Nora ANSELL-SALLES

mardi 18 septembre 2018

La griffe santé de Jacques Draussin



Infolettre n° 308
mardi 18 septembre 2018Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur-sante.com

La mouche drosophile et le Bordeaux
C’est dans le cadre prestigieux du grand amphithéâtre d’Harvard que sont remis chaque année les prix scientifiques les plus foutraques. Les « Ig Nobel » (jeu de mot avec « ignoble » en anglais) récompensent – outre des bourdes exemplaires* - des recherches menées sur des sujets totalement improbables mais avec une méthodologie rigoureuse.
Chaque année depuis 1991, les gagnants se voient ainsi attribuer une récompense de mille milliards de dollars… zimbabwéens (1$ Z = 0,0002€ US) et des salves d’applaudissements de la part d’un public acquis. Il est tellement rare que la science puisse mettre – volontairement - les rieurs de son côté… !
Les récompenses, attribuées dans dix catégories, sont pour certaines particulièrement savoureuses. Ainsi, le prix 2018 de la Nutrition est allé très justement au travail d’une équipe internationale démontrant avec brio que l’apport calorique d’un régime cannibale est significativement plus pauvre qu’un régime carnivore classique. Un sujet de réflexion pour les responsables du Programme National Nutrition Santé et pour les défenseurs de la filière viande.
Notre chouchou sera probablement également celui qu’aurait préféré l’amateur de vin autoproclamé qu’est Emmanuel Macron. Des chercheurs français sont en effet parvenus à vérifier dans une étude très documentée (article publié dans Le Journal of chemical Ecology) que des œnologues étaient capables de détecter la présence d’une mouche drosophile femelle tombée dans un verre de Bordeaux. La diptère en chaleur est semble-t-il trahie par une phéromone odorante destinée à attirer le mâle mais perturbant les propriétés organoleptiques d’un bon cru.
Ig Nobel ou pas, la science n’a pas fini de nous surprendre, le Bordeaux de nous ravir et les mouches de nous gâcher la vie.
Jacques DRAUSSIN
*En 1991, l’Ig Nobel d’archéologie a été décerné à des scouts français qui avaient soigneusement effacé des peintures rupestres réalisées il y a 45 000 ans.
En 2001, l’Ig de technologie a été attribué à un Australien ayant fait breveter… la roue. Un prix qu’il a dû partager avec son bureau national des brevets qui l’a dûment enregistré sous le n°2001100012.

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