đ„Toujours moins d’hĂŽpitaux ? Billet d'humeur du Dr Christophe Prudhomme
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médecin urgentiste
Toujours moins d’hĂŽpitaux ?
Dans une interview au journal les Echos, Nicolas Revel, directeur gĂ©nĂ©ral de l’Assistance Publique-HĂŽpitaux de Paris, dĂ©roule des propositions afin de sortir de « l’impasse financiĂšre » Ă laquelle nous serions confrontĂ©s au niveau de nos dĂ©penses de santĂ©. Dans cette liste, revient l’argument sur le fait que nous aurions trop d’hĂŽpitaux en France, je cite : « Il n’est plus raisonnable de maintenir en France autant de petites structures hospitaliĂšres dotĂ©es de plateaux techniques sous-critiques en termes de nombre de mĂ©decins et de niveau de compĂ©tences ».
Toujours la mĂȘme litanie alors que le nombre d’Ă©tablissements publics a fortement diminuĂ© ces derniĂšres annĂ©es et qu’il ne reste plus dans certains dĂ©partements qu’un seul hĂŽpital avec un service d’urgence et de la chirurgie ou une maternitĂ©. La premiĂšre question Ă poser dans ce contexte est le problĂšme de la rĂ©gulation de l’affectation des mĂ©decins dans les hĂŽpitaux en fonction des besoins et de la sĂ©curitĂ© de la population en termes de temps d’accĂšs, ce qui relĂšve d’un droit constitutionnel. DeuxiĂšme question que ne pose pas N. Revel est le maintien de cliniques privĂ©es lucratives qui se placent en concurrentes des hĂŽpitaux, en ciblant leurs activitĂ©s sur les crĂ©neaux d’activitĂ© les plus rentables, notamment la chirurgie ambulatoire. Donc, ce qui n’est pas raisonnable pour assurer un service public efficace et efficient, pour utiliser un adjectif Ă la mode dans le monde de N. Revel, est de maintenir en parallĂšle ces deux types d’Ă©tablissement. La question est donc de savoir si les Ă©tablissements qu’il faut fermer ne sont pas ces cliniques privĂ©es lucratives dans un contexte de crise dĂ©mographique et financiĂšre pour comme il le dit « ajuster notre carte sanitaire ».
Pour bien comprendre pourquoi cet homme avance ces propositions, il faut Ă©tudier son parcours de haut-fonctionnaire : secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de la prĂ©sidence de la RĂ©publique sous F. Hollande, directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie, puis directeur de cabinet du premier Ministre Jean Castex. En rĂ©sumĂ©, il est en partie responsable de la situation de crise actuelle. Maintenant, il veut poursuivre dans la mĂȘme logique, tant au niveau de l’Ă©tablissement qu’il dirige avec la fermeture programmĂ©e de plusieurs hĂŽpitaux Ă Paris et dans sa banlieue, mais Ă©galement au niveau national.
Nous en avons assez de ces soi-disant sachants qui nous proposent toujours les mĂȘmes solutions qui dĂ©truisent notre systĂšme de santĂ©. Il est indispensable que les citoyens et les personnels de santĂ© qui n’arrivent plus Ă assurer leurs missions au quotidien disent stop et imposent d’autres choix que cette casse de nos hĂŽpitaux publics. Ce d’autant que nous sommes loin de la catastrophe annoncĂ©e pour les finances de la SĂ©curitĂ© sociale, avec un dĂ©ficit en 2024 qui ne reprĂ©sente que 2,3 % des dĂ©penses totales. Avec un petit effort sur les recettes, notamment en supprimant quelques exonĂ©rations de cotisations sociales inutiles, nous serions Ă l’Ă©quilibre.
Dr Christophe Prudhomme
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