Nora ANSELL-SALLES

mardi 22 janvier 2019

LETTRE OUVERTE : 12 intellectuels dénoncent un déni de justice

ACQUITTES MAIS PRISONNIERS,
UN DÉNI DE JUSTICE

L'INDISPENSABLE LIBÉRATION DE LAURENT GBAGBO ET DE CHARLES BLE GOUDE, ACQUITTES MAIS MAINTENUS PRISONNIERS A LA CPI

Depuis la crise électorale de 2010 et l’arrestation du Président Laurent Gbagbo en avril 2011, la Côte d’Ivoire reste profondément divisée et traumatisée. Outre les massacres et l’exil massif d’Ivoiriens, la justice y est dévoyée. Le transfèrement de Laurent Gbagbo (novembre 2011) et Blé Goudé (mars 2014) à la Cour Pénale internationale – CPI - laissait supposer la mise à l’endroit des procédures judiciaires pour que le droit soit dit par la justice internationale. Il n'en est rien; car la CPI nous fait vivre les péripéties d’un droit singulier à La Haye.
Malgré une détention préventive qui s’est exonérée du principe de la présomption d’innocence appliquée à tout prévenu, après une instruction à sens unique, au terme d’une audience de la Chambre de 1ere instance qui a duré trois ans et a permis aux magistrats de se rendre compte de la vacuité du dossier du Procureur, la Cour de première instance a décidé, le 15 janvier dernier, de l’acquittement et de la libération immédiate des deux accusés.
  1. Déjà habitué à violer, sans risque, les droits des deux prévenus, le bureau du Procureur a convaincu la Chambre d’appel de maintenir le Président Gbagbo et Blé Goudé dans les liens de la détention à titre conservatoire. Déjà injuste, quand Laurent Gbagbo et Blé Goudé avaient le statut d’accusés, cette décision est un véritable déni de justice, une violation inacceptable des droits de l’homme depuis leur acquittement le 15 janvier 2019 par la chambre de 1ère instance. Une telle décision signifie aussi que la CPI fait des deux personnalités des hommes sans droit et dont on restreint la liberté alors qu’ils ne sont pas poursuivis. 
Citoyens d'Afrique et du Monde, nous exigeons la libération immédiate des deux acquittés, l’application des dispositions du Statut de Rome en la matière (art.81 du Statut de Rome) et le respect absolu des droits de MM. Gbagbo et Blé Goudé. La CPI n’a pas le droit de se placer au-dessus de la liberté et de la justice si elle veut être l’instrument universel de lutte contre l’injustice.
Fait à Paris le 18 janvier 2019.
- Pierre Kipré, professeur, ancien ministre, ancien ambassadeur
- Michel Galy, politologue
- Philippe Attey, banquier, ancien ministre
- Albert Bourgi, professeur, constitutionnaliste
- Malick Coulibaly, spécialiste du VIH/SIDA, ancien ministre
- Jean-Claude Djéréké, professeur (université de Baltimore)
- Richard Kadio, professeur, ancien ministre
- Lazarre Koffi Koffi, directeur de collection (édition L’harmattan), ancien ministre
- Pascal Kokora, professeur (Georgetown university), ancien ambassadeur
- Raymond Koudou Kessié, professeur, ancien ambassadeur
- Thomas N'Guessan Yao, professeur, ancien ministre
- Felix Tano, professeur, ancien membre du Conseil constitutionnel ivoirien


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire