AVANT PROPOS
Ancien Premier Ministre de la République centrafricaine & Président du Parti politique MLPC
Martin Ziguélé, est né le 12 février 1957 à Paoua. Consultant, spécialisé en assurance, et homme politique centrafricain. Il est Premier ministre entre avril 2001 et mars 2003.
âą Cumul de cette fonction avec celle de Ministre des Finances et du Budget (Ă partir de 2002)
⹠Président, Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) (juin 2007)
⹠Membre, Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) (depuis sa création en février 1979)
âą Sous sa mandature, son parti intĂ©grera lâInternationale Socialiste et lâAlliance Progressiste dâAfrique Centrale
Martin Ziguélé est :
Grand-croix de lâOrdre National du MĂ©rite Centrafricain (28 novembre 2017)
Grand-officier de lâOrdre National du MĂ©rite Centrafricain (5 novembre 2001)
Bonjour Martin Ziguélé,
Les lecteurs de "Mine d'Infos" qui suivent de prĂšs lâactualitĂ© africaine et plus particuliĂšrement celle de la Centrafrique vous connaissent bien, d'autant que vous ĂȘtes particuliĂšrement âprĂ©sent" sur les rĂ©seaux sociaux.
Les fidĂšles des pages consacrĂ©es aux sorties littĂ©raires ont lu avec intĂ©rĂȘt l'article publiĂ© Ă l'occasion de le sortie de votre ouvrage* " Des crises Ă lâespĂ©rance. Ma vision pour la Centrafrique".
Votre regard** sur le parcours de Michel Gbagbo, fils de l'ancien PrĂ©sident de CĂŽte dâIvoire Laurent Gbagbo, a suscitĂ© un vif intĂ©rĂȘt.
Votre double casquette dâassureur et dâhomme politique intrigue... Si l'homme public est connu, l'homme privĂ© demeure un mystĂšre...
đBref si vous deviez faire votre autoportrait que diriez-vous de vous?
Un grand penseur et philosophe disait que le « moi » est haĂŻssable et dans tous les cas, il est difficile de parler de soi-mĂȘme. Ce que je peux me permettre de dire, câest que je suis un homme dâaction, engagĂ© et mĂȘme un peu tĂȘtu. Lorsque je suis convaincu dâune idĂ©e ou dâun projet, je mây consacre entiĂšrement quel quâen soit le rĂ©sultat ou le chemin pour y parvenir.
Et pour ĂȘtre engagĂ©, il faut dâabord ĂȘtre optimiste, mais sans ĂȘtre naĂŻf. Si on nâest pas optimiste, câest difficile de croire en lâhomme et Ă tout projet sociĂ©tal.
Enfin je refuse le renoncement et la complaisance.
đĂ qu'elle carriĂšre vous destiniez-vous Ă 20 ans?
Quand jâĂ©tais en classe de terminale, jâĂ©tais plutĂŽt un bon Ă©lĂšve en philosophie et en latin. Dâailleurs jâĂ©tais reçu au baccalaurĂ©at littĂ©raire avec comme matiĂšre obligatoire le latin.
Jâavais demandĂ© Ă ma professeure de philosophie Madame Janine Gon, qui est encore en vie, dâĂ©crire une recommandation dans mon dossier pour que jâaille Ă©tudier la philosophie Ă lâuniversitĂ©, ce qui nâĂ©tait alors possible quâĂ lâĂ©tranger.
Ă peine le bac proclamĂ©, Jean Bedel Bokassa avait pris un dĂ©cret interdisant aux bacheliers centrafricains toute bourse dâĂ©tudes en philosophie et sociologie, et notamment en France, sous prĂ©texte quâune fois Ă lâĂ©tranger, ce type dâĂ©tudiants devenaient systĂ©matiquement des opposants Ă son rĂ©gime.
Cette bourse mâa donc Ă©tĂ© refusĂ©e.
