Paris : la prison de la Santé rouvre ses portes
Céline Carez avec Nicolas Jacquard
14 décembre 2018, 20h25
Ce vendredi, boulevard Arago (XIVe). La prison de la Santé s’apprête à accueillir ses nouveaux détenus. LP/Céline Carez
Deux cent cinquante nouveaux surveillants viennent d’arriver. Lundi, ils testeront la prison parisienne. Le 7 janvier, les 80 premiers détenus arriveront. Nous avons visité les lieux.
Des surveillants, en uniforme bleu siglé « Administration Pénitentiaire », qui vont et viennent comme en rodage, par petits groupes, dans une prison aux cellules vides. Des livreurs qui courent dans tous les sens avec des chariots, entre les sas et les lourdes portes métalliques. Là, au fond d’un couloir, des ouvriers, disqueuse à la main, procèdent à des « ajustements » de chantier. Et dans l’air, de la poussière qui vole…
La mythique prison de la Santé, boulevard Arago et rue de la Santé, à 300 m de Denfert-Rochereau (XIVe), est dans sa dernière ligne droite.
Après les vacances de Noël, le 7 janvier prochain, elle rouvrira après cinq ans de titanesques travaux. Ce sera un remue-ménage dans tout le quartier, redouté par les riverains, avec un ballet de fourgonnettes de la Pénitentiaire, des allées et venues des escortes des prisons, des voitures de police. Tous feront converger la première vague des nouveaux « pensionnaires ».
Quatre vingt détenus extraits des prisons engorgées de Fleury-Mérogis (Essonne) et Fresnes (Val-de-Marne) reprendront possession d’une partie de cette prison fraîchement rénovée, qui a terme devrait accueillir dans ses cellules, toutes équipées de douche, télé, petit frigo et plaque de cuisson, plus de 800 prisonniers. Uniquement des hommes, tous majeurs.
Ce vendredi matin, c’était la frénésie. « Les réserves sont en train d’être levées », indique son porte-parole. Traduisez : il y a encore quelques finitions de chantiers, malfaçons, bugs, réglages. Les entreprises se succèdent. « Il a fallu par exemple faire changer les 800 plaques électriques de cuisson dans les cellules par de l’induction », détaille Christelle Rotach, la directrice de la prison de la Santé. Les détenus auraient pu y mettre le feu…
« Le brouillage téléphonique est en cours » (pour que les détenus ne puissent converser sur des portables clandestins, NDLR), poursuit Christelle Rotach. « Ici, désignant l’une des cours, il manque des filins de sécurité ». Dans les esprits, reste gravée l’évasion en juillet dernier par hélicoptère de Rédoine Faïd, le braqueur, de la prison de Réau (Seine-et-Marne), rendue possible par l’absence d
Lundi, ce sera l’épreuve finale préouverture de la prison de la Santé : les 380 surveillants feront une opération « marche à blanc », histoire de vérifier le bon fonctionnement de la prison, ses portes, ses parloirs, ses cellules équipées de porte-manteaux en caoutchouc pour éviter les suicides, ses couloirs avec ses temps de parcours, ses alarmes… Certains surveillants joueront les détenus pour que cette simulation soit parfaite !
« ON VA ARRÊTER D’ÊTRE DES PORTE-CLÉS ! » DIMITRI, SURVEILLANT À LA SANTÉ
Dimitri, surveillant prison de la Santé XIVe/LP/Céline Carez
Dimitri a 35 ans, dix ans d’administration pénitentiaire. Il est passé par les prisons de Bordeaux et Fresnes (Val-de-Marne) et se réjouit d’avoir été nommé surveillant dans la prison parisienne. « C’est honorifique de dire que tu travailles à la Santé. C’est un beau cadre, un monument historique, ancienne prison de VIP ! ».
Mais le surveillant est surtout satisfait de ces cellules avec douches et téléphone. « Il y aura moins de stress et de conflit ». Dans les autres établissements pénitentiaires où Dimitri est passé, le surveillant déplorait avoir à ouvrir et fermer sans cesse les portes pour accompagner les détenus aux douches et au téléphone. « On était des porte-clés ! ». Le surveillant estime qu’il va pouvoir désormais « faire vraiment notre boulot », comme par exemple « observer les détenus radicalisés, voir avec qui ils parlent, faire remonter les infos ».
LE QUARTIER VIP, C’EST FINI !
Le quartier VIP à la Santé, appelé « quartier des particuliers », réservé aux stars, voyous en col blanc, hauts fonctionnaires criminels, people, c’est fini !
Il n’y aura plus de Maurice Papon, ancien préfet poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, de Bernard Tapie, l’homme d’affaires, de Jérôme Kerviel, le tradeur de la Société Générale, de Samy Naceri l’acteur, de Michel Neyret, le commissaire de police... qui jouissaient tous d’une aile avec des cellules à deux fenêtres, salle de musculation, table de ping-pong, jeux de société, magazines… et surtout la possibilité de se promener librement dans les couloirs.
« A la place, précise Christelle Rotach, directrice de la prison de la Santé, il y aura un quartier de personnes dites vulnérables ». Les people seront mélangés à des personnes victimes de violences, de menaces en raison de leur profession, de détenus souffrant de déficience mentales - un régime de détention plus « cool ».
La nouveauté de la prison, c’est son quartier des radicalisés (terrorisme), qui en accueillera une quarantaine.
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1 RÉACTIONS
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chantou@@@@
le 16 décembre 2018 à 7h48
combien cela a couter ou est pris l'argent ??????? merci de répondre !!!!
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