Pilules de 3e génération :
pourquoi protéger davantage les laboratoires que les patients?
L'Agence européenne des médicaments (EMA) vient d'annoncer
dans un communiqué de ce jour que "les femmes n'ont aucune raison d'arrêter
de prendre des pilules contraceptives combinées (oestroprogestatives), y
compris celles de la 3e génération", car selon elle "il n'y a
actuellement aucune nouvelle preuve suggérant un changement dans le profil de sécurité
connu des pilules combinées commercialisées actuellement. Il n'y a de ce fait
aucune raison que les femmes arrêtent leur contraception".
Pour Michèle Rivasi, députée européenne Vice-présidente du
groupe des Verts/ALE au Parlement européen, cette déclaration est incompréhensible
: "Comment l'EMA peut-elle écrire, en se basant sur une évaluation
faite en 2011 (1), qu'un sur-risque identifié (risque double de thrombose avec
ces pilules par rapport aux 2G), n'est pas une raison de changer de traitement
ou de réduire la prescription, quand des alternatives meilleures existent? Il
est évident que la taille de la population cible n'a pas été correctement prise
en compte dans l'analyse du rapport bénéfices/risques de ces pilules
contraceptives".
Pour la députée européenne, il n'est pas question de
remettre en cause l'utilisation de la pilule contraceptive de façon générale,
mais de restreindre les presciptions de ces pilules de 3e génération qui
n'apportent pas forcément d'amélioration (ASMR) : "Comment justifier la
mise sur le marché de ces pilules de 3e génération qui comportent deux fois
plus de risques que celles de 2e génération et qui sont en outre plus chères car
plus récentes (1)? S'intérroge l'eurodéputée. "L'EMA devrait
alerter les Etats membres en leur demandant de favoriser les prescriptions de
pilules de 2e génération, moins dangereuses".
Certains médicaments comme Diane 35 (autorisés en France en
1987) n'ont pas reçu d'Autorisation de mise sur le marché (AMM) par l'EMA, et
sont aujourd'hui prescrits de façon abusive et détournée ("off label
use"), comme ce fut le cas pour le Médiator. Ce médicament a été autorisé
en France en 1987 pour traiter l'acné, mais en raison de ses propriétés
contraceptives, il est également prescrit par les médecins comme contraceptif.
"J'ai envoyé à la Commission européenne une question écrite sur ce
problème en demandant comment l'EMA pouvait intervenir auprès des agences
sanitaires nationales pour interdire ce type de pratique", conclut
Michèle Rivasi.
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