Sur les conseils dâun condisciple gabonais, je me suis orientĂ© vers des Ă©tudes de langue et de littĂ©rature anglaises, dans le but de continuer dans une « Business School » et travailler dans le commerce international.
JâĂ©tais donc Ă lâUniversitĂ© de Bangui, avec de bons rĂ©sultats et jâai simultanĂ©ment prĂ©parĂ© deux concours trĂšs sĂ©lectifs : celui de lâInstitut International des Assurances (IIA) de YaoundĂ©, et de lâĂcole Nationale dâAdministration (ENAM) de Bangui.
JâĂ©tais dĂ©clarĂ© premier exaequo
pour lâentrĂ©e Ă lâENAM et Ă©galement admis Ă lâIIA.
Jâai choisi lâIIA dont le cursus est identique Ă celui dâune Ă©cole supĂ©rieure de commerce, et avec des Ă©tudiants venant de 14 pays africains.
Sur ce plan jâai pu rĂ©aliser mon rĂȘve, nos enseignements Ă©tant hyper dosĂ©s en Ă©conomie, finance, droit et assurances.
đA quelle Ă©poque et dans quelle circonstance le monde de la politique a-t-il croisĂ© votre route ?
Bien évidemment, mon premier engagement politique est né de la révolte contre la décision du Président à vie Jean Bedel Bokassa de transformer notre pays en empire.
JâĂ©tais Ă©tudiant Ă lâĂ©poque et le congrĂšs du parti unique se tenait dans mon quartier, au ChĂąteau Boganda du nom du PĂšre de notre indĂ©pendance.
Je suivais ce congrĂšs Ă la radio nationale et jâĂ©coutais en direct certains de mes professeurs dĂ©clarer que Jean Bedel Bokassa avait bien fait de transformer notre pays en empire, sous prĂ©texte que lâempire Ă©tait la forme de lâĂtat africain authentique et historique.
JâĂ©tais scandalisĂ© par le double discours de ces Ă©minents professeurs qui sur le campus, pourfendaient la dictature de Jean Bedel Bokassa et en sa prĂ©sence lâencensaient.
Cette lĂąchetĂ© de lâintellectuel censĂ© ĂȘtre courageux mâa profondĂ©ment blessĂ© et depuis ce jour je me suis engagĂ© Ă combattre lâempire.
Trois ans aprĂšs, Ă 22 ans, je me suis engagĂ© dans le MLPC sur les conseils de deux de mes collĂšgues qui, eux, militaient dans ce mouvement crĂ©Ă© dans la clandestinitĂ©, pour renverser lâempire et restaurer la rĂ©publique.
Quarante-quatre années aprÚs, je suis toujours dans la lutte avec le MLPC comme militant et Président de ce Parti.
đPar quel chemin dĂ©tournĂ©, ou pas, devient-on Premier
ministre?
Je ne sais pas comment dâautres ont fait pour ĂȘtre Premier ministre, et sâil y a un chemin dĂ©tournĂ© ou pas, pour le devenir.
Pour ma part comme militant du MLPC, jâai Ă©tĂ© sollicitĂ© par le PrĂ©sident Ange FĂ©lix PatassĂ© pour devenir Premier ministre le samedi 31 mars 2001, alors que je venais dâintĂ©grer la Banque des Ătats de lâAfrique centrale en juillet 1999, au poste de Directeur National pour la RCA, sur sa propre dĂ©cision.
Je lui ai opposĂ© un refus catĂ©gorique, au motif que je rentrais Ă peine dâun sĂ©jour de 12 ans au Togo, et quâen plus il Ă©tait hors de question pour moi de remplacer le Premier ministre en poste, Anicet Georges DologuĂ©lĂ© Ă cause de nos liens de famille.
