Nora ANSELL-SALLES

vendredi 26 janvier 2024

đŸŸ„ Interview exclusive de Astrid Panosyan-Bouvet


AVANT PROPOS
Astrid Panosyan-Bouvet est nĂ©e le 13 aoĂ»t 1971. DiplĂŽmĂ©e de Sciences Po, HEC et Harvard, elle a d’abord fait carriĂšre dans le secteur privĂ©, en tant que consultante, puis cheffe d’entreprise dans le secteur des assurances et ensuite, dans l’immobilier commercial. Elle est Ă©galement trĂšs engagĂ©e sur le plan associatif et a prĂ©sidĂ© bĂ©nĂ©volement l’association d’entraide scolaire ProxitĂ©. 
Elle a Ă©tĂ© conseillĂšre d’Emmanuel Macron lorsque celui-ci Ă©tait Ministre de l’Economie, en charge de l’attractivitĂ© et des investissements internationaux. En 2016, elle a co-fondĂ© En Marche ! Ă  ses cĂŽtĂ©s et fait partie de la direction du parti de 2017 Ă  2022. En 2022, elle a Ă©tĂ© Ă©lue dĂ©putĂ©e de la 4e circonscription de Paris, qui regroupe les quartiers de Monceau et Ternes (17e), Chaillot et Dauphine (16e).
Fille d’un pĂšre armĂ©nien de Turquie et d’une mĂšre norvĂ©gienne, elle a eu 2 enfants avec le professeur de sciences politiques Laurent Bouvet, dĂ©cĂ©dĂ© en 2021.

Bonjour Astrid Panosyan-Bouvet, les lecteurs de "Mine d'Infos" fĂ©rus, dans leur grande majoritĂ©, de sujets liĂ©s Ă  la protection sociale vous connaissent bien. Certains rĂ©sidents et commerçants de la 4Ăšme circonscription suivent Ă©galement votre parcours et vos actions sur X, Facebook, Instagram ou LinkedIn. La femme publique est connue malgrĂ© une certaine discrĂ©tion qui lui est parfois reprochĂ©e discrĂ©tion que nous respecterons dans cette interview. 

👉 Si vous deviez faire votre autoportrait que diriez-vous de vous ?

La meilleure façon de rĂ©pondre Ă  cette question est probablement de vous dire ce que j’ai entendu dire de moi. On me dĂ©crit, il me semble, comme sincĂšre, engagĂ©e, courageuse et attachĂ©e Ă  l’action : je pense que cela me correspond bien. L’engagement et la sincĂ©ritĂ© sont le fil conducteur de mon parcours personnel, professionnel et politique, et cela va de pair avec une volontĂ© d’écoute et orientĂ©e vers l’action. C’est un tout : Ă©couter d’abord, dĂ©cider et agir ensuite, puis rendre des comptes. Cela demande un certain courage, auquel j’essaie toujours de me tenir. J’ai la conviction sincĂšre que d’oĂč que l’on vienne, on est d’abord ce que l’on fait et cette conviction me porte dans mon engagement depuis toujours et me donne justement ce courage d’agir. 


👉 Vous souvenez-vous de votre premier acte militant ? 

Ce n’est pas exactement mon premier acte militant, mais c’était un acte si fort, si empli de sens, que je le vois d’une certaine maniĂšre comme le premier. En 2016, aux cĂŽtĂ©s d’Emmanuel Macron et de quelques autres, nous avons fondĂ© En Marche !, partageant cette volontĂ© du dĂ©passement des silos droite et gauche, cette envie de lutter contre les inĂ©galitĂ©s Ă  la racine et cette conviction chevillĂ©e au corps que le meilleur pour la France et pour chacun est devant nous. Ce mouvement a embarquĂ© des centaines de milliers de Français avec lui qui, pour beaucoup, s’engageaient pour la premiĂšre fois en politique et a remportĂ© Ă  deux reprises les Ă©lections prĂ©sidentielle et lĂ©gislatives. C’est donc un acte marquant pour mon pays et en cela je le mettrais en premier.


👉 À quelle carriùre vous destiniez-vous à 20 ans?

J’hĂ©sitais entre reporter de guerre et SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de l’ONU ! C’est peut-ĂȘtre ce qui m’a amenĂ© sur les bancs de Sciences Po. À Sciences Po, j’étais surprise de voir comment l’État Ă©tait prĂ©sentĂ© comme le seul dĂ©tenteur de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. J’ai toujours Ă©tĂ© convaincue pour ma part que si l’État en est le garant, la sociĂ©tĂ© civile y concourt aussi. Et c’est pour cela que j’ai fait le choix du monde de l’entreprise, alliĂ© Ă  un engagement associatif tournĂ© vers la solidaritĂ© et le mentorat.


