EDITO
Octobre,
la vie en rose
N'en
doutons pas : pour la douzième année consécutive, la mobilisation autour du
dépistage du cancer du sein sera forte. Les Pouvoirs publics, les associations,
tout un aréopage du showbiz et des media vont une nouvelle fois tout faire pour
que le « dépistage organisé » du cancer du sein accède enfin au statut de
« dépistage généralisé ».
Car,
après avoir connu une progression spectaculaire, le pourcentage de femmes âgées
de 50 à 74 ans convaincues par cette campagne nationale reste irrémédiablement
figé depuis 2008. A peine plus de la moitié d'entre elles acceptent de
bénéficier d'un dépistage pourtant reconnu de grande qualité et parfaitement
rôdé.
Alors
que les événements mis en place autour de cette action de prévention majeure
connaissent un succès grandissant, que l'information autour du cancer du sein et
de son incidence (48.000 nouveaux cas annuels, 12.000 décès…) prend chaque année
davantage d'ampleur, rien ne semble y faire.
Même
la promesse d'une guérison constatée dans 90% des cas détectés précocement ne
suffit pas à desserrer les freins empêchant le passage à l'acte de dépistage.
Comme
il n'est évidemment pas question de baisser les armes devant le cancer le plus
fréquent [et le plus meurtrier] chez la femme, Marisol Touraine et Agnès Buzin,
présidente de l'INCa, ont décidé de bouleverser l'ordre bien établi des
stratégies de communication convenues et de lancer une vaste concertation
citoyenne et scientifique destinée à
recueillir à la base les propositions et points de vue de chacun : grand
public, professionnels de santé, associations, etc.
On
pourrait se gausser de cette initiative décidant si tardivement de ne plus se
contenter de sondages et de groupes de travail formels pour aller chercher à leur source les leviers
de l'efficacité. C'est sans aucun doute l'attitude inverse qu'il faut adopter et
se féliciter que le pouvoir politique reconnaisse – une fois n'est pas coutume –
qu'il ne suffit pas d'annoncer pour réussir ni d'affirmer pour transformer les
comportements.
Après
tout, cette expérience de démocratie participative à la Ségolène, pourrait
peut-être aussi s'appliquer à quelques aspects du texte de la loi Santé qui,
paraît-il, souffrent de blocages chroniques…
Jacques
DRAUSSIN