Devant moi, il mâa assurĂ© que jâavais raison et on sâest sĂ©parĂ© tard dans la nuit. ArrivĂ© chez moi, jâai appelĂ© au tĂ©lĂ©phone une personnalitĂ© pour lui demander de convaincre Ă©galement le PrĂ©sident PatassĂ© de ne pas prendre cette dĂ©cision de me nommer Premier ministre parce que je souhaitais vraiment exercer mes fonctions de Directeur national Ă la Banque centrale.
Je ne sais pas ce qui sâest passĂ© ensuite mais le lendemain dimanche 1er avril 2001, jâapprendrai Ă la radio en mi-journĂ©e le dĂ©cret me nommant Premier ministre.
Jâai donc dĂ» assumer, mais ce nâĂ©tait pas du tout facile pour moi.
đVous avez commis trois livres***, le dernier remonte Ă 2015... un quatriĂšme est-il en prĂ©paration ?
Vous le savez peut-ĂȘtre, je suis un ancien sĂ©minariste, Ă©duquĂ© par des capucins au Petit sĂ©minaire Saint-Jean de Bossangoa, puis Ă©lĂšve des FrĂšres maristes au LycĂ©e dâĂtat des Rapides de Bangui.
De la classe de 6Ăšme jusquâen 3Ăšme, jâavais lu tous les ouvrages de la bibliothĂšque du SĂ©minaire, Idem au LycĂ©e des Rapides.
Il mâen est restĂ© un grand goĂ»t pour la lecture. Je lis beaucoup et je lis de tout : journaux, magazines, livres, etc. et jâĂ©cris aussi beaucoup mais je ne publie pas tout.
Je suis depuis deux ans sur un projet de livre dâentretiens pour expliquer mon pays la RCA, expliquer son histoire, sa culture, ses espĂ©rances, ses expĂ©riencesâŠ
Je cherche un journaliste pour conduire cet entretien pour en faire un livre.
đVous ĂȘtes trĂšs prĂ©sent sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dias...
Oui, puisque je vous ai dit que je lis de tout. Les réseaux sociaux sont un morceau de miroir de toute la société humaine moderne.
Hier il y avait la radio avec les ondes hertziennes, ensuite il y a eu la tĂ©lĂ©vision et aujourdâhui les rĂ©seaux sociaux.
Il faut y ĂȘtre prĂ©sent pour avoir le reflet de son propre environnement et du monde.
đPar nĂ©cessitĂ© oĂč rĂ©el intĂ©rĂȘt ?
Par intĂ©rĂȘt dâabord parce que cette prĂ©sence est volontaire, mais Ă©galement par nĂ©cessitĂ© puisque les rĂ©seaux sociaux, malgrĂ© certaines dĂ©rives, permettent de prendre le pouls de la sociĂ©tĂ©.
đQuelle est votre "vision" de la Centrafrique de demain?
TrĂšs ambitieuse. Un adage dit quâil faut mourir pour aller au paradis et comme je ne suis pas encore mort, je ne peux pas dire que jâai vu le paradis, mais je pense que la Centrafrique doit y ressembler.
Jâai parcouru mon pays du nord au sud et de lâest Ă lâouest, par route, par avion, sur des pirogues, etc. Un pays plus vaste que la France, la Belgique et le Luxembourg rĂ©unis mais avec seulement 6 millions dâhabitants.
Mon pays a un couvert vĂ©gĂ©tal exceptionnel avec la forĂȘt Ă©quatoriale faisant partie du Bassin du Congo au sud et la savane arborĂ©e au nord.
Comme la GuinĂ©e en Afrique de lâOuest, la RCA est un chĂąteau dâeau en Afrique centrale au cĆur de lâAfrique, avec 15 millions dâhectares de terres cultivables dont seulement 0,5 % sont mise en valeur.
Nous avons toutes les potentialités pour développer ce pays, mais notre leadership politique fait défaut car erratique, inefficace et crisogÚne.
Câest pourquoi je suis convaincu que seule la vision sociale-dĂ©mocrate, portĂ©e par les dĂ©mocrates et progressistes centrafricains convaincus eux-aussi, peut changer la donne.
