EDITO
Objets
connectés, avez-vous donc une âme ?
Il
existe aujourd'hui 97 000 applications en santé et bientôt peut-être presque
autant de prix pour récompenser les plus performantes.
Nous
sommes désormais davantage connectés qu'un taulard en liberté probatoire et le
rétrograde docteur Knock serait bien inspiré d'interroger le docteur click pour
savoir, finalement, si ça nous grattouille ou si ça nous chatouille.
Notre
balance envoie chaque matin des alertes sur l'iphone de notre nutritionniste qui
s'assure auprès de notre cardiologue que nous marcherons bien 10 000 pas dans la
journée en consultant notre montre qui contrôle en permanence notre fréquence
cardiaque, notre tension artérielle, notre glycémie et notre humeur.
Toutes
ces mesures sont rassemblées dans un concept si justement nommé le « soi
quantifié » qui devrait représenter un marché de quelque 26 milliards de dollars
dans moins de 2 ans.
La
situation pourrait s'avérer un tantinet anxiogène si n'existaient pas déjà une
kyrielle d'applications nous permettant de gérer notre temps de sommeil.
Dire
que tant de nos amis sur Facebook s'inquiètent que quelques pans de leur vie
privée soient accessibles au tout venant du Web ! Dire que la Commission
Informatique et Libertés se préoccupe davantage de la manière dont sont
administrés les abonnés à cette newsletter que des conditions dans lesquelles
les informations sur leur indice de masse corporelle et la fréquence de leurs
rapports intimes vont, via d'autres sites bien sûr, rejoindre le big
data.
Avec
la e-santé, les interrogations éthiques sur l'Arlésienne qu'est devenu le
Dossier Médical Personnel sont aussi drolatiques aujourd'hui que celles de ce
vieil Alphonse Lamartine sur le statut des objets inanimés au XIXe
siècle.
Jacques
DRAUSSIN
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