Nora ANSELL-SALLES

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mercredi 10 septembre 2014

L’accueil en crèche en France : quels enfants y ont accès ?


Les Français plébiscitent la crèche, mais seuls 16 % des enfants non encore scolarisés y étaient accueillis en 2011. Indépendamment de l’offre insuffisante, certains enfants, notamment ceux de famille modeste, ont-ils plus de chance d’y avoir accès que d’autres ? Analysant l’enquête Famille et Logements de 2011, Nathalie Le Bouteillec, Lamia Kandil et Anne Solaz examinent quels sont les enfants qui bénéficient de ce mode de garde.

Dans un contexte d’offre limitée, la crèche n’est pas accessible de la même manière à tous les enfants. Les enfants nés en début d’année ont plus de chance d’être accueillis en crèche que ceux nés à l’automne. En revanche il n’y a pas de différences entre filles et garçons ni entre enfants biologiques et enfants adoptés. Les jumeaux et les triplés sont plus fréquemment en crèche que les enfants issus de naissance simple. Les enfants qui sont les troisièmes de leur famille sont aussi plus fréquemment accueillis que les premiers ou les deuxièmes, signe d’une volonté d’aider les mères de familles nombreuses à conserver leur activité professionnelle. Les enfants dont la mère est au chômage y sont aussi surreprésentés. Mais ceux de familles monoparentales ne semblent pas bénéficier d’un accès privilégié malgré une politique visant à favoriser l’accueil en crèche des enfants de parents en difficulté.

Population & Sociétés n° 514, septembre 2014, intitulé "L’accueil en crèche en France : quels enfants y ont accès ?".

Auteures : Nathalie LE BOUTEILLEC, Lamia KANDIL et Anne SOLAZ

Contacts chercheures :

Anne SOLAZ, solaz@ined.fr / Nathalie LE BOUTEILLEC nathalie.le-bouteillec@ined.fr
Contacts presse : service-presse@ined.fr
ned@inedFr

mercredi 12 mars 2014

un siècle d'évolution de la pyramide des âges en France

1914-2014 : un siècle d'évolution de la pyramide des âges en France
 
L'histoire d'un pays se lit à livre ouvert dans sa pyramide des âges, et mieux encore quand on suit cette dernière au fil du temps. La pyramide des âges de la France n'a cessé d'évoluer depuis le déclenchement de la guerre de 1914-1918. Effectuant un arrêt sur image tous les vingt ans, soit les années 1914, 1934, 1954, 1974, 1994 et 2014, Gilles Pison, de l'Institut national d'études démographiques, retrace un siècle d'évolution de la population française en se penchant plus particulièrement sur les conséquences de la première guerre mondiale et attire notre attention sur la situation démographique d'aujourd'hui : une légère baisse de la fécondité depuis 4 ans, sans doute conjoncturelle et liée à la crise économique, et une diminution de l'excédent des naissances sur les décès, tendance de fond appelée à se poursuivre dans les prochaines décennies.

Au 1er janvier 1914, à la veille de la première guerre mondiale, la pyramide des âges de la France a la forme régulière d'une meule de foin. Vingt ans plus tard, en 1934, la pyramide porte les stigmates de la guerre : un large creux d'abord du côté masculin lié à la mort de 1,5 million de soldats, et une deuxième échancrure affectant cette fois les deux sexes, due au déficit de naissances pendant la guerre. Lorsque ces générations creuses parviennent à l'âge de fécondité, 25 à 30 ans plus tard, elles produisent en écho une troisième échancrure.

Un événement de taille vient élargir la base de la pyramide des âges au sortir de la seconde guerre mondiale : le baby-boom, qui entraîne un surcroît de naissances pendant près de trente ans. Avec le temps, les baby-boomers deviennent plus âgés et le renflement se déplace vers le haut de la pyramide. Son effet s'inverse : après avoir rajeuni la population, il contribue à la vieillir.

Réduites d'environ 20 % à partir de 1974, les naissances se maintiennent ensuite à peu près à un même niveau. Alimentée depuis 40 ans par des apports à peu près constants, la pyramide de 2014 a un profil remarquablement vertical dans sa moitié inférieure. Situation unique au monde, car la plupart des pays développés présentent aujourd'hui une pyramide des âges dont la base est devenue très étroite, comme l'Allemagne par exemple.

En France, sauf catastrophe, cette base verticale devrait engendrer dans quelque temps une pyramide aussi régulière que celle du 1er janvier 1914. Les stigmates que la première guerre mondiale a laissés dans la pyramide des âges sont en voie de disparaître après l'avoir marquée pendant près de cent ans.


Bilan démographique 2013 : un excédent naturel en baisse

Le solde naturel atteint 219 000 personnes en France métropolitaine en 2013 (780 000 naissances moins 561 000 décès), le reste de la croissance étant dû au solde migratoire (la balance des entrées et des sorties), que l'Insee estime à 50 000 personnes.