Notre pays est situĂ© au 188Ăšme rang sur 191 pays du classement de lâindice de DĂ©veloppement Humain du PNUD, et huit centrafricains sur dix vivent sous le seuil de pauvretĂ© avec moins de 1000 francs cfa (soit deux dollars amĂ©ricains ou 1, 5 euros) pour vivre par jour, alors que le pays regorge dâĂ©normes potentialitĂ©s. Câest une aberration.
La mauvaise qualité du leadership explique en grande partie cette situation et donc un seul leadership progressiste et réformiste permettra de casser ce cycle vicieux.
đQuel regard portez-vous sur lâactualitĂ© du monde: Wagner,Niger...?
Le Niger est pour moi comme une seconde patrie parce quâau-delĂ des liens partisans, mon Parti le MLPC dĂ©veloppe des relations fraternelles avec le PNDS, et les prĂ©sidents Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum.
Nos liens sont excellents et naturellement je suis plus quâulcĂ©rĂ© par le rĂ©cent putsch, pour convenances personnelles, contre le PrĂ©sident Ă©lu du Niger, Mohamed Bazoum qui doit ĂȘtre rĂ©tabli dans ses fonctions.
Nous avons publiquement et clairement exprimĂ© notre position depuis le dĂ©but de ce que nous considĂ©rons toujours comme une tentative de coup dâĂ©tat.
Nous saluons et soutenons tous les efforts pour le retour du Niger Ă la lĂ©galitĂ© par le rĂ©tablissement du pouvoir Ă©lu et de lâordre constitutionnel ante.
Sâagissant de
Wagner, ce sont des mercenaires agissant en complĂ©ment de la diplomatie russe. Câest une pieuvre dont lâobjectif est de phagocyter lâun aprĂšs lâautre nos Ătats, de dĂ©truire lâespace politique rĂ©publicain, de manipuler la presse et les opinions publiques pour installer et conforter des rĂ©gimes fascistes de type mussolinien avec des "Duce".
Je pense que le monde sous-estime ce cancer qui se métastase dans les pays africains.
đMartin ZiguĂ©lĂ©,
lâannonce de votre prochaine interview loin de laisser nos lecteurs indiffĂ©rents, a suscitĂ© un certain nombre de rĂ©actions auprĂšs de la rĂ©daction...
âEn voici la compilation:
đ JosuĂ© Blaise Mbanga Kack , journaliste Camerounais, fidĂšle lecteur de "Mine d'Infos" nous dit qui est pour lui Martin ZiguĂ©lĂ©.
On vous dépeint comme un homme courageux,
humain, chaleureux, compétent...
On vous dit âtenace" avec un "caractĂšre bien trempĂ©".
On ne peut pas plaire Ă tout le monde...
On vous reproche trop d'humilité.
Tout en reconnaissant vos compétences certains regrettent que vos orientations profondes restent quelque peu cachées...
Pour une grande majoritĂ© dâentre eux
Vous avez été un Premier ministre compétent dans des conditions difficiles sous Jean Bedel Patassé.
Vous avez favorisé [volontairement ou pas] l'arrivée au pouvoir de François Bozizé avant de vous opposez ensuite
courageusement Ă lui.
Pour d'autres
Vous ĂȘtes perçu (de par votre carriĂšre professionnelle et politique) comme un homme politique chevronnĂ©, leader incontournable de l'opposition centrafricaine, qui a su mettre en exergue sa capacitĂ© Ă mobiliser et son leadership lors du boycott du rĂ©cent rĂ©fĂ©rendum en Centrafrique dont ils vous perçoivent comme la cheville ouvriĂšre...
En dépit des qualités qu'ils vous reconnaissent et bien que vous ayez occupé de hauts fonctions politiques, ils estiment que vous ne bénéficiez toujours pas d'une forte popularité auprÚs du peuple centrafricain.
