l’Unsaf dénonce une approche purement consumériste
et une volonté de privatisation du système de santé
L’Autorité de la
Concurrence vient de rendre publiques les conclusions de son enquête
sectorielle sur les audioprothèses. Celles-ci sont exclusivement guidées par
une approche de consommation, sur fond de privatisation du système de santé. L’Unsaf
dénonce cette posture et appelle les Pouvoirs Publics à maintenir l’audioprothèse
dans le champ de la santé dans l’intérêt des patients, intérêt qui a
visiblement échappé à l’Autorité de la Concurrence.
A défaut d’avoir trouvé les prétendues « rentes
» et autres « marges très élevées », l'Autorité de la Concurrence
recommande, d’une part de séparer l'achat de l'appareillage initial et l'achat
des prestations de suivi postérieures, et d’autre part de supprimer le numerus
clausus de la profession, écartant ainsi les nombreux arguments de santé
publique et de qualité étayés par de nombreuses études scientifiques et médico-économiques.
Visiblement, l’Autorité n’a pas voulu reconnaître l’audioprothèse pour ce qu’elle
est, à savoir un dispositif médical à fort service médical rendu, mais comme un
produit ordinaire de consommation, en somme peu différent d’un rasoir électrique.
L’Autorité a bien noté que « le prix moyen
pratiqué en France est comparable au prix moyen relevé dans les autres pays de
l’Union européenne, et même inférieur pour les produits haut de gamme » et
que « le désengagement de la solidarité nationale (…) s’inscrit à
contre-courant de la revalorisation de la prise en charge qui est intervenue en
Allemagne (785 euros par appareil), en Belgique (666 euros) ou en Italie (600
euros) », « l’Assurance maladie participant au financement à hauteur de
120 euros ».
Le Gouvernement en a tiré la seule conclusion
compatible avec la santé publique en annonçant la revalorisation du
remboursement de l’audioprothèse par l’assurance maladie obligatoire.
L’Autorité de la Concurrence décide pour sa
part de faire le jeu des tenants de la marchandisation de la santé en
combattant la « mutualisation » des coûts, pilier de notre système de
santé, et signe une prise de position inédite et partiale, dans le contexte
politique actuel, en faveur de la privatisation de la santé.
Cette situation démontre une fois de plus, qu’à
chaque fois que des sujets touchant à la santé publique sont traités en dehors
du domaine de la santé, toute notion de prise en charge et de parcours de
soins, en l’occurrence de parcours de l’audition, disparait au bénéfice de la
seule approche consumériste.
Pour l’Unsaf, la
santé et l’audition des patients ne sont pas un business, mais un enjeu de santé
publique et d’abord un enjeu de qualité de vie pour des patients. C’est pourquoi l’Unsaf dénonce avec force
cette enquête très partiale de l’Autorité de la Concurrence dont elle conteste
les conclusions et demande au Gouvernement de faire procéder à une évaluation
du secteur par les autorités compétentes dans le secteur de la santé, en
premier lieu l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et la Haute
Autorité de Santé (HAS).
À propos de l’UNSAF
Le Syndicat national des audioprothésistes
(UNSAF), né en avril 2011 de la fusion des trois syndicats historiques de la
profession, est l’organisme professionnel représentatif des 3 300 audioprothésistes.
Il siège notamment à l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et au
Haut conseil des professions paramédicales (HCPP). Il est également le
signataire de la convention nationale de tiers payant conclue avec les Caisses
Nationales d'Assurance Maladie. L’UNSAF est également présent au niveau européen
au sein de l’Association européenne des audioprothésistes (AEA). Il est présidé
depuis juin 2012 par Luis Godinho. www.unsaf.org