Le solde naturel a tendance à diminuer d'année en année, il était 20 % plus élevé il y a cinq ans en 2008 (264 000). Les naissances ont été légèrement moins nombreuses en 2013 qu'en 2012 (moins 10 000). L'indicateur de fécondité, après avoir atteint un niveau élevé de 2,02 enfants par femme en 2010, a un peu diminué depuis et atteint 1,97 en 2013. L'espérance de vie à la naissance a progressé : 78,7 ans pour les hommes et 85,0 ans pour les femmes en 2013, contre 78,5 et 84,9 en 2012. Les décès ont cependant été légèrement plus nombreux en 2013 qu'en 2012 (plus 2 000), la population ayant vieilli.

Le solde migratoire reste modéré (0,8 ‰), la France se situant encore à un niveau bas pour l'Europe : le solde migratoire approche 3 ‰ au Royaume-Uni en 2012, 5 ‰ en Allemagne et en Autriche, 6 ‰ en Italie, 9 ‰ en Suisse et 10 ‰ en Norvège.

L'excédent naturel (3,4 ‰ en 2013) devrait continuer à diminuer dans les prochaines années, les évolutions étant déjà inscrites dans la pyramide des âges : le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants sera stable, et le nombre de naissances pourrait l'être aussi. À l'inverse, à mesure que disparaîtront les générations du baby-boom, le nombre de décès augmentera pour rejoindre celui des naissances.


Ci-joint lien vers  Population & Sociétés n° 509 intitulé "1914-2014 : un siècle d'évolution de la pyramide des âges en France": http://fr.calameo.com/publish/books/convert.php?sid=ade7367e234822097c215902843d81c9&bkcode=003152624e2a828fa93a6


 

vendredi 14 février 2014

Rester sans enfant : un choix de vie à contre-courant


Les personnes sans enfant et déclarant ne pas en vouloir sont relativement rares en France. Qui sont-elles ? Quelles raisons donnent-elles à leur choix ? Le fait de vivre ou non en couple a-t-il une influence ? S'appuyant sur plusieurs enquêtes, dont l'enquête Fecond, Charlotte Debest et Magali Mazuy, de l'Institut national d'études démographiques, nous présentent les résultats de leur analyse sur ce choix de vie.

 

 

D'après l'enquête Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles (Fecond) de 2010, 4,3 % des femmes et 6,3 % des hommes âgés de 18 à 49 ans déclarent ne pas avoir d'enfant et ne pas en vouloir. L'infécondité volontaire n'est pas un phénomène en augmentation et reste très minoritaire en France. Bien qu'elle est soit plus fréquente chez les personnes qui ne sont pas en couple, la moitié des personnes volontairement sans enfant sont en couple. Déclarer ne pas vouloir d'enfant est plus fréquent pour les femmes diplômées et les hommes peu diplômés, ainsi que pour les personnes en fin de vie féconde.

 

Plus de la moitié des personnes déclarant vouloir rester sans enfant donnent des raisons « libertaires », telles qu' « être bien sans enfant » et « vouloir rester libre ». À contre-courant de la norme du « faire famille », il s'agit pour ces personnes d'affirmer un choix de vie positif et épanouissant.

 

 

 

Population & Sociétés n° 508 intitulé "Rester sans enfant : un choix de vie à contre-courant".

 

 

Encadré. Les sources de données
 
L’enquête Fécondité, contraception et dysfonctions
sexuelles (Fecond) a été réalisée en 2010 par l’Inserm et
l’Ined auprès d’échantillons aléatoires de 5 275 femmes
et 3 373 hommes âgés de 15 à 49 ans. Elle explore les
pratiques contraceptives depuis l’entrée dans la sexualité,
les échecs de contraception, les grossesses prévues et non
prévues, le recours à l’avortement et les dysfonctions
sexuelles.
L’enquête qualitative sur le choix d’une vie sans enfant,
menée entre février 2009 et mai 2010, se compose de
51 entretiens réalisés auprès de 33 femmes et de
18 hommes âgés de 30 ans à 63 ans. Les entretiens, d’une
durée de deux heures, concernaient les parcours scolaire,
professionnel, familial et conjugal de ces personnes ayant
volontairement choisi de vivre sans enfant [3].
Note : L’enquête Fecond a été réalisée par une équipe composée
de N. Bajos et C. Moreau (responsables scientifiques), A. Bohet
(coordinatrice), A. Andro, L. Aussel, J. Bouyer, G. Charrance,
C. Debest, D. Dinova, D. Hassoun, M. Le Guen, S. Legleye,
E. Marsicano, M. Mazuy, E. Moreau, H. Panjo, N. Razafindratsima,
A. Régnier-Loilier, V. Ringa, E. de La Rochebrochard, V. Rozée,
M. Teboul, L. Toulemon, C. Ventola.
 
L’enquête Fecond peut être consultée à l’adresse :
http://www.u822.idf.inserm.fr/page.asp?page=4097