[Ce qui se vérifie selon eux par votre faible score aux présidentielles de 2015].
Ce que beaucoup regrettent au regard de votre potentiel et de vos compétences qui pourraient vous permettre à l'avenir (selon eux) de présider la Centrafrique, si, et seulement si, vous arrivez à mieux capitaliser vos atouts.
Quoi quâil en soit, vous restez aux yeux de beaucoup
Un leader cohérent qui lutte contre l'injustice dans son pays, malgré la forfaiture en cours, et restez une alternative crédible aux défis de la RCA.
Vous ĂȘtes considĂ©rĂ© comme un dirigeant courageux face aux forces violentes installĂ©es au pouvoir et celles qui sĂ©vissent toujours dans votre pays.
RĂ©silient face Ă l'autocratie et l'impunitĂ© ambiante, profondĂ©ment dĂ©mocrate et empreint des valeurs universelles qui devraient ĂȘtre celles qui rĂ©gissent un pays, un continent.
đVous reconnaissez-vous dans la perception et dans le portrait que dressent de vous nos lecteurs ?
Comme je lâai dit tantĂŽt je ne suis pas Ă lâaise pour parler de moi. Mais il est vrai que dans lâenvironnement qui est le mien, mener une lutte politique est forcĂ©ment lâĂ©preuve de feu.
Il faut faire preuve de beaucoup de force de caractĂšre et de force morale pour tenir le cap de la lutte.
Il faut rĂ©sister aux menaces, aux intimidations, aux trahisons et Ă lâhumiliation.
Il faut Ă©galement rĂ©sister au dĂ©couragement consĂ©cutif au chapelet dâĂ©lections aux rĂ©sultats frauduleux, avec des structures de gestion et de contrĂŽle des Ă©lections corrompues et Ă la solde des pouvoirs successifs.
Par contre je vais corriger quelque chose, je nâai pas favorisĂ© lâarrivĂ©e de François BozizĂ© au pouvoir, je ne sais pas dâoĂč vient une telle contrevĂ©ritĂ©.
Un lecteur de "Mine d'Infos" a souhaité vous poser sa propre question:
đ€La mode forcĂ©ment est Ă la prĂ©sence de Wagner avec ce qui sâest passĂ© en Russie !
Quoi que toujours stationné en Biélorussie pour le moment...
Comment vivez-vous, en votre qualitĂ© dâancien Premier ministre, leur prĂ©sence dans votre pays alors qu'il m'est dit que lâactuel prĂ©sident doit tout Ă la Russie...
Jâai Ă©tĂ© le premier homme politique centrafricain Ă dĂ©noncer la prĂ©sence des Wagner dans notre pays pour la simple raison quâun de nos candidats aux lĂ©gislatives a Ă©tĂ© la premiĂšre victime des agressions des Wagner dĂšs dĂ©cembre 2020 dans une ville appelĂ©e BossembĂ©lĂ©.
Ce ne sera malheureusement que le premier acte dâun chapelet de crimes, de violences et dâagressions commis par les mercenaires de Wagner partout en RCA, et largement documentĂ©s par des institutions de renom comme Human Rights Watch, International Crisis Group, The Sentry sans parler des rapports de lâONU et dâautres organisations centrafricaines.
Curieusement aucune enquĂȘte Ă ma connaissance nâa Ă©tĂ© ouverte par les juridictions Ă compĂ©tence universelle pour en juger les auteurs et complices, afin que les Centrafricains puissent souffler.
Je nâaccepte pas et nâaccepterai jamais que des mercenaires prennent en otage notre pays et notre peuple, dictent leur loi dans tous les domaines y compris sur le plan politique, et pillent nos richesses, comme cela se passe actuellement dans la grande mine dâor de Ndassima, sans payer un seul centime Ă lâĂtat.
