Pierre BÉGUÉ, François BRICAIRE
Au nom de la commission VII (Maladies infectieuses et médecine
tropicale).
Toute
vaccination constitue une stimulation antigénique provoquant
une réponse immune nécessaire à la protection recherchée.
Vouloir
prouver une relation entre un geste aussi fréquent que la vaccination et un
fait pathologique rare, tel qu’une maladie démyélinisante, est extrêmement
difficile [1]. A ce sujet, il importe de souligner qu’il ne faut pas confondre
causalité et simple coïncidence temporelle.
Les
vaccins HPV font ainsi l’objet d’une surveillance particulière au regard des
Maladies auto-immunes (MAI). En effet, les MAI étant plus fréquentes chez les femmes
jeunes, la recommandation d’une telle vaccination généralisée chez les
adolescentes et les femmes jeunes a déterminé la mise en place d’études de cohortes
concernant cette tranche d’âge, afin de connaître la prévalence des MAI avant
la diffusion de ces vaccins et de pouvoir ainsi surveiller leur évolution
post-vaccinale.
A
ce jour, les études scientifiques de bonne qualité n’ont jamais démontré de
relation
entre un vaccin et une maladie neurologique démyélinisante ou toute autre MAI.
La première cohorte étudiée en 2006 à partir de bases de données en Californie du Nord avant la
mise en place de la vaccination HPV a estimé le nombre de cas attendus de
plusieurs maladies dans un délai de 6 semaines après une vaccination virtuelle
[2]. D’autres cohortes ont été étudiées ensuite, en particulier au Danemark,
aux Etats–Unis. Elles ne montrent pas de différence entre les maladies
auto-immunes spontanées et celles qui surviennent dans les populations de
vaccinées [3, 4, 5].
En France, l’étude de cohorte menée sur les
affections de longue durée (ALD) à partir des données du Système d’Information
Inter-Régimes de l’Assurance maladie (SNIIRAM), prévue dans le Plan de Gestion
de Risques français (PGR), analyse l’incidence de neuf maladies auto-immunes
chez 1 083 978 jeunes femmes vaccinées (en comparaison de 4 660 575
jeunes femmes non vaccinées). Il n’y a pas de différence des taux d’incidence
des maladies auto-immunes étudiées entre les groupes des vaccinées et des non
vaccinées (2,14 pour 10 000 personnes-années chez les vaccinées, 2,06 pour 10
000 personnes-années chez les non vaccinées) [6].
Il
faut rappeler que les avantages des vaccinations se mesurent en termes de bénéfice
pour les populations: éradication mondiale de la variole, élimination de la
diphtérie, de la poliomyélite en France ou quasi disparition du tétanos. Une
évaluation objective et de qualité ne devrait se faire qu’en terme d’analyse
bénéfice-risque. C’est ainsi que, comme tous les vaccins, les vaccins
anti-papillomavirus sont dans cette lignée. Ils ont démontré leur intérêt pour
la prévention des lésions prédisposant au cancer du col utérin [7]. Leur
recommandation pour la prévention de cette maladie demeure donc justifiée et ni
le vaccin ni le vaccinateur ne doivent être discrédités.
Références
[1] Begue P, Girard M, Bazin H, Bach JF. Les
adjuvants vaccinaux: quelle actualité en 2012 ? Bull.Acad.Natle.Med.
2012 ; 196 : 1177-81 et rapport www .academie-medecine.fr.
[2]Siegrist CA, Lewis EM, Eskola J, Evans SJ, Black SB. Human papillomavirus immunization in adolescent and
young adults. A cohort study to illustrate what events might be mistaken for
averse reactions. Pediatr Infect Dis J. 2007; 26: 979-84.
[3] Chao
C, Klein NP, Velicer CM, et al. Surveillance of autoimmune conditions following
routine use of quadrivalent human papillomavirus vaccine. J Intern Med. 2012 ;
271:193-203.
[4] Arnheim-Dahlström L, Pasternak B, Svanström H,
Sparén P, Hviid A. Autoimmune, neurological, and venous thromboembolic
adverse events after immunisation of adolescent girls with quadrivalent human
papillomavirus vaccine in Denmark and Sweden: cohort study. BMJ. 2013 ;
347:5906. doi: 10.1136/bmj.f5906.
[5]Rassmussen T A, Jorgensen M, Bjerrum S et al.
User of population based background rates of disease to assess vaccine safety
in childhood and mass immunisation in Denmark: nationwide population based
cohort study. BMJ. 2012; 345: e 5823.
[6] Commission nationale de pharmacovigilance. Suivi
national des effets indésirables
du vaccin
papillomavirus humain Gardasil®. 22 novembre 2011. www.ansm.sante.fr
[7] Bégué P,henrion R, Blanc B, Girard M ,
Sancho-garnier H. les vaccins des papillomavirus humains .Leur place
dans la prévention du cancer du col utérin. Bull.Acad.Natle.Med. 2007 ;
191 :1805-17.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt avec le
contenu de ce communiqué.
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