👉 À quelle Ă©poque la politique a-t-elle croisĂ©e votre chemin ? Quelles ont Ă©tĂ© les principales Ă©tapes de votre engagement ? 

Lorsque j’étais Ă©tudiante, je me suis engagĂ©e au sein du courant politique de Michel Rocard. NĂ©anmoins, au bout de quelques annĂ©es, j’ai quittĂ© le PS, déçue par le renoncement français Ă  la social-dĂ©mocratie au nom du dogme, lĂ  oĂč l’Allemagne et les pays scandinaves avaient passĂ© le cap depuis longtemps. Les concessions de ce parti avec la RĂ©publique et la laĂŻcitĂ©, qui prĂ©figuraient l’alliance avec la NUPES, ont fini de m’en Ă©carter dĂ©finitivement. L’étape suivante, c’est la fondation d’En Marche !, qui correspondait beaucoup plus Ă  ma vision de la sociĂ©tĂ©, de la valeur Ă©mancipatrice du travail, du rĂŽle des entreprises et bien sĂ»r de l’Europe.


👉 Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous Ă©tiez pressentie pour porter les couleurs de votre parti dans la 4Ăšme circonscription de Paris?

Une grande fiertĂ©, d’abord, de se prĂ©senter dans mon quartier, lĂ  oĂč mes enfants sont scolarisĂ©s, oĂč je travaillais et oĂč j’ai vĂ©cu pendant si longtemps avec ma famille. Il y avait Ă©galement une certaine responsabilitĂ© et humilitĂ© : vouloir reprĂ©senter les habitants de son quartier, ça n’est pas une tĂąche que l’on peut prendre Ă  la lĂ©gĂšre. Je n’ai pas pensĂ© « nouvelle carriĂšre », mais plutĂŽt « comment rendre Ă  mon pays ce qu’il m’a apportĂ© ».


👉 Comment s'est passĂ©e votre intĂ©gration sur le 17e ? 

Je connais trĂšs bien le 17e et depuis longtemps : mon quartier de vie a longtemps Ă©tĂ© le nord du 16e, mais la frontiĂšre avec le 17e n’est pas impermĂ©able ! Je suis une citoyenne Ă©lue et cela fait de moi un point d’attache pour les autres citoyens. Je suis confrontĂ©e Ă  toutes les situations, toutes les histoires de vie, toutes les absurditĂ©s de l’administration mais aussi Ă  ses merveilles parfois. Mon Ă©quipe et moi-mĂȘme essayons toujours d’aider du mieux que nous pouvons, que la personne qui s’adresse Ă  nous soit Ă©lectrice ou non, sans faire de diffĂ©rence. Cela vaut pour les habitants qui ont des problĂšmes de logement, de rendez-vous Ă  la prĂ©fecture, de scolarisation de leurs enfants en situation de handicap plus proche de chez eux mais aussi pour les commerçants qui ont besoin de soutien face aux crises successives, ou encore aux associations si essentielles Ă  notre vie commune.



👉 Diriez-vous que le fait de ne pas ĂȘtre issue de la mĂȘme famille politique que le maire qui est LR, alors que vous ĂȘtes Renaissance, constitue bien au contraire un plus pour les projets en cours sur le 17e ?

Je suis de ceux qui considĂšrent que personne n’a le monopole des bonnes idĂ©es et qu’on peut construire de maniĂšre transpartisane avec celles et ceux qui sont de bonne volontĂ© et qui partagent un socle rĂ©publicain commun. Les habitants du 16e et du 17e m’en voudraient - Ă  juste titre - si je n’étais pas capable de dĂ©passer les appartenances politiques pour avancer. Les Français n’en peuvent plus des Ă©lus qui se rejettent la responsabilitĂ© en permanence, en disant « c’est la faute d’untel ou d’untel ». Cela alimente la dĂ©fiance par rapport au monde politique. Si le Parlement doit avancer sur la rĂ©forme du mode d’élection du Maire de Paris, il me semble Ă©vident de prendre au prĂ©alable attache avec les Maires et Conseillers de Paris de ma circonscription pour connaĂźtre leurs avis et leurs suggestions sur la question et ce quel que soit leur parti politique. C’est comme cela que j’ai toujours fonctionnĂ© et je vais continuer ainsi.


