Contrairement
à ce que pourraient nous laisser croire les annonces d’une augmentation du tarif
de la consultation des médecins, ce ne sont pas les médecins qu’il faut
soigner.
Ne nous trompons pas de malades : c’est la santé qui est
en crise, une crise profonde qui dure depuis
longtemps.
Concrètement pour la population, cette crise se manifeste par
des difficultés d’accès aux soins ainsi qu’une progression
régulière des renoncements aux soins qui s’explique par
l’augmentation continue des restes à charge. A noter que les refus de
soins se font également de plus en plus fréquents.
Il résulte de
cette situation une dégradation des indicateurs de santé de la
population en particulier pour certaines catégories (jeunes, personnes âgées,
précaires). Cette baisse de qualité est un paradoxe pour le 2e pays
le plus dépensier au monde en matière de santé par habitant et le 1er pays au
monde en matière de dépenses de santé à l’hôpital par habitant.
Sur fond
de déficits, l’insatisfaction de la population et la grogne des professionnels
de santé tant en ville qu’à l’hôpital augmentent donc sensiblement.
Pour
les fêtes de fin d’année, tout cela est soudain devenu un problème de médecins
plus que de professionnels de santé. La solution a été identifiée avec une
facilité déconcertante : retirer le projet de loi de santé pour
que surtout rien ne change sans proposer de projet alternatif
mais en exigeant des moyens financiers supplémentaires pour les médecins
libéraux.
Au regard de la gravité des problèmes posés aux malades, aux
professionnels et au pays, il est impensable de rester sur un statu
quo.
Nous devons interrompre la progression des inégalités
sociales de santé et restaurer l’accès aux soins pour tous. Apporter des
solutions dans ce sens est non seulement nécessaire mais aussi franchement
urgent.
L’insatisfaction des malades, relayée par les élus et les
associations de patients, porte sur l’organisation des soins et notamment sur la
continuité des soins. Comment trouver un professionnel de santé lorsqu‘on en a
besoin ? Comment obtenir une réponse quant à un traitement en cours ? Comment
bénéficier des soins les plus adaptés à son état de santé ?
La réponse à
ces attentes passe par:
- un renforcement de l’intervention des
médecins généralistes
- le développement des coopérations entre
les professionnels de santé du premier recours
S’agit-il
de soigner les médecins ou de soigner les malades ?
Demander des moyens
est légitime pour les médecins. Encore faut-il qu’ils répondent aux besoins de
la population et que les moyens obtenus aillent aux médecins généralistes de
premier recours - dont la population a le plus besoin - et au
développement des coopérations pluriprofessionnelles
indispensables pour une prise en charge adaptée des soins aux
malades.
Considérer que les médecins ne sont pas assez rémunérés pour
leur travail à partir d’un acte valorisé à 23 euros est légitime.
Le
calcul pourrait a priori être simple pour une augmentation de 2
euros et un passage à 25 euros par rapport aux 23 actuels pour près de
270 millions d’actes. Pourtant, l’addition et surtout les bénéficiaires ne
s’arrêtent pas là car la valeur du C impacte d’autres activités
que la consultation des médecins généralistes, notamment les médecins
spécialistes qui pratiquent de plus en plus le C2 généralisé par les derniers
accords conventionnels.
L’augmentation impacte enfin le montant de la
prise en charge des cotisations sociales des médecins conventionnés tout comme
de nombreuses autres activités (accueil des urgences hospitalières,
établissements pour personnes âgées, etc.). On jongle avec des centaines de
millions d’euros.
Pour garantir que les réponses apportées concourent
véritablement à l’amélioration de l’accès aux soins, de la gradation des soins
et des coopérations pluriprofessionnelles, les négociations à venir doivent
associer toutes les parties prenantes, représentants des médecins
libéraux et aussi des autres professionnels de santé, de la
pluri-professionnalité et des patients.
Martial Olivier-Koehret
Président de Soins Coordonnés
Médecin Généraliste - Président de
Soins Coordonnés 14 bis rue Escudier, 92104 Boulogne-Billancourt 01 48 25
39 78
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