đ·️ AFRIQUE : Interview/ portrait de Denis Deschamps membre de l’AcadĂ©mie des Sciences d’Outre-Mer
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AVANT PROPOS
Denis Deschamps est membre de l’AcadĂ©mie des Sciences d’Outre-Mer (ASOM) et ancien DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la Cpccaf (ConfĂ©rence permanente des chambres consulaires et organisations intermĂ©diaires africaines et francophones), qu’il a dirigĂ© entre mi-2016 et fin 2023. Il est par ailleurs membre de de l’AcadĂ©mie d’intelligence Ă©conomique et de la SociĂ©tĂ© d’encouragement pour la promotion de l’industrie nationale.
đ Bonjour Denis Deschamps, si vous deviez faire votre auto portrait que diriez-vous de vous ?
ArrivĂ© Ă presque 60 ans, je suis dĂ©sormais un « ancien » et je peux donc jeter un regard de sage sur mon parcours pour faire une juste apprĂ©ciation sur ses principales caractĂ©ristiques : j’aime en fait me dĂ©finir comme un « esprit lĂ©ger », Ă dĂ©faut d’ĂȘtre totalement libre. Autant que cela semble possible dans un monde toujours plus documentĂ©, je considĂšre ainsi mon environnement avec empathie et curiositĂ©, en contrepoids d’un grand « vide intĂ©rieur » que je prĂ©tend cultiver en secret.
đ Ă quelle carriĂšre vous destiniez-vous Ă 20 ans?
A 20 ans, je croyais Ă la fois Ă la Grande littĂ©rature et au Service public. Depuis lors, le monde a changĂ© et mes aimables croyances d’alors ont Ă©tĂ© trĂšs sensiblement mises Ă mal. Sans verser pour autant dans la mĂ©lancolie ou penser que j’ai raison malgrĂ© tout, je garde mes yeux grands ouverts sur le monde, sachant qu’il n’Ă©tait pas nĂ©cessairement mieux avant (Et pourtant ! : « laudator temporis acti »).
đ ConfĂ©rencier, expert en gĂ©opolitique et gĂ©oĂ©conomie...vous avez plusieurs cordes Ă votre arc... laquelle prĂ©fĂ©rez-vous ?
J’aime avoir un point de vue historique sur l’Ă©volution du monde, qui n’est ni gĂ©opolitique, ni mĂȘme gĂ©oĂ©conomique, mais qui m’autorise, dans une certaine mesure, Ă manifester un point de vue distanciĂ© / mesurĂ© : je sais pertinemment que « rien n’est vrai ; tout est permis », qui est le saint principe de rĂ©alitĂ© Ă©noncĂ© par le roi des montagnes (Edmond About).
đ Ă quelle Ă©poque et dans quelle circonstance le monde de la gĂ©opolitique a-t-il croisĂ© votre route ?
L’autre-monde m’a toujours attirĂ©, en partie en raison de l’histoire ultra-maritime de ma famille et aussi parce que je pense que ce qu’on ne connaĂźt pas est toujours beaucoup plus intĂ©ressant que ce qu’on connaĂźt trop. Il y a 35 ans, j’avais Ă©tudiĂ© l’islam pakistanais, pour finalement me consacrer aujourd’hui et depuis 10 ans Ă la connaissance de l’Afrique, de prĂ©fĂ©rence francophone.
đ· Quimper (novembre 2023), avec des membres des chambres consulaires du rĂ©seau de coopĂ©ration Cpccaf
đ Pouvez-vous nous dire deux mots de la confĂ©rence du 20 dĂ©cembre dernier
"Pour une nouvelle Francophonie" / et de votre intervention sur le thĂšme : "Refonder la Francophonie en s’appuyant sur les forces vives de l’Afrique" ?
La francophonie est un sujet qu’il faut dĂ©fendre raisonnablement, c’est-Ă -dire aussi sous son angle essentiellement Ă©conomique et trĂšs majoritairement africain. Je souhaite ainsi que la nouvelle Afrique « souveraine » puisse se dĂ©velopper Ă partir des forces vives du continent et Ă©galement des acteurs qui les accompagnent, comme le groupe AFD – Agence française de dĂ©veloppement en a rĂ©cemment manifestĂ© la volontĂ© lors d’une confĂ©rence organisĂ©e le 23 janvier 2024 par AfricaPresse (Alfred Mignot), en prĂ©sence des ambassadeurs africains de Paris.