Au 21Ăšme siĂšcle nous assistons donc Ă un pillage en rĂšgle dâun pays, et personne ne lĂšve le petit doigt pour au moins dĂ©noncer cette spoliation du peuple centrafricain.
Nous sommes quelques-uns à continuer de crier comme Moïse dans le désert.
đIl n'y a pas qu'une vie dans la vie... Pensez-vous dĂ©jĂ Ă la prochaine Ă©tape ?
Bien sûr puisque je suis assureur de métier, par déformation professionnelle je me projette toujours dans le futur.
Je suis Ă la retraite de la fonction publique depuis 4 ans et curieusement je nâai jamais Ă©tĂ© autant occupĂ© depuis.
Je suis dĂ©putĂ© et mâoccupe de ma circonscription de Bocaranga 3, je gĂšre mon parti, je donne des coups de mains dans les assurances, et je suis Ă©galement devenu fermier.
Sans compter ma famille. Mais par-dessus tout, le combat politique pour la victoire du MLPC se situe au-dessus de tout.
đVos multiples fonctions vous laissent-elles du temps pour une vie personnelle?
Oui câest ce que je viens de dire. Jâai une vie personnelle que je consacre Ă ma famille, Ă mes enfants et surtout mes petits enfants dont le nombre continue de sâaccroĂźtre.
Ils me remplissent de bonheur et jâapprends beaucoup dâeux car ils me soumettent rĂ©guliĂšrement Ă des sĂ©ances de questions aussi curieuses quâimpertinentes.
Ensuite jâai renouĂ© avec lâagriculture et le petit Ă©levage car je suis fils de paysan.
đLa personne que vous ĂȘtes aujourd'hui a-t-elle rĂ©alisĂ©e ses rĂȘves d'enfant ?
Oui je crois et jâen rends grĂące Ă Dieu dâabord, puis Ă mes parents, Ă mon Ă©pouse et Ă mes enfants, mes frĂšres et sĆurs, mes camarades ainsi quâĂ toutes celles et Ă tous ceux qui ont donnĂ© de leur temps pour mâĂ©duquer, mâencadrer, et mâaider jusquâĂ ce jour.
Un adage camerounais dit que «quelquâun devient quelquâun Ă cause de quelquâun».
Nous sommes tous des produits de la générosité et de la disponibilité des autres.
On ne peut rĂ©aliser ses rĂȘves, en partie ou en totalitĂ©, quâavec le concours des uns et des autres, mĂȘme si la dĂ©termination personnelle est essentielle.
đSi vous aviez la possibilitĂ© de faire vous-mĂȘme les questions/rĂ©ponses laquelle vous seriez-vous posĂ©e et quelle rĂ©ponse y auriez-vous apportĂ©e?
đ€Ma question serait :
Ătes-vous panafricaniste et que pensez-vous du panafricanisme ambiant actuellementâ
Je répondrai comme le Christ en son temps « méfiez-vous des faux prophÚtes ».
Jâai lu tous les ouvrages de Kwame Nkrumah dont le fameux «Africa must unite ».
Jâai lu Frantz Fanon, Marcus Garvey, SĂ©kou TourĂ© et dâautres encore.
Je suis panafricaniste dans lâĂąme puisque je suis socialiste, donc internationaliste.
Jâai participĂ© Ă plusieurs rĂ©unions dans le passĂ© avec des camarades progressistes du Niger, du Burkina, du Mali, du SĂ©nĂ©gal, de Libye, du Cameroun et dâailleurs pour la vulgarisation par lâenseignement des idĂ©aux du panafricanisme et de lâunitĂ© africaine fondĂ©s sur les visions conjuguĂ©es des PĂšres fondateurs.
Ce travail doit ĂȘtre urgemment repris et je profite de votre tribune pour lancer un appel aux intellectuels et aux politiques africains pour en crĂ©er le cadre.
