂ© et m’occupe de ma circonscription de Bocaranga 3, je gĂšre mon parti, je donne des coups de mains dans les assurances, et je suis Ă©galement devenu fermier.

 Sans compter ma famille. Mais par-dessus tout, le combat politique pour la victoire du MLPC se situe au-dessus de tout.


👉Vos multiples fonctions vous laissent-elles du temps pour une vie personnelle?

Oui c’est ce que je viens de dire. J’ai une vie personnelle que je consacre Ă  ma famille, Ă  mes enfants et surtout mes petits enfants dont le nombre continue de s’accroĂźtre. 

Ils me remplissent de bonheur et j’apprends beaucoup d’eux car ils me soumettent rĂ©guliĂšrement Ă  des sĂ©ances de questions aussi curieuses qu’impertinentes. 

Ensuite j’ai renouĂ© avec l’agriculture et le petit Ă©levage car je suis fils de paysan.


👉La personne que vous ĂȘtes aujourd'hui a-t-elle rĂ©alisĂ©e ses rĂȘves d'enfant ?

Oui je crois et j’en rends grĂące Ă  Dieu d’abord, puis Ă  mes parents, Ă  mon Ă©pouse et Ă  mes enfants, mes frĂšres et sƓurs, mes camarades ainsi qu’à toutes celles et Ă  tous ceux qui ont donnĂ© de leur temps pour m’éduquer, m’encadrer, et m’aider jusqu’à ce jour. 

Un adage camerounais dit que «quelqu’un devient quelqu’un Ă  cause de quelqu’un». 

Nous sommes tous des produits de la gĂ©nĂ©rositĂ© et de la disponibilitĂ© des autres. 

On ne peut rĂ©aliser ses rĂȘves, en partie ou en totalitĂ©, qu’avec le concours des uns et des autres, mĂȘme si la dĂ©termination personnelle est essentielle.

👉Si vous aviez la possibilitĂ© de faire vous-mĂȘme les questions/rĂ©ponses laquelle vous seriez-vous posĂ©e et quelle rĂ©ponse y auriez-vous apportĂ©e?

đŸ€”Ma question serait :
 
Êtes-vous panafricaniste et que pensez-vous du panafricanisme ambiant actuellement❓ 

Je rĂ©pondrai comme le Christ en son temps « mĂ©fiez-vous des faux prophĂštes ». 

J’ai lu tous les ouvrages de Kwame Nkrumah dont le fameux «Africa must unite ». 
J’ai lu Frantz Fanon, Marcus Garvey, SĂ©kou TourĂ© et d’autres encore. 

Je suis panafricaniste dans l’ñme puisque je suis socialiste, donc internationaliste. 

J’ai participĂ© Ă  plusieurs rĂ©unions dans le passĂ© avec des camarades progressistes du Niger, du Burkina, du Mali, du SĂ©nĂ©gal, de Libye, du Cameroun et d’ailleurs pour la vulgarisation par l’enseignement des idĂ©aux du panafricanisme et de l’unitĂ© africaine fondĂ©s sur les visions conjuguĂ©es des PĂšres fondateurs. 

Ce travail doit ĂȘtre urgemment repris et je profite de votre tribune pour lancer un appel aux intellectuels et aux politiques africains pour en crĂ©er le cadre. 

La nature ayant horreur du vide, il est comprĂ©hensible qu’en l’absence de cadre rigoureux de rĂ©flexion et d’action sur le panafricanisme, des rĂ©seaux sociaux et des mĂ©dias relaient un ersatz de panafricanisme qui n’est qu’une hĂ©rĂ©sie politique et une escroquerie intellectuelle sinon une escroquerie tout court. 

Dis-moi qui te finance je te dirai qui tu es. 

La presse relaie des informations vĂ©rifiĂ©es et recoupĂ©es sur les subsides que perçoivent ces africaines et africains de pays qui sont dans leurs stratĂ©gies de domination, comme d’autres hier. 

Le panafricanisme n’est ni chauvin, ni xĂ©nophobe, ni racial, ni raciste. Il est l’unitĂ© de l’Afrique, au-delĂ  des frontiĂšres coloniales et des ethnies, pour nous rassembler en une seule nation, pouvant peser dans le concert des nations et la conduite des affaires du monde. 

Dans cette Afrique unie, tout africains noir, blanc ou mĂ©tissĂ©, s’épanouira et vivra dignement, en harmonie avec d’autres peuples et nations.

*Martin ZIGUELE livre sa vision de l'Avenir de la Centrafrique

**Michel Gbagbo dans le regard de Martin ZiguĂ©lĂ© 

***
"Des crises Ă  l’espĂ©rance. Ma vision pour le Centrafrique", Éditions Dagan, 2015
"Le bilan des 50 ans de l’indĂ©pendance de l’Afrique", Ă©ditions Jean-JaurĂšs, 2010
"Les techniques de vente de l’assurance vie en Afrique", Éditions CICA-RE, 1994



Martin ZIGUÉLÉ, avec qui je partage les rencontres de l'Internationale Socialiste et de l'Alliance Progressiste depuis 2014, est un Homme d'Etat respectĂ© par ses pairs.

Grand défenseur des valeurs du Socialisme démocratique, le Président du Mouvement pour la Libération du Peuple centrafricain (MLPC) s'est engagé en politique trÚs jeune, alors que son cursus universitaire, son profil et son expérience professionnelle le prédisposaient à une brillante carriÚre dans le domaine de I'Assurance ou de la Banque.

Mais pouvait-il en ĂȘtre autre pour ce jeune technocrate ayant grandi sous le rĂ©gime de l'empereur Jean-Bedel BOKASSA et fonciĂšrement opposĂ© Ă  la confiscation de toutes les libertĂ©s par les diffĂ©rents rĂ©gimes totalitaires qui se sont succĂ©dĂ©s en RĂ©publique centrafricaine ?

Face Ă  l'absence de dĂ©mocratie, de libertĂ© et de justice en RĂ©publique centrafricaine et dans de nombreux pays d'Afrique, le jeune socialiste Martin ZIGUÉLÉ adhĂšre au MLPC en 1979 Ă  l'Ăąge de 22 ans pour lutter contre les dĂ©rives des rĂ©gimes monarchiques et totalitaires.

AprĂšs avoir occupĂ© les fonctions de Directeur National de la Banque des États de I'Afrique Centrale (BEAC), le PrĂ©sident Martin ZIGUÉLÉ a Ă©tĂ© Ministre des Finances et du Budget, dĂ©putĂ©, PrĂ©sident de groupe parlementaire et Premier ministre de la RĂ©publique centrafricaine.

Cette riche expérience administrative et politique, l'ancrage dans son terroir de Paoua, et son attachement aux valeurs du Socialisme démocratique sont des atouts déterminants pour faire de la République centrafricaine un état démocratique et prospÚre si les centrafricains lui font confiance pour accéder à la seule station qui lui reste, c'est-à-dire celle de président de la République.

Propos recueillis par Nora ANSELL-SALLES auprĂšs de Martin ZIGUÉLÉ et du professeur GORGUI CISS 
  

1 commentaire:

  1. Pour information Martin Ziguélé sera à Paris pour 1 mois en septembre prochain. Il recherche une maison d'édition pour son 4Úme ouvrage.

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