Maintenant, il faut espĂ©rer que ce type de rĂ©unions gĂ©nĂšre une dynamique positive pour la croissance africaine. Pour cela, je pense qu’il faut que les opĂ©rateurs français, avec le soutien de nos acteurs publics (AFD, Proparco, Expertise France, BPI, Business France), puissent effectivement se placer dans une logique de partenariat concret visant Ă soutenir plus particuliĂšrement l’industrialisation du continent. Car, sans industrie, l’Afrique n’arrivera jamais Ă absorber la masse considĂ©rable de jeunes qui arrivent chaque annĂ©e sur le marchĂ© du travail et les problĂšmes iront en s’aggravant.
đ ParticuliĂšrement intĂ©ressĂ©, pour ne pas dire passionnĂ©, par l'Afrique vous avez pris part Ă la confĂ©rence https://www.africapresse.paris/REPLAY-Grand-succes-de-la-XIIe-Conference-des-Ambassadeurs-Africains-de-Paris
de Africa presse
dĂ©diĂ©e au partenariat renouvelĂ© du Groupe AFD avec l’Afrique le 23 janvier dernier.
Pouvez-vous nous en faire le résumé ?
Il y aura d’autres Ă©tapes pour l’Afrique et la francophonie. Toutes les bonnes volontĂ©s doivent ainsi se mobiliser, car les enjeux ne sont pas nĂ©gligeables. On peut mĂȘme craindre qu’ils ne soient effectivement insurmontables, compte tenu notamment de contextes tĂȘtus, mais nous devons continuer Ă croire que nous pouvons, nous devons le faire, comme si nous Ă©tions toujours jeunes d’esprit et en mesure de mettre en place une diplomatie Ă©conomique plus efficace qu’elle ne l’est aujourd’hui.
En tout Ă©tat de cause, il faut penser d’abord Ă cette jeunesse africaine Ă laquelle des anciens, tels que moi, doivent pouvoir encore prodiguer d’excellents conseils.
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Je nourris Ă l’endroit de Denis une rĂ©cente mais profonde amitiĂ©. Nous Ćuvrons tous les deux sur et pour le continent africain Ă qui nous consacrons beaucoup de notre affection et de notre temps. C’est Ă ce titre que j’ai eu le plaisir de prononcer le discours d’installation de Denis Ă l’AcadĂ©mie des Sciences de l’Outre-mer.
Denis est la continuation d’une longue lignĂ©e familiale consacrĂ©e Ă l’Afrique, Ă l’ExtrĂȘme-Orient et Ă l’Outre-mer. Les Deschamps ont donnĂ© Ă la France plusieurs personnalitĂ©s au service du pays, dans ce que l’on appelait Ă l’Ă©poque les colonies. De son arriĂšre-grand-pĂšre qui a accompagnĂ© Gallieni Ă Madagascar Ă son pĂšre, ambassadeur aux Comores et au Burkina Faso. Denis continue dans cette voie-lĂ .
Il a construit une carriĂšre tournĂ©e vers les coopĂ©rations Ă©conomiques, les partenariats internationaux, l’intelligence Ă©conomique et l’Afrique. Car l’avenir de l’Afrique n’est pas seulement politique, diplomatique ou militaire, il est d’abord et avant tout Ă©conomique. Denis se consacre Ă ce rĂŽle fĂ©dĂ©rateur depuis des annĂ©es pour favoriser un environnement favorable au dĂ©veloppement. Et il n’oublie pas la dimension importante de la francophonie. Il y croit beaucoup.
Je voudrais ajouter que Denis dispose d’un sens de l’humour aussi fin que discret, qualitĂ© si utile et si unificatrice dans le monde francophone. Cela lui permet de jouer un rĂŽle de rassembleur, de fĂ©dĂ©rateur d’Ă©nergies et de porteur de conviction, en crĂ©ant une atmosphĂšre empathique autour de lui.
Propos recueillis par Nora Ansell-Salles auprĂšs de Denis Deschamps et de Ătienne Giros
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