👉 Sur quels dossiers intervenez-vous sur dans votre circonscription ?

En tant que dĂ©putĂ©e, je me vois d’abord comme une « facilitatrice » avec un pouvoir d’influence et d’interpellation. Autrement dit, mĂȘme si ce n’est pas le rĂŽle premier d’un dĂ©putĂ©, je peux aider, donc je le fais. Nos compatriotes n’en peuvent plus du « ah mais ça n’est pas moi qui gĂšre » : c’est Ă  nous, responsables politiques, de faire le nĂ©cessaire, de contacter les bons interlocuteurs, pour que les choses avancent. J’apporte ainsi une aide aux citoyens sur Ă©normĂ©ment de sujets : demandes d’AESH, assistance aux professeurs, contentieux avec les bailleurs sociaux, orientation d’entreprises en difficultĂ©, etc. auprĂšs du PrĂ©fet de Paris, du PrĂ©fet de Police, des dirigeants et des mĂ©diateurs des bailleurs sociaux, du cabinet du recteur d’acadĂ©mie, des ministres concernĂ©s
 Je le disais, je porte Ă©galement la voix de nos commerçants, comme nos boulangers avec les prix de l’énergie, ou nos commerçants en difficultĂ©, pour demander un meilleur accompagnement des diffĂ©rentes administrations et associations auprĂšs de la Ministre en charge des PME.
J’informe Ă©galement les citoyens de mon travail, en organisant rĂ©guliĂšrement des rĂ©unions publiques et en tenant des permanences mobiles – ce sont des conversations civiques trĂšs importantes pour la santĂ© de notre dĂ©mocratie. Le fait d’organiser rĂ©guliĂšrement des rĂ©unions publiques thĂ©matiques – fin de vie, immigration, AESH, retraites, violences faites aux femmes, etc – dans lesquelles je fais intervenir des experts – y compris des politiques d’opposition – pour permettre des Ă©changes Ă©clairĂ©s, c’était l’un de mes engagements de campagne, et je m’y tiens.


        🎬 Clip tiktok


đŸ”·ïž On vous dĂ©peint comme une femme intelligente, qui raisonne vite. 
À l'Ă©coute des autres, trĂšs dynamique, souriante, sympa.
On vous dit tenace, animĂ©e d'une la volontĂ© farouche de faire progresser la sociĂ©tĂ©. 

Il est Ă  noter que la plupart des personnes interrogĂ©es estiment que votre passĂ© de cheffe d’entreprise constitue incontestablement un plus en politique. 



"Astrid Panosyan-Bouvet est une femme politique inspirante et courageuse, toujours soucieuse de porter la voix de ceux qui se battent pour la reconnaissance de leur place dans notre société."



Le 17 avril 2023 grĂące Ă  
Madame la députée Panosyan-Bouvet et à Monsieur Bruno Ponticelli, nous avons eu le privilÚge de pouvoir bénéficier de la présence de Mr Guillaume Gomez, représentant personnel du président de la république pour la Gastronomie, l'alimentation et les arts culinaires.

L'objet de la réunion était de prendre connaissance des différents axes susceptibles d'offrir aux boulangers une
sortie des contrats "toxiques" d'électricité.

Madame Panosyan-Bouvet Ă©tait 
accompagnĂ©e du conseiller dĂ©partementale de sortie de crise Godefroy Jumeau. 

Le 25 mai 2023 j'ai Ă©tĂ© reçu avec deux autres membres de la boulangerie par Bruno Le Maire au ministĂšre de l’Économie, grĂące une fois encore Ă  Madame Panosyan-Bouvet qui nous avait accompagnĂ©.  
Ce n'est pas dans mes habitudes de donner mes opinions, cependant j'ai été impressionné par son implication concernant
notre problématique.
J'aurais aimé cÎtoyer son équipe plus souvent mais avec tous ces évÚnements, je comprends qu'ils soient
occupé par ailleurs."


