Billet d'humeur du Dr Christophe Prudhomme

✒️Billet d'humeur de la semaine du Dr Christophe  Prudhomme 

La République abandonne les enfants porteurs d’un handicap

J’ai rencontré récemment le père d’un enfant de 12 ans atteint d’autisme qui m’a informé sur la situation très difficile qu’il vivait actuellement. Agé de 58 ans, il vient d’être licencié économique du fait de la liquidation judiciaire de son entreprise. Malgré ses efforts pour retrouver un emploi, il reste pour l’instant au chômage, subissant un défaut d’accompagnement réel par France Travail où le conseiller qui suit son dossier lui explique qu’au regard de son âge, il sera très difficile de lui proposer un nouvel emploi. 
Il y a quelques mois son fils a été renvoyé de son collège au motif de troubles répétés en classe avec des prises de parole intempestives et qualifiées d’agressives. Situation parfaitement explicable quand des enfants atteints de ce trouble sont placés en milieu dit ordinaire sans véritable accompagnement. Il a alors recherché un établissement adapté pour scolariser son enfant. Il a finalement contacté une structure qui peut scolariser son enfant, mais il s’agit d’un établissement privé dont le coût mensuel est incompatible avec sa situation financière. 
En effet, sa femme ne travaille plus car elle a été contrainte de cesser son activité professionnelle pour s’occuper de son fils. Monsieur, avant même qu’il soit au chômage, avait un salaire très peu supérieur au SMIC et son budget était déjà très serré. Aujourd’hui, il peine à payer ses charges de logement dans un HLM mal isolé, avec un chauffage électrique très coûteux. Sa charge de logement correspond à 50 % de ses revenus. C’est un battant et il ne demande qu’à travailler pour améliorer sa situation et il espère retrouver rapidement un emploi. Mais il déplore que cela risque d’être insuffisant financièrement pour payer l’école.
Cette situation pose question. Alors que l’autisme avait été déclaré grande cause nationale en 2012, la situation pour les parents reste toujours très difficile avec un manque cruel de structures. Le bilan en 2024 indique que les familles qui le peuvent financièrement – ce qui n’est pas le cas de ce père – sont obligées de confier leurs enfants à des structures situées en Belgique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes pour éclairer les carences de l’Etat en France : aujourd’hui plus de 8 000 Français en situation de handicap dont 1 250 enfants sont suivis dans des établissements médico-sociaux wallons. Le rapport de la Conférence sur le handicap datant de mai 2019 souligne que le manque de places dans les structures françaises, plus spécialement pour les personnes atteintes de troubles de l’autisme, ne permet pas un accueil convenable de ces enfants en France. Alors que l’Assemblée nationale vient de voter une loi de finances de la sécurité sociale qui ne permettra pas de maintenir l’existant selon les gestionnaires des établissements, la situation a peu de chances de s’améliorer. Il faut le dire aujourd’hui avec force, ce vote entérine l’abandon des plus précaires d’entre nous que sont les personnes porteuses d’un handicap. Il s’agit d’une honte !

Dr Christophe Prudhomme

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