Comment
interpréter l'étude OpinionWay, rendue publique ce week-end à l'occasion du
Festival de la Communication Santé ? Si l'on en croit ses résultats, plus de la
moitié d'entre nous ne suit pas le traitement prescrit par son
médecin.
Particularité
française ? En tout cas, cela démontre une fois de plus qu'il est prudent de se
méfier des chiffres. Nous ne sommes pas, à proprement parler, le peuple le plus
consommateur de médicaments puisque nous en abandonnons une bonne partie dans
nos armoires à pharmacie…
Le
plus inquiétant est peut-être d'ailleurs que nous l'avouions sans honte à des
enquêteurs alors que, sur d'autres sujets, concernant par exemple nos pratiques
d'hygiène, nous mettons un point d'honneur à passer pour de petits
anges.
Ainsi,
nous nous lavons tous les mains avec soin dès que l'occasion s'en présente, nous
pratiquerions volontiers une activité physique si nous avions le temps et
mangerions de pleins cageots de fruits et légumes si nous en avions les
moyens.
Pas
de fausse pudeur avec les médicaments mais on n'oublie quand même pas de se
dédouaner : on réclame des piluliers électroniques (40% des répondants), on veut
être mieux informé sur les dangers ne notre inconséquence (34%), on exige des
explications circonstanciées sur les traitements (32%). Bref, on nage dans le
déni le plus hypocrite.
L'enquête
ne nous apprend pas si le patient français n'aurait pas, par hasard, la vague
impression de pousser le bouchon un peu loin au moment même où l'on apprend que
les dépenses du régime général d'assurance maladie ont déjà progressé de 3% par
rapport à 2013 et qu'un quart des malades renoncent réellement à des soins,
faute de pouvoir en avancer les frais.
Nous
sommes un peu dans la situation du pochard admettant certes boire un peu trop,
mais arguant que parce qu'il tremble il en renverse quand même
beaucoup.
Jacques
DRAUSSIN