"J’ai rencontrĂ© Astrid Panosyan-Bouvet lors de la campagne pour les Ă©lections lĂ©gislatives de 2022. J’ai tout de suite Ă©tĂ© impressionnĂ©e par son empathie, son pragmatisme et sa vision. L’écoute fait partie de son ADN. Je l’ai vue appliquer sur le terrain une mĂ©thode : Ă©coute, comprĂ©hension, diagnostic, proposition crĂ©ative et concrĂšte, sans tabou, ni dogmatisme. Ce sont pour moi des qualitĂ©s essentielles pour ĂȘtre une dĂ©putĂ©e qui fait avancer les choses.  
A titre d’exemple, en tant que commerçante, je l’ai vue Ă  l’Ɠuvre lorsqu’elle a soutenu des collĂšgues boulangers face Ă  la crise des prix de l’énergie. Elle ne craint pas d’aller au contact, sur le terrain : elle est venue nous aider le 24 dĂ©cembre dans notre boutique du 17e. Elle nous a bien aidĂ© lors de la plus grosse journĂ©e de l’annĂ©e, mais en aussi tirĂ© un bĂ©nĂ©fice de comprĂ©hension terrain de la rĂ©alitĂ© d’un commerce un jour de NoĂ«l.  
Cet engagement ne s’arrĂȘte pas aux frontiĂšres du 17e arrondissement. Son travail Ă  l’AssemblĂ©e est remarquable, ancrĂ© dans le rĂ©el. Elle a abordĂ© beaucoup de sujets de maniĂšre transpartisane, ce qui est une rĂ©alitĂ© rare en politique. C’est une dĂ©putĂ©e droite dans ses bottes, qui ne fait pas de compromis avec ses valeurs : elle est engagĂ©e depuis longtemps avant son Ă©lection pour nos valeurs rĂ©publicaine, pour la laĂŻcitĂ©, contre l’extrĂȘme droite, et elle porte ces combats sans faillir Ă  l’AssemblĂ©e Nationale."

đŸ”·ïž Si vos principaux traits de caractĂšre positifs sont reconnus de tous, on ne peut cependant  pas plaire Ă  tout le monde...

Le reproche le plus virulent qui vous est fait est "d'avoir battu une femme exceptionnelle : Brigitte Kuster"... reproche formulĂ© par un proche de Brigitte Kuster et repris par plusieurs des soutiens inconditionnels de votre ancienne adversaire qui reste particuliĂšrement aimĂ©e. 

EntiÚre, trop discrÚte, nombre de personnes consultées regrettent de ne pas vous connaßtre suffisamment... et se déclarent en difficulté, au final, pour déceler un vrai défaut...


👉Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ?

On dit de moi que j’ai des convictions et que je n’ai pas peur de les porter ? Oui, c’est ce que je m’efforce de faire tous les jours. Que j’ai Ă  cƓur d’ĂȘtre ancrĂ©e dans le rĂ©el, d’aller au contact pour comprendre ? Mille fois oui, cela a toujours Ă©tĂ© ma conception de l’engagement politique : nos choix politiques changent la vie de tant de personnes, c’est une rĂ©alitĂ© que nous n’avons pas le droit d’oublier. Pour ce qui est de la discrĂ©tion, ça n’est pas vraiment le mot que j’utiliserais. La politique ce n’est pas de la communication et encore moins de la communication sur soi ; je pense que l’égotisme de certains a abimĂ© la confiance en la politique. Je parle de mes idĂ©es, de mes combats mais je ne mobilise pas tambours et trompettes Ă  chacun de mes gestes. Je privilĂ©gie toujours l’échange concret au coup de com, le fond Ă  la forme. Quand je me dĂ©place, je ne dis pas « c’est gĂ©nial, je me suis dĂ©placĂ©e » ; je dis « merci beaucoup de m’avoir reçue et voici ce que j’ai vu et appris, ce que j’en tire comme rĂ©flexions de fond et de pistes d’actions ». Et surtout, je ne me cache pas, je dis ce que j’ai Ă  dire et si l’on veut en discuter avec moi, je suis lĂ .



👉 Vous ĂȘtes particuliĂšrement prĂ©sente sur les rĂ©seaux sociaux : par choix ou nĂ©cessitĂ© ?

