Infolettre n° 511 mardi 4 avril 2023 | |
Contact : Jacques DRAUSSIN jacques.draussin@biensur- | |
Hôpital : mercenaires vs stakhanovistes Combien sont-ils ces praticiens hospitaliers qui font de l’intérim une nouvelle spécialité médicale ? 5 000 ? 6 000 ? 12 000 comme le prétend le Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH) ? En réalité, personne n’est capable d’en évaluer le nombre exact. Certains d’entre eux sont d’authentiques mercenaires, se vendant au plus offrant avec pour motivation majeure de partager leur temps entre les salles d’op’ et les putting greens. D’autres sont tout juste sortis de l’internat et parviennent alors en quelques gardes à doubler le salaire qui rémunère si mal leurs 10 années d’études. D’autres encore mettent un peu de beurre dans les épinards en faisant par ci par là quelques extras dans des déserts hospitaliers et bénéficient alors d’une « prime de solidarité territoriale » bien méritée. Combien ces missions d’intérim doivent-elles être rétribuées ? Jusqu’à maintenant, c’était la loi de l’offre et de la demande qui prévalait et l’on pouvait voir certains chacals du stéthoscope ou du bistouri vendre des missions de 24 heures jusqu’à 6000 ou 7000 euros sans même que leurs collègues (et moins encore leurs patients) aient aperçu leur visage. Certes, il serait malvenu de confondre la conséquence d’un dysfonctionnement avec sa cause mais ce petit supplément de facture en CDD achevait de grever d’1,5 milliard d’euros supplémentaires le budget annuel d’hôpitaux déjà bien malades... La loi signée par la députée du Loiret (et rhumatologue) Stéphanie Rist aurait déjà dû mettre un terme à ces abus dès 2021 mais, pour cause de Covid, elle avait été logiquement différée. Les 1170 € prévus initialement pour une vacation de 24h dans le secteur public ont pris 20% d’inflation la semaine dernière pour atteindre depuis hier 1 390 €. Seuls les hôpitaux publics auront l’obligation absolue de s’y conformer et le SNMRH a beau jeu d’agiter le spectre d’une hémorragie de talents vers le secteur privé. Un spectre qui pourrait bien s’avérer être un leurre sur un marché où le nombre d’offres en intérim sans limite de rémunération sera de facto réduit de moitié. Les mercenaires vont y perdre là où les stakhanovistes ne gagneront pas beaucoup plus mais l’éthique – si ce n’est l’hôpital - s’en portera mieux. Jacques DRAUSSIN | |
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