La nature ayant horreur du vide, il est comprĂ©hensible quâen lâabsence de cadre rigoureux de rĂ©flexion et dâaction sur le panafricanisme, des rĂ©seaux sociaux et des mĂ©dias relaient un ersatz de panafricanisme qui nâest quâune hĂ©rĂ©sie politique et une escroquerie intellectuelle sinon une escroquerie tout court.
Dis-moi qui te finance je te dirai qui tu es.
La presse relaie des informations vĂ©rifiĂ©es et recoupĂ©es sur les subsides que perçoivent ces africaines et africains de pays qui sont dans leurs stratĂ©gies de domination, comme dâautres hier.
Le panafricanisme nâest ni chauvin, ni xĂ©nophobe, ni racial, ni raciste. Il est lâunitĂ© de lâAfrique, au-delĂ des frontiĂšres coloniales et des ethnies, pour nous rassembler en une seule nation, pouvant peser dans le concert des nations et la conduite des affaires du monde.
Dans cette Afrique unie, tout africains noir, blanc ou mĂ©tissĂ©, sâĂ©panouira et vivra dignement, en harmonie avec dâautres peuples et nations.
*Martin ZIGUELE livre sa vision de l'Avenir de la Centrafrique
**Michel Gbagbo dans le regard de Martin Ziguélé
***
"Des crises Ă lâespĂ©rance. Ma vision pour le Centrafrique", Ăditions Dagan, 2015
"Le bilan des 50 ans de lâindĂ©pendance de lâAfrique", Ă©ditions Jean-JaurĂšs, 2010
"Les techniques de vente de lâassurance vie en Afrique", Ăditions CICA-RE, 1994
Martin ZIGUĂLĂ, avec qui je partage les rencontres de l'Internationale Socialiste et de l'Alliance Progressiste depuis 2014, est un Homme d'Etat respectĂ© par ses pairs.
Grand défenseur des valeurs du Socialisme démocratique, le Président du Mouvement pour la Libération du Peuple centrafricain (MLPC) s'est engagé en politique trÚs jeune, alors que son cursus universitaire, son profil et son expérience professionnelle le prédisposaient à une brillante carriÚre dans le domaine de I'Assurance ou de la Banque.
Mais pouvait-il en ĂȘtre autre pour ce jeune technocrate ayant grandi sous le rĂ©gime de l'empereur Jean-Bedel BOKASSA et fonciĂšrement opposĂ© Ă la confiscation de toutes les libertĂ©s par les diffĂ©rents rĂ©gimes totalitaires qui se sont succĂ©dĂ©s en RĂ©publique centrafricaine ?
Face Ă l'absence de dĂ©mocratie, de libertĂ© et de justice en RĂ©publique centrafricaine et dans de nombreux pays d'Afrique, le jeune socialiste Martin ZIGUĂLĂ adhĂšre au MLPC en 1979 Ă l'Ăąge de 22 ans pour lutter contre les dĂ©rives des rĂ©gimes monarchiques et totalitaires.
AprĂšs avoir occupĂ© les fonctions de Directeur National de la Banque des Ătats de I'Afrique Centrale (BEAC), le PrĂ©sident Martin ZIGUĂLĂ a Ă©tĂ© Ministre des Finances et du Budget, dĂ©putĂ©, PrĂ©sident de groupe parlementaire et Premier ministre de la RĂ©publique centrafricaine.
Cette riche expérience administrative et politique, l'ancrage dans son terroir de Paoua, et son attachement aux valeurs du Socialisme démocratique sont des atouts déterminants pour faire de la République centrafricaine un état démocratique et prospÚre si les centrafricains lui font confiance pour accéder à la seule station qui lui reste, c'est-à -dire celle de président de la République.
Propos recueillis par Nora ANSELL-SALLES auprĂšs de Martin ZIGUĂLĂ et du professeur GORGUI CISS
Pour information Martin Ziguélé sera à Paris pour 1 mois en septembre prochain. Il recherche une maison d'édition pour son 4Úme ouvrage.
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