C’est un choix, bien sĂ»r. Les rĂ©seaux sociaux ont des dĂ©fauts mais ils sont un moyen formidable de rapprocher le citoyen du politique. Mon activitĂ© sur les rĂ©seaux sociaux a pour objectif qu’un citoyen qui ne me connaĂźt pas puisse, en quelques clics, savoir ce que je pense, ce que je dĂ©fends, ce que je vote. Nous ne sommes pas Ă©lus pour disparaĂźtre le jour de l’élection et ne rĂ©apparaĂźtre que tous les 5 ans : informer sur nos actions et nos idĂ©es fait partie de la transparence que l’on doit Ă  nos Ă©lecteurs. J’exprime mes idĂ©es Ă  la fois sur les rĂ©seaux sociaux, donc, mais aussi dans la presse sur des sujets prĂ©cis, sous forme de tribunes qui permettent de donner plus d’arguments que 2 minutes sur un plateau TV ou 280 caractĂšres sur X. Je l’ai fait sur de nombreux sujets : les salaires (Le Monde), la prĂ©voyance (Les Echos, Terra Nova), le travail et le travail des seniors (Le Figaro, Le Monde), la fin de vie (L’Express, La Croix), ou bien la lutte contre l’extrĂȘme droite (Le Monde). Tout est aussi disponible sur mon site internet* pour ceux qui souhaitent les consulter. Et aprĂšs, trĂšs souvent, je me dĂ©place ou je rencontre du monde sans communiquer du tout. C’est aussi une maniĂšre d’établir la confiance et une vraie relation de proximitĂ©. 



👉Vous vous ĂȘtes abstenue lors du vote sur le projet de loi immigration en dĂ©cembre dernier. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

J’aurais pu voter pour car je suis pour une fermetĂ© accrue sur le contrĂŽle des flux entrants et sortants. Il y va de la souverainetĂ© de la France qui doit pouvoir dĂ©cider qui rentre, qui reste et qui sort de son territoire. J’étais d’ailleurs favorable Ă  une rĂ©vision du traitĂ© France-AlgĂ©rie – qui accorde aux AlgĂ©riens des conditions d’entrĂ©e et de sĂ©jour qui me semblent aujourd’hui obsolĂštes alors que l’AlgĂ©rie ne joue pas le jeu des OQTF. Mais il me semble impĂ©ratif de respecter une rĂšgle essentielle : quand on est en France de maniĂšre rĂ©guliĂšre pour y travailler ou y Ă©tudier, quand on respecte la loi et les principes fondamentaux de la RĂ©publique comme la laĂŻcitĂ© et l’égalitĂ© femmes-hommes, on doit avoir les mĂȘmes droits si l’on cotise pour eux.
Prenez deux aides Ă  domicile par exemple – l’une française et l’autre de nationalitĂ© Ă©trangĂšre, arrivĂ©e rĂ©cemment de maniĂšre lĂ©gale – qui accompagnent toutes deux l’un de vos proches dĂ©pendants, la premiĂšre aura droit Ă  certaines prestations sociales immĂ©diatement tandis que la seconde devra attendre 30 mois Ă  compter de son arrivĂ©e en France pour en bĂ©nĂ©ficier alors qu’elle les finance par son salaire. Cela me semble injuste.
Par ailleurs, j’aurais pu dĂ©cider de voter le texte dans la perspective d’une future censure par le Conseil constitutionnel**. Mais, Ă  titre personnel, je n’ai pas voulu dĂ©lĂ©guer la responsabilitĂ© de censurer ce que j’estime ĂȘtre contraire Ă  l’esprit de la Constitution dont le prĂ©ambule a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© en 1946 par ceux qui ont fait des choix courageux pendant la guerre. Dans un contexte de montĂ©e des populismes dans le monde entier, nous prenons aussi le risque de donner un argument tout fait Ă  l’extrĂȘme-droite pour changer la Constitution alors que c’est elle qui est garante de nos droits fondamentaux.



👉 Pouvez-vous nous dire deux mots de votre implication Ă   l'international ?

J’estime que l’international fait partie intĂ©grante de mon mandat de dĂ©putĂ©e, ne serait-ce que parce qu’il y a une forte imbrication entre national et international comme le montrent la flambĂ©e des prix alimentaires avec la guerre en Ukraine ou les rĂ©percussions sur la sociĂ©tĂ© française de la guerre entre IsraĂ«l et le Hamas. La France a un message singulier Ă  porter au monde autour de la libertĂ©, de l’universel et de nos « communs ». Je l’ai vu rĂ©cemment en accompagnant le ministre des ArmĂ©es au Proche-Orient. 2024, annĂ©e d’élections europĂ©ennes sera une annĂ©e dĂ©cisive pour notre continent : nous devons continuer Ă  affirmer la souverainetĂ© europĂ©enne et notre autonomie stratĂ©gique face au risque isolationniste amĂ©ricain, les vellĂ©itĂ©s expansionnistes russes et les ingĂ©rence Ă©trangĂšres.


👉 Si vous pouviez faire vous-mĂȘme les questions/rĂ©ponses...
đŸ€”Quelle question vous poseriez-vous ?
Et quelle aurait été votre réponse ?


Ma réponse :
J’ai la chance, par mes dĂ©placements, en circonscription et dans un grand nombre de dĂ©partements de voir que la France est un miracle. La France, disait l’historien Braudel, « ce sont des Frances cousues ensemble ». Il avait raison. Notre pays est singulier par la diversitĂ© de ses paysages, ses cuisines, son humour, sa culture ou son impertinence. Maires ou agents publics, entrepreneurs ou salariĂ©s, bĂ©nĂ©voles associatifs, un grand nombre de nos concitoyens se dĂ©mĂšnent pour changer les choses. Ils tiennent leur territoire et le pays. La question est comment leur donner encore plus de pouvoir et d’autonomie pour bouger les lignes. L’inflation des normes et la multiplicitĂ© des intervenants sur un mĂȘme sujet diluent les responsabilitĂ©s et, par consĂ©quent, la rĂ©activitĂ© et la rapiditĂ© Ă  agir. Il y a trop de « barreurs » face Ă  des « rameurs » qui s’épuisent Ă  tenter d’avancer. Nous devons faire davantage confiance aux acteurs pour agir là où la dĂ©cision doit ĂȘtre prise.


      🎬 Clip tiktok

 " J’ai fait connaissance avec Astrid, quand elle n’était pas encore DĂ©putĂ©e.

Je l’ai rencontrĂ© la premiĂšre fois par un ami commun qui me l’a prĂ©sentĂ©e, pour Ă©changer sur les questions de protection sociale, et particuliĂšrement la prĂ©voyance et les consĂ©quences pour les personnes, leur familles, en cas d’absence de couverture prĂ©voyance quand, malheureusement, survient un alĂ©a grave. Nous avons Ă©changĂ© sur les enjeux liĂ©s Ă  l’imprĂ©voyance.

Nous nous sommes revus avant son élection, pour échanger sur les enjeux induits par la dépendance, la transition démographique de notre pays, enjeux sur lesquels elle réfléchissait, et donc consultait des acteurs pour nourrir son analyse.

J’ai perçu chez elle une grande intelligence, une envie de comprendre, de se forger son opinion, avec rigueur, exigence sans rien s’interdire, grĂące Ă  la confrontation d’idĂ©es.

Vive intellectuellement, il faut ĂȘtre frais quand on la rencontre car la discussion est riche, par digression, en ayant une approche globale elle embrasse les enjeux et sujets qui l’intĂ©ressent, mais est capable de s’emparer aussi des questions pĂ©riphĂ©riques, si cela lui semble utile.

Depuis qu’elle est DĂ©putĂ©e, nous avons plusieurs fois Ă©changĂ©, et mĂȘme si nous pouvons avoir des divergences sur certains textes emblĂ©matiques, notamment budgĂ©taires, j’ai plaisir Ă  Ă©changer avec elle, car c’est stimulant, et je sais qu’argument, contre argument, mĂȘme si la discipline de son groupe parlementaire prĂ©vaut, les idĂ©es cheminent si elle les trouve utiles pour les communs de notre sociĂ©tĂ©.

Femme libre, elle a l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral en ligne de mire et est capable de prendre des chemins de traverse intellectuellement pour faire Ă©merger des solutions, opĂ©rantes, rĂ©alistes et utiles.

Au travers nos Ă©changes, nous avons pu nous apercevoir que nous partagions quelques valeurs communes, une foi inĂ©branlable dans le pacte rĂ©publicain, l’universalisme, l’humanisme et la laĂŻcitĂ© comme cadre Ă©mancipateur, pour permettre Ă  chaque femme, chaque homme de s’élever vers sa pleine citoyennetĂ©, d’aiguiser son esprit critique, de cultiver son libre arbitre.

Femme discrĂšte, qui gagne Ă  ĂȘtre connue, et reconnue, son potentiel d’engagement trouvera probablement des voies de concrĂ©tisation utiles pour le vivre ensemble du pays tant les thĂ©matiques de la cohĂ©sion sociale lui tiennent Ă  cƓur."



Propos recueillis  par  Nora  Ansell-Salles auprĂšs de Astrid  Panosyan-Bouvet
et  Éric Chenut 




**Décision n°2023-863 DC du 25 janvier 2024,
Loi pour contrÎler l'immigration, améliorer l'intégration
[Non conformité